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Vampire 2006 - #2 : Shreknet Paranoia
#21
Rahlala, je voulais avancer dans SW, mais bon, si tu insistes. :P lol
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#22
J'insiste :jmekiffe:
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#23
Oh oui oh oui disons du mal de Francois Loren Sautille mdr

bravo
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#24
Clever n'y aurait-il pas la une revanche d'accordage et de ownsage venu du univers parallère où c'est un certain odieux à cheveux blancs qui médit des autres?
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#25
Pour lui et pour l'ensemble de son oeuvre d'Odieuseté redaface2
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#26
Vampire 2006 - #2

En ce début d’année, les habitants des 12, 13 et 20e arrondissements reçurent de très avantageuses offres de téléphonie et accès Internet conjugués, à des prix défiant toute concurrence. Les acheteurs ignoraient qu’ils faisaient passer par leurs lignes les réseaux d’informations occultes des Nosferatu, et que les plus paranoïaques d’entre eux auraient eu raison de se dire qu’Internet ne servait qu’à fliquer les gens. Car dans les sous-sols des immeubles nouvellement reliés et « dégroupés », Anatole installait ses systèmes de surveillance dernier cri, épaulé par Über Gamer dans son refuge de République.
Le second soir après son installation, au retour d’une chasse au sang, pour nourrir ses trois nouvelles goules, le Lapin de Garenne eut la mauvaise surprise de découvrir que la porte de son repaire avait été fracturée. On avait vandalisé les lieux. On avait volé une partie du matériel, et on en avait cassé le reste.
Anatole fut obligé d’apprendre la mauvaise nouvelle à Über Gamer. Celui-ci lui fit livrer du matériel de dépannage, le temps qu’il se fournisse à nouveau, mais les deux compères allaient prendre au moins deux semaines de retard sur leurs installations.
Notre rusé Nosferatu savait que des Sang-Clairs traînaient dans le coin. En s’installant sur leur territoire, Anatole les provoquait directement. Ce casse était peut-être un avertissement pour lui. Il se passa la langue sur ses lèvres mortes, et saliva presque à l’idée d’aller croquer ces femmelettes de 14e génération. Il sentait déjà ses griffes animales lui pousser spontanément aux doigts. Il renforça sa sécurité, mais laissa volontairement des failles, espérant piéger des « pigeons » à l’intérieur. Mais personne ne s’y laissa prendre.
Loren lui apprit que le Louvre avait exigé une épuration du quartier : la densité vampirique était trop élevée. Il fallait faire place nette. Mais pour le moment, Sergio, le chef de la police Brujah, avait d’autres chats (à neuf vies ?) à fouetter : les nobles de la Cour (les arrondissements centraux de Paris) avaient reçu des menaces d’un certain Shrek. Donc les Brujah étaient entièrement sollicités par les seigneurs de Paris. Pas le temps de s’occuper d’une région sauvage et périphérique comme les Tours.
Mais qu’il tardait à Anatole, et aussi à Sergio (il l’avait dit à Loren) de lancer une chasse à courre, plutôt que de rassurer les vieilles peaux qui n’avaient toujours pas intégré la Révolution Française, ni la télévision ni le téléphone…

Bref, la situation allait piétiner quelques jours. Anatole fut mis au courant de l’existence du réseau secret où l’on parlait de la Main Noire. L’infant de Loren, James, le chargea de surveiller les conversations, et d’en rapporter toutes les informations qu’il pouvait.
Le soir-même, toujours attiré par ce genre de sombre mystère, Anatole se connecta au chat-room, sans se montrer. Il y avait là trois personnes qui discutaient, sans compter quelqu’un d’autre qui « lurkait », tout comme Anatole : notre nerd repéra vite qu’il s’agissait d’un des autres membres du Shreknet, un certain Iznogoud.
- Qu’est-ce que tu fais là ? lui écrivit Anatole.
- Je fais comme toi, je surveille ce réseau, à la demande de Shrek.
Anatole n’en demanda pas plus, et commença à enregistrer les adresses des participants. Il ne mit pas longtemps à les identifier par ce biais : il s’agissait de Francis, Toreador, chroniqueur de la non-vie mondaine ; Vaneighem, courtisan Nosferatu, connu pour ses entrées fracassantes dans les salons, et ses imprécations nihilistes sur la Gehenne et l’hypocrisie des courtisans ; Emmanuel, Malkavien, plus connu comme Manu le Malkav’, animateur, sur une radio jeune, d’une émission d’antenne libre, où les auditeurs venaient exposer leurs thèses conspirationnistes et expliquer pourquoi les extraterrestres étaient parmi nous, et pourquoi la CIA essayaient de nous le cacher. Cette émission servait aux services de la Camarilla à repérer d’éventuels humains trop informés de l’existence d’une société vampirique mondiale…
Anatole avait maintenant bien envie d’aller interroger les participants pour en savoir plus sur leurs petits secrets. Ils allaient pouvoir servir la cause du Shreknet à leur manière, si on savait leur parler. A commencer par le Nosferatu, Vaneighem…

