23-01-2004, 10:57 AM
Chapitre quatre
Aujourd’hui, c’était vendredi. Robert se leva à six heures. Il regarda par la fenêtre et s’aperçu qu’il pleuvait. La ville subissait une averse. Il s’habilla et pris son petit déjeuné constitué de tartines grillées et de café. Il fit sa vaisselle et continua à feuilleté le Monde daté d’aujourd’hui.
La semaine avait été habituelle, voir vaine. Il avait empêché un braquage, arrêté des dealers, des prostitués ainsi que des casseurs. Mais il avait fait la même chose la semaine dernière, la semaine d’avant et continuerai la semaine d’après et la suivante. Le maire semblait content de sa police. Il faut dire que la police de la ville avait un bon taux d’activité. Le fonctionnement du commissariat était en phase avec la politique actuel de sécurité qui avait pour base l’image. L’image d’une police active qui patrouillait. Robert convenait que s’était le rôle de la police d’arrêter les suspects, mais son rôle était, aidé de la société de prévenir la délinquance. Et sur ce dernier point, il y avait un vide. Robert d’ailleurs eut des pensées amères quand il se souvint de Rachid.
Vers sept heures, Robert sortit de son domicile et marcha sous le vent et l’adverse pour aller travailler. Il arriva à huit heures au commissariat. Il se dirigea vers son bureau, posa son blouson sur le radiateur, sorti de son placard une serviette pour se sécher les cheveux et alla s’entraîner au tir. Vers neuf heures, il retourna au bureau où George était arrivé.
- Bonjour Robert, Comment vas-tu ?
- Très bien, et toi, comment vas-tu ?
- La bonne forme. On fait notre tournée ?
- D’accord
Robert et Georges vérifièrent leurs armes. Puis ils sortirent du commissariat pour aller rouler dans le Sud. Ils passèrent devant les ASSEDIC. Sous le ciel gris, Robert et Georges contemplaient la queue d’une vingtaine de mètres qui attendait leur tour, sous la pluie, pour pouvoir continuer à attendre à l’intérieur du bâtiment. Le spectacle était désolant. Ce n’était plus des humains qui attendaient mais des zombis qui marchait pour leur survie. Un désespoir se lisait sur leur front. Ils étaient maigres, bien peu habillés. Ils étaient trempés et pourtant, ils continuaient à attendre. Robert se demanda, sachant que le centre était fermé l’après midi, combien pourraient passer.
Puis, petit à petit, d’autre malheureux venaient gonfler la queue. Elle faisait maintenant une trentaine de mètre. Sur les visages se lisait le désarroi. Les personnes qui échouaient devant les ASSEDIC ne croyaient visiblement pas à leurs destins. Ils semblaient vivre de la charité publique. Il est certain que certain avaient du lutter pour sortir de leur misère mais visiblement, un monstre froid avait du les retenir dedans. D’ailleurs, la queue était bien ordonnée. Les personnes étaient rangées les uns derrière les autres. C’est comme s’ils sortaient d’une chaîne de montage.
Puis, de personne en personne, Robert aperçut un homme qui passait. Il était noir. Ce qui frappait, c’est qu’il portait un parapluie. Il portait des vêtements chics qui contrastaient avec les haillons de la foules. D’hommes en hommes, il semblait marchander. Il arriva vers un pauvre. Il discuta avec lui plus longtemps. Puis il sortit de sa poche de la poudre blanche qui donna dans la main du malheureux, qui fut content de lui donner des billets de banques.
Robert se retourna vers son coéquipier et dit :
- T’as vu le noir ?
- Oui, et alors ?
- C’est un dealer. Il vient de refiler discrètement de la drogue à un des gars.
- Tu as de bons yeux, vieux.
- On l’arrête ?
- Entendu.
Robert et George descendirent de la voiture et marchèrent en direction du noir sous la pluie intense. Puis, Robert se tourna vers le noir et dit :
« Police, veillez nous suivre ! »
Aussitôt, le noir donna un coup de poing dans le ventre de Robert qui se tordit de douleur. En se relevant, il voyait le noir courir comme s’il était le participant d’une compétition d’athlétisme. Il était poursuivit par George. Celui-ci sauta sur le suspect qui tomba à terre. Il l’empoigna. George lui passa les menottes. Il le traîna jusqu’à la voiture où Robert les attendait.
George se tourna vers Robert et lui dit :
- Rien de cassé ?
- Non, je commence à en avoir l’habitude.
Ils rentrèrent au poste et ils traînèrent leur suspect jusqu’à leur bureau. Ils vidèrent de ses poches ses papiers et de l’héroïne, puis l’installèrent dans une chaise.
Robert commença l’interrogatoire.
« Ton nom et ton prénom ? » Demanda Robert.
L’homme resta impassible.
Robert feuilleta ses papiers.
