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Chroniques
#11
Géniale cette histoire de la naissance de l'Harmonie pasmal
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#12
J'étais parti pour raconter cela en 15-20 lignes max, juste l'essentiel  Guu
Et la chronique suivante est déjà bien avancée  Boidleau
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#13
ahah il est reparti ca y est!!!
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#14
Chinese
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#15
On ne l'arrête plus Boidleau
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#16
La chronique VI à venir n'y suffira pas, il faudra voir où j'en arrive dans la chronique VII Guu
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#17
Chroniques

VI - Le masque de l'honneur brisé


Le palais de l'Harmonie est donc la résidence de la famille Miya. Anou Saburo est de fait l'intendant. Il y fait venir régulièrement des Daidoji, des Yasuki, des Hida. Bientôt arrivent des Daigotsu, intrigués par ce qui se passe ici. Voir des Araignées se mêler de vos affaires est inquiétant, mais cela prouve qu'elles prennent de l'importance. Le Port qui ne dort jamais va encore moins dormir que d'habitude.

A Otosan-Uchi, le trône d'Emeraude est toujours inoccupé. Le petit clan de la Tortue, qui a normalement l'Empereur comme daimyo, se trouve sans maître. Flairant quelque chose de ce côté, Saburo va les voir, ces marins et contrebandiers. Il use de sa réputation de Miya pour se donner le droit de rencontrer qui il veut : les Miya n'ont-ils pas pour tâcher d'harmoniser les conflits, d'être à égal distance de tous les clans ? La famille Kasuga est fort surprise de rencontrer ce noble impérial qui ne les prend pas de haut. Via les Tortues, Saburo découvre l'existence des Frères de la côte, une vaste organisation informelle de tous les hommes de la mer. On y trouve aussi bien des commerçants que des pirates. Les Kasuga l'informent aussi volontiers sur les Thrane, les Merenae et d'autres nations gaijins.
Saburo court à droite et à gauche, mais il a l'impression de tourner en rond. Il observe ses voisins, les Daigotsu l'observent, chacun attend, tandis qu'à Otosan Uchi, la situation est au point mort. Il sent que quelque chose se prépare, mais il ignore encore quoi.

Au début de l'été 1303, le destin se met en branle, violemment. Un héraut Miya arrive à brides abattues du palais ancestral. Le messager, sur sa monture Shinjo, n'a presque pas dormi pendant une semaine. Nerveux, Saburo ouvre le message : c'est un appel à l'aide ! Kyuden Miya va être attaqué par une armée d'Otosan-Uchi aux ordres de quatre familles impériales (Seppun, Otomo, Hanteï et Toturi).
Il ne peut pas y croire : les Miya sont accusés de conspiration contre le trône d’Émeraude ! Ils sont tenus pour responsables de l'échec du choix d'un nouvel Empereur ! Alors qu'ils ont quitté la capitale depuis six mois !

Discrètement, les Daigotsu viennent confirmer la sinistre nouvelle. Les Daidoji, qui apprécient les Miya, leur disent qu'aucun clan ne pourra rien faire : on ne se met pas en travers du chemin des familles impériales. Saburo annonce qu'il part à Kyuden Miya avant qu'il ne soit trop tard. Ses amis lui disent que c'est inutile, son épouse le supplie de rester : il va se faire capturer ou pire. Car les impériaux sont féroces : depuis plus d'un an, ils se déchirent et ils ont besoin de coupables.
Saburo convainc quelques Miya de venir avec lui. Deux Daidoji sont aussi du voyage, avec une petite troupe d'ashigarus en renforts. Les Yasuki l'aident à recruter quelques bons mercenaires ; enfin, les Daigotsu leur donnent un laisser-passer sur les terres de l'Araignée.  Les Thranois espèrent pour bientôt le retour de leur ami.
Saburo embrasse son épouse, son fils et prend la tête de la troupe. Ils prennent au plus court, traversant rapidement les terres du Lièvre, où ils sont mal reçus. Ils séjournent une nuit à la Cité des Mensonges, puis continuent en direction des terres Soshi. Que la route est longue ! Chaque jour est un supplice, chaque heure qui passe est de trop.
Quand ils dépassent le nord de la forêt Shinomen et qu'ils lancent le dernier galop à travers la plaine, Saburo a le cœur serré : ému malgré lui de retrouver sa cité natale, angoissé par ce qu'il va découvrir.

*

Un panache de fumée s'élève au-dessus de Kyuden Miya calciné. Sa troupe s'est arrêtée à quelques pas derrière lui. Saburo descend de cheval et approche de la bâtisse où règne un silence de mort, dans le grand vent de la plaine.
Les fortifications Miya, dont Saburo a eu la charge pendant quelques années, n'ont bien sûr pas tenu face aux impériaux. Il réalise à quel point sa tâche a été dérisoire. Le résultat aurait été le même s'il avait fait pousser des bonsaïs !
Les paysans pleurent en voyant arriver leur ancien maître. Les etas sortent les corps de la bâtisse. Saburo avance à travers les ruines encore chaudes, enjambent les poutres fumantes, les panneaux tordus par l'incendie. Il avance dans les jardins noircis où les arbres sont comme des squelettes. Les murs éventrés laissent passer le vent de la plaine. Le château ancestral n'est plus. A la prochaine pluie, la structure s'effondrera. 
Miya Saburo tombe à genoux, maudissant il ne sait qui. Personne ne lui répond que la bourrasque des plaines. Il se sent plus seul que jamais, abandonné du ciel et des hommes.
Quand il se relève, il voit une petite troupe Ide qui approche. Ils lui racontent ce qu'ils savent : les impériaux sont arrivés, ont accusé les Miya d'avoir conspiré contre le trône d'Émeraude en faisant échouer les négociations entre familles, puis d'avoir quitté Otosan-Uchi au lieu de répondre de leurs actes. Les Miya ont répondu depuis le haut des murailles qu'ils rejetaient ces accusations odieuses.

De toute façon, les Seppun et les Otomo ne venaient pas pour discuter. Leurs palabres n'étaient qu'une excuse hypocrite, une façon de mettre les formes avant d'accomplir leur sale besogne : éliminer des témoins de leurs forfaits à la cour depuis un an.
Alors que le soleil se couche sur les ruines de Kyuden Miya, les dernières illusions disparaissent du coeur de Saburo. Devant ce bâtiment qui va s'effondrer, il sent mourir sa foi en l'honneur. Tous les hommes portent un masque pour dissimuler leurs passions et leurs vices ; les pires sont ceux qui se cachent derrière le bushido. L'honneur aussi est un masque, le plus trompeur ; ce soir, Saburo se jure de le briser.

*

Les Ide invitent la troupe Miya à séjourner chez eux. En chemin, ils lui racontent que certains samouraïs ont réussi à s'échapper avant la bataille. Ils ont reçu l'aide discrète des Soshi, qui grâce aux esprits de l'air, les ont rendues invisibles le temps qu'ils s'exfiltrent. Puis les Ide les ont conduits chez eux en lieu sûr.
Le premier réflexe de Saburo est de traiter ces Miya de lâches. Puis il reconsidère ce qu'il vient de penser : cela, c'est ce que son éducation lui a appris. Mais depuis, il a rencontré les Doji, les frères de la Côte, les Thranois... Pour les gens de la mer, fuir n'est pas un déshonneur en soi. Il sait que plusieurs amiraux de Nassanje-Horrau font comme cela : ils se retirent d'une bataille perdue d'avance, réunissent leurs forces et contre-attaquent au bon moment. Croire qu'il est honorable de se battre dans n'importe quelle condition, c'est une idée de terriens. Si les Matsu veulent charger à un contre trois, grand bien leur fasse mais c'est que l'honneur les a rendus stupides !
Alors que sur la mer, qu'on soit mousse ou amiral, on n'est rien face à la toute-puissance des vagues. L'homme de la mer est comme ces pêcheurs qui affrontent l'immense vague qui déferle sur eux. S'ils voulaient la briser, ils seraient engloutis. Mais si le marin accepte sa petitesse, il laissera passer la déferlante, il remettra son embarcation à l'endroit et rentrera sain et sauf au port, avec le poisson pour sa famille.
Donc Saburo reconsidère son jugement : les Miya ont eu raison d'échapper à une mort injuste. Le soir, il les embrasse et s'agenouille devant les Soshi qui ont risqué gros pour aider sa famille.
Soudain, il pense aux Iuchi, qui sont les plus proches voisins de Kyuden Miya, juste au nord.

Embarrassés, les Ide leur disent que les Iuchi ont été avertis par les esprits enragés du désert qu'ils prient avec leurs amulettes. Ils Iuchi savaient que l'attaque aurait lieu et qu'elle serait une juste punition pour les Miya.
- Qui leur a dit cela ? souffle Saburo, qui contient à peine sa colère.
- Les Shin-Tien-Yen-Wang, répondent les Ide, le front très bas.
- Les Shin-Tien quoi ?
Une fois encore, Saburo écoute à peine la réponse. Des esprits vengeurs ! Des divinités du désert et de la mort ! Des protecteurs des brutes Ujik-Haï !
Voilà où mènent les superstitions : elles font des hommes des lâches ou des bêtes enragées, ou les deux ! Et tout cela dans l'honneur et le respect des traditions ! De tout le reste de sa vie, il n'aura de cesse de comprendre comme éviter le retour de cette barbarie, sûr que l'honneur peut couvrir tous les crimes.

*

Avant de repartir avec ses frères Miya sauvés, Saburo fait fouiller les décombres du château ancestral. Dérisoires archives des caravanes de bienfaisance, tas calcinés de parchemins qui devaient être envoyés aux quatre coins de l'Empire, registre comptables et autres commandes de matériel, tenus avec rigueur au cours des siècles par les honnêtes Miya... Saburo fait mettre tout cela dans des coffres, se disant que parmi les quelques meubles et objets sauvés, il pourra trouver des reliques, à garder en souvenir au palais de l'Harmonie.
Les Ide propose alors à Saburo de partir avec leur caravane commerciale, qui va descendre à la Cité des Mensonges. C'est ainsi que Saburo rencontre l'escorte Licorne, les redoutables Moto et les froides Utaku. Il emmène les chevaux sauvés des ruines, qui n'ont pas été éventrés par les impériaux et ont échappé aux flammes.  Au cours du voyage, une attaque de bandits se produit dans la plaine. Saburo voit comment les cavaliers Licorne mettent en pièce un groupe bien organisé de Ujik-Haï, vêtus de leurs peaux de bêtes et brandissant leurs cimeterres grotesques. Les voilà, les barbares qui vénèrent les Shin-Tien-Yen-Wang comme les Iuchi !

Le reste du chemin est paisible, mais il est lent, bien trop lent. Les Licornes font sans cesse des étapes. Chaque fois, cela prend deux jours, le temps de s'arrêter, décharger, étaler les marchandises en un magasin à ciel ouvert, négocier, dormir sur place et tout remballer le lendemain. Bien sûr, leurs produits sont somptueux (tapis, draps, parfums, meubles, vases, safran...) et les Licornes gagnent des fortunes, mais à ce rythme, ils vont mettre deux semaines pour atteindre la capitale des Araignées.
Saburo va platement s'excuser auprès du maître de la caravane, en lui disant que les Miya ont grand hâte de découvrir leur nouvelle demeure dans le sud. Les Licornes haussent les épaules, affables : ce petit Miya est bien pressé. Saburo va remettre le pied à l'étrier, quand il a une idée : il invite solennellement les Licornes à venir le voir au palais de l'Harmonie.
Le chef Moto hausse les sourcils : si loin, chez les Daidoji ? Habituellement, ils ne vont pas si bas car ce sont les Yasuki qui tiennent le commerce là-bas : ils n'aiment pas que les Licornes viennent leur faire de la concurrence.
Saburo leur dit qu'il faut en finir avec cette méfiance : au contraire, il faut organiser une rencontre avec les Yasuki, et créer une route commerciale continue, de la mer à l'océan -et en sens inverse !
Les Moto éclatent de rire mais Saburo ne se laisse pas décontenancer. Il insiste : à l'improviste, il ajoute que les Licornes pourraient vendre des épices de Medinat contre de la soie des îles, des parfums contre des armes à poudre. De l'alcool du désert contre de l'alcool de la mer ! Son baratin n'est pas très au point, mais sa volubilité amuse les Licornes, qui promettent d'envoyer quelques marchands, pour voir ce que le palais de l'Harmonie pourrait leur acheter.

Les Miya partent sans plus attendre. Même sans la lenteur de la caravane, le chemin paraît vraiment trop long à Saburo. Alors il repense au chemin de fer thranois ! Si Rokugan en avait un, on pourrait transporter des marchandises Yasuki de la côte à la muraille de l'ouest en quoi ? deux jours grand maximum ! Si le train existait déjà, il serait arrivé à temps à Kyuden Miya !
Voilà, il a enfin trouvé son ambition, plus constructive que juste se venger des Seppun et des Otomo : moderniser l'Empire, le faire sortir de ses ténèbres.
Bâtir un monde plus juste et plus prospère. Dans l'ordre, et pour le progrès.

La formule sonne bien. A l'occasion, il la réutilisera.
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#18
Excellente histoire Chinese, sacré destin pour le petit Saburo.
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