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26e Episode : Dharmic Blues
#11
En revanche à faire des retcon on fini parfois par se mélanger un peu :

Quote:Après Nahoko élevée au rang de Fortune Mineure du Cristal,

Ca a été changéwink

Quote:Ikky se demanda combien de temps il faudrait patienter avant de voir Ayame sacrée Fortune du Deshonneur…

Mais j't'emmerde Ikky:na_tac:
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#12
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

C'était une belle fin d'après-midi, sur les jardins de la Cité du Repos Confiant, nimbés de la lumière déjà orangée du soleil. Les trois samuraï Grue marchaient, dans leurs kimonos aux couleurs argent et neige éclatantes.
- Je crois, disait Miya Katsu, que nous sommes bénis par les dieux pour cette journée, Toshimoko-sama, et que malgré la guerre, le soleil brille et brillera encore longtemps.
- Rien ne dure, répondit le Champion d'Emeraude, pas même les conflits. Et demain, l'Empire retrouvera sa gloire passée. Autrement, peut-être, mais l'Ordre Céleste perdurera.
Les trois hommes continuèrent leur promenade, en respirant les bosquets de fleurs que les jardiniers s'étaient hâtés de recomposer.
- Je crois, si je puis me permettre cette audace, avoir une suggestion à faire, dit Katsu-sama.
- Laquelle ? demanda le Champion.
- Elle concerne Kakita Hiruya. Depuis une bonne année, celui-ci a rejoint les rangs de la Magistrature d'Emeraude, et vous-mêmes, senseï, lui avez parlé le jour de son investiture.
- Je m'en souviens, oui...
- Il a fidélement servi l'Empereur, traquant sans relâche ses ennemis et défendant l'honneur partout où il en a eu l'occasion. Je crois que, plus que jamais, une telle droiture doit servir de modèle, à une époque où nos valeurs sont battues en brèche, et où certains sourient des contraintes de l'honneur, comme d'une chose du passé.
- Que suggérez-vous donc, Magistrat ?
- J'aimerais, s'il est possible, suggérer l'idée que Hiruya-san, étant donné ses talents de duelistes qui bientôt, j'en suis sûr, arriveront à la cheville des vôtres, que Hiruya-san, donc, puisse rejoindre cette école d'élite de la famille Kakita, famille qui, dans tout l'Empire...
- Vous voulez certainement parler de l'école Kenshinzen ?
- Oui, celle-ci même, senseï. Bien que je rougisse déjà de mon audace.
- L'école Kenshinzen, dit sentencieusement le Champion, est le groupe de samuraï d'élite auquel l'on apprend les techniques ultimes de duel au katana. Ces techniques sont réservées à la plus fine fleur des samuraï de l'Empire. Il y a autant de différence entre un Kenshinzen et un dueliste ordinaire qu'entre un dueliste Kakita et un samuraï ordinaire, Magistrat. Peut-être plus.
"Entrer parmi les Kenshinzen, c'est rejoindre un véritable mythe. Entrer dans la légende des plus grands bretteurs de mille ans d'histoire. Cet honneur n'est pas réservé seulement aux meilleurs manieurs de sabre. Elle est réservé aux hommes droits, nobles, assurés, dévoués, prêts à mourir, purs de sang et d'esprit. Pensez-vous que Kakita Hiruya fasse partie de ceux-là, Magistrat ? Et lui-même, le pense t-il ?...
Kakita Hiruya hésita, troublé.
- Je... je l'ignore, senseï, je...
- Hiruya-san, j'ose le dire, dit Miya Katsu, incarne l'excellence du samuraï. Il n'a pas reculé face aux Scorpions, alors même qu'il se trouvait dans leur Cité la mieux protégée. Il est dévoué au shintao. Il a combattu l'Outremonde sans l'ombre d'une hésitation. Il a su rendre justice, par des décisions éclairées et fermes. Il a su soutenir l'Ordre Céleste face à ceux qui s'en prenaient à lui.
- Quel panégyrique, sourit le Champion d'Emeraude. Kakita Hiruya se croit-il digne de lui ?
- Non, évidemment. Du moins, je n'ai pas à en juger.
- Vous connaissez les conditions d'admission dans l'école Kenshinzen, Hiruya-san ?
- Oui, senseï. Pour y être admis, il faut battre en duel au premier sang un autre membre de cette école.
- ... en sorte que pour y rentrer, continua Kakita Toshimoko-senseï, il faut être déjà meilleur que l'un de ses membres.
- Oui, senseï.
- Pourriez-vous relever ce défi ?
- Si on me l'ordonne, oui.
- Cela, je dois le dire avec humilité, me concerne aussi, ajouta Katsu-sama. Car je me fais vieux. Et je pense que Hiruya-san peut me succéder. Dans les temps difficiles qui s'annoncent, face à un Empire en proie au doute, à des samuraï corrompus, égoïstes, un Magistrat d'Emeraude de l'école Kenshinzen aurait non seulement la force d'âme mais, disons-le, l'art du sabre pour trancher les membres corrompus et ramener l'harmonie là où il trouvera désordre et anarchie.
- Certainement, dit le Champion d'Emeraude. Je vais donc examiner cette proposition, Katsu-san.
- Je vous suis infiniment reconnaissant de cette grâce que vous nous faites, senseï.
Katsu et Hiruya s'inclinèrent, tandis que la Grue Grise s'éloignait dans le couchant. Du coin de l'oeil, Katsu regarda Hiruya et lui sourit. C'était en bonne voie.