« Tu t’appelles Patrick François, tu habites dans le Sud, tu as trente cinq ans. »
L’homme restera impassible. Robert continua :
« Tu vois, nous avons des pièces à convictions. Il est interdit de posséder, et surtout de vendre de la drogue, en particulier de l’héroïne. Tu seras condamné à plusieurs année de prison. Même le meilleur avocat ne pourra réduire ta peine. La prison, c’est pire que le Sud. »
Sur un ton impassible, Patrick commença à marchander :
- On pourrait s’entendre. J’ai quelque chose à vendre en échange de ma liberté.
- Je ne suis pas intéressé. Je ne veux pas d’argent.
- Je ne parle pas d’argent, mais d’informations.
Dans sa jeunesse, Robert se serait senti incorruptible, mais là, il en avait vraiment assez de coffrer des minables. Plus il arrêtait des voyous, plus il y en avait. D’un ton intéressé, Robert déclara :
- Si tu me donnes ces informations, je pourrais essayer de faire réduire ta peine. Je pense que le juge en tiendra compte.
- Je n’y crois pas. La justice est à deux vitesses. Le plus faible est sur d’être inquiété. Le plus puissant des politiques ne peut pas être connu par la justice. Au fond, la justice est la guillotine qui élimine les gens non conforme. Je ne donnerai mes informations que contre ma liberté. De plus, si vous me relâchez, je promets de quitter la ville.
- C’est entendu, si les informations sont intéressantes.
- J’ai votre parole ?
- Tu as ma parole. Mais il faut que tes informations soit très intéressantes.
- Tu ne seras pas déçu.
Patrick François commença d’une voix sereine son récit :
- Le trafic de drogue est une entreprise encadrée dans le Sud. Chaque dealer s’acquitte d’un droit. Une sorte de taxe. C’est ainsi que j’ai eu le droit de travailler sur le coin de l’ASSEDIC. C’est assez rentable.
- Et as-tu d’autres lieux de travail ? Demanda Robert
- En ce qui me concerne non. Mais certains sont appréciables. Le site de l’ANPE est assez demandé. Le collège aussi.
- Et tu ne te limites qu’à la drogue ?
- Moi oui. Mais on peut aussi payer une taxe pour la prostitution, pour le racket ou pour le vol d’autoradio. En fait, le crime est une affaire qui marche dans le Sud.
- J’avais remarqué, dit Robert qui écoutait avec une grande attention.
- Dans le Sud, il y a une société du crime. Par exemple, si tu veux envoyer des jeunes filles sur le trottoir, tu payes une taxe pour ça. Plus tu payes, et plus tu possèdes un territoire d’exploitation énorme, ainsi que le droit d’avoir le plus de fille possible. D’ailleurs, c’est très rentable. Surtout si tu les prends jeune et jolie. Le vol d’autoradio marche de la même façon. Plus tu t’acquittes de tes droits, plus tu peux envoyer des mômes dans la plus grande zone possible.
- Le racket marche de la même façon ?
- A peu près. Tu ne fais que d’acheter une zone de racket.
Robert écoutait le récit avec attention. Voilà ce qu’il lui manquait. S’il voulait en finir avec la situation désastreuse de la ville, il devait s’attaquer aux racines du mal.
Robert continua :
- A qui payes-tu ta redevance ?
- Je ne sais pas.
- Tu l’ignores ?
- Oui, j’ignore à qui je paye mes droits. Je sais juste qu’il se prénomme le fils.
- Qui est-ce ?
- J’ignore son véritable nom. J’ignore aussi son visage. Je ne l’ai jamais vu. Je sais juste qu’on l’appelle le fils.
Robert trouvait le récit de plus en plus intéressant. Voyant que son attention était captivée, Patrick continua :
« Voyez-vous, le crime est dirigé par un trio. Le parrain en est le chef suprême. Le dauphin est son bras droit qui lui succèdera sans doute. Enfin, on dit que le fils est la personne qui fait les plus basses besognes. »
Robert avait l’impression d’enfin attendre ce qui lui manquait à un travail d’une vie. C’était la première fois qu’il entendait parler du trio. Mais il comprenait qu’il s’attaquait à la partie immergée d’un iceberg.
Le prévenu continua :
- Le crime dans la ville est dirigé par un trio. Mais ceux qui connaissent le fils ne savent pas qui est le dauphin ou le parrain, même les deux.
- Donc, demanda Robert, si ces trois personnes tombent, il n’y aurait plus de crime dans la ville ?
- En fait j’ai un peu menti. Au trio s’ajoute une quatrième personne. Le trio, devenu quatuor est alors comparé aux têtes d’une couleur dans un jeu de carte. Le parrain est l’as, le dauphin le roi, et le fils le valet. Mais il manque la dame.
- Qui est la dame ?
- Je ne la connais pas. C’est aussi son code. Elle s’occupe de la prostitution. Elle veille à améliorer le rendement des filles. Si un maquereau a un problème avec l’une de ses prostituées, c’est elle qui intervient.
- Donc, dit Robert, il y a quatre cerveaux.
- Pour les personnes qui dirigent la ville, ils sont au nombre de quatre. Mais ce n’est pas fini.
- Vraiment ? Demanda Robert.
- Car récemment, un nouveau caïd essaie de renverser le parrain.
- Et qui est-ce ?