Virus

Graziella commença son installation dans l’entrepôt désaffecté de Bercy, au bord de Seine. Elle avait déjà installé ses serviteurs sur place, et se décida à aller reconnaître les lieux. Il fallait avouer que le quartier était tout sauf mondain. On se sentait bien loin de la couveuse rassurante du centre de Paris, avec ses lumières, ses intrigues, ses courtisans, ses petits complots et ses rumeurs. Peu d’éclairage urbain, beaucoup de chantiers, aucun courtisan, l’incertitude des rues, les vastes rénovations, les grands bâtiments du Ministère de l’Industrie et des Finances, les centres commerciaux flambant neufs… Le vent soufflait dans cette noirceur aseptisée. La grande cheminée d’une usine ressemblait à une fusée Ariane sur son pas de décollage. Des artistes fauchés tournaient un film à trois sous dans une impasse entre ville et banlieue.
Non, décidément, le 12e arrondissement n’était pas sur la même planète que l’esplanade du Trocadéro !
Graziella s’égara un moment dans les rues. Ce n’est qu’au dernier moment qu’elle sentit l’odeur de ses poursuivants. Ils étaient trois, armés de battes et de couteaux. Clan indéterminé. Ils avaient surgi de ruelles désertes et se précipitèrent sur notre Lasombra. Celle-ci voulut se défendre, mais encerclée, elle n’avait aucune chance : elle tomba à terre, lardée de coups en très peu de temps. Elle perdit une grande quantité de sang, impuissante face aux trois féroces agresseurs. Et ils n’étaient pas là pour l’effrayer : ils avaient l’intention de la saigner à mort !… Les coups pleuvaient sur elles, et elle sentait qu’elle allait rendre l’âme avant de se changer en ombre et de fuir d’ici. C’est alors que retentirent des coups de feu étouffés par un silencieux. La tête d’un des agresseurs explosa, et les deux autres s’écroulèrent à terre. Bientôt, chargés à craquer de plomb, les trois terreurs expiraient. Graziella avait perdu conscience. Soudain, l’odeur puissante de l’hémoglobine la ranima : frénétique comme une droguée en manque, elle se jeta sur une des victimes, et but abondamment le sang.
Rapidement, la bienséance reprit le dessus en elle : elle refoula son ardeur, et se calma. C’était une femme qui lui tenait par la gorge l’un des trois attaquants. Elle paraissait une trentaine d’année, habillée comme une lycéenne de banlieue.
- Vous en voulez encore ? allez-y…
Graziella fit signe que non, et aidée par sa sauveuse, se releva péniblement.
- Mon nom est Clémentine, clan Brujah. Je suis l’assistante sociale de la Bourgmestre, Satomé.
Son pistolet fumait encore. C’était la version de choc de l’assistante sociale, cette Clémentine !
- Je vous remercie. Mon nom est Graziella de Valori, du clan des Vrais Lasombras.
- Lasombra ?
Clémentine eut une moue suspecte.
- Nous appartenons à la Camarilla, contrairement aux traîtres qui ont suivi Gratiano.
Graziella avait récité cela, comme une leçon apprise par cœur. Mais dans l’état où elle était, l’heure n’était pas aux grands débats.
- Venez, il ne faut pas rester là.
- J’habite près d’ici, dit Graziella.
- Je vous accompagne. Vous connaissez vos agresseurs ?
- Non.
- Je les ai déjà vus traîner par ici. De la racaille. Je ne penserai pas qu’ils attaqueraient un jour quelqu’un, et si brutalement.

Les deux femmes marchèrent, Clémentine soutenant Graziella, ses vêtements en lambeaux, défigurée et tremblante.
Arrivée chez elle, elle servit du sang à Clémentine, pendant qu’elle se dépêchait d’aller changer d’habits et de boire une copieuse rasade en privée : elle mourrait de honte d’avoir rencontré cette Clémentine dans cet état lamentable. Ce n’était qu’une Brujah, mais tout de même ! Une de Valori ne pouvait pas perdre la face ainsi !
Quand elle revint dans le grand salon, propre et bien vêtue, Clémentine était en train d’admirer les lieux :
- C’est coquet chez vous ! Vous êtes bien installée !…
- C’est encore un peu en désordre, mais bientôt ce sera plus acceptable.
- Bon, eh bien, puisque vous êtes de retour chez vous, je vais vous laisser. Si j’étais vous, je renforcerais un peu la sécurité.
- Je n’y manquerai pas. Je ne sais pas comment vous remercier, Clémentine.
- Oh, je vous en prie. J’habite pas loin d’ici. Nous sommes voisines maintenant, alors nous ne tarderons sans doute pas à nous revoir, j’en suis certaine.

