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10e Episode : Les subtilités de la cour
#31
Comme d'hab j'ai trop de plaisir à lire tes textes pour le faire au boulot, chez moi avec des gateaux et du coca Chinese
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#32
strobon... Une ambiance décrite comme à l'habitude avec une grande qualité, on a l'impression de revivre la scène une seconde fois...
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#33
La 5e Réincarnation : 10e Episode (II)

LE THEATRE DES OMBRES

Isawa Ayame ne savait plus qui croire, sur qui s'appuyait. Jamais sa détresse n'avait été aussi grande. Ils devaient bien rire d'elle, les Scorpions, de leurs rires cruels derrière leurs masques démoniaques ! Son daimyo se desespérait pour elle, et toute la cour devait connaître ses déboires, et se partageait entre le mépris et la raillerie à son sujet !
Que pouvaient en penser Asahina Masumi et Kakita Hiruya ? et Yugoki le Moineau ?... Elles devait amérement les decevoir !
Elle avait trahi l'honneur de sa caste, par passion de connaissance. Elle en payait le prix, de manière exorbitante. L'autre jour, elle et Yugoki s'offraient des cadeaux, dans l'intimité du labyrinthe de haies. Le Moineau lui faisait don d'une magnifique peinture sur le thème de l'air, et elle offrait une éphémère brume en forme de moineau à son cher Yugoki. Tous les deux rougissaient comme des pivoines, dans le silence parfumé du jardin, et au dernier moment, Ayame retira sa main, que le Moineau voulut saisir.
- A bientôt, Yugoki-san...

Les festivités de la cour battaient leur plein. On avait ri de la mésaventure du pauvre Doji Kafu, à qui Mirumoto Ryu était venu offrir un cadeau (un excellent saké venu de l'échoppe de Taka-sama ! Crotale ) -et personne n'ignorait que c'était le docteur Munetaka qui l'envoyait ! Kafu-san, tout de même subjugué, comme tout Grue qui se respecte, par la beauté de Ryu-san, avait voulu l'inviter à se promener sur le chemin de l'eau sinueuse. Aussitôt, Ryu-san avait invoqué son mari pour refuser : par fidélité envers lui et son souvenir, elle devait refuser !
Doji Kafu était reparti, confus, et gêné, le cadeau de Ryu lui restant sur les bras. Il était allé parler à Isawa Kogin, qui elle avait été de corvée pour offrir un cadeau à Ryu, puis à Kakita Hiruya, et le soir, les Grues avaient bu ensemble l'excellent à la santé et à l'énigmatique sagesse des Dragons !

Au milieu de ces réjouissances, Ayame-san retrouva le senseï Kanera, près d'un arbre, un peu à l'écart. Un long moment se passa, pendant lequel le vieux shugenja resta silencieux.
- Je vous attendais, finit-il par dire, sans bouger.
Nerveuse, Ayame-san dit qu'elle s'excusait pour la peine qu'elle lui causait, pour avoir négligé ses conseils, pour être allé contre sa demande d'arrêter ses recherches en bibliothèque. Pourtant, une conviction en elle avait été plus forte : c'est que la période du Gozoku n'était pas étrangère à cette force mystérieuse qui était venue hanter le cauchemar collectif de Morikage Toshi.
-Est-il bien nécessaire, et prudent, Ayame-san, de mener seule vos recherches ?...
- Je ne veux pas entraîner de samuraï non préparés dans cette voie...
- Y êtes-vous préparée ?... A qui en avez-vous parlé ?
- A Kakita Hiruya.
- Et Akitoki-sama est au courant ?
- Non, senseï.
- Vous pensez qu'il ne doit pas être mis au parfum de cette connaissance ?
- Mes recherches ne sont pas terminées, senseï. Elles représentent un grand danger, et j'ai cru mieux le servir en ne lui en parlant pas...
- Que ferez-vous quand ces recherches seront terminées ?
- J'en référerai aux plus hautes instances du clan, senseï.
Le vieux Kanera se leva doucement.
- A bientôt, Ayame-san...