Samurai

Ikky força encore, et la porte, après un dernier coup d'épaule, s'ouvrit enfin.
Un courant d'air frais remonta du sous-sol, chargé d'humidité et d'une odeur de renfermé.
Ayame, suivie d'Ikky, descendit, lanterne en main. Ce n'était pas sans appréhension que la shugenja retournait dans ce souterrain secret, dont elle était peut-être la seule à connaître l'existence. C'est ici que Shosuro Emmon avait affronté le faux yojimbo du senseï Kanera. Là que se trouvait les rayons remplis de parchemins blanchis par l'Ombre... Ils n'avaient pas changé de place. Ils moisissaient, partaient en grosses miettes. L'usure du temps les amenait vers l'état de poussière. Ils s'effritaient entre les doigts de la shugenja.
- Même d'ici, il n'y a plus rien à tirer.
- Mauvaise idée de revenir dans ce lieu, maugré Ikky. Cette cave devait être condamnée, bouchée à jamais.
Songeuse, Ayame remonta. Elle se gratta la nuque et soupira. Elle tournait en rond. Elle se sentait un rien lasse de chercher, mais elle pensait quand même que d'autres secrets l'attendaient encore dans cette pièce. Elle dérangea au hasard quelques étagères, fureta, souleva de la poussière, reposa des piles de parchemins vieillis.
- C'est rageant, quand même...
Elle cherchait autant dans l'intérêt de Ryu que pour le sien. Elle repensait à cette affaire, des Dragons piégés par ce Kishidayu. Elle pensait à voix haute.
- C'est quand même absurde. Que des Scorpions surprennent des Dragons pour les empêcher de parler, rien de plus normal. Ce qui l'est moins, en revanche, c'est que des Dragons aient pu surprendre des Scorpions ! Ça, on ne me fera pas croire que le clan de Bayushi Shoju se soit fait surprendre lors de la préparation du coup d'Etat !
- A moins que, dit Ikky, à moins que les Scorpions n'aient voulu que les Dragons surprennent leurs plans !
- Exact, ce serait bien dans leur genre d'organiser une telle entourloupe. Cependant, faut-il encore comprendre en vue de quelles machinations tordues ils éventeraient une partie de leurs plans de coup d'Etat, pour mieux ensuite tuer les coupables. Car, quoique les Scorpions veuillent en laisser paraître, nous avons appris qu'ils ne sont pas méchants gratuitement. Ils ne sont impitoyables que dans des buts bien définis. Donc il y a quelque chose qui n'est évidemment pas clair dans cette histoire. Et ce n'est pas nécessairement l'attitude des Scorpions la plus incroyable.
- Entre la perfidie des Scorpions, et la logique incompréhensible des Dragons, dit Ikky, nous pouvons patauger longtemps...
- Non, non, ce ne doit pas être si compliqué que cela. Des hommes sont morts. On ne tue pas sans une bonne raison. Mais pas pour des raisons compliquées.
En parlant, Ayame continuait à parcourir distraitement des piles de papier. Soudain, son regard fut attiré par un sigle qui lui fit presque dresser les cheveux sur la tête : un signe aperçu dans la correspondance de Bayushi Tangen II !
[Image: cristal.GIF]

Un sigle qui ressemblait, dans sa stylisation, à celui utilisé par feue la secte du Condor !