Graziella passa le reste de la nuit morose. Elle avait failli céder à la soif incontrôlable du sang. Elle avait déchu en ayant besoin du secours d’une Brujah. Elle avait été en détresse. Tout cela était décidément parfaitement inélégant.

Virus

Le lendemain, James, qui prenait quelques informations du côté de chez Satomé, entendit celle-ci discuter avec son assistante sociale, Clémentine et apprit ainsi l’agression dont avait été victime de Valori. Il apprit surtout qu’elle se trouvait maintenant dans le quartier. James informa aussitôt Sire Loren de cette nouvelle. Notre Ventrue fut bien surpris d’apprendre cela : pourquoi donc Graziella avait-elle quitté le palais de Chaillot pour les friches de Bercy ? Il devait encore y avoir quelque sombre complot de Santi derrière ça. Loren se dit qu’il ne tarderait pas à rendre une petite visite surprise à la de Valori.
Anatole, à ce moment, était en train de superviser l’installation des dispositifs de sécurité chez Loren. Et la nouvelle de l’installation de Graziella ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd. Il allait vite savoir où elle habitait. Il était toujours bon de pouvoir la surveiller. C’était le genre d’informations qu’à l’occasion les gens du Sabbat monnayeraient très cher. Et Anatole était du genre à manger à tous les râteliers, pourvus qu’ils soient bien fournis. Il continua donc ses installations de câbles, comme si de rien n’était.

Loren rencontra cette nuit-là Satomé, la Bourgmestre des Tours. Il décida d’avoir un abord décontracté avec elle. Celle-ci en fut d’ailleurs surprise : elle s’attendait à voir arriver chez elle un odieux courtisan, arrogant, supérieur, agissant comme s’il était en territoire vaincu, investi de l’importance conférée par le Primogène à son mandataire. Mais non.
Loren dit qu’il reconnaissait les mérites sociaux et humains de Satomé, qu’il comprenait sa défense des plus humbles. Simplement, la généreuse Bourgmestre devait comprendre que trop, c’était trop, et qu’il y avait des limites à la tolérance de la Camarilla. Certains éléments surnuméraires devaient être éliminés, dans l’intérêt de tous.
Satomé plia devant cette incitation somme toute modérée. Elle savait que des Sang-Clairs nichaient le long des voies ferrées, à la sortie de la gare d’Austerlitz, et dans la banlieue sud-est de la capitale. Content de lui, Loren la remercia et s’en alla. Il avait les informations qu’il voulait. Dès que Sergio, Bud et Terence seraient prêts, la chasse pourrait commencer. Et Satomé pourrait pendant ce temps veiller sur ses protégés légaux.

Virus

Anatole n’avait aucune envie de parler au chroniqueur Toreador. La meilleure façon d’approcher ce réseau clandestin était de s’adresser à ce courtisan Vaneighem. Il apparaissait souvent de manière impromptue dans les cours, portant un masque noir à très long nez ; on ne savait pas toujours bien comment il arrivait à s’introduire, malgré les surveillances. Souvent, il était en fait invité par l’hôte du lieu, pour mettre un peu d’animation, et lui jouait son rôle de provocateur, pour choquer les plus jeunes vampires. Aux plus vieux, il rappelait immanquablement la décadence qui les rongeait et l’inhumanité dans laquelle il s’enfonçait.
Vaneighem habitait dans un repaire près des Invalides. Son terrain de chasse favori était tout proche : les rues des Ministères, où il prenait comme un jeu de se glisser furtivement, pour surprendre les conseillers ou les secrétaires. Il usait de la magie du sang pour se donner une belle apparence, féminine ou masculine, puis il emmenait un fonctionnaire fatigué par sa journée boire un verre, puis l’emmenait chez lui et le coulait dans l’extase en le croquant dans le cou. Le lendemain, le brave serviteur de l’Etat se souvenait d’une nuit un peu débauchée, loin du cercle familial.
Vaneighem aimait cet art raffiné de la chasse.