Samurai

Ce soir-là, il pleuvait sur la Cité du Chêne Pale. Une pluie grise, persistante, une de celle dont on a l'impression qu'elle ne cessera jamais. Riobe attendait à l'entrée de la belle auberge où Matsu Bashô avait séjourné, abrité sous l'avancée du toit.
Ce soir-là, les habitants de la cour d'hiver se rendaient tous (exception faite des invités du premier jour), au théatre de la ville, pour y assister à une pièce de nô, jouée par une troupe du clan du Phénix. Pendant trois soirs, cette troupe, puis l'une du Scorpion et une de la Grue, allait présenter une pièce de nô. La gagnante remporterait tous les honneurs, et la moins appréciée serait bannie de la cour de l'année prochaine. Banhim
Le palais devait être donc presque désert, par cette nuit venteuse.
Après une attente assez longue, Riobe discerna une silhouette qui avançait dans la pluie. C'était bien Kakashi qui venait au rendez-vous, boîtant comme à l'habitude. Il arriva plus près de Riobe.

Il avait le ventre percé d'une flèche. Il saignait à l'épaule gauche, et à la jambe. Aussitôt, Riobe se précipita vers lui. Kakashi tenait à la main son katana dégoulinant de sang.
- Doshi... que se passe t-il ?...
- Riobe... Riobe...
Kakashi s'appuya contre le mur et contre Riobe. Il respirait à grand'peine. La pointe de la flèche dégouttait d'une substance visqueuse. Kakashi tremblait très fort, il n'allait plus tenir debout longtemps.
- Riobe... écoute-moi... je me suis renseigné sur Nakiro... c'est l'horreur... l'horreur... ils enlèvent des enfants... ils en font des monstres....
Kakashi haleta, alors que le poison lui dévorait l'âme.
- ... un village thermal... à la sortie de la ville... ils sont là-bas...
- Doshi... qui t'as fait ça ?...
- Riobe... file au palais, cours !... il se prépare quelque chose d'horrible... dépêche-toi !... Adieu, doshi...
Kakashi tomba à genoux. La pluie tombait de plus en plus fort. Riobe perdait un deuxième compagnon en peu de temps. Il dégaina son katana, murmura un adieu à son frère d'arme, et lui coupa la tête, que lui et Sotan se retrouvent dans le monde des morts !
Le corps de Kakashi tomba à terre, lourd dans la lourde pluie.
Riobe nettoya son katana, rengaina, et courut vers le palais.

Samurai

Restée seule dans sa chambre, gardée par Ikky, Ayame se rongeait les sangs. Il y avait encore au palais, entre autres, Isawa Kogin et la Mille-Patte Moshi Wakiza. Les deux jeunes femmes avaient été invitées par Yugoki à passer la soirée à écouter de belles légendes du clan du Moineau. Ayame avait également reçu l'invitation, évidemment.
Mais un autre message venait de lui parvenir :
"L'humble Shosuro Mone, en ce soir de festivités théâtrales, serait honoré de pouvoir parler de pièces de théâtre ancien avec la très perspicace Isawa Ayame, dans la bibiothèque du palais."
Notre héroïne, la mort dans l'âme, savait qu'elle n'allait pas refuser l'invitation. Elle ne pouvait perdre cette occasion unique de percer des secrets essentiels. Elle s'en voulait tellement pour Yugoki. Il comprendrait. Il faudrait qu'il comprenne. Tant pis pour eux deux, les rivages de l'ombre n'attendaient pas. Quand elle le croisa dans le couloir et qu'elle lui fit ces excuses, il les accepta et lui dit :
- Bonsoir, Isawa-san...
Ayame tint bon en entendant ces mots cruels. S'étant résolue à ce qu'elle savait être son choix depuis le début, elle se rendit malgré tout une fois de plus dans la bibliothèque du palais...

Elle ne connaissait que trop cet endroit, où elle avait perdu une part d'elle-même, un peu comme quand, jeune fille, elle avait connu les pertes de sang pour la première fois...

