SCUD WARS +DARK AGE+
#4 - Darth Yotis
Hans Zimmer, James Newton Howard - Batman Begins - Antrozous
Les deux soleils se couchaient derrière la ligne des ruines, comme pour se reposer brièvement entre deux intenses crépuscules. La froideur de la nuit tombait sur les lieux du combat. La robe de la princesse Amanoa, qui la couvrait des pieds à la tête avec une très grande capuche (

), devenait bordeaux, puis grise, et dans l'arène au milieu des murs et des bâtiments fracassés, on entendait le vrombissements des deux sabres qui se heurtaient dans la pénombre.
Yotis n'était pas un combattant exceptionnel mais il tenait bien sa défense. Les attaques de Revan venaient se briser dessus, ce qui avait pour effet d'accentuer sa colère. La forme de combat de Yotis était la III, celle de feu El Daoud -ce qui accentuait le désir de notre sombre héros de vaincre tous les utilisateurs de ce style de combat lâche.
Aucun des deux combattants ne prenait l'avantage sur l'autre, car les attaques de Yotis étaient trop molles, et sa défense trop bien fermée.
Les duellistes s'enfoncèrent peu à peu dans le labryrinthe, tandis que la nuit recouvrait tout.
Les coups résonnaient dans l'obscurité, et l'aura sinistre des deux combattants jetait des éclairs blafards dans ce lieu voué à la mort et à l'oubli. Les yeux phosphorescents de Yotis fixait Revan dans son armure sombre. Plusieurs fois, l'élève de Treides lança quelques attaques rapides et puissantes, mais Yotis, sans faire de vagues, fléchissait un peu puis ramenait le combat à l'équilibre.
- La rage est puissante, siffla l'Arcoien, mais la peur est un raz-de-marée. Elle brise tous les obstacles, et déferle sans fin.
- Je vais te terrasser, gronda Revan, tandis que son sabre, fusionné avec celui de son adversaire, s'approchait dangereusement de la gorge de Yotis.
Revan appuyait de toutes ses forces, et l'élève d'Orcus allait céder d'un moment à l'autre. Soudain, un souffle cauchemardesque remonta des entrailles de l'Arconien dans la bouche, il proféra des paroles de malédiction et rejeta Revan en arrière. Celui-ci sentit brusquement des ténèbres infinies déferler sur lui, des cris, des monstres sans visage lui sauter dessus, des abîmes le happer dans leur gueule. C'était comme le vol d'un million de chauve-souris affamées, ou la chute dans un gouffre, ou être emporté dans le vide spatial par la dépressurisation d'une soute.
Hurlant à pleins poumons, assourdi par sa voix qui résonnait dans son casque, Revan s'enfuit en courant et zigzagua à travers le dédales d'ombres.
Derrière lui, Yotis ricana. Pour Revan, ce n'était pas un simple sarcasme, mais le hurlement conjugué de toutes les horreurs tentaculaires des marais de Loondernagg. Haletant, trempé par la sueur, Revan s'arrêta au bout de longues minutes, complétement perdu dans la cité effondrée.
- Alors, n'avais-je pas raison, seigneur Revan. Qu'est-ce que la rage, si la peur que je projette peut la refroidir en un instant, et te paralyser de terreur ? C'est ta propre peur, primordiale, familière, qui te broie les entrailles en ce moment. Où donc te caches-tu ?
Revan était courbé en deux, paralysé, incapable de bouger. Il était prêt à sectionner la tête de Yotis, et l'instant d'après, il s'enfuyait, comme si ses jambes couraient tout seules. Il tentait de reprendre son souffle. Il comprenait que s'il ne se ressaisissait pas, il était à la merci de son ennemi. Même inférieur à lui, il pouvait avoir raison de Revan sans difficulté, tant qu'il continuait d'exsuder cette aura impénétrable de peur.
Notre héros prit fermement en main son sabre, puis essaya de retrouver la force brûlante de sa rage.
Yotis rôdait dans le coin.
- Je vais te trouver d'ici peu de temps, Revan. Et alors je t'abattrai comme du blé mûr. Tu ne peux rien faire contre ta peur. A quoi te sert tout l'entraînement de Treides, si la peur que mon maître m'a appris à inoculer est la plus forte ?...