Anatole sonna chez lui, ce soir là, et entra de force dans la salle d’attente de son repaire, malgré les protestations de la goule.
- Sire Vaneighem n’est pas chez lui voyons ! il ne peut recevoir personne comme ça, à l’improviste !
Mais le Lapin de Garenne s’était déjà installé, décidé à attendre jusqu’à ce qu’il soit reçu.
- Va me chercher ton maître, et grouille-toi, s’il te plaît !
Effrayée, la goule laissa là l’affreux visiteur. Quelques minutes après, elle revint pour annoncer à Anatole que son maître était décidé à le recevoir.
- Eh ben ! c’est pas trop tôt !
Adoptant son habituelle conduite de bulldozer dans un magasin de porcelaine, Anatole pénétra dans les appartements du courtisan. Il était là, dans son réduit, en robe de chambre, à fumer un épais cigare, au milieu d’un fouillis d’antiquités et de livres.
- Eh bien, cher ami, que puis-je pour vous ?
Il affichait une parfaite assurance face à l’importun Anatole.
- Comment allez-vous ? s’exclama ce dernier, comme s’il connaissait son hôte depuis des lustres. Je suis ravi que vous ayez accepté de me recevoir !
- Asseyez-vous donc, expliquez-moi ce qui vous amène.
Contrairement à ce que sa réputation aurait pu laisser croire, le courtisan fut extrêmement poli avec Anatole. Il avoua bien vite qu’il réservait son rôle de trouble-fête pessimiste à tous les Ventrue, Toréador, Tremere, qui jouaient à être beau alors qu’ils n’étaient que des cadavres réanimés par une malédiction. Il ne supportait pas cet apparat luxueux et cette crasse laideur intérieur de tous ces petits marquis.

Anatole ne tarda pas à expliquer l’objet de sa venue : les problèmes actuels rencontrés par le clan Nosferatu. Il pensait qu’on en voulait aux habitants des égoûts, qu’on cherchait à les discréditer, et qu’il y avait par dessus le marché des tas de problèmes à Paris. Il devait bien y avoir un responsable à tout ça.
Notre Lapin sut qu’il avait visé juste en parlant de ça à Vaneighem : il mordit vite à l’hameçon, et, son imagination se mettant en branle, il commença à nourrir l’idée d’une conspiration infiltré au plus haut niveau dans Paris.
Peut-être même… parmi le Primogène !…

L’insidieuse force de la rumeur accomplissait son travail de sape dans l’esprit de Vaneighem. Déjà, il était disposé à se persuader de n’importe quoi. Anatole était content : il avait trouvé la chêvre idéale. Ce type allait inventer n’importe quoi pour donner corps au fantasme universel du vampire, qu’une conspiration est sur le point de provoquer la Géhenne.
- Mais enfin, murmura le courtisan (en vérifiant bien que personne n’écoutait), QUI parmi le Primogène pourrait être l’agent de cette conspiration dont vous me parlez ?
- Mon cher Vaneighem, pour tout vous dire, je me suis intéressé à vous, car je sais que vous faites partie d’un groupe de discussion assez restreint, où vous tâchez de savoir ce qu’il en est d’une puissance occulte appelée… la Main Noire !
- La Main Noire ! Vous en avez entendu parler ! Plus bas ! plus bas malheureux ! qui sait quelles oreilles peuvent nous entendre !
- Pas ici tout de même !
- Ils sont partout, cher Lapin ! partout !… Et surtout là où vous ne les attendez pas !…
- Mais la Main Noire, c’est le surnom du Sabbat, n’est-ce pas ?
- Tout à fait… mais c’est aussi bien plus que cela ! Certains murmurent qu’il s’agit d’une police politique, au sein du Sabbat. Certes, ces diabolistes prônent l’anarchie. Mais dans les faits, ils régulent impitoyablement tous leurs déviants ! Et la Main Noire serait infiltrée aussi dans la Camarilla ! rendez-vous compte !

