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20e Episode : Trois contes d'hiver
#11
- Mister Peake, our intelligence services report that you did not obey the law last WE by using Force Jump a number of times equivalent to 40. You have the right to remain silent and to require a lawyer...
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#12
lolJe me battrais contre cette loi inique et j'appelle à la désobéissance civile rouge
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#13
Amenez-moi Merwyn Peake ! Je le veux vivant !
\
[Image: 20040312175310ysanne_isard.jpg]
Ysanne Isard
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#14
Je vais te dire, le genre femme maychante et autoritaire, je sais pas pourquoi mais là ça m'impresionne plus trop, va savoir pourquoiMerwyn
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#15
Ysanne : Gaeriel... je suis ta soeur... :baton:
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#16
...ah non merci vlà les dimanches chez la belle-soeur:?
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#17
Ya moyen que tu prennes cher, question ménage et corvées, pendant que ces deux vilaines mijorées commenceront à parler chiffons et ragots autour d'une tasse de thé et de petits gateaux.
- Chère Gaeriel, vous avez remarqué comme Mon Mothma a grossi ?...
- Ne m'en parlez pas, chère Ysanne... Je disais encore l'autre jour à la reine Loloth...
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#18
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE


Hiruya et Jotomon descendaient vers le sud sur leurs montures, à travers des terres que les Crabes avaient foulées mais dont il s avaient été chassés. Ils passèrent la nuit dans un premier village. Le lendemain soir, ils firent étape dans une bourgade reculée, où on vint les prévenir qu'on avait vu passer des armées Crabes au loin. La menace des armées de Hida Kisada restait bien présente dans cette région. Et on leur dit que l'avant-veille était arrivé un rônin, que personne ne connaissait dans la région. Et on redoutait toujours l'arrivée d'un étranger surtout en cette période. Un rônin peut-être, mais pourquoi pas aussi un démon, un esprit, un espion ennemi ? Qui sait ce qui se cachait sous l'apparence de cette personne ?
- Et on ne peut pas l'oublier, Hiruya-sama, car il a des éclats de pierre dans la visage !
Interloqué, notre Magistrat fit répéter ce détail. Il ne pouvait pas exister à Rokugan deux samuraï ayant une telle marque physique ! Hiruya en connaissait bien un, pour s'être battu en duel contre lui, et aux dernières nouvelles, ce n'était pas un rônin !
Jotomon et notre héros allèrent voir dans la vieille grange où l'homme avait trouvé refuge. L'endroit était humide, froid, sale. La main sur la garde, ils avancèrent, suivis dse deux paysans trouillards qui tenaient avec peine leurs torches en main.
Ils le virent, au fond de la pièce, allongé sur une vieille charrette,, recouvert d'un mauvais mantgeau usée. Il tremblait de froid et suait à la fois. Il avait une vilaine barbe mal taillée. Et sous les poils, Hiruya aerçut les fameux éclats de jade. C'était bien Ikoma Tsuyoshi, mais il ne portait aucune marque de clan.
Il se retourna péniblement et reconnut le Magistrat.
- Tsuyoshi, que fais-tu là ?...
Il gémit, toussa et se releva, pour garder un minimum de dignité.
- Aidez-le à se lever !
Les deux paysans approchèrent en tremblant et aidèrent le samuraï à se mettre sur pied. Il n'avait pas dû manger depuis des jours. Il n'était plus que l'ombre du noble et distingué Lion que Hiruya avait connu.
- Hiruya-sama...
Comme il avait honte de lui-même soudain ! Face à quelqu'un qu'il connaissait et dont il se savait respecté ! Maintenant il n'était plus rien !... Et Hiruya fut presque horrifié d'une telle déchéance !... Si un des plus nobles Lions avait pu ainsi déchoir !... Mais comment était-ce possible ?