Samurai


Riobe courut sous la pluie dégringolante, et arriva à proximité du palais. C'est alors qu'il vit courir vers lui deux samurai, dont l'un portait une lanterne en papier. C'était Shinjo Kohei, et Kakita Hiruya à ses côtés.
- Teyandeeee ! Riobe ! que se passe t-il ?
- Kohei-san ? Hiruya-san ?... venez avec moi ! je vous en prie ! il se passe des choses terribles au palais !
Sans hésiter, les deux amis suivirent Riobe dans sa course. Un peu plus loin dans la rue, ils virent venir à eux quatre silhouettes rendues floues par la pluie et l'obscurité, la main sur la garde. Kohei posa la lanterne à terre, puis lui et ses deux compagnons se mirent en garde, et avancèrent sur l'ennemi. Les katanas jaillirent comme les éclairs, et les quatre opposants s'écroulèrent presque aussitôt. Kohei-san avait reçu une légère estafilade ; il ramassa la lanterne et les trois hommes reprirent leur course.
Ils passèrent devant une échoppe. Soudain, un petit homme, avec un chapeau comme un bernard-l'ermite surgit devant eux, tenant une lanterne qui lui éclairait le visage par en bas. La foudre tomba, dans une explosion terrifiante, et la lueur fantastique découvrit le familier Yasuki Taka, son habituel sourire de marchand rendu grimace apeurante par la situation.
- Hé bien samuraï ! où courez-vous à cette heure-ci ? vous venez acheter quelque chose dans mon échoppe ! entrez ! entrez donc...
- Plus tard, Taka-sama, dit Riobe, nous avons des choses plus urgentes...

Les trois reprirent leur course, et arrivèrent au pied du grand portail du Phénix. Ils crièrent pour alerter le garde en faction, à l'abri dans sa tour.

Samurai

Ayame entra prudemment dans la bibliothèque. Seules quelques bougies, disposées au sol, éclairaient les lieux. Lieu si familier, mais toujours si inquiétant.

[Là, je m'en veux d'avoir oublié une scène que je voulais vraiment faire :
" - Ayame, dit une voix qui devait être celle de Mone...
- Où êtes-vous ?
- Qui voyez-vous ?...
- Au fond, entre les rayons, un homme.
- Que fait-il ?
- Il porte une lanterne. Il l'agite.
- Combien de fois ?
- Trois fois ?
- C'est moi, avancez sans crainte.

Par ailleurs, j'ai tellement kiffé cette scène, que vous avez pas du tout grillée, préparée avec tant d'amour ; stait trop délicieux Chouine wink]


Ayame avança entre les rayons labyrinthiques, chargées de banalités, de documents oubliés et d'énigmes dans ses recoins. Au fond de la pièce, entre plusieurs tables disposées pour la conversation, elle vit Mone-san assit en tailleur, dos au mur. Elle remarqua qu'il ne portait pas son masque. Les flammes, si fragiles, tremblaient au moindre souffle d'air. C'était plutôt un beau jeune homme, Shosuro Mone. Des yeux très noirs, des cheveux tout aussi noirs, parfaitement peignés. Un sourire intelligent, sur lequel passait comme le frisson du mystère, comme dans ses yeux, pétillants d'idées qu'il se gardait pour lui-même.

- Konichi-wa, Ayame-san. Je vous remercie d'avoir répondu à mon invitation.
- Je suis contente de pouvoir discuter avec un membre du clan du Scorpion, Mone-san, dit Ayame en s'asseyant. Mais avant, continua t-elle, un ton dur dans le voix, je dois savoir si votre clan, que j'ai sollicité, est mon ami ou mon ennemi concernant ce que je cherche...
- Vous savez très bien, répondit en souriant Mone, qu'on ne peut pas faire confiance au clan du Scorpion, Ayame-san. On sait combien un ami peut devenir un ennemi. C'est une prudence élémentaire avec nous de nous considérer d'abord comme des ennemis... vos meilleurs ennemis.
C'était folie de venir nous affronter en public, devant votre daimyo. Bokkai-sama et moi-même en étions très surpris et très amusés. Nous aimons les samuraï qui n'ont pas froid aux yeux, comme vous...
- Je suppose que si vous désiriez me parler, c'est que vous vous êtes renseigné sur cette pièce de théâtre...
- Tout à fait. Bokkai-sama et moi-même n'avons pas manqué d'aller fouiller partout dans la bibliothèque pour en apprendre plus sur cette pièce racontant l'histoire de ces deux frères... A vrai dire : Bokkai-sama n'a rien trouvé.
- Je vois.
- Permettez-moi, dit Mone-san avec un entrain surprenant, puisque ce fut il y a quelques temps le moment de s'offrir des cadeaux entre invités, de vous faire un présent à mon tour.
Le Scorpion fit glisser jusqu'à Ayame une petite boite de satin.
- Je vous en prie, Ayame-san, ouvrez-la...
La shugenja, fascinée, ouvrit lentement la boîte. A l'intérieur, un simple mempo, sans marque de clan distinctive. Et, piqué dans la longueur du nez de ce masque, une sorte de petite lame brillante.
- Ayame-san, déclara Mone, vous nous avez demandé, à Bokkai-sama et à moi, de nous renseigner sur une pièce de théâtre ancienne. Vous saviez pourtant que cette pièce n'existait pas, n'est-ce pas ?... Et pourtant, j'ai découvert quelque chose d'intéressant concernant cette pièce. J'ai découvert qui en ont été les deux acteurs principaux... Curieux, n'est-ce pas, pour une pièce qui n'existe pas.

Ayame contemplait toujours le mempo, et la lame brillante. Elle refusa poliment le cadeau par deux fois.
- Je vous en prie, Ayame-san, acceptez ce cadeau. Ce masque m'a appartenu. Vous avez réussi à me surprendre par deux fois. Vous m'avez pris de court. Il est normal que je vous offre mon masque, puisque pour ainsi dire, vous l'avez fait tomber.
"Vous m'avez étonné, Ayame-san. Vraiment. Et par deux fois, qui plus est. Il me paraît donc naturel de vous étonner encore plus en retour.
"Vous m'avez demandé de chercher une pièce qui n'existe pas. Et pourtant, j'ai découvert quelque chose.

Mone-san ne put retenir à cet instant un petit rire pour lui-même.
- Quelle ironie, Ayame-san, que, croyant atteindre Bokkai-sama, vous veniez me trouver, pour finalement que Bokkai-sama ne vous comprenne, et que ce soit à moi, à moi !, que vous veniez parler de l'histoire de ces deux frères.
"Oui, Ayame-san (Mone se redressa légérement, et sa tête disparut dans la pénombre, tandis qu'Ayame sentit soudain que, depuis quelques instants, la voix du Shosuro avait changé. Et elle connaissait cette nouvelle voix... )
... il a fallu que vous veniez parler de cette pièce de théâtre...
-à celui qui en fut un des acteurs principaux...
"Le masque que je désire vous offrir m'a été offert par mon premier senseï à l'Académie Shosuro. C'était mon premier masque, et celle qui me le donna fut Kitabakate-senseï.

Les flammes brûlaient doucement, innocentes, paisibles, parées dans leur beauté, indifférentes à ces mystères.
- Konichi-wa, Ayame. Je suis content de vous revoir. Je pense que vous n'avez pas cru que j'avais été arrêté en même temps que les Frères de la Côte...

-... Emmon... Je pensais vous retrouver sur ma route un jour... mais pas si tôt...
- Quelle ironie, tout de même... J'ai failli en perdre mon masque, quand vous êtes venue me parler devant tout le monde. Je me suis cru découvert pour de bon. Vous étiez à deux doigts d'y parvenir...
"Je vous ai dit pour le masque. La lame qui s'y ouvre est en fait un objet qui vient du clan de la Licorne, et peut-être plus loin, des Sables Brûlants... On appelle cela des "ciseaux". Je crois pouvoir dire que l'Impératrice Kashiko en personne en possède des semblables.
- Emmon... c'est un cadeau magnifique... je ne peux pas accepter.
- Acceptez-le en gage de notre lutte commune contre l'Ombre... Les deux lames sont incrustées de cristal. Ce sont les larmes de dame Amaterasu, qu'elle pleura, quand Seigneur Onnotangu dévora ses enfants. Tout comme le jade peut détruire l'Outremonde, le cristal peut détruire l'Ombre...
"Vous avez eu beaucoup d'audace en faisant vos recherches en bibliothèque, Ayame-san. Vous avez sans doute trouvé deux parchemins, laissés à votre intention, vous prouvant que deux autres personnes étaient au courant de vos recherches.
- Effectivement...
- La première écriture était très soignée. Le fruit d'une longue habitude, et d'une grande application, d'une grande noblesse d'âme... Le senseï Kanera s'est beaucoup inquiété pour vous Ayame-san... La seconde écriture était plus nerveuse. Par Bayushi, je m'en voudrais toujours de trembler en écrivant !...
"Nous avons suivi vos recherches, nous savions que vous vous engagiez sur le même dangereux chemin que nous...
"Maintenant, Ayame, il n'est plus temps de reculer.
- Non, j'ai engagé cette recherche. J'ira jusqu'au bout.
- Savez-vous les dangers que vous encourez ? Face à l'Ombre, il n'y a pas de répit, même après la mort. Si l'Ombre gagne, elle ne fera pas que vous tuer, comme l'Outremonde. Elle détruira votre kharma. Vous ne pourrez plus jamais ressuscitez, échapper au dharma ! Vous ne serez plus rien, comme Takashi. Vous serez rayée de l'Ordre Céleste, entièrement.
- Je suis prête à courir le risque pour sauver l'Empire.

Emmon se leva.
- Très bien, Ayame-san. Puisque vous êtes résolue, alors après vous avoir accueillie au pays des merveilles, laissez-moi vous souhaiter la bienvenue de l'autre côté du miroir...

Emmon alla vers un rayon et tira sur un parchemin. Un pan de rayonnage bascula, découvrant une volée de marche sombre, poussiéreuse, d'où montait un courant d'air aigre, sinistre. Emmon prit à la main une lanterne, et s'engagea dans l'étroit escalier, suivi par Ayame.

Samurai

Hiruya-san, Kohei-san et Riobe pénétrèrent dans le palais, et rapidement, rencontrèrent Yugoki-san, Kogin-san et Wakiza-san qui venaient d'entendre du bruit du côté de la bibliothèque. Ikky-san était là également et, quand Hiruya lui demanda, elle dit qu'Ayame était occupée, et qu'elle ne pouvait pas être dérangée.
Hiruya ordonna alors à Ikky d'aller chercher Shigeru-san, qui prenait son bain et Ryu-san, qui devait méditer à la pagode, dans ses appartements ou au dojo. Puis il ordonna à Yugoki-san de rester pour veiller sur les deux shugenja Kogin et Wakiza, pendant qu'eux allaient fouiller le palais pour savoir ce qui se passait.
Yugoki-san insista pour venir, sachant qu'Ayame-san était mêlée à ces évènements. Ryu-san et Shigeru-san arrivèrent rapidement : ils partirent avec Kohei-san et Riobe dans les couloirs du palais, pendant que Hiruya, Ikky et Yugoki allaient directement à la bibliothèque. Avant cela, ils passèrent par les appartements des Scorpions. Avec réticence, la servante accepta d'aller déranger Bayushi Bokkai, qui était resté au palais car il avait une mauvaise fièvre.
Hiruya, Ikky et Yugoki pénétrèrent dans sa chambre, et le trouvèrent une serviette froide sur la tête, un bouillon près de lui, et une bassine pour ses besoins... On l'avait connu plus somptueux. Il toussait et crachait, et ne comprenait pas comment on osait le déranger dans un pareil moment !
Rassurés sur le fait qu'il était réellement malade, les trois samuraï s'expliquèrent en vitesse, et partirent vers la bibliothèque, rejoints par Shigeru.
Pendant ce temps, Kohei, Ryu et Riobe décidèrent de trouver pour de bon ce mystérieux blessé qui faisait tant parler de lui au palais. C'est Ryu qui finit par le découvrir. Les trois samuraï entrèrent dans la pièce.
Il s'y trouvait un vieil homme en kimono blanc. Il pouvait avoir près d'une cinquantaine d'années. Il était assis sur un tatami, et devant lui était posé un wakisashi. Deux petites bougies l'éclairait.

- Matsu Bashô ?...dit Kohei-san.
Le vieil homme releva à peine la tête pour acquiescer.
Les trois samuraï s'approchèrent et s'assirent près de lui.
- Il n'y a plus grand'chose à dire, samuraï, dit le vieux Matsu.
- Il est d'usage, Matsu, dit Riobe, de lire un poème avant de pratiquer le seppuku.
- Un poème ?... j'ai passé ma vie à en écrire. Tant de haïkus, pour les quatre saisons. Je me les suis tous récités, et je n'ai pas vu passer la journée. Maintenant, la nuit est là, et l'hiver.
- Tu as bien peu d'honneur, Matsu-san, fit Riobe, en insistant bien.
- Tu es lié à Nakiro ? demanda Ryu-san.
- Oui, c'est vrai.
- Et la blessure reçue, dit Riobe, c'était un réglement de compte avec Hiro ? Vous avez voulu partir de son syndicat criminel ?...
- Pas tout à fait... J'ai reçu cette blessure d'un samuraï dont j'ai contribué à ruiner la famille, et qui a bien plus d'honneur que moi.
"Méfiez-vous, samuraï... Nakiro est puissant. Mais ce n'est pas lui le grand maître derrière tout ça. Ce n'est pas Hiro. C'est un homme très puissant, qui se fait appeler Hagetaka-sama (Maître Condor). Je l'ai connu à Ryoko Owari Toshi. Il est impitoyable dans ses plans... Je n'en sais pas plus sur lui. Nakiro seul le connaît vraiment.
- Je propose d'aller à la bibliothèque, Kohei-san, dit Riobe.
- Allez-y, toi et Ryu-san, moi j'ai encore à parler avec Bashô-sama.

Ryu et Riobe coururent à la bibliothèque. Là-bas, Hiruya-san, Shigeru-san, Ikky-san et Yugoki-san fouillaient fébrilement tous les recoins, à la recherche d'Ayame. Elle n'était pas là. Ils eurent tous la sensation d'être observés, que les ombres soudain vivaient, que des créatres inhumaines se déplaçaient dans les murs, au sol, partout, entre les ombres et la lumière. Tout se passait comme pendant le cauchemar, mais tout devenait bel et bien réel. Yugoki-san sentit la peur, car il rencontrait ce phénomène pour la première fois. Riobe lui aussi sentit que la peur le tiraillait, mais il tint bon.
Après de hâtives recherches, Ryu-san finit par découvrir le mécanisme secret : elle tira sur le parchemin et le pan de bibliothèque bascula.
Aussitôt, tous les samuraï s'engagèrent dans la volée de marche.

Samurai

Emmon et Ayame étaient arrivés en bas. Ils se trouvaient sous la bibliothèque. Il y avait là, dans ce sous-sol, une pièce légérement plus grande, sans éclairage, poussiéreuse, pleine de toiles d'araignée, sentant le moisi, le renfermé. Tous les rayonnages menaçaient de crouler. Les parchemins étaient rongés par la moisissure, les rats, le temps. Tout était décrépi, sale, pourri.
Emmon tenait haut la lanterne devant lui pour produire un peu de lumière dans cette crasse, et la lumière projetait des ombres fantastiques dans ce cloaque.
- L'ancienne bibliothèque de la Cité du Chêne Pale, dit Emmon. Maintenant devenue la bibliothèque interdite. Le vieux senseï l'a découverte il y a peu. Nous y sommes allés.
Emmon s'approcha d'un rayonnage, et en prit un parchemin.
- Nous avons été quelque peu déçus, quand nous y avons entrepris des recherches.
Il déroula le parchemin. Il était tout blanc. Emmon en prit un autre, fit tomber une pile, les déroula : ils étaient tous vierges. Moisis, usés, jaunis, mais vierges de toute écriture.
- L'Ombre a tout effacé, Ayame-san. Elle ronge lentement ce caveau oublié, elle finira par le faire disparaître avant peu. Elle a grignoté tout cet endroit. Il n'y a plus rien à y trouver, sinon l'Ombre elle-même...
Ayame restait interdite. Quelle stupéfaction de découvrir ce lieu, mais quelle stupeur aussi que tous ces parchemins effacés comme des visages...

Samurai

- Le vieux senseï a trouvé ce repaire de l'Ombre. Il se savait en danger dès cet instant. Mais il l'était depuis plus longtemps en réalité. Il a laissé venir à lui cet ennemi, il a pris le risque de le faire sortir de son recoin. Il soupçonnait depuis quelque temps un invité de la cour d'hiver de ne pas être humain, mais d'être en réalité une créature obscure, une simple extension de Cette Chose Sans Nom.
On entendit alors des pas dans l'escalier. Un seul homme descendait. Emmon pointa sa lanterne vers lui.
- Un traître entre tous, une anomalie dans l'Ordre Céleste, une abomination qui a pris un visage humain. Quelqu'un de discret, qui ne se mêle pas des conversations, qui se fait oublier, mais qui est tout le temps là.
Mathieu le premier, puis Seb, misaient sur Nobuyori le yojimbo. Fredo sur lui ou Rosanjin le peintre ; Philou disait le docteur Munetaka ; Willo (?)]
- Quelqu'un de vraiment proche du senseï, dit Emmon, qui le suivrait tout le temps -comme son ombre.

Shiba Nobuyori le yojimbo, finit de descendre l'escalier.
- Bien trouvé, Emmon. (sa voix avait quelque chose de non-humain, d'outre-tombe, comme un écho venu d'un monde de peur). Mais c'est fini pour toi à présent. Je vais te détruire, comme j'ai détruit ton frère Takashi. Tu es désarmé, comme la shugenja. Vous disparaîtrez de l'Ordre Céleste.
On entendit alors au-dessus un grand-remue. Le passage secret s'ouvrait de nouveau.
Emmon s'était placé devant Ayame. Il n'avait pas d'armes sur lui. Il avait remonté ses manches, et gardait un air confiant. Il donna la lanterne à Ayame, et fit face à Nobuyori, qui tirait lentement son katana. Emmon souriait toujours et rassura Ayame d'un petit geste de la main.
Soudain, poussant un cri de bête, Nobuyori se lança à l'ass

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son pouce et son index.
Hiruya-san arriva en bas des marches, juste après qu'un cri abominable ait retenti dans le sous-sol, suivi d'un autre cri et du bruit d'un sabre qui s'enfonce dans la chair.
Il posa le pied dans ce caveau, et vit rouler un oeil à ses pieds.
Shosuro Mone se tenait là, devant Ayame, et à leur pied, était étendu Shiba Nobuyori, son sabre passé dans le corps par le dos.
- Konichi-wa, honorables samuraï, dit Emmon aux nouveaux arrivants.

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de bête, Nobuyori se lança à l'assaut, le katana brandi. Emmon était deux pas devant Ayame. Soudain, il bondit sur Nobuyori. Il fit une légère esquive de côté, et mit son pied en travers de la course de Nobuyori. Celui-ci bascula en avant. D'un geste précis et fulgurant de la main, Emmon lui arracha l'oeil, l'envoyer valser comme une coupe de saké, se baissa, se saisit de son katana, et lui passa en travers du corps. Crachant une grosse quinte de sang, le yojimbo s'écroula à terre.
Le bras d'Ayame trembla et la lumière amplifia ce tremblement sur les deux ennemis.
Emmon respira, et essuya le sang entre son pouce et son index.
Hiruya-san arriva en bas des marches, juste

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- Le senseï Kanera a laissé venir l'Ombre à lui, et ce soir, elle a décidé de l'attaquer. Elle est venue pour lui, et pour moi. Samuraï, si vous tenez à la vie de Kanera-sama, courez le sauver. Il est au palais, dans le pavillon du lac.
Sans trop hésiter, les samuraï commencèrent à remonter les marches. Ayame fut la dernière à mettre le pied sur la marche.
Emmon restait, attendant sa vieille ennemie, qui commençait à s'infiltrer dans le caveau, à s'insinuer, à s'écouler lentement, en ombres liquides.
- Partez Ayame-san, sourit Emmon. Le vieux senseï vous attend. Pour ma part, au-delà de mon frère, j'ai une vengeance à accomplir contre une vieille ennemie.
- Emmon... promettez-moi que nous nous reverrons.
- Je vous le promets Ayame-san...

La shugenja remonta les escaliers. Pour la première fois, elle éprouvait un tel trouble, et se laissait aller à exprimer une émotion. Face au lumineux Yugoki-san, elle avait pu se contenir. Mais le ténébreux Emmon lui avait arraché cette expression sincère...

Dans la bibliothèque, dans les couloirs, dans les jardins du palais, d'ignobles ombres rampaient vers nos héros, créatures privées de lumière, ne vivant que de peur, de désir et de regrets, comme des enfants terrifiés, réfugiés dans un recoin de la voûte céleste.



A suivre...



Samurai FORCE, GLOIRE ET HONNEUR, SAMURAI ! Samurai
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#34
délire... pov ayame, c'était vraiment pas son jour... entre les scorpions et son daymio, on se demande quel a été le plus dur à encaisser...
Reply
#35
On appelle ça la lose :jmekiffe:
Mais bon, Seb y est habitué Boidleau
Reply
#36
non c pas de la lose... mais je dois reconnaitre que je ne comprends tjs pas pkoi tu t'es attaqué aussi directement à bokkai... Globalement t'avais quand meme bcp de chance de te faire refouler et d'autant plus devant tout le monde...
Reply
#37
Velo
Reply
#38
sdm,19/01/2005 à 21:10 Wrote:Comme d'hab j'ai trop de plaisir à lire tes textes pour le faire au boulot, chez moi avec des gateaux et du coca Chinese
Ca y est je suis chez moi, je vais savourer, mais pour changer je vais mettre quelques chansons en fond sonore, un truc bien trippant et bien déprimant "Poison" de JJ Johanson

C'est partyyy biggrin
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#39
Tu sauras je pense quand lancer la musique de Champloo. Je l'écoute en écrivant. Trop bon. Chouine
Reply
#40
Sympa, mais elle me gonfle à la longue.
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