[Image: condor.gif]

Que représentait ce nouveau dessin ?... Quel nom se cachait derrière ? La secte de quoi ? Maître qui ?...
Ayame serrait le poing, à la fois en colère et exultant à l'approche de la vérité... La vérité tant attendue... Elle sentait le tissu de mensonges et d'illusions craquer... Dans la bibliothèque interdite, avant l'attaque de Matsu Bashô, elle avait lu une partie de la correspondance de Bayushi Tangen II. Celui-ci se faisait appeler Maître Cristal. Maître Cristal, c'était bien cela !
Il y avait donc une secte du Cristal ! Peut-être bien la secte qui avait envoyé la Grue Noire assassiner Soshi Seiryoku, le dernier membre de la secte du Condor ! Seulement, cette secte devait exister depuis l'époque de Tangen II, depuis l'époque du Gozoku !
Or, ce vieux rusé de Yasuki Taka avait parlé de la secte du Condor... Il avait dit que l'autre nom qu'ils se donnaient, et que le peuple murmurait avec crainte, c'était celui-ci : Kolat...
Kolat... Mais selon, Taka-sama :

' Wrote:Le peuple sait des choses que les samuraï ignorent. En particulier, sur ces conspirateurs... le Kolat. Depuis plus de vingt ans, ils sont une plaie dans notre empire. On m'a dit qu'ils ont fomenté des révoltes populaires. Qu'ils veulent monter les heimin contre les samuraï, armer la paysannerie... Qu'ils usent des méthodes les plus cruelles pour cela. C'est une menace qui doit être éradiquée, et je veux vous y aider.

- Tu t'es trompé, Taka-sama, soupira Ayame. Ou plutôt, tu as compté trop juste, pour une fois. Ces conspirateurs sont là depuis bien plus longtemps ! Depuis des siècles et des siècles !...
Notre shugenja avait peine à y croire. Il fallait donc conclure que ce "Kolat" se composait au moins de deux sectes distinctes, celle du Cristal et celle du Condor. Celle du Condor, commandé par Daidoji Dajan, avait été presque éradiquée à la bataille des Cloches de la Mort. Il n'était pas impossible, au fond, que Soshi Seiryoku étant sur le point d'être découverte, le Cristal ait pris les devants pour la faire taire. En envoyant la Grue Noire... La même Grue Noire qui avait aidé à l'évasion d'Agasha Nahoko...
Ayame avait la tête qui tournait. Le Cristal serait derrière l'évasion de Nahoko... Mais pourquoi ?...
Et qui était, à l'heure actuelle, celui qui se cachait derrière le nom de Maître Cristal ?... Qui était le lointain successeur de Bayushi Tangen II, gouverneur de la Cité des Mensonges, conseiller du Gozoku, protecteur de la Novice puis l'instigateur de sa mort ?...
Ayame remuait ces questions dans sa tête, sentant se dessiner d'un coup, une trame sombre, presque inextricable. Mais pas complétement incompréhensible. Rien ne pouvait lui résister ! Elle était un foudre de guerre des batailles du savoir. Ces sectes rendraient gorge, elles aussi !

Le parchemin qui portait le sigle du Cristal décrivait la côte est de Rokugan, du côté des terres du Phénix. Et en particulier le sud de la Cité de la Forêt des Ombres.
- Ikky, viens voir. Regarde ce point sur la côte. Ce n'est pas loin d'une petite cité de pêcheurs, la Cité de l'Or Bleu. Mais le point indique un endroit sur la côte. Rappelle-moi qui habite là-bas. Souviens-toi, cela me dit quelque chose.
- Ah oui, voyons...
La yojimbo chercha :
- Si je sais, c'est ce pêcheur chez qui Riobe et Sotan avaient passé une partie de l'hiver, tandis que nous étions à la cour d'hiver.
- Oui, ce pêcheur qui était victime d'une malédiction ! Chez qui nous avons cru tuer Nahoko alors que ce n'était qu'un double ! Son nom...
- Il s'appelle... Gempachi !
- Oui, Gempachi !
Ayame jubilait.
- Ikky, nous partons lui rendre visite !
- Il faut avertir Hiruya-sama.
Hiruya ! Encore lui !
- Oui, bon, tu as raison... Ecrivons-lui... Que nous poursuivons notre enquête...
- Mais quel rapport avec l'histoire de Ryu ?... Ce Gempachi y serait mêlé ?
- Oui, peut-être, enfin, je ne sais pas bien, il faut s'en assurer.
Ryu ! encore elle !
Ayame se fichait bien de la samuraï Dragon, mais il pouvait la remercier car en enquêtant pour elle, Ayame retrouvait une piste pour une autre enquête qui l'intéressait largement plus !