- Kage-senseï... Kage-senseï est mort...
Il avait eu peine à bredouilller ces paroles. Il s'évanouit, vaincu par la douleur de cette perte.
- Qu'on l'emmène à l'auberge ! Et qu'on fasse allumer un bon feu là-bas !
Kitsuki Jotomon ne comprenait pas mais ne dit mot.
Tsuyoshi rouvrit les yeux, allongé sur une peau de bête, après qu'une servante lui ait versé de force un solide remontant à base de lait, de sake et de miel. Ses lèvres reprenaient leur rose, ses mains tremblaient mais on sentait une vigueur parcourir son corps, pour la première fois depuis longtemps.
Les clients de l'établissement se tenaient à l'écart et ne voulaient rien entendre de ce qui se disait.
- Kage-senseï est mort...
Ce furent ses premières paroles.
- Akodo Kage mort...
Hiruya fut frappé de cette nouvelle, mais enfin, c'était dans l'ordre des choses : chaque chose nait, vit et meurt et même le plus grande et le plus noble des Lions n'échappe pas au cycle éternel de l'ordre céleste. Et en ces temps de guerre, la mort était plus présente que jamais.
Enfin, la mort du senseï n'expliquait pas que Tsuyoshi ait été dégradé au rang de rônin... A moins qu'il ait failli à sa mission...
Tsuyoshi put enfin raconter son histoire.
Akodo Kage l'avait envoyé en mission diplomatique dans une cité voisine de Shiro Akodo, en compagnie du médecin Kitsu Kameko, celle pour qui Tsuyoshi s'était battu pour la cour d'hiver, car elle en était venue aux insultes contre l'artiste Asahina Masumi.
- Or, deux jours après mon départ du chateau du noble Lion, des samuraï de la famille Matsu, sur le pied de guerre, m'ont pris à partie et m'ont appris la mort de mon maître...
- Mort comment ?
- Mort de vieillesse, par la bénédiction des Fortunes.
- Mais alors quoi ?...
Hiruya fut rassuré d'apprendre que Tsuyoshi n'avait pas failli à son devoir.
- Alors ils se sont vengés de moi... Ils ont décrété que j'avais usurpé mon nom...
Chaque mot constituait l'aveu d'une humiliation et Hiruya ne pouvait s'empêcher d'en avoir mal au coeur. Il y avait peu de personnes en somme pour qui il aurait éprouvé une telle sympathie. Pour bien des samuraï, il aurait pensé qu'ils n'avaient eu que le juste châtiment de leur conduite... Mais il s'agissait des Matsu, et d'un noble adversaire.
- Ils m'ont déchiré mes insignes de clan, m'ont dit qu'ils m'autorisaient à mourir devant eux... Alors, j'ai vu le visage serein et radieux de mon senseï, car c'était un paysan qui avait été choisi pour l'incarner et me dire de ne pas abandonner... Je me suis battu et je les ai tués... Matasaka y a laissé un oeil...
Hiruya comprenait de moins en moins.
- Matsu Matasaka ? le seigneur d'Inchu...
- Lui-même, sourit Tsuyoshi, faible mais aux anges, savourant à nouveau son duel fulgurant contre les hommes du terrible éleveur de lions.
- Tu as vu ton senseï ?...
Mais Tsuyoshi n'était plus en état de répondre : ses yeux se fermaient et on sentait qu'il était apaisé maintenant. Sans doute à son réveil n'en dirait-il pas plus, car il savait qu'il avait agi justement. Hiruya devrait se contenter de ces explications. Au fond, cette affaire ne concernait ni son clan ni la Magistrature d'Emeraude. Et l'honneur commandait de rester discret sur une telle affaire. Restait le plus important : la mort d'Akodo Kage, le dernier défenseur des négociations entre Lions et Grues. Le dernier représentant de la vieille époque, celle d'avant la guerre, les trahisons fratricides et les temps intéressants...
Le lendemain, Tsuyoshi reprit des forces et puisque Hiruya avait pris du temps pour s'occuper de lui, le rônin lui jura fidélité et demanda à l'accompagner dans son voyage.
Notre Magistrat y consentit, car il s'assurait ainsi les services d'une fine et noble lame.

A suivre...Samurai
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#19
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE


La troupe menée par Ryu arrivait en vue de l'ennemi : la cohorte décharnée, verte, puante et meuglante des créatures de l'Outremonde et de leurs serviteurs les Crabes. On savait qui, désormais, avait le dessus. Plus personne ne pouvait croire que les antiques gardiens de la Muraille fussent les chefs d'une armée comptant des gobelins comme mercenaires. C'était plutôt les Crabes qui servaient d'avant-garde à ce vomi de Fu-Leng qui se répandait sur Rokugan, dans une méphitique coulée de fin des temps...
Ryu avait maneouvré la position de son armée pour obtenir l'avantage du terrain : ils tenaient le haut d'une butte à la pente raide, cernée par une petite rivière.
Inconscients comme des animaux enragés, les serviteurs du Dieu Sombre bavaient d'envie d'aller saigner ces serviteurs de l'ordre céleste. Et les réprouvés sonnèrent la charge, grinçant, craquant, hurlant. Les samuraï de l'Empereur étaient prêts à les recevoir. Bien qu'ils vinssent de clans différents, ces hommes qui auraient sans doute guerroyé les uns contre les autres étaient unis ce jour-là. Une grosse centaine de nobles guerriers, qui taillèrent à vif dans les chairs putrides, tuméfiées, grises, craquelées, molles de leurs ennemis.
Ryu s'était placée à l'arrière des troupes pour diriger les manoeuvres. Elle inspirait confiance. Elle si maladroite, comme un poisson hors de l'eau, quand elle était en société, elle devenait un foudre de guerre dès qu'elle rejoignait une armée ! Qui eût cru que cette petite femme, sortie de son lointain village des montagnes, pût devenir une meneuse d'hommes ?
Dès le début de la bataille, elle sentit que les Fortunes la protégeaient. Elle sentait une harmonie intérieure profonde, malgré le fracas affreux de la bataille qui s'engageait.
Une fois que l'Outremonde eût gravi la colline, la situation devint pénible pour les samuraï. Au corps à corps, la fureur démoniaque, même désorganisée, des samuraï souillés pouvait avoir raison du bel ordonnancement des serviteurs de l'Empereur, rangés comme à la parade.
Ryu ne perdait pourtant pas espoir. Parmi les monstres aux couleurs contre-nature, elle en aperçut un qui ruisselait d'humeurs visqueuses, corrosives. Il avait été humain il y a peu encore, et Ryu l'avait bien connu, mais maintenant, la marque de Fu-Leng avait fait son oeuvre, pire que les plus virulentes pestes : c'était bien Yoshinao, le samuraï qui l'avait défiée à Mimura, qui l'avait prise en otage près du palais Shosuro, le dangereux duelliste. Il beuglait d'une voix rauque, comme si un démon logeait dans sa gorge. Ses chairs gonflées de pustules, son visage déformé par la douleur, il était méconnaissable, comme une sorte de caricature grotesque de lui-même. Et Ryu sentit combien il souffrait et hurlait sa haine de l'Ordre Céleste pour essayer d'oublier les atroces douleurs qu'il subissait.
Il fallait y mettre fin.
Ryu sortit de sa position protégée pour se jeter à l'attaque contre son ennemi. Depuis le temps qu'elle rêvait d'en découdre ! Lui aussi l'avait vue, et la couleur émeraude étincelante de son armure, la beauté qu'il devinait sous cette armure, tout cela faisait injure à la créature abominable qu'il était devenu, en se pliant aux pouvoirs de l'Outremonde. Les coups partirent comme claque l'orage ! Les deux sabres de Ryu fendirent l'airs en larges cercles et heurtèrent la lame de Yoshinao, qui n'avait rien perdu de sa technique de combat.
Dans l'atmosphère lourde, fétide de la bataille, les deux guerriers luttaient, comme si le monde devait s'écrouler juste après.
C'était au coeur des duels les plus sanglants que Ryu se sentait exister, alors qu'elle redevenait l'ombre d'elle-même quand elle devait se plier aux conventions civilisées. Elle comprenait confusément qu'elle était une sorte de sauvage, un de ces guerriers voués presque exclusivement à la guerre, qu'elle ressemblait peut-être à ces Yobanjin, à ces gaijins qu'elle avait combattus... Seule sa couleur de peau et son armure empêchait qu'on la confonde avec ces sauvages...
Les coups de kenjutsu, impitoyables, entaillèrent les deux adverses, qui pouvaient pendant quelques instants ne pas sentir la douleur. Ryu fut frappée à la poitrine, au bras et à la jambe. Elle mit un genou à terre mais trancha le bras de Yoshinao, avant de le décapiter net !
Autour d'elle, la bataille continuait de faire rage, en haut de la butte. On vint aussitôt protégée Ryu qui, blessée, se replia.

Elle bénéficia des soins d'une shugenja du clan du Phénix, qui referma provisoirement ses navrures les plus profondes. Il n'était que temps, car un monstrueux chui Crabe, abritant dans les replis de sa poitrine des colonies de minuscules démons, vivant dans ses tripes de mille vies ignobles et maudites, avait réussi à percer une brèche dans la défense des samuraï. L'être difforme, dix fois putrides, valait bien deux de ses hommes, tant il jouissait désormais d'une musculature surnaturelle, d'une ardeur démoniaque au combat !
Mais ce n'était pas pour impressionner Ryu qui, dans ces cas-là, profitait de sa froide maîtrise d'elle-même comme d'une qualité inappréciable. Elle se lança sur lui de nouveau, comme si elle sortait d'une maison de bains, ses sabres encore suintants du sang de Yoshinao !
Ce second adverse n'eut aucune chance. Poussée par la fureur des kami, Ryu transperça plusieurs ce monstre de son katana, avant qu'il ne s'écroule enfin à terre. Notre héroïne ne s'arrêta plus : elle monta vers les premières lignes, emmenant avec elle l'élite de ses hommes, parmi lesquels Bayushi Bokkai et à l'avant de son armée, refoula dans la pente les traîtres, qui allèrent rouler dans la rivière, le crâne et les autres membres fendus.
La fatigue coulait comme du plomb dans les membres de Ryu mais elle continuait son combat héroïque. Elle se trouva face au général adverse et ils entamèrent, à bout de force, un duel lent, dans la boue sanglante des lieux, comme deux zombies qui ont l'éternité devant eux pour s'affronter. Mais il fallait en découdre pour de bon et Ryu prit tous les risques pour se jeter comme une furie sur son ennemi et elle parvint à lui décoller à moitié la tête, avant de lui sectionner le tronc.
C'était le signal de la défaite pour les Crabes.
La bataille n'avait duré que quelques longues minutes, mais il semblait que le monde avait eu le temps de se renverser tant la lutte avait été âpre et décisive.
Epuisée, aussi effrayants que leurs ennemis, les samuraï de l'Empire regardèrent leurs cousins déchus agoniser à leurs pieds, et des corbeaux croassaient dans la vaste et morne campagne alentours...

Samurai

Kakita Hiruya, Kitsuki Jotomon et Tsuyoshi pénétrèrent dans l'étrange autant qu'immense forêt Shinomen, dans cet autre monde où presque aucun humain n'avait mis les pieds. Il y avait des arbres inconnus du reste de l'Empire, aux formes charmantes, épanouies, étranges, dansantes, des chants d'oiseaux nouveaux, des menaces indéfinissables... Nos héros se sentirent bientôt surveillés par ces créatures serpents appelés Nagas, dont on disait qu'ils s'étaient réveillés depuis peu. Le général Mirumoto Daini avait réussi à s'en faire des alliés mais au reste des Rokugani, ils apparaissaient comme des étranges farouches, dont on ne savait pas s'ils étaient des démons.
C'est dans cet environnement hostile que nos trois samuraï durent pourtant établir un campement provisoire. Aucun d'entre eux n'était familier des couchages à la belle étoile. Ils regrettaient de ne pas s'être adjoints en ce moment les services d'un éclaireur Licorne.
Ils prirent chacun un tour de garde, tandis que des yeux jaunes de reptiles les épiaient en permanence... Se doutaient-ils, ces êtres sortis de leur empire sylvestre, qu'ils hébergeaient ce moment quatre des plus fines lames de l'Empire ? Qu'à eux quatre, ces samuraï pouvaient défaire des régiments entiers de leurs adversaires communs, les gobelins de l'Outremonde et leurs maîtres Crabes ?...
On disait du senseï Jotomon qu'elle avait maîtrisé à la perfection l'art du Nitten et qu'elle avait développé ses propres techniques secrêtes de combat. Kakita Hiruya commençait à se faire une réputation de bretteur acharné. Il avait mené peu de duels dans sa vie mais en combat singulier lors de combat, il avait toujours foudroyé ses adversaires. Soshi Seiryoku, par exemple, en avait fait la douloureuse expérience, quelques instants avant de mourir...
Tsuyoshi, enfin, du temps où il portait encore les couleurs de sa famille, avait mené de nombreux duels, et souvent, il avait encore plus humilié son adversaire en l'entaillant simplement, là où il aurait pu proprement le tuer.

Le lendemain, ils poursuivirent leur chemin dans les entrailles épaisses de Shinomen, perdu dans un autre monde. Ils aperçurent un monument bizarre, que Jotomon-senseï avait passé la dernière fois, quand elle avait accompagné Kakita Kagetoki : une grande porte composée de grands os courbés. Rien ne semblait plus simple que de passer entre eux. Pourtant, Tsuyoshi ne le put : il était repoussé dès qu'il voulait faire un pas en avant, par une force invisible. Hiruya et Jotomon purent passer sans difficulté. Le rônin comprit qu'il n'était plus assez honorable, qu'avec son nom, il avait perdu une partie, sinon tout son honneur. Résignée, il s'assit dans la forêt, jurant aux deux samuraï de les attendre ici jusqu'à leur retour.
Triste de devoir continuer sans lui, Hiruya et Jotomon promirent de revenir bien vite.
Plus loin, les deux samuraï sentirent qu'ils étaient suivis pour de bon par les Nagas, qui marchaient sur leurs pas. Ils devaient être arrivés dans leurs territoires, dans les lieux sacrés et on ne les quitteraient plus. Ils espéraient ne commettre aucun geste qui froisseraient leurs hôtes...

Samurai

Ayame respirait l'air frais du temple. C'était comme si elle respirait pour la première fois depuis des années. Un air neuf, la blancheur de la neige, le vol d'un moineau, la griserie de la fraicheur du matin... Remise de sa maladie, revigorée, elle respirait la santé. Une santé inconnue, après les tournements vomitifs, les affres du manque.
Elle sentait que c'était fini. Elle avait réussi là où Shiba Shonagon avait échoué. Elle ne sentait plus le besoin de l'opium !
Elle savait que cette libération n'était pas encore définitivement acquise, qu'elle devrait rester vigilante. Mais le rose lui revenait aux joues. Elle avait fait preuve d'un véritable dévouement au code de l'honneur. Victoire discrête, que personne ne reconnaîtrait : victoire sur elle-même.
Dans le jardin, elle profita du plaisir de marcher, de vivre, de remuer... Elle croisa Yogo Jinnai, qui maugréait dans sa barbe mais qui sentit aussitôt que quelque chose était changé en elle. Ils firent quelques pas ensemble et le Scorpion la mit en garde, à mots couverts, contre les risques de rechute.
Le message était passé. Ayame comprit que ce Jinnai avait dû lui aussi avoir à en découdre avec ce poison.
Mais il n'était pas dans ce temple pour cette raison.
La conversation dériva sur l'histoire, sujet cher à Ayame s'il en est. Et surtout l'histoire des périodes troublées de l'Empire... Le Scorpion connaissait le sujet.
- Le Gozoku, dit-il sans hésiter, prit le pouvoir après une longue période de sécheresse dans l'Empire. Les trois clans les plus touchés, le Phénix, le Scorpion et la Grue demandèrent des pouvoirs exceptionnels pour subvenir à la crise qui touchat leurs terres. De secrêtes manoeuvres politiques mirent au pouvoir un trio dirigeant, qui prit de fait le pouvoir sur l'Empereur de l'époque. Depuis, avec les siècles, les archives ont été largement "remaniées", de façon à préserver l'honneur et la vision traditionnelle, paisible que nous nous faisons de nos mille ans d'histoire. Et à vrai dire, Ayame-san, bien rares sont les choses qu'il ne faudrait jamais oublier du tout... L'honneur s'accorde mal avec la mémoire...
Et on sentait que ce problème l'avait personnellement touché.
- Si vous connaissez bien le Gozoku, Jinnai-san, vous devez avoir entendu parlé de cette fille, cette Novice...
- Ah, la Novice...
Il en parlait comme d'une connaissance longuement fréquentée.
- Le Gozoku était une époque vraiment troublée... C'est dans ces décennies que les gaijins furent pour de bon interdits à Rokugan... La Novice, quant à elle, fut accusée d'impiété par les Dragons, puis exécutée par les Lions...
Cela, Ayame l'avait appris par les papiers de l'Ize-Zumi matérialiste, à la cour d'hiver.
- C'est à cette époque-là aussi, continuait Jinnai, songeur, que le clan du Loup fut détruit. Déjà, dix ans avant, les premiers samuraï deshonorés formèrent l'armée des rônins, des sans terre, des sans-maître... Ils se révoltèrent contre le pouvoir, sur les terres du clan de la Grue...
- J'ignorais cela...
- C'était une époque comparable à la nôtre, en somme... Et les rônins en guerre contre l'autorité du Gozoku avaient à leur tête un chef, puissant et bien connu, qui s'était fait surnommer la Grue Noire.
Ayame tressaillit à ce nom. Elle était loin d'en savoir autant que Hiruya sur ce point, mais elle savait par feu Hida Sotan qu'un criminel de ce nom avait voyagé à Heibetsu, pour venir y chercher Nahoko...
- Mais quel rapport entre la Novice et la Grue Noire, Jinnai-san ? S'il y en a...
Car Ayame avait l'impression que le Scorpion évoquait des faits au hasard, selon les caprices de ses pensées.
- Il y en a bien un, Ayame-san. C'est que la Novice fut accusée d'avoir écrit un poème en l'honneur de la Grue Noire.
- Ah, je comprends... C'est alors qu'elle fut pourchassée...
- Certainement, certainement...
On sentait que ce n'était pas si certain.
- Si vous vous intéressez à cette Novice, fit le Scorpion, l'air toujours de dire cela au passage, sans peser ses mots, vous voudrez sans doute visiter le sanctuaire qui lui est consacré.
Le sang d'Ayame fit un tour, puis un autre, et encore un et son coeur fit quelques bonds furieux dans sa poitrine. Décidément, l'attirance pour les secrets était une drogue plus forte que l'opium ! Abandonner ce dernier oui, mais les secrets, non !
- Un sanctuaire de la Novice ?... tiens donc... je l'ignorais...
- Ce n'est pas loin d'ici, qui plus est...
Jinnai baîlla, et frissonna. Il était l'heure de rentrer. Il ne put s'en aller, bien sûr, avant d'avoir indiqué à notre shugenja l'emplacement de ce sanctuaire. De toute façon, s'il n'avait pas voulu parlé, Ayame se serait accroché à lui comme un fauve s'agrippe à sa proie !

A suivre...Samurai
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#20
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE


Ikky était fière d'Ayame !
Disons même qu'elle était bien assez fière de sa shugenja pour que ce que ça comptait pour Ayame ! Notre héroïne ne put éviter le sermon de sa yojimbo, sur le dévouement, le courage, l'abnégation, le rejet des plaisirs matériels pour mieux se vouer à l'honneur etc.Tired
Ayame la remercia et déclara qu'elle aussi était contente d'avoir perdu cette dépendance pénible. C'en était donc fini, des sorties nocturnes honteuses dans les quartiers rouges des villes, des soirées humiliantes passées avec la lie des samuraï, des fausses justifications à donner, des matins dégrisés et amers... Ikky savait que protéger Ayame n'en deviendrait pas pour autant une sinécure mais du moins n'aurait-elle plus à la suivre dans des maisons empestées par les vapeurs bleuâtres...

Et comme le beau temps ne dure jamais, Ikky était fâchée dès le lendemain matin. Pendant la nuit, le visiteur nocturne qui se faisait appeler Ninja voulut visiter Ayame mais Ikky montait une garde vigilante et soupçonna fortement une tentative d'intrusion dans la chambre. La shugenja nia en bloc. Ikky soupçonnait maintenant un jeune moine de faire sa cour à la shugenja ! Et notre héroïne moquait gentiment l'excessive attention que lui portait Ikky.
- Tu te fais des idées pour moi... Comment peux-tu croire que je laisserais un moine me regarder ?...
Bref, l'ambiance redevenait douce-amère entre les deux femmes, Ikky victime une fois de plus de son excès de dévouement et Ayame de sa réputation sulfureuse...Whistle
La yojimbo accepta de se faire moins de mouron.
Elle n'avait pas plus tôt le dos tournée, pour aller faire ses ablutions matinales, que le Ninja rendait visite à la shugenja, qui l'avait vu se cacher derrière un panneau de la case à jardinage.
- Des menaces pèsent sur la ville, Ayame-san, murmurait l'agile visiteur, tapi dans la pénombre.
- Des menaces ?...
- Sur le palais des Shosuro... Il faut nous tenir prêts...
- "Nous" ?
- Oui, nous.
- Je veux bien agir s'il le faut. Mais pas sur de simples présomptions...
- ... les présomptions d'un Ninja, c'est ça ?
- Je n'ai pas dit ça. J'ai dit "présomptions" tout court.
- Puisse votre "honneur" ne pas vous empêcher d'agir le moment venu.
- Je ne veux pas abandonner l'honneur pour l'action. Il faudra être perspicace le moment venu.
- Belles paroles, Ayame-san... Mais cela ne me convainc plus depuis longtemps.
Sa voix se chargeait de menaces. Ayame aurait pu appeler Ikky à l'aide, mais le Ninja avait déjà eu nombre d'occasions de la trucider, s'il l'avait voulu...
- Je vais vous raconter une histoire, Ayame-san, qui m'en a bien plus appris que tous les codes d'honneur de cet Empire. C'était un puissant samuraï, noble et respecté de tous, qui a laissé mourir sa femme pour respecter ce code, justement. Sa femme est morte et il n'a rien fait contre.
- Il ne faut pas négliger l'honneur entièrement. Chacun doit trouver ses limites...
Mais le Ninja avait déjà disparu.

Samurai

Dans la forêt Shinomen, Hiruya et Jotomon croisèrent trois vieillards qui passaient, sans mot dire et qui semblaient pressés de continuer leur chemin. Etaient-ils des esprits des Ancêtres ?... On ne savait jamais, avec les voyageurs croisés sur les routes... Ils montèrent leur campement non loin de la clairière où nos deux samurai s'arrétèrent pour la nuit.
Jotomon prit le premier tour de garde. Hiruya s'était à peine endormi qu'il entendit le senseï gémir. Notre magistrat, horrifié, vit un des vieillards en train d'étrangler Jotomon ! Plus exactement, la tête et les boyaux du vieillard s'étaient échappés de son corps, et la créature serrait la gorge du senseï avec ses intestins ! Elle avait des canines pointues, prêtes à s'enfoncer dans la jugulaire de sa victime. Hiruya bondit de sa couchette, attrapant son sabre au passage et dans le même geste, le dégaina et trancha les tripes de ce monstre ! [Fredo fait 51 pour toucher, Hiruya vient donc du Pastis Dojo ! ^^]
Les deux autres vieillards étaient bien les mêmes horreurs : des têtes au bout des viscères frémissant, prêts à bondir et leurs cadavres, abandonnés plus loin. En garde, les deux samuraï, haletant, firent face à leurs adversaires. Les katanas frappèrent et les monstres, qui avaient bondi, retombèrent, tranchés.
Nos deux samuraï reculèrent, de peur d'être souillés par la seule proximité avec ces êtres.
Maintenant, ils ne pourraient plus dormir...
- Autant continuer notre route.
Leur marche les mena plus profond encore dans Shinomen, au coeur de cet endroit mystérieux, inquiétant, où la végétation régnait en maître.
Sur une branche, un oiseau les observait.
Ils avancèrent entre les arbres millénaires. Encore un oiseau, puis un deuxième, un troisième et bientôt, des dizaines, des centaines d'oiseau vinrent se percher autour d'eux, descendus du grand ciel nocturne violet. Et la forêt bruissait tout autour d'eux, feuilles et plumes...
- Ce sont les messagers des Kenkus, murmura Jotomon. Nous sommes proches... L'entrée de Sakkaku ne peut plus être loin...
Ils avancèrent doucement et les oiseaux s'ébrouèrent.
Un bec plus grand apparut et projeta son ombre démesurée sur la clairière que la lune éclairait. Perché sur une haute branche, c'était le milieu d'un homme et d'un oiseau, avec un grand regard curieux, fascinant comme celui d'un chat. Il était vêtu d'un grand kimono uni et toisait nos héros.
Hiruya s'avança vers lui et les oiseaux s'envolèrent au fur et à mesure. Le Kenku recula, sauta de branches en branches. Notre héros fit encore quelques pas, puis plus vite et se mit à courir après le grand volatile, qui s'enfuyait souplement, à l'aise parmi les arbres comme un singe, rapide comme un jaguar !
Le sang lui montant à la tête, Hiruya courut à travers la forêt, le long d'une pente encombrée de racines, de taillis et de buissons. Il n'entendait déjà plus la voix de Jotomon, qui lui criait de s'arrêter, de revenir !
Brusquement, notre héros s'arrêta : il était à deux pas d'un gouffre !
Et le Kenku s'était envolé, et tournoyait à bonne distance, narguant clairement notre héros ! Il le défiait de sauter ! Hiruya le comprenait intuitivement.
Le fond du gouffre n'était que nuit. Des milliers d'oiseaux poussaient des cris entêtants autour de lui. La forêt entière vibrait d'une même vie et les étoiles palpitaient dans le ciel. Hiruya prit une forte inspiration, pria Kakita, Benten et ses Ancêtres, fit un pas en avant puis sauta dans le vide où il disparut dans un grand cri.

Samurai

Ryu était sur le chemin du retour avec les maigres contingents de son armée qui avaient survécu à la bataille. Sur une centaine d'homme, il en restait moins de vingt. Prise de dégoût, vainqueur aujourd'hui mais au fond traumatisée par ces horreurs et par les sacrifices nécessaires à la victoire, Ryu en voulait au monde entier. Elle, Bokkai et sa troupe passèrent au château des Lièvres, où on narra aussitôt l'exploit de la vaillante Mirumoto. Mais celle-ci ne partagea pas cette enthousiasme : elle haïssait ceux qui l'avaient envoyé se battre. Ou bien peut-être détestait-elle ses ennemis. Ou elle-même, de n'avoir pas su garder en vie plus de ses hommes, morts souillés par les griffes et les sabres des Crabes.
De retour à la Cité, ses exploits furent pareillement rapportés à Miya Katsu mais bien vite, Ryu trouva un prétexte pour s'isoler. Elle voulait prier ses Ancêtres, se recueillir en elle-même... A peine entendit-elle que les tractations avec les Licornes, pour obtenir d'eux un nouvel assistant de la Magistrature, étaient en cours. C'était Hiruya qui l'avait requis, depuis l'internement des deux Phénix. La famille Iuchi, bien disposée envers nos Magistrats depuis le procès Kumanosuke, avait promis d'envoyer rapidement un de leurs shugenjas.

Samurai

Hiruya se réveilla, estourbi, comme s'il venait de prendre un léger coup sur la tête. En réalité, il se souvenait plutôt qu'il avait fait le grand saut dans un gouffre sans fond. Il regarda autour de lui : il faisait jour. Il était au sortir de la forêt, en surplomb d'une grande vallée couverte d'une épaisse forêt tropicale. Il se trouvait au bord d'une falaise de granit rose. Avait-il chuté de là-haut ?... Il ne connaissait pas cet endroit, mais il était sûr de ne plus être dans Shinomen. Il ne voyait pas Kitsuki Jotomon.
A quelques pas de lui, l'entrée d'une grotte. Il en vit sortir un homme âgé de plus de quarante ans : cheveux noirs grisonnants, barbe bien taillée, kimono aux couleurs de la Grue, mais abîmé. Un air de guerrier vétéran, qui a beaucoup vu et beaucoup vécu. Un port noble mais des mains rudes. Hiruya se releva et se présenta. Il jeta un oeil au saya précieux attaché à la ceinture du personnage. L'autre lui rendit son salut, comme si les deux hommes se trouvaient dans une noble cour impériale :
- Enchanté de vous connaître, Magistrat. Mon nom est Kakita Kagetoki, du dojo du Lac des deux Grues.
Hiruya retint son souffle : c'était bien lui qu'il était venu chercher, l'homme qui possédait l'Epée de Cristal !...

Samurai

La nuit tombait sur la Cité des Histoires. Ayame savourait son premier soir de liberté. Bien qu'emprisonnée dans ce temple, elle sentait que le ciel entrait l'entourait et vivait en elle, qu'elle n'avait rien à redouter et que les étoiles ce soir étaient comme des amies, des confidentes pour elle.
Elle avait pris soin d'avertir, à tout hasard, le palais de la Magistrature et le palais Shosuro, qu'il fallait renfocer la surveillance dans la ville. Ce n'était jamais perdu et c'était une manière de se rappeler à leur bon souvenir ! Après plus d'un mois passé chez les moines, on ne devait plus guère parler d'elle !
Nouvel échec social : nulle part elle ne serait une femme de cour connue et appréciée. Elle serait toujours le vilain petit canard, alors que s'il y avait bien quelqu'un dans cet empire qui ne respirait que pour servir l'Ordre Céleste, qui se dévouait à sa tâche au péril de sa vie (et plus souvent encore, de son honneur !wink à combattre les ennemis de l'Empereur, c'était quand même elle ! Les Fortunes en étaient témoins !
Après un dernier tour au jardin, Ayame entra dans sa chambre, où Ikky lisait sur sa couche. C'était un beau soir d'hiver, aussi que la journée qui l'avait précédée.
Ayame s'allongea, lasse soudain, mais d'une fatigue plus saine, comme elle n'en avait pas connu peut-être depuis sa jeunesse, quand elle pouvait profiter du foyer après une journée d'enquête auprès du magistrat qu'elle servait à l'époque.

On entendit un bruit à la porte. Quelqu'un toquait. Ayame eut peur que ce fût le Ninja qui, pour de bon, décidait de se montrer. Ikky, mue par un réflexie de protection, se releva et prit ses sabres.
Une visqueuse main noire surgit du parquet et agrippa la cheville d'Ikky et la fit chuter. Une forme humaine, une ombre épaisse, vivante, s'arracha du bois et se leva lentement, fixant Ayame de ses trous noirs. La shugenja n'eut même pas le temps de frissonner. Surmontant la peur atroce qui la prit, elle invoqua les kamis du feu : la créature inhumaine prit feu et sans un bruit, s'écroula à terre.
On frappa de nouveau à la porte. C'était Yogo Jinnai :
- Attention ! on nous signale que la Cité est attaquée ! Barricadez-vous, honorables Phénix !
Ikky se releva, le menton saignant, et attacha son saya à sa ceinture. Un cri déchirant, un cri de femme, transperça la nuit. Les deux femmes pensèrent qu'il venait du palais des Scorpions ! On entendait des cloches d'alarme sonner dans les quartiers nobles et la Garde du Tonnerre s'agiter.
Le cadavre d'ombre finissait de brûler lentement et à la lumière irréelle du feu, les deux Phénix virent que les listes de noms sur le mur s'étaient allongées !

En-dessous des noms de Shosuro Hyobu et Miya Katsu, Gouverneur et Magistrat d'Emeraude, était apparut un seul nom... GOJU ...




SamuraiFORCE ET HONNEUR, SAMURAÏ !Samurai<!--sizec--><!--/sizec-->
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