> Fredo : en fait, les cas étudiés par Peter sont ceux des organisations hiérarchisées, dans le cas de promotions verticales. Et non dans les cas de promotions à des postes différents, dans un autre secteur.
C'est dans ce cadre-là qu'il applique sa théorie du seuil d'incompétence. Bien sûr il présuppose en quelque sorte que la difficulté de la tâche augmente à chaque échelon.
Comme à chaque niveau de Contra, quoi. :P
Blague à part, cela se vérifie t-il toujours ? Je ne sais pas répondre : faut-il toujours être plus compétent pour accomplir une tâche plus élevée hiérarchiquement ?...
Je crois que Peter dirait que même avec une formation nouvelle, un employé finira par atteindre ses limites un jour ou l'autre.
Il faut dire que sa théorie ne manque pas d'être très drôle, et assez satirique.
Mais elle ne s'arrête pas à une bête critique de l'incompétence bureaucratique.
On pourrait objecter à Peter que des gens à de haut niveaux de responsabilités sont encore très compétents.
Mais alors, dit Peter, ce sont des gouvernants, des directeurs, des présidents d'exception, qui n'ont pas trouvé, même au sommet de l'échelle, leur seuil d'incompétence.
Revenons aux gens ordinaires. :P
Beaucoup de gens, promus à un poste de responsabilité vont se trouver incapable d'accomplir leur tâche. Ils vont donc se surmener, quitte à se ruiner la santé. Peter énumère une liste de maux dûs au surmenage, recueillie auprès des médecins du travail. Inutile de la détailler : accidents cardio-vasculaires, boulimie, impuissance etc.
Les gens s'inquiètent, ne comprennent pas : ils travaillent 10h / j, ramènent du travail à la maison etc. Et ils n'y arrivent pas.
Certains s'engagent dans des procédures de substitution, névrosantes, pour masquer leur incompétence : être maniaque du bureau en désordre (pour dire qu'on est débordé), passer des coups de fil sans arrêt etc.
Généralement, ils ne font qu'empirer leur mal à se mentir à eux-mêmes.
La réponse de Peter, dans un style drôlatique et implacable qui me plait beaucoup :P , consiste à dire : "Mais cessez donc de vous inquiéter mon vieux ! Vous avez simplement atteint votre niveau d'incompétence. Inutile de vous tuez à la tâche : de toute façon, vous n'y arriverez pas."
Comment va faire l'employé arrivé à son stade d'incompétence ? Il ne peut plus progresser et quoiqu'il fasse, il ne sera pas à la hauteur de la tâche. Cas de conscience...
Soit par exemple un brillant professeur de science qui va être promu directeur d'une école. Compétente, intelligente, elle passionnait ses élèves, à qui elle a fait découvrir les merveilles de la thermo-statique.
Promue dirlo, elle exaspère l'administration, gère n'importe comment le budget etc.
Et c'est là que ça devient franchement loufoque (mais bien réel). Peter pense que dans ce cas-là, pour s'en sortir, il faut (consciemment ou non peu importe)
s'atteler à une tâche de substitution, de manière à se détourner du travail
qu'on est de toute façon pas capable d'accomplir.
Assumer son incompétence. S'occuper de faire repeindre les couloirs ; de la couleur des tickets d'absence ; du bien-être des élèves et de la nature de la sonnerie de fin des cours. Bref, s'affairer à des occupations sans danger, vaquer à des problèmes illusoires...
Seuls ceux qui parviennent à mettre en place ce système restent en bonne santé et trouvent de la satisfaction dans leur travail. Même s'ils passent en réalité leur temps (et Peter le suggère clairement) à des
conneries.
Il peut également être bon d'employer un adjoint réellement qualifié qui réglera les vrais problèmes à votre place.
On franchit encore un degré dans l'absurdité joyeuse quand Peter étudie le cas de gens qui, volontairement ou non, ont préféré ne pas être promu à une tâche dont il sentait bien qu'ils y seraient incompétents.
Peu importe que cette réaction soit voulue ou un réflexe inconscient. Le fait est que des gens refuseront d'être promu, de passer jardinier-chef, chef de chantier, directeur de bureau.
Ils resteront à leur poste, à faire ce qui leur plait, à être heureux de travailler.
Et comment cela ? Il ne suffit pas, dit Peter, de refuser noir sur blanc d'être promu.

Car cela peut être mal vu, même par la famille, les amis etc. et finalement ruiner votre vie (Peter cite un cas : sa femme l'a quitté, ses amis se sont détournés de lui... :( ). Alors, pour éviter pareille tragédie, il est bon de ruser avec la hiérarchie trop impatiente de vous promouvoir.
Tel jardinier commandera parfois trop de graines, taillera mal une haie ; tel chef de bureau sera bordélique à l'extrême (tel type laissait traîner sur son bureau des piles de papier : à les étudier de près, ses collègues auraient pu s'apercevoir que cette paperasse n'avait rien à voir avec son travail !

Et tel jardinier gérait très bien son budget familial, tout aussi compliqué que son budget au travail. Mais, allez savoir pourquoi, il commettait régulièrement des erreurs de commande...

).
Bref, tout faire pour être un bon employé, mais assez imparfait pour susciter la méfiance de vos supérieurs. Et laisser un pigeon gagner un échelon à votre place.
Ainsi, vos collègues ne vous en voudront pas d'être incompétent, mais encore votre hiérarchie ne fera pas votre malheur en vous accordant la promotion que vous méritez.