Samurai

A la Cité du Repos Confiant, Ryu reçut une lettre venue des terres de son clan. Elle était de la main de sa mère, et elle l'avertissait qu'en réponse à sa demande, son oncle était parti de la cité de Heibetsu. C'était il y a cinq jours de cela.
- Il ne faut pas tant de jours pour arriver ici, songea Ryu, qui avait un mauvais pressentiment.
Elle partit trouver Hiruya, qui, depuis deux jours que le Champion d'Emeraude était reparti, flottait sur son petit nuage. Il se voyait déjà dans l'école Kenshinzen, couronné d'honneurs, marchant entre des rangs de cerisiers en fleurs, avant d'être accueilli par l'Empereur et sa cour et...
- Hiruya-sama...
Notre Magistrat revint à la réalité, brusquement.
- Qui y a t-il, Ryu-san ?
- J'ai peur que mon oncle ait eu une mauvaise rencontre. Il devrait déjà être arrivé. Je souhaiterais aller vers les terres de mon clan, à sa rencontre.
Hiruya avait quelque peu oublié cette affaire de Dragons...
- Va, va, dit-il, pressé de retourner dans ses rêves euphoriques.
- Merci, Hiruya-sama.

Mirumoto Ryu ordonna qu'on prépare sur l'heure son paquetage et en milieu d'après-midi, elle s'en alla sur les chemins. Elle poussa son cheval jusqu'en fin de journée, dormit le soir dans une auberge et repartit le lendemain à la première heure. Elle chevaucha encore toute la journée, remontant sur les hauts plateaux, par les petits sentiers qui, d'est en ouest, serpentaient des terres du Phénix aux montagnes éternelles du Dragon. Elle se renseignait à chaque village et s'inquiétait de plus en plus, à chaque village où nul ne lui donnait de nouvelles. Car cela signifiait que son oncle avait parcouru peu de chemins. Enfin, à une demi-journée de Heibetsu, un marchand itinérant dit que dans la bourgade précédente, il avait entendu parler d'un samuraï du clan, attaqué par des bandits de grand chemin.
Ni une ni deux, Ryu remonta en selle, monta sur les sentiers escarpés, finit par descendre de cheval et marcher en tenant celui-ci par les rênes, dans le grand vent frais des hauteurs, sur les chemins pierreux, au bord des rivières et des torrents. Enfin, elle arriva au village dit de la source de jouvence et là, vit qu'on lui faisait de grands signes. C'était les yorikis qui surveillaient la région.
- Samuraï, ô samuraï, c'est incroyable...
Ryu courut en haut de la dernière côte.
- Un noble samuraï...
- Il a été attaqué ? Où est-il ?...
Les deux soldats accompagnèrent Ryu dans la maison du chef du village. C'était bien l'oncle de Ryu, allongé, grièvement blessé à la poitrine.
- Mirumoto Osamu...
- Ryu, dit le blessé, geignard.
- Mon oncle, que s'est-il passé ?
- ... attaqué... un samuraï dangereux...
- J'ai sollicité ta venue, mon oncle, parce que je reprenais pour de bon l'affaire Kishidayu !
- ... sans doute lui qui m'a attaqué !...
Aussitôt, Ryu ordonna qu'on écrive à la Cité du Repos Confiant. Elle mettait Hiruya-sama au courant de cette attaque et demandait qu'on envoie un shugenja guérir son oncle. La vie de ce dernier n'était, semble t-il, pas en danger, mais elle ne pouvait pas faire moins pour lui.
Ryu ressortit de la chambre du malade, et regarda les montagnes, les côtes, les glaciers, le grand ciel bleu, les pierriers... Quelque part dans ce paysage spectaculaire, se cachait Bayushi Kishidayu, l'assassin de son mari !

Le soir, l'oncle put signer un témoignage écrit par Ryