18-08-2004, 01:23 AM
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
Leur offrande collective ayant été acceptée, nos héros s'inclinèrent ensemble devant le noble Isawa Masanaga, daymio de la Cité du Chêne Pâle.
Tous les courtisans se levèrent alors, juste après le maître des lieux.
Son intendant, l'honorable shugenja Isawa Naoshige, un homme de grande taille, élégant, annonça aux invités qu'ils étaient invités au jardin d'hiver, en l'honneur des présents qu'ils venaient d'offrir au daymio. Ce dernier pour sa part se retirait, laissant ses invités aux bons soins de Naoshige-san. Masanaga-sama ouvrirait sa cour d'hiver au début du mois du Rat, et alors seulement il paraîtrait devant ses invités comme maître de la réception.
Cette année, les festivités avaient été ajournées de plus d'un mois, ce qui avait causé de grands émois, et nombre de rumeurs sur le fils du Ciel. Etait-il malade ? Avait-il des préocuppations extraordinaires ?
Le clan du Phénix avait été choisi au dernier moment pour accueillir Hanteï 39 Sotorii, et nombre de courtisans avaient passé le mois du Sanglier claquemurés dans leurs grandes demeures, à dépérir d'ennui en attendant l'annonce des festivités.
C'est donc avec un vif plaisir qu'enfin ils pouvaient commencer à jouir de la vie hivernale rokugani. Et l'arrivée de ces jeunes courtisans, qui offraient ensemble leurs cadeaux spontanés à Masanaga, cela promettait de bonnes surprises. Certains se promettaient déjà de ne faire qu'une bouchée de ces prétentieux jeunes samuraï, d'autres espéraient qu'ils apporteraient de l'air frais dans le monde fermé des cours.
Nos héros n'avaient pas mis les deux pieds dans le grand jardin d'hiver qu'ils furent apostrophés par un courtisan. Ce dernier, avec forces exclamations d'admiration, se dirigeait vers Kakita Hiruya. Devant tout le monde, il félicita Hiruya-san pour sa prestation, puis se fit présenter à nos autres héros, les félicitant à leurs tours. Il se nommait Doji Itto. Notre Grue le connaissait au moins de réputation : bon vivant, séducteur, beau parleur, c'était un vétéran des cours, un animal de palais d'hiver, rompu à cette vie d'apparence.
Il s'avérait fort bavard, très dissert à complimenter les jeunes samuraï pour leur oeuvre. Ce ne pouvait être un geste gratuit de sa part... Déjà, l'avisé Doji avait remarqué la très belle Mirumoto Ryu, et il commençait une avancée directe vers elle, semblable à une approche tactique au champ de bataille. Il la félicitait de sa maitrise de l'art floral, le Ikebana : elle avait réalisé une véritable merveille avec ce bouquet !
Et Itto-san se montrait très intéressé par cet art si original. Il voulait tout savoir de l'école Dragon où l'on apprenait, si Ryu-san consentirait à lui confectionner un tel bouquet en échange d'un cadeau etc. Malheureusement, comme naguère un autre ami de Hiruya, Itto-san se heurta à un mur. Ryu-san répondait en effet qu'elle avait agi sous le coup d'une inspiration quasi-divine, qu'elle ne pourrait jamais refaire cela une seconde fois. C'était une oeuvre unique. Et elle ne se montrait pas intéressée par les présents que pouvait lui apporter Itto-san.
Ce dernier, l'appétit aiguisée par cette jeune femme, prit Hiruya à part.
- Voyons, vous savez sans doute ce qui lui ferait plaisir. Elle me résiste, et j'aime cela. Mais toute femme a un désir dans son coeur. Et moi, je me fais fort de le combler. Que savez-vous sur elle ?
Prudemment, Hiruya tenta de dissuader le courtisan. Puis, comme cela ne faisait que le renforcer dans son envie de séduire Ryu, il dit carrément :
- A vrai dire, Itto-san, je ne sais pas quel cadeau lui ferait plaisir. Je ne l'ai jamais vue si heureuse que quand elle tapait des bandits...
Itto-san fit une moue franchement surprise, puis déçue. Allons, il parviendrait bien à ses fins... Une samuraï du Dragon, d'une beauté si perçante, adepte de l'Ikebana... non, il ne pouvait pas la laisser passer, une telle perle rare ! Sa réputation fleurirait, pour le coup, comme jamais, s'il pouvait l'ajouter à son tableau de chasse !
Il la regarda en coin, d'un air entendu, hochant la tête, préparant déjà ses plans. Elle serait là pour la cour d'hiver. Et lui, Doji Itto, serait prêt.
Ayame-san reçut les compliments, modérés toutefois, de son daymio, Akitoki-sama. Disons que ce dernier ne la réprimanda pas.
Ayame-san s'inclina, puis s'approcha de Rosanjin-senseï. Ce dernier était en grande discussion avec une femme d'un certain âge, arborant les couleurs de la Grue. Quand le senseï le jugea bon, il fit signe à Isawa Ayame et Shiba Ikky d'approcher, et il leur présenta Asahina Musami, grande artiste de l'école Kakita. Celle-ci fit chorus aux compliments donnés à Ayame. Elle avait reconnu une grande qualité d'exécution dans la calligraphie de la shugenja, et dans la musique et la poésie d'Ikky. Caressant sa longue barbe pointue, Rosanjin-senseï fit remarquer à Musami-sama qu'Ayame avait (presque) tout appris de lui ! La shugenja dit qu'elle n'était pas digne de ces compliments. Mais la grande artiste Musami insista : la jeune femme se plairait tellement sur les terres de la Grue. Elle pourrait découvrir tellement de choses, elle pourrait découvrir l'école Kakita par exemple. Ayame, qui ignorait quels arts pratiquait Musami-sama, dit qu'elle serait honorée d'assister à une création de cette dernière.
Les deux Phénix laissèrent Musami-sama et Rosanjin-senseï à leurs discussions. Dans le jardin, plusieurs dignitaires Phénix se trouvaient là, en discussion avec un important Licorne, dont Soshu et Kohei écoutaient la conversation sans intervenir.
Suzume Yugoki, le jeune Moineau, qui n'avait pas oublié la rencontre manquée avec Ayame-san, vit que celle-ci et sa yojimbo étaient libres de conversation. Prudemment, il commença à s'approcher d'elle, s'intéressant soudainement aux pierres d'un bassin, ou aux feuilles qui tombaient du prunier... Son manège n'avait pas échappé à Ikky-san, qui laissa sortir cette remarque :
- Voici votre petit ami.
Le rouge de la gêne monta aux joues de Yugoki-san, comme la séve dans l'arbre au printemps. Il se détourna et alla observer plus loin un oiseau imaginaire sur sa branche... Plusieurs courtisans retinrent leurs rires. Crispée, Ayame-san remit à plus tard les réprimandes pour la gaffe d'Ikky-san.
Mais le Moineau n'allait pas se laisser décourager. Peut-être que cette yojimbo était jalouse. Il lui vint une idée. Il alla se présenter à Kakita Hiruya, et échangea avec lui quelques mots polis, puis en vint à dire qu'il aimait particulièrement la calligraphie, que lui même pratiquait. Et il avait beaucoup aimé la composition d'Ayame-san. Il se rendait compte qu'il n'avait jamais été présenté à elle dans les formes. Hiruya-san, souriant d'un air entendu, accepta d'introduire Yugoki-san. Il laissa le Moineau, puis alla parler à la shugenja, et fit les présentations dans les règles de la politesse. Suzume Yugoki se disait très honoré. Il bafouillait quelque peu, lui pourtant connu pour son éloquence...
Il dit à Isawa Ayame combien il avait apprécié sa calligraphie. Puis, il lui dit que son père, le daymio Suzume Kashira, avait coutume d'inviter chaque année un shugenja pour bénir les récoltes du clan, au début du printemps. Quel honneur ce serait, pour les braves samuraï-paysans du Moineau, de voir leurs terres sous la protection des Fortunes, et qui plus est grâce à une shugenja de la maison Isawa !
Sans doute, si Akitoki-sama faisait cet insigne honneur, Kashira-sama, dans la mesure de ses maigres moyens, ferait tout pour rendre cet honneur au clan du Phénix.
Ayame dit qu'elle était d'accord pour venir sur les terres Suzume. Tout émoustillé, Yugoki-san dit qu'il ferait de son mieux pour persuader l'ombrageux Isawa Akitoki d'accepter ce voyage.
La soirée se termina agréablement.
Dès le surlendemain, nos héros repartaient sur les routes. Ide Soshu et Shinjo Kohei se rendaient à une bibliothèque sur la côte, afin que le magistrat puisse y étudier des textes de lois, avec plusieurs de ces frères d'école. Les deux Licornes furent placés par Akitoki-sama sous la responsabilité d'Ayame. Quant à Mirumoto Ryu et Kakita Hiruya, ils devaient retrouver le passeur clandestin Gempachi sur la côte. Riobe aussi était du voyage, car il avait toujours mission de retrouver le criminel Hiro.