Anatole aurait voulu ricaner de satisfaction. Il avait accroché le bon bout de laine : maintenant il allait dévider toute la pelote.
- Alors QUI ? quel membre du Primogène pourrait faire partie de la conspiration ?
- Voyons, voyons…
Vaneighem s’alluma un autre cigare.
- Ils ne sont pas nombreux à vrai dire. Mais si un agent occulte se trouve dans Paris, c’est bien possible qu’il soit au Primogène. Croyez-moi, la Main Noire ne recule devant rien…
- Est-ce que ça pourrait être le Toreador, Gustave Delacroix ? (Anatole prit bien soin d’énoncer cette hypothèse avec un ton mou le moins convainquant possible)
- Delacroix ? oh non certainement pas ! Il n’a jamais été capable de faire quoi que ce soit de sa non-vie ! c’est un fonctionnaire anonyme !
- François Loren, alors ? le Ventrue.
- L’infant du Prince ? j’y crois difficilement. Enfin, pourquoi pas… mais à mon avis, il est un peu jeune pour ça vous voyez… La Main Noire ne confierait pas une telle responsabilité à un jeunot !
- Non évidemment, admit Anatole. Peut-être le Tremere, Paul Feyerabend ?
- Lui ? oh non ! Ecoutez, je suis d’accord pour dire que les Tremere sont toujours un peu pour quelque chose dans n’importe quelle conspiration. Indéniablement. Mais enfin, lui, c’est un ancien professeur de Harvard. C’est le moins passionné d’occultisme parmi tous les Tremere. Il n’a même pas idée que son clan soit impliqué dans des conspirations. Non, franchement, non…
- Maxime le Brujah ? ou alors Jim Jarrell le Gangrel ?
- Il suffit de le dire pour se rendre compte que c’est une ânerie. Non, ce sont juste des brutes sans cervelle ces deux-là. Sire Jarrell n’est pas si stupide dans le fond, mais bon, c’est un brave type sans une once de malice. Pareil pour Maxime. Franchement, vous le voyez diriger des opérations d’infiltration au cœur de l’Elysium ? Ca crève les yeux que c’est impossible !
Anatole hocha la tête, comme s’il réfléchissait profondément.
- D’accord, Sire Vaneighem, mais dans ce cas, vous devez admettre qu’il ne reste plus qu’une seule personne à soupçonner…
Là, le courtisan manqua s’étrangler de frayeur.
- Dame Yvonne !… Mais c’est impossible pas elle ! pas dame Yvonne ! pas un agent secret de la Main Noire ! c’est inimaginable !
Anatole hocha la tête encore une fois, comme s’il répugnait, lui aussi, à admettre cette hypothèse. Il affirma combien il lui était douloureux de l’admettre, mais n’est-ce pas la personne la moins soupçonnable du monde qui s’avère toujours être la coupable ? Et n’était-ce pas le rôle des Nosferatu de faire la vérité, d’apporter l’information, même quand elle est très douloureuse.
Le sens critique de Vaneighem se ralluma alors soudain :
- Mais enfin ! nous n’avons aucune preuve de ce que nous disons ! peut-être que nous délirons ! que nous parlons dans le vent !
- Vous avez raison, admit Anatole. Il faudrait mettre à l’épreuve notre hypothèse. Lâcher l’information en temps utile, puis voir les réactions. Si des initiés partagent notre opinion, alors il faudrait qu’ils puissent nous contacter et nous donner leur avis.
- Vous avez raison, mais comment faire ?… Oh si je sais !
Le regard de Vaneighem brilla et il afficha une mine de conspirateur très satisfait de l’entourloupette qu’il prépare :
- Vous connaissez l’émission de Manu le Malkav’ ?
- Manu le Malkav’, s’exclama Anatole, sur Djeunz Radio ? de 23h à 1h ? mais bien sûr ! (en réalité, il ne l’avait jamais écouté, et se moquait bien de ce comploteur à la petite semaine)
- Alors, écoutez-moi ! la meilleure chose à faire serait d’appeler au standard de l’émission, et de lâcher cette information.
- Vous pensez pouvoir le faire, demanda Anatole, très impatient.
- Moi ? oh non ! je propose l’idée, mais c’est à vous, Anatole, de la mettre en œuvre ! je crois savoir que vous êtes un informaticien brillant. Vous saurez brouiller les pistes, vous !
- Moi ? bon, eh bien, je vais voir… Soit je m’en occuperai, soit je passerai par quelqu’un d’autre…
- Ecoutez mon cher ! je compte sur vous ! j’attends avec impatience cela !… je serai à l’écoute chaque soir désormais !

L’entretien se termina là pour les deux apprentis comploteurs. Anatole savait que passer par l’émission du Malkavien était une bonne idée, mais difficile à mettre en œuvre.

Virus

Au bout d’une grosse semaine d’installation, les appartements de François Loren étaient à peu près décents pour quelqu’un de son rang. Anatole continuait à le contacter régulièrement pour le prévenir de l’avancée de ses installations. Il avait pris un peu de retard, mais allait travailler d’arrache-pied pour se remettre à jour.
De Sergio, Loren n’avait toujours que des nouvelles occasionelles. Il attendait son signal pour se mettre en chasse des Sang-Clairs du quartier. Pour le moment, les Brujah de la sécurité étaient sur la piste d’un dangereux criminel, un certain Shrek, qui avait envoyé des menaces de mort à plusieurs pontes de la Cour. Vu l’importance des menaces, il y avait du monde sur l’affaire, et personne n’avait le temps de s’occuper des Tours.
- Mais je compte bien ne pas m’éterniser sur ce terroriste de mes deux, grognait Sergio. On est sur le point de le localiser. Bientôt, on l’aura trouvé, et on lui fera passer le goût de ce genre de plaisanteries. Et à ce moment, on ira chasser vos 15e générations ! encore un peu de patience !

Dame Yvonne était la première sur la brèche pour trouver ce Shrek. Avec la mise en accusation d’un de ses proches, Bertrand, elle se sentait assise sur un siège éjectable. Si elle ne faisait pas ses preuves cette fois-ci, elle pouvait craindre le pire… Les limiers de la police princière suspectaient un Malkavien ou un Nosferatu (voire un groupe composé de membres de ces deux clans) de se cacher derrière le pseudonyme de Shrek. Un groupe de jeunes terroristes décidés à effrayer les vieilles barbes. Ils disposaient de matériel de pointe et devaient pirater copieusement plusieurs services de surveillance dans Paris. Mais l’étau se resserrait de jour en jour sur Shrek. Sergio savourait déjà sa victoire.
Quant à ses recherches sur Roméo de Montaigu, Loren n’était pas tellement plus avancé. Il avait contacté Anatole à ce sujet : il avait promis des informations pour bientôt. Ce n’était d’ailleurs pas ce qui intéressait le plus Loren chez ce Nosferatu : c’était son discours assez franchement hostile à dame Yvonne. Anatole répétait à plaisir que les dysfonctionnements du clan étaient dûs aux plus hautes instances dirigeantes, que c’était bien la faute à elles –ces instances– si le réseau informatique n’était pas assez performant etc.
Un discours bien dangereux.

Loren décida, deux jours après l’avoir appris, qu’il était temps d’aller rendre une visite surprise de courtoisie à l’occupante du quai de Bercy, Graziella de Valori.
Il décida de s’y rendre à pied, pour découvrir son Bourg par les trottoirs. En chemin, accompagné par James, notre Ventrue sentit qu’on l’espionnait. Il se retourna, et marcha vers le curieux, un quadragénaire en costume, le genre typique du cadre moyen qui a son plan de carrière et sa nouvelle voiture de fonction. Il espionnait maladroitement Loren, et faillit mourir de peur en voyant ce dernier s’approcher. Il pianota rapidement sur son portable, mais, le temps de recevoir des instructions valables, il avait déjà Loren et James collés contre lui.
Le Ventrue prit sous sa domination mentale cet humain, et effectua une fouille approfondie de sa mémoire : il lui retourna les souvenirs comme une descente de police chez un particulier.
Il apprit ainsi que cet employé de bureau était une goule au service d’Anatole. Cela fit sourire Loren plutôt qu’autre chose d’apprendre que son chef de la sécurité le faisait suivre.

Il abandonna là le pauvre type, et continua son chemin, sans plus se soucier de lui. Arrivé au quai de Bercy, sous un des chantiers du bord de Seine, il se fit annoncer à la servante, et se réjouit de la surprise qu’il réservait à Graziella. Celle-ci, prise au dépourvu, fit entrer Loren et James chez elle.
- Eh bien, Graziella, vous ne m’aviez pas dit que vous déménagiez ! quelle coïncidence !
Mal à l’aise, la signora de Valori resta sur la défensive pendant toute la discussion. Elle prétendit avoir profité d’une occasion immobilière pour acheter dans ce loft. Elle se réjouissait de la nomination de Loren au poste de Bourgmestre. Le Ventrue sourit et dit que rien n’était encore fait. Pour le moment, il était juste l’un des conseillers de Satomé. Il n’investissait pas encore les lieux.

Content de son effet, Loren repartit, toujours suivi du flegmatique James. Il était évident que Graziella n’était pas venue là par hasard. Elle devait avoir une idée derrière la tête, ou même simplement obéir aux ordres de Cosimo Santi. Que pouvaient donc préparer ces retors Lasombra ?
Rentré chez lui, Loren repensa soudain à l’une de ses principales missions : les relations diplomatiques avec les Cathéens ! Il n’avait pas encore vu la tête d’un seul d’entre eux. Il allait être temps de s’en occuper sérieusement !

Virus

Quelques heures après la visite de Loren, Graziella de Valori eut une seconde mauvaise surprise, dont elle se serait vraiment bien passé !
Pour son malheur, elle n’écoutait pas du tout la radio, et encore moins les émissions d’antenne libre de radio pour adolescents boutonneux. C’est par un auditeur fidèle de l’émission de Manu le Malkav’ (Révélations à sensations), que Graziella apprit que son nom avait été prononcé à l’antenne !
- Allô, mademoiselle de Valori ? ici Lucinius ! comment allez-vous ? biggrin Alors, où comptez-vous afficher vos posters dédicacés ? Hehe
Déjà surprise d’entendre le Sénéchal de Paris lui téléphoner à l’improviste, Graziella se demanda quel genre de plaisanterie c’était là ! Elle ne comprit rien de ce que lui disait Lucinius.

Une heure plus tôt, Emmanuel Morgan, jeune vampire étreint quatre ans plus tôt, appartenant au clan Malkavien, arrivait aux studios de Radio Djeunz, près de la Bastille, impasse du Bidet Noir. Etreint à l’âge de 23 ans, c’était une vedette parmi les humains. Il signa rapidement quelques autographes aux fan qui se pressaient devant le bâtiment, puis fila à la salle d’enregistrement. Né de parents Sénégalais arrivés en France dans les années 80, il avait raté deux fois le concours d’entrée à Science Po. Comme il s’ennuyait dans une boîte de commerce en Picardie, il avait monté une radio libre avec des « potes », et avait alors compris que c’était là sa véritable vocation. Repéré par un Malkavien, qui avait fini par l’Etreindre pour on ne sait quel raison, il avait gagné en charisme depuis qu’il était devenu immortel. Son charme s’entendait dans le micro, et fascinait ses auditeurs, à qui il pouvait faire avaler presque n’importe quoi.
L’émission commença par le générique habituel, un remix techno de la musique de la « 4e dimension ».
- Il est 23h, bandes d’accros des ondes ! et c’est l’heure de Manu le Malkav’ ! Bonsoir à tous, ufophiles, conspirationnistes en herbe, agents de la CIA, espions du Mossad, prisonniers des martiens et échappés de la zone 51 ! Ce soir encore, on l’espère, des révélations fracassantes sur ceux qui nous manipulent dans l’ombre ! Alors, tout de suite, un premier appel ! qui, je l’espère, va changer pour de bon notre vision du monde ! alors, comment tu t’appelles ?
- Oui, bonjour, je m’appelle Tristan, et j’appelle de Chambéry.
La voix, hésitante, trahissait le lycéen solitaire devant son ordinateur, mal à l’aise en société et chahuté pendant le cours de sport par les gros cancres de la classe.
- Alors, Tristan, t’as quoi à nous apprendre, depuis ta province perdue ?
Manu le Malkav’ pouvait se vanter d’avoir un esprit caustique, qui réjouissait ses auditeurs, complices de ce faux parisianisme qui moquait en réalité le ton élitiste des habitants de la capitale.
- Eh bien, voilà Manu, avant tout je voudrais dire que j’adore ton émission, je l’écoute tous les soirs, et ça me fait super plaisir de passer à l’antenne.
- Mais oui mon gros ! comme ça ta copine voit que ne t’es pas débiné ! t’assures à mort mon pote ! ah mais non, j’oublie : t’as pas de copine évidemment !
Manu appuya alors sur une touche du clavier devant lui, ce qui envoya à l’antenne un jingle de rires enregistrés : HAHAHAHAHA !…
Le grand classique après chaque vanne de Manu. Quatre ou cinq par heure, c’était son rendement habituel.
- Bon, alors, tu nous les balances tes infos, Tristan ?
- Eh bien voilà, je crois que ma prof d’éco est un agent secret au service des Japonais.
- Salauds de Japonais ! pourquoi viendraient-ils espionner Chambery, Tristan ? T’as une hypothèse à nous proposer j’imagine…
- Eh bien, non… en fait…
- Ecoute, j’ai l’impression que tout ça n’est pas bien sérieux, Tristan. Je te suggère plutôt d’aller finir ton devoir d’éco, sinon m’est avis que ta prof va te faire faire hara-kiri mon vieux ! [HAHAHAHAHA !…] Allez, on va prendre un nouvel auditeur !
C’est qu’il fallait que ça défile un peu ! cinq minutes par personne, c’était une moyenne, en comptant au moins deux minutes à vanner l’auditeur, puis environ trente secondes d’infini patience à l’écouter débiter son baratin.
Manu expédia vite fait quelques petits malins :
- Ecoute, mon gars, j’ai l’impression que tout ce que tu fais, c’est nous servir la propagande du gouvernement ! je me demande si t’es pas au ministère de l’Intox toi ! alors, moi je veux du concret, et pas des salades comme les tiennes ! rappelle quand t’auras du concret. Allez, on se retrouve après la pub !

Virus

23h30. Encore 1h30 à tenir, et Manu en avait déjà marre. Il était temps de penser à évoluer. Tâcher de devenir chroniqueur dans une émission de meilleur standing. Dans le service public par exemple. Quitte à jouer le pitre de service quelques temps pour mettre en valeur les chroniqueurs cultivés et importants.
Une assistante entra dans le studio, pendant qu’à l’antenne passait une publicité pour un téléphone de rencontres coquines.
- Manu, après la pub, je pense qu’on a un auditeur plus sérieux. Disons qu’il a un accent typique de banlieue, et que ce qu’il dit peut retenir l’attention des auditeurs plus de trente secondes.
- Ok ma poule, dit Manu, les pieds sur la table. Balance-le moi. Je vais le travailler au corps, ton auditeur, on va voir s’il fait longtemps son malin.

Les publicités se terminèrent et Manu repartit de plus belle, comme une Formule 1 des stands après le plein. Il menait son émission comme Schumacher son bolide !
- Bon, vous êtes toujours à l’antenne avec Manu le Malkav’, bande de lobotomisés du bulbe ! On prend tout de suite un nouvel auditeur ! Comment tu t’appelles ?
- Salut, m’sieur ! yo ! j’m’appelle Eric le Brujah !
« Brujah ». Aussitôt, Manu tendit l’oreille.
- Ah oui, et qu’as-tu à nous apprendre ?
- Salut Manu ! j’adore ton émission la vérité ! comme elle assure sa race ! trop bien quoi !
- Génial, Eric. neutral Ok, alors, tes infos de première ? Balance-nous tout.
- J’voudrais dire que j’crois que dame Yvonne, en fait, elle appartient à la Main Noire ! la folie quoi tu vois !…
- Dame Yvonne… la Main Noire… balbutia Manu.
C’était son pire cauchemar qui se réalisait. Un vampire appelait, balançait des noms authentiques du monde de la nuit, et mettait en danger Manu lui-même, qui allait se retrouver avec tous les services de maintien de la Mascarade sur le dos !
- Et… tu as des preuves, Eric ?
- J’ai pas d’preuves, mais c’est dame Yvonne qui les cache bien tu parles ! elle nous ment t’as vu ! truc de ouf, Manu ! truc de ouf je te dis !…
« Gagner du temps. Laisser aux types qui écoutent l’émission le temps de localiser l’appel. »
- Eh bien ça m’a l’air intéressant tout ça, mais tu sais, il faudrait nous en dire un peu plus, Eric. Comment as-tu appris ces choses là ?
- J’peux pas le dire, Eric ! chuis pas une balance tu vois ! mais c’est sûr que dame Yvonne, elle a infiltré la Camarilla pour le compte du Sabbat !
- Ca alors, grommela Manu, c’est dingue ce que tu nous dis. smile ( Jofusion )
- Bon, Manu ! je t’adore ! alors je vais pas prendre tout ton temps d’émission ! je te dis à bientôt !… et surtout, steuplait, ce serait vraiment sympa si tu pouvais envoyer un poster dédicacé de toi à mon ami Graziella de Valori ! !
- Bien sûr, Eric. Ce sera fait.
- Allez, tchao !

Anatole raccrocha, et explosa de rire, trop heureux de sa bonne dernière blague, parfaitement improvisée. La tête qu’allait faire la Lasombra en apprenant ça ! Il se hâta de débrancher tout son matériel informatique, puis, invisible, s’enfuit de la chambre d’étudiant où il s’était introduit. Arrivé sur les maréchaux, il prit le bus de nuit, et rentra au cimetière du Montparnasse, dans son antre.

A suivre... Virus
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#27
Ste pavé que as écris :shock:
J'en ai pour 2 heure à le lire, belle perspective smile
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#28
Décidement Anatole est complètement frappé, il doit être croisé avec un Malkav fou
C'est un super texte vampirique Panda
La position de Manu m'apparait plus claire aussi, je n'imaginais pas trop une emission faite pour les vampires Virus

PS. C'est du pavillon de la Norvège que ce connard farceur d'Anatole a appelé, ça a son importance pour de futur private joke wink
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#29
sdm,02/06/2005 à 22:08 Wrote:PS. C'est du pavillon de la Norvège que ce connard farceur d'Anatole a appelé, ça a son importance pour de futur private joke wink
Oui, je vais l'écrire après. lol

Tiens, ça me fait penser que je n'ai pas parlé de la rencontre brève entre Loren et le George Leblond (l'homme d'affaires). Clever

Par ailleurs, qui d'entre vous a parlé au chroniqueur Toreador, celui qui a dit qu'il venait sur le réseau secret pour trouver des idées, car le public aime les mystères de ce genre ? :baton:
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#30
J'ai été le voir après que Anatole Gnagna m'ait donné les noms des participants au forum.
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