- Je l’ignore. Je connais seulement son surnom.
- Et comment se fait-il appeler ?
- Il se fait appeler tonton.
- Donc, si je résume, dit Robert d’un ton intéressé, le crime dans la ville est actuellement dirigé par le parrain, le dauphin et le valet. Mais un certain tonton essaierait de renverser le parrain.
- Oui, c’est ça. Mais j’ai également d’autres renseignements qui vont vous intéresser.
Robert trouvait le récit intéressant. Mais il était impressionné. Que pouvait raconter d’autre Patrick ?
Celui-ci continua.
- Vous connaissez l’avenue François Mitterrand ?
- Oui, bien sur. Il y a même la cité des loups, qui est abandonné car totalement vêtus.
- C’est exact.
- Que va-t-il se passer dans cette cité ?
- Vous voyez le parking ?
- Oui.
- Ce soir, les hommes du parrain vont recevoir, aux alentours de huit heures, un chargement de drogue. Imaginez, des provisions d’herbes, d’héroïne, et même de crac.
Robert était content. Cela faisait des années qu’il attendait ces informations. Il prit les clefs des paires de menottes et libéra Patrick.
«Tu ne vas pas le libérer ! Nous l’avons pris sur le fait ! » Gronda George.
Robert répondit d’une voix calme et déterminée :
« Un marché est un marché. Et ses informations en valent le prix. »
Puis, se tournant vers Patrick, il déclara :
« Tu es libre. Mais quitte la ville. La prochaine fois que je te retrouve, tu seras arrêté pour de bon. »
Patrick quitta le commissariat. Georges interrogea Robert :
- Tu crois vraiment à ce qu’il dit ?
- Je ne sais pas répondit Robert. Mais ce que je sais, c’est qu’arrêter du petit gibier, c’est inutile. Nous devons en finir avec cette situation. Et c’est peut-être enfin notre chance. Si nous n’allons pas voir, nous ne serons jamais. Viens-tu avec moi ?
George réfléchit et avec une voix simple qui accentua sa curiosité, dit :
«Oui »
Pendant le reste de l’après-midi, George et Robert continuèrent à classer des papiers. Puis vers trois heures, on frappa à la porte du bureau.
« Oui ? » Demanda Robert.
Oscar ouvrit la porte et déclara :
« Le chef veut te voir. »
Oscar se rendit au bureau du commissaire et pris place devant celui-ci.
D’un ton neutre, Robert demanda :
- Que puis-je pour vous, Monsieur le commissaire ?
- Vous avez arrêté un dealer cette après midi, pourquoi l’avez vous relâchez ?
- Car il nous a donné des informations vitales.
- Lesquelles ?
- D’après ce qu’il dit, l’activité criminelle de la ville serait dirigée par un quatuor. Nous avons à la tête l’as ou le parrain qui est le chef, le roi ou le dauphin serait son successeur, et le valet ou le fils s’occuperait des bases besognes. Ajoutons par ailleurs qu’il y a la dame qui veille au rendement de la prostitution. Il semblerait par ailleurs que ces personnes ait une concurrence. Un certain dénommé tonton essaierai de prendre le pouvoir.
- Mais nous n’avons jamais entendu parlé de ces personnes. Vous y croyez, vous ?
- Je ne sais pas. Mais nous arrachons des mauvaises herbes sans arracher les racines. Nous avons peut-être une chance de pouvoir enlever les racine.
- Et comment ?
- Ce soir, avenue François Mitterrand, les hommes du parrain attendent une livraison de drogue.
- Et que comptez vous faire ?
- George et moi, nous allons y jeter discrètement un coup d’œil.
- Et s’il n’y a rien ?
- Au pire, on recommence comme avant et on essaie de rattraper notre dealer.
Le commissaire réfléchit et dit :
« Robert, mon ami, vous êtes mon meilleur élément. Vos intuitions sont souvent bonnes. Allez voir ce qui se passe. Mais surtout, soyez bien prudent. »
Robert, touché répondit :
« Je serais très prudent. »
A huit heures, Robert et George étaient dans leur voiture garée avenue François Mitterrand.
Il faisait déjà nuit. Seulement quelques réverbères encore en état de marche permettaient un éclairage minimum. La pluie continuait de tomber. On entendait le vent souffler.
George et Robert chargèrent leurs armes. Puis ils sortirent emportant pistolet et lampe de poche vers le parking de la cité des loups. Le parking était gigantesque. Elle couvrait l’énorme cité abandonnée. Il était également souterrain. Il tombait en ruine et seul quelques colonnes disposées parallèlement toutes les trois places permettait le maintenir le plafond. Quand George et Robert arrivèrent dans le parking, il faisait nuit noire. Seule un chat ou une chauve souris aurait pu avancer dans cette obscurité. Robert et George allumèrent leurs lampes torches. Il n’y avait pas le moindre signe de vie.
George commença à dire :
« Finalement, nos informations sont bidons. »
Robert éclaira le sol et après observation dit :
- Tu vois le sol est mouillé.
- Oui, c’est exact, et alors ?