C'est ainsi que tous nos héros partirent vers la côte du Phénix, en direction de la Cité de la Forêt des Ombres...
La 5e Réincarnation :
8e Episode 
... où est narré le 1er avénement de l'Ombre Vivante...
Mois du Sanglier
TOUS CEUX QUI VIVENT DANS LA NUIT
(ET DANS LES OMBRES QUI RAMPENT...)

A suivre...
Leur offrande collective ayant été acceptée, nos héros s'inclinèrent ensemble devant le noble Isawa Masanaga, daymio de la Cité du Chêne Pâle.
Tous les courtisans se levèrent alors, juste après le maître des lieux.
Son intendant, l'honorable shugenja Isawa Naoshige, un homme de grande taille, élégant, annonça aux invités qu'ils étaient invités au jardin d'hiver, en l'honneur des présents qu'ils venaient d'offrir au daymio. Ce dernier pour sa part se retirait, laissant ses invités aux bons soins de Naoshige-san. Masanaga-sama ouvrirait sa cour d'hiver au début du mois du Rat, et alors seulement il paraîtrait devant ses invités comme maître de la réception.
Cette année, les festivités avaient été ajournées de plus d'un mois, ce qui avait causé de grands émois, et nombre de rumeurs sur le fils du Ciel. Etait-il malade ? Avait-il des préocuppations extraordinaires ?
Le clan du Phénix avait été choisi au dernier moment pour accueillir Hanteï 39 Sotorii, et nombre de courtisans avaient passé le mois du Sanglier claquemurés dans leurs grandes demeures, à dépérir d'ennui en attendant l'annonce des festivités.
C'est donc avec un vif plaisir qu'enfin ils pouvaient commencer à jouir de la vie hivernale rokugani. Et l'arrivée de ces jeunes courtisans, qui offraient ensemble leurs cadeaux spontanés à Masanaga, cela promettait de bonnes surprises. Certains se promettaient déjà de ne faire qu'une bouchée de ces prétentieux jeunes samuraï, d'autres espéraient qu'ils apporteraient de l'air frais dans le monde fermé des cours.
Nos héros n'avaient pas mis les deux pieds dans le grand jardin d'hiver qu'ils furent apostrophés par un courtisan. Ce dernier, avec forces exclamations d'admiration, se dirigeait vers Kakita Hiruya. Devant tout le monde, il félicita Hiruya-san pour sa prestation, puis se fit présenter à nos autres héros, les félicitant à leurs tours. Il se nommait Doji Itto. Notre Grue le connaissait au moins de réputation : bon vivant, séducteur, beau parleur, c'était un vétéran des cours, un animal de palais d'hiver, rompu à cette vie d'apparence.
Il s'avérait fort bavard, très dissert à complimenter les jeunes samuraï pour leur oeuvre. Ce ne pouvait être un geste gratuit de sa part... Déjà, l'avisé Doji avait remarqué la très belle Mirumoto Ryu, et il commençait une avancée directe vers elle, semblable à une approche tactique au champ de bataille. Il la félicitait de sa maitrise de l'art floral, le Ikebana : elle avait réalisé une véritable merveille avec ce bouquet !
Et Itto-san se montrait très intéressé par cet art si original. Il voulait tout savoir de l'école Dragon où l'on apprenait, si Ryu-san consentirait à lui confectionner un tel bouquet en échange d'un cadeau etc. Malheureusement, comme naguère un autre ami de Hiruya, Itto-san se heurta à un mur. Ryu-san répondait en effet qu'elle avait agi sous le coup d'une inspiration quasi-divine, qu'elle ne pourrait jamais refaire cela une seconde fois. C'était une oeuvre unique. Et elle ne se montrait pas intéressée par les présents que pouvait lui apporter Itto-san.
Ce dernier, l'appétit aiguisée par cette jeune femme, prit Hiruya à part.
- Voyons, vous savez sans doute ce qui lui ferait plaisir. Elle me résiste, et j'aime cela. Mais toute femme a un désir dans son coeur. Et moi, je me fais fort de le combler. Que savez-vous sur elle ?
Prudemment, Hiruya tenta de dissuader le courtisan. Puis, comme cela ne faisait que le renforcer dans son envie de séduire Ryu, il dit carrément :
- A vrai dire, Itto-san, je ne sais pas quel cadeau lui ferait plaisir. Je ne l'ai jamais vue si heureuse que quand elle tapait des bandits...
Itto-san fit une moue franchement surprise, puis déçue. Allons, il parviendrait bien à ses fins... Une samuraï du Dragon, d'une beauté si perçante, adepte de l'Ikebana... non, il ne pouvait pas la laisser passer, une telle perle rare ! Sa réputation fleurirait, pour le coup, comme jamais, s'il pouvait l'ajouter à son tableau de chasse !
Il la regarda en coin, d'un air entendu, hochant la tête, préparant déjà ses plans. Elle serait là pour la cour d'hiver. Et lui, Doji Itto, serait prêt.

Ayame-san reçut les compliments, modérés toutefois, de son daymio, Akitoki-sama. Disons que ce dernier ne la réprimanda pas.

Les deux Phénix laissèrent Musami-sama et Rosanjin-senseï à leurs discussions. Dans le jardin, plusieurs dignitaires Phénix se trouvaient là, en discussion avec un important Licorne, dont Soshu et Kohei écoutaient la conversation sans intervenir.
Suzume Yugoki, le jeune Moineau, qui n'avait pas oublié la rencontre manquée avec Ayame-san, vit que celle-ci et sa yojimbo étaient libres de conversation. Prudemment, il commença à s'approcher d'elle, s'intéressant soudainement aux pierres d'un bassin, ou aux feuilles qui tombaient du prunier... Son manège n'avait pas échappé à Ikky-san, qui laissa sortir cette remarque :
- Voici votre petit ami.
Le rouge de la gêne monta aux joues de Yugoki-san, comme la séve dans l'arbre au printemps. Il se détourna et alla observer plus loin un oiseau imaginaire sur sa branche... Plusieurs courtisans retinrent leurs rires. Crispée, Ayame-san remit à plus tard les réprimandes pour la gaffe d'Ikky-san.
Mais le Moineau n'allait pas se laisser décourager. Peut-être que cette yojimbo était jalouse. Il lui vint une idée. Il alla se présenter à Kakita Hiruya, et échangea avec lui quelques mots polis, puis en vint à dire qu'il aimait particulièrement la calligraphie, que lui même pratiquait. Et il avait beaucoup aimé la composition d'Ayame-san. Il se rendait compte qu'il n'avait jamais été présenté à elle dans les formes. Hiruya-san, souriant d'un air entendu, accepta d'introduire Yugoki-san. Il laissa le Moineau, puis alla parler à la shugenja, et fit les présentations dans les règles de la politesse. Suzume Yugoki se disait très honoré. Il bafouillait quelque peu, lui pourtant connu pour son éloquence...
Il dit à Isawa Ayame combien il avait apprécié sa calligraphie. Puis, il lui dit que son père, le daymio Suzume Kashira, avait coutume d'inviter chaque année un shugenja pour bénir les récoltes du clan, au début du printemps. Quel honneur ce serait, pour les braves samuraï-paysans du Moineau, de voir leurs terres sous la protection des Fortunes, et qui plus est grâce à une shugenja de la maison Isawa !
Sans doute, si Akitoki-sama faisait cet insigne honneur, Kashira-sama, dans la mesure de ses maigres moyens, ferait tout pour rendre cet honneur au clan du Phénix.
Ayame dit qu'elle était d'accord pour venir sur les terres Suzume. Tout émoustillé, Yugoki-san dit qu'il ferait de son mieux pour persuader l'ombrageux Isawa Akitoki d'accepter ce voyage.
La soirée se termina agréablement.
Dès le surlendemain, nos héros repartaient sur les routes. Ide Soshu et Shinjo Kohei se rendaient à une bibliothèque sur la côte, afin que le magistrat puisse y étudier des textes de lois, avec plusieurs de ces frères d'école. Les deux Licornes furent placés par Akitoki-sama sous la responsabilité d'Ayame. Quant à Mirumoto Ryu et Kakita Hiruya, ils devaient retrouver le passeur clandestin Gempachi sur la côte. Riobe aussi était du voyage, car il avait toujours mission de retrouver le criminel Hiro.
C'est ainsi que tous nos héros partirent vers la côte du Phénix, en direction de la Cité de la Forêt des Ombres...
La 5e Réincarnation :


... où est narré le 1er avénement de l'Ombre Vivante...

Mois du Sanglier
TOUS CEUX QUI VIVENT DANS LA NUIT
(ET DANS LES OMBRES QUI RAMPENT...)
Emmon Wrote:Croyez-vous aux coïncidences ?... Moi pas.

A suivre...