Revan ralluma son sabre. Il se mit à marcher dans les couloirs incertains, à la lumière des étoiles, prisonnier des ruines dont les silhouettes inquiétantes projetaient des ombres encore plus fantastiques qu'elles. Revan cherchait la lumière noire projetée par Yotis et ce dernier le cherchait. Une chasse à l'homme se mit en place. Au détour d'un couloir, Yotis disparaissait, et Revan ne le trouvait plus là où il aurait dû être. L'instant d'après, les effluves malfaisantes se rapprochaient, et notre guerrier reculait effrayé, pas encore prêt à faire le pas décisif. Cette poursuite ramena les deux adversaires dans la grande salle où se tenait la princesse Amanoa.
Une lune lointaine daignait projeter ses faibles lueurs sur les lieux. On entendait que le bourdonnement inquiétant du sabre de Yotis dans cette épaisse obscurité de cristal.
Revan sentait la peur s'écouler hors de lui, comme de l'eau qui se déverse des toits après la pluie. Le foyer de sa colère se rallumait. Yotis attendait, très concentré sur sa défense, défiant de ses yeux de phosphore son adversaire. Revan commença à avancer posément, un pas après l'autre. Des images refluaient à nouveau en lui, mais à chaque pas, il les chassait un peu plus. Revan ralluma son sabre et éprouva toute sa puissance. Il pouvait en jouer comme il voulait, il pouvait manier la foudre grâce à lui. Il poussa soudain un cri, qui sortit de lui comme du fond des âges, presque malgré lui, et abattit son coup de toutes ses forces, dans un mouvement qui surprit complétement Yotis. L'Arconien eut le bras tranché par l'attaque. Il fut poussé en arrière par la rage de Revan.
Yotis se tordait de douleur. Revan prit son sabre à deux mains, au-dessus de Yotis, et s'apprêta à porter le coup de grâce. La princesse Amanoa fit alors un petit signe qui lui demandait d'arrêter. Elle se leva doucement.
La nuit disparaissait déjà : les deux soleils se levaient à nouveau, ramenant avec eux une aube qui était déjà un crépuscule mourant.
- Tu te moques bien de moi, hein ! lança Yotis. Au fond, tu es bien heureuse qu'il ait gagné ! je lis en toi facilement, Amanoa ! les êtres vivants ne peuvent rien me cacher de leurs sentiments ! c'est pourquoi je peux leur fait si peur. Ne nie pas, que tu te plais à me voir vaincu. C'est ce que tu voulais depuis le début !
Et la voix qui sortit de la bouche d'Amanoa transporta Revan.
- Tu commences seulement à comprendre...
C'était Gaeriel.
- Maudite ! maudite ! hurlait Yotis. J'aurais dû comprendre plus tôt !
L'Arconien se tordait de douleur.
- J'aurais dû te tuer plus tôt ! te faire connaître cette peur abominable ! et tu m'aurais supplié à genoux, Amanoa !
- Tu vas payer ton manque total de lucidité !
Et la voix de Gaeriel puait la méchanceté comme jamais auparavant.
Elle tendit les bras devant elles, et soudain, une giclée d'éclairs de Force partit de ses doigts. Frappé, brûlé, Yotis se tordit de douleur.
Amanoa lança encore quelques frappes. Yotis agonisait, impitoyablement déchiré par les éclairs crépitants.
- Et maintenant, dit Amanoa en s'avançant, Yotis, tu vas... mourir.
Elle était très près de lui, tout le visage tordu par la colère. Elle envoya toute la puissance maléfique de la Force sur l'Arconien, et le regarda se vider de sa vie lentement. Enfin, après avoir été secoué frénétiquement, il retomba, mort pour de bon.
Alors que les soleils rougeoyants se levaient, et que les tons de la robe rouge d'Amanoa se mêlaient à ceux de l'aube, Revan l'embrassa, après plus d'une interminable année de séparation, à naviguer à travers l'espace froid et intersidéral, loin de la chaleur du corps de sa bien-aimée. Et la colère d'avoir été séparés si longtemps décuplait maintenant leur passion.
A suivre...