- Nous sommes dans une pièce souterraine abandonnée. A priori, l’eau ne rentre pas.
- Tu veux dire que quelqu’un est venu ?
- Oui, et sans doute une voiture. Les traces d’eau sont parallèles.
Robert et George suivirent les traces humides qui s’arrêtèrent au milieu du parking. Robert continua à examiner le sol à l’aide de sa lampe torche. Il trouva des traces d’une poudre blanche. Il en ramassa sur son doigt et la goutta du bout de sa langue.
- Héroïne déclara-il.
- Où demanda George ?
- Les quelques bouts de poudre blanche ici à peine visible en répondit Robert en les éclairant.
Puis Robert déclara :
« A mon avis, il y a eu un rendez-vous, mais nous arrivons trop tard. »
Soudain, George qui regarda les alentours cria :
« Robert, attention ! »
Il poussa brusquement Robert au sol. Celui-ci entendu un coup de feu. Il reprit ses esprits et vu George tomber dans ses bras. Au loin, Robert vit une silhouette qui courait derrière un poteau. Robert sentit le sang de son coéquipier couler sur sa chemise. Robert le traîna derrière une colonne. Puis, d’une voix désespérée, il dit à George :
- Pardonne-moi, George, je suis désolé.
- De quoi Répondit celui-ci d’une voix qui avait du mal à respirer ? Tu avais raison.
- Je vais te sortir de là, tient bon.
- C’est trop tard, vieux, c’est finit pour moi. Le parrain, ce n’est pas une légende. Je t’en supplie, fait le pour moi, arrête le parrain, promet moi d’arrêter le parrain.
- Ne dit pas ça. Je vais te sortir de là.
- Je t’en supplie, arrête le parrain.
Des larmes coulaient des yeux de Robert. Puis d’une voix apaisante, Robert déclara :
- Je te promets d’arrêter le parrain mais également tonton.
- Merci.
Les bras de George tombèrent à terre. Son cœur s’arrêta de battre et George s’endormit. Il était mort.
Robert sortit son arme. Il marcha dans le noir se cachant derrière les colonnes. Il essayait de respirer le moins possible et d’avancer tel un chat cherchant sa proie. Ses sens étaient en éveil. Ses yeux recherchaient la moindre ombre ou forme dans le noir. Ses oreilles étaient à l’affût du moindre bruit. Il ne faisait qu’un avec son arme. Robert était vieux et avait des nerfs d’acier. Il savait qu’il devait rester calme et ne pas s’abandonner à la peur ou au stress. Sa survie en dépendait.
La vie de Robert venait d’avoir enfin un sens. Il devait stopper le parrain. Celui-ci est un criminel et c’est son devoir de policier était de l’arrêter. Soudain, il entendit un déclic derrière lui. Il fit une roulade sur le côté gauche. Il entendit un coup de feu. La balle s’enfonça sur le poteau qui se trouvait quelques secondes auparavant derrière lui. Il voyait une ombre, d’une forme humaine qui le braquait. Visiblement, l’homme préparait à tirer une seconde fois. Robert pointa son arme sur lui et tira sur la forme noire. Celle-ci s’écroula à terre. Robert s’approcha de l’ombre. Il vit un cadavre. La mort avait été rapide. Robert sortit du parking.
Dehors, la pluie continuait à tomber. La rue sombre n’était éclairée que par quelques réverbères qui étaient encore en état de marche. Robert marchait sur le trottoir derrière les carcasses de voitures. Il luttait contre le vent qui soufflait contre lui. Dessous une lampe se tenait deux hommes. Il tenait chacun dans leurs mains un fusil automatique. Lorsque qu’ils aperçurent Robert, ils pointèrent leurs armes sur lui. Celui-ci se mit à couvert derrière la carcasse d’une automobile. Robert entendit le bruit d’une rafale qui endommageait le métal qui lui servait de couverture. Puis les tirs s’arrêtèrent. Robert se leva, pointa son arme sur l’un de ses assaillants et tira. Le tir, précis, calme et froid fit tomber sa cible à terre. Le second pressa la détente et continua à courir derrière une poubelle pour se mettre à couvert. Robert baissa la tête, laissant ainsi la voiture s’abîmer et lui éviter une mort certaine.
Les tirs s’arrêtèrent. Robert marchait de carcasse en carcasse. Il essayait de s’approcher discrètement de la poubelle. Puis, il ramassa une canette qui traînait devant lui et la lança loin derrière le cadavre d’une voiture qui était éloigné de sa position. Celle ci retomba en faisant un bruit sourd. Aussitôt, l’homme, caché derrière la poubelle se leva et tira sur la voiture en direction de la canette qui venait de tomber au sol. Robert leva la tête de sa cachette et abattit l’homme d’une balle dans la tête. Ensuite, Robert alla vers sa voiture et appela le poste :
« Patrouille de L’inspecteur Robert. Avenue François Mitterrand. Cité des Loups. Avons été attaqué par trois hommes. Quatre morts dont l’inspecteur George Gérard. »
Robert venait de perdre son coéquipier, mais la vie continuait et la lutte contre le parrain ne faisait que de commencer.
Aujourd’hui, c’était vendredi. Robert se leva à six heures. Il regarda par la fenêtre et s’aperçu qu’il pleuvait. La ville subissait une averse. Il s’habilla et pris son petit déjeuné constitué de tartines grillées et de café. Il fit sa vaisselle et continua à feuilleté le Monde daté d’aujourd’hui.
La semaine avait été habituelle, voir vaine. Il avait empêché un braquage, arrêté des dealers, des prostitués ainsi que des casseurs. Mais il avait fait la même chose la semaine dernière, la semaine d’avant et continuerai la semaine d’après et la suivante. Le maire semblait content de sa police. Il faut dire que la police de la ville avait un bon taux d’activité. Le fonctionnement du commissariat était en phase avec la politique actuel de sécurité qui avait pour base l’image. L’image d’une police active qui patrouillait. Robert convenait que s’était le rôle de la police d’arrêter les suspects, mais son rôle était, aidé de la société de prévenir la délinquance. Et sur ce dernier point, il y avait un vide. Robert d’ailleurs eut des pensées amères quand il se souvint de Rachid.
Vers sept heures, Robert sortit de son domicile et marcha sous le vent et l’adverse pour aller travailler. Il arriva à huit heures au commissariat. Il se dirigea vers son bureau, posa son blouson sur le radiateur, sorti de son placard une serviette pour se sécher les cheveux et alla s’entraîner au tir. Vers neuf heures, il retourna au bureau où George était arrivé.
- Bonjour Robert, Comment vas-tu ?
- Très bien, et toi, comment vas-tu ?
- La bonne forme. On fait notre tournée ?
- D’accord
Robert et Georges vérifièrent leurs armes. Puis ils sortirent du commissariat pour aller rouler dans le Sud. Ils passèrent devant les ASSEDIC. Sous le ciel gris, Robert et Georges contemplaient la queue d’une vingtaine de mètres qui attendait leur tour, sous la pluie, pour pouvoir continuer à attendre à l’intérieur du bâtiment. Le spectacle était désolant. Ce n’était plus des humains qui attendaient mais des zombis qui marchait pour leur survie. Un désespoir se lisait sur leur front. Ils étaient maigres, bien peu habillés. Ils étaient trempés et pourtant, ils continuaient à attendre. Robert se demanda, sachant que le centre était fermé l’après midi, combien pourraient passer.
Puis, petit à petit, d’autre malheureux venaient gonfler la queue. Elle faisait maintenant une trentaine de mètre. Sur les visages se lisait le désarroi. Les personnes qui échouaient devant les ASSEDIC ne croyaient visiblement pas à leurs destins. Ils semblaient vivre de la charité publique. Il est certain que certain avaient du lutter pour sortir de leur misère mais visiblement, un monstre froid avait du les retenir dedans. D’ailleurs, la queue était bien ordonnée. Les personnes étaient rangées les uns derrière les autres. C’est comme s’ils sortaient d’une chaîne de montage.
Puis, de personne en personne, Robert aperçut un homme qui passait. Il était noir. Ce qui frappait, c’est qu’il portait un parapluie. Il portait des vêtements chics qui contrastaient avec les haillons de la foules. D’hommes en hommes, il semblait marchander. Il arriva vers un pauvre. Il discuta avec lui plus longtemps. Puis il sortit de sa poche de la poudre blanche qui donna dans la main du malheureux, qui fut content de lui donner des billets de banques.
Robert se retourna vers son coéquipier et dit :
- T’as vu le noir ?
- Oui, et alors ?
- C’est un dealer. Il vient de refiler discrètement de la drogue à un des gars.
- Tu as de bons yeux, vieux.
- On l’arrête ?
- Entendu.
Robert et George descendirent de la voiture et marchèrent en direction du noir sous la pluie intense. Puis, Robert se tourna vers le noir et dit :
« Police, veillez nous suivre ! »
Aussitôt, le noir donna un coup de poing dans le ventre de Robert qui se tordit de douleur. En se relevant, il voyait le noir courir comme s’il était le participant d’une compétition d’athlétisme. Il était poursuivit par George. Celui-ci sauta sur le suspect qui tomba à terre. Il l’empoigna. George lui passa les menottes. Il le traîna jusqu’à la voiture où Robert les attendait.
George se tourna vers Robert et lui dit :
- Rien de cassé ?
- Non, je commence à en avoir l’habitude.
Ils rentrèrent au poste et ils traînèrent leur suspect jusqu’à leur bureau. Ils vidèrent de ses poches ses papiers et de l’héroïne, puis l’installèrent dans une chaise.
Robert commença l’interrogatoire.
« Ton nom et ton prénom ? » Demanda Robert.
L’homme resta impassible.
Robert feuilleta ses papiers.
« Tu t’appelles Patrick François, tu habites dans le Sud, tu as trente cinq ans. »
L’homme restera impassible. Robert continua :
« Tu vois, nous avons des pièces à convictions. Il est interdit de posséder, et surtout de vendre de la drogue, en particulier de l’héroïne. Tu seras condamné à plusieurs année de prison. Même le meilleur avocat ne pourra réduire ta peine. La prison, c’est pire que le Sud. »
Sur un ton impassible, Patrick commença à marchander :
- On pourrait s’entendre. J’ai quelque chose à vendre en échange de ma liberté.
- Je ne suis pas intéressé. Je ne veux pas d’argent.
- Je ne parle pas d’argent, mais d’informations.
Dans sa jeunesse, Robert se serait senti incorruptible, mais là, il en avait vraiment assez de coffrer des minables. Plus il arrêtait des voyous, plus il y en avait. D’un ton intéressé, Robert déclara :
- Si tu me donnes ces informations, je pourrais essayer de faire réduire ta peine. Je pense que le juge en tiendra compte.
- Je n’y crois pas. La justice est à deux vitesses. Le plus faible est sur d’être inquiété. Le plus puissant des politiques ne peut pas être connu par la justice. Au fond, la justice est la guillotine qui élimine les gens non conforme. Je ne donnerai mes informations que contre ma liberté. De plus, si vous me relâchez, je promets de quitter la ville.
- C’est entendu, si les informations sont intéressantes.
- J’ai votre parole ?
- Tu as ma parole. Mais il faut que tes informations soit très intéressantes.
- Tu ne seras pas déçu.
Patrick François commença d’une voix sereine son récit :
- Le trafic de drogue est une entreprise encadrée dans le Sud. Chaque dealer s’acquitte d’un droit. Une sorte de taxe. C’est ainsi que j’ai eu le droit de travailler sur le coin de l’ASSEDIC. C’est assez rentable.
- Et as-tu d’autres lieux de travail ? Demanda Robert
- En ce qui me concerne non. Mais certains sont appréciables. Le site de l’ANPE est assez demandé. Le collège aussi.
- Et tu ne te limites qu’à la drogue ?
- Moi oui. Mais on peut aussi payer une taxe pour la prostitution, pour le racket ou pour le vol d’autoradio. En fait, le crime est une affaire qui marche dans le Sud.
- J’avais remarqué, dit Robert qui écoutait avec une grande attention.
- Dans le Sud, il y a une société du crime. Par exemple, si tu veux envoyer des jeunes filles sur le trottoir, tu payes une taxe pour ça. Plus tu payes, et plus tu possèdes un territoire d’exploitation énorme, ainsi que le droit d’avoir le plus de fille possible. D’ailleurs, c’est très rentable. Surtout si tu les prends jeune et jolie. Le vol d’autoradio marche de la même façon. Plus tu t’acquittes de tes droits, plus tu peux envoyer des mômes dans la plus grande zone possible.
- Le racket marche de la même façon ?
- A peu près. Tu ne fais que d’acheter une zone de racket.
Robert écoutait le récit avec attention. Voilà ce qu’il lui manquait. S’il voulait en finir avec la situation désastreuse de la ville, il devait s’attaquer aux racines du mal.
Robert continua :
- A qui payes-tu ta redevance ?
- Je ne sais pas.
- Tu l’ignores ?
- Oui, j’ignore à qui je paye mes droits. Je sais juste qu’il se prénomme le fils.
- Qui est-ce ?
- J’ignore son véritable nom. J’ignore aussi son visage. Je ne l’ai jamais vu. Je sais juste qu’on l’appelle le fils.
Robert trouvait le récit de plus en plus intéressant. Voyant que son attention était captivée, Patrick continua :
« Voyez-vous, le crime est dirigé par un trio. Le parrain en est le chef suprême. Le dauphin est son bras droit qui lui succèdera sans doute. Enfin, on dit que le fils est la personne qui fait les plus basses besognes. »
Robert avait l’impression d’enfin attendre ce qui lui manquait à un travail d’une vie. C’était la première fois qu’il entendait parler du trio. Mais il comprenait qu’il s’attaquait à la partie immergée d’un iceberg.
Le prévenu continua :
- Le crime dans la ville est dirigé par un trio. Mais ceux qui connaissent le fils ne savent pas qui est le dauphin ou le parrain, même les deux.
- Donc, demanda Robert, si ces trois personnes tombent, il n’y aurait plus de crime dans la ville ?
- En fait j’ai un peu menti. Au trio s’ajoute une quatrième personne. Le trio, devenu quatuor est alors comparé aux têtes d’une couleur dans un jeu de carte. Le parrain est l’as, le dauphin le roi, et le fils le valet. Mais il manque la dame.
- Qui est la dame ?
- Je ne la connais pas. C’est aussi son code. Elle s’occupe de la prostitution. Elle veille à améliorer le rendement des filles. Si un maquereau a un problème avec l’une de ses prostituées, c’est elle qui intervient.
- Donc, dit Robert, il y a quatre cerveaux.
- Pour les personnes qui dirigent la ville, ils sont au nombre de quatre. Mais ce n’est pas fini.
- Vraiment ? Demanda Robert.
- Car récemment, un nouveau caïd essaie de renverser le parrain.
- Et qui est-ce ?
- Je l’ignore. Je connais seulement son surnom.
- Et comment se fait-il appeler ?
- Il se fait appeler tonton.
- Donc, si je résume, dit Robert d’un ton intéressé, le crime dans la ville est actuellement dirigé par le parrain, le dauphin et le valet. Mais un certain tonton essaierait de renverser le parrain.
- Oui, c’est ça. Mais j’ai également d’autres renseignements qui vont vous intéresser.
Robert trouvait le récit intéressant. Mais il était impressionné. Que pouvait raconter d’autre Patrick ?
Celui-ci continua.
- Vous connaissez l’avenue François Mitterrand ?
- Oui, bien sur. Il y a même la cité des loups, qui est abandonné car totalement vêtus.
- C’est exact.
- Que va-t-il se passer dans cette cité ?
- Vous voyez le parking ?
- Oui.
- Ce soir, les hommes du parrain vont recevoir, aux alentours de huit heures, un chargement de drogue. Imaginez, des provisions d’herbes, d’héroïne, et même de crac.
Robert était content. Cela faisait des années qu’il attendait ces informations. Il prit les clefs des paires de menottes et libéra Patrick.
«Tu ne vas pas le libérer ! Nous l’avons pris sur le fait ! » Gronda George.
Robert répondit d’une voix calme et déterminée :
« Un marché est un marché. Et ses informations en valent le prix. »
Puis, se tournant vers Patrick, il déclara :
« Tu es libre. Mais quitte la ville. La prochaine fois que je te retrouve, tu seras arrêté pour de bon. »
Patrick quitta le commissariat. Georges interrogea Robert :
- Tu crois vraiment à ce qu’il dit ?
- Je ne sais pas répondit Robert. Mais ce que je sais, c’est qu’arrêter du petit gibier, c’est inutile. Nous devons en finir avec cette situation. Et c’est peut-être enfin notre chance. Si nous n’allons pas voir, nous ne serons jamais. Viens-tu avec moi ?
George réfléchit et avec une voix simple qui accentua sa curiosité, dit :
«Oui »
Pendant le reste de l’après-midi, George et Robert continuèrent à classer des papiers. Puis vers trois heures, on frappa à la porte du bureau.
« Oui ? » Demanda Robert.
Oscar ouvrit la porte et déclara :
« Le chef veut te voir. »
Oscar se rendit au bureau du commissaire et pris place devant celui-ci.
D’un ton neutre, Robert demanda :
- Que puis-je pour vous, Monsieur le commissaire ?
- Vous avez arrêté un dealer cette après midi, pourquoi l’avez vous relâchez ?
- Car il nous a donné des informations vitales.
- Lesquelles ?
- D’après ce qu’il dit, l’activité criminelle de la ville serait dirigée par un quatuor. Nous avons à la tête l’as ou le parrain qui est le chef, le roi ou le dauphin serait son successeur, et le valet ou le fils s’occuperait des bases besognes. Ajoutons par ailleurs qu’il y a la dame qui veille au rendement de la prostitution. Il semblerait par ailleurs que ces personnes ait une concurrence. Un certain dénommé tonton essaierai de prendre le pouvoir.
- Mais nous n’avons jamais entendu parlé de ces personnes. Vous y croyez, vous ?
- Je ne sais pas. Mais nous arrachons des mauvaises herbes sans arracher les racines. Nous avons peut-être une chance de pouvoir enlever les racine.
- Et comment ?
- Ce soir, avenue François Mitterrand, les hommes du parrain attendent une livraison de drogue.
- Et que comptez vous faire ?
- George et moi, nous allons y jeter discrètement un coup d’œil.
- Et s’il n’y a rien ?
- Au pire, on recommence comme avant et on essaie de rattraper notre dealer.
Le commissaire réfléchit et dit :
« Robert, mon ami, vous êtes mon meilleur élément. Vos intuitions sont souvent bonnes. Allez voir ce qui se passe. Mais surtout, soyez bien prudent. »
Robert, touché répondit :
« Je serais très prudent. »
A huit heures, Robert et George étaient dans leur voiture garée avenue François Mitterrand.
Il faisait déjà nuit. Seulement quelques réverbères encore en état de marche permettaient un éclairage minimum. La pluie continuait de tomber. On entendait le vent souffler.
George et Robert chargèrent leurs armes. Puis ils sortirent emportant pistolet et lampe de poche vers le parking de la cité des loups. Le parking était gigantesque. Elle couvrait l’énorme cité abandonnée. Il était également souterrain. Il tombait en ruine et seul quelques colonnes disposées parallèlement toutes les trois places permettait le maintenir le plafond. Quand George et Robert arrivèrent dans le parking, il faisait nuit noire. Seule un chat ou une chauve souris aurait pu avancer dans cette obscurité. Robert et George allumèrent leurs lampes torches. Il n’y avait pas le moindre signe de vie.
George commença à dire :
« Finalement, nos informations sont bidons. »
Robert éclaira le sol et après observation dit :
- Tu vois le sol est mouillé.
- Oui, c’est exact, et alors ?
- Nous sommes dans une pièce souterraine abandonnée. A priori, l’eau ne rentre pas.
- Tu veux dire que quelqu’un est venu ?
- Oui, et sans doute une voiture. Les traces d’eau sont parallèles.
Robert et George suivirent les traces humides qui s’arrêtèrent au milieu du parking. Robert continua à examiner le sol à l’aide de sa lampe torche. Il trouva des traces d’une poudre blanche. Il en ramassa sur son doigt et la goutta du bout de sa langue.
- Héroïne déclara-il.
- Où demanda George ?
- Les quelques bouts de poudre blanche ici à peine visible en répondit Robert en les éclairant.
Puis Robert déclara :
« A mon avis, il y a eu un rendez-vous, mais nous arrivons trop tard. »
Soudain, George qui regarda les alentours cria :
« Robert, attention ! »
Il poussa brusquement Robert au sol. Celui-ci entendu un coup de feu. Il reprit ses esprits et vu George tomber dans ses bras. Au loin, Robert vit une silhouette qui courait derrière un poteau. Robert sentit le sang de son coéquipier couler sur sa chemise. Robert le traîna derrière une colonne. Puis, d’une voix désespérée, il dit à George :
- Pardonne-moi, George, je suis désolé.
- De quoi Répondit celui-ci d’une voix qui avait du mal à respirer ? Tu avais raison.
- Je vais te sortir de là, tient bon.
- C’est trop tard, vieux, c’est finit pour moi. Le parrain, ce n’est pas une légende. Je t’en supplie, fait le pour moi, arrête le parrain, promet moi d’arrêter le parrain.
- Ne dit pas ça. Je vais te sortir de là.
- Je t’en supplie, arrête le parrain.
Des larmes coulaient des yeux de Robert. Puis d’une voix apaisante, Robert déclara :
- Je te promets d’arrêter le parrain mais également tonton.
- Merci.
Les bras de George tombèrent à terre. Son cœur s’arrêta de battre et George s’endormit. Il était mort.
Robert sortit son arme. Il marcha dans le noir se cachant derrière les colonnes. Il essayait de respirer le moins possible et d’avancer tel un chat cherchant sa proie. Ses sens étaient en éveil. Ses yeux recherchaient la moindre ombre ou forme dans le noir. Ses oreilles étaient à l’affût du moindre bruit. Il ne faisait qu’un avec son arme. Robert était vieux et avait des nerfs d’acier. Il savait qu’il devait rester calme et ne pas s’abandonner à la peur ou au stress. Sa survie en dépendait.
La vie de Robert venait d’avoir enfin un sens. Il devait stopper le parrain. Celui-ci est un criminel et c’est son devoir de policier était de l’arrêter. Soudain, il entendit un déclic derrière lui. Il fit une roulade sur le côté gauche. Il entendit un coup de feu. La balle s’enfonça sur le poteau qui se trouvait quelques secondes auparavant derrière lui. Il voyait une ombre, d’une forme humaine qui le braquait. Visiblement, l’homme préparait à tirer une seconde fois. Robert pointa son arme sur lui et tira sur la forme noire. Celle-ci s’écroula à terre. Robert s’approcha de l’ombre. Il vit un cadavre. La mort avait été rapide. Robert sortit du parking.
Dehors, la pluie continuait à tomber. La rue sombre n’était éclairée que par quelques réverbères qui étaient encore en état de marche. Robert marchait sur le trottoir derrière les carcasses de voitures. Il luttait contre le vent qui soufflait contre lui. Dessous une lampe se tenait deux hommes. Il tenait chacun dans leurs mains un fusil automatique. Lorsque qu’ils aperçurent Robert, ils pointèrent leurs armes sur lui. Celui-ci se mit à couvert derrière la carcasse d’une automobile. Robert entendit le bruit d’une rafale qui endommageait le métal qui lui servait de couverture. Puis les tirs s’arrêtèrent. Robert se leva, pointa son arme sur l’un de ses assaillants et tira. Le tir, précis, calme et froid fit tomber sa cible à terre. Le second pressa la détente et continua à courir derrière une poubelle pour se mettre à couvert. Robert baissa la tête, laissant ainsi la voiture s’abîmer et lui éviter une mort certaine.
Les tirs s’arrêtèrent. Robert marchait de carcasse en carcasse. Il essayait de s’approcher discrètement de la poubelle. Puis, il ramassa une canette qui traînait devant lui et la lança loin derrière le cadavre d’une voiture qui était éloigné de sa position. Celle ci retomba en faisant un bruit sourd. Aussitôt, l’homme, caché derrière la poubelle se leva et tira sur la voiture en direction de la canette qui venait de tomber au sol. Robert leva la tête de sa cachette et abattit l’homme d’une balle dans la tête. Ensuite, Robert alla vers sa voiture et appela le poste :
« Patrouille de L’inspecteur Robert. Avenue François Mitterrand. Cité des Loups. Avons été attaqué par trois hommes. Quatre morts dont l’inspecteur George Gérard. »
Robert venait de perdre son coéquipier, mais la vie continuait et la lutte contre le parrain ne faisait que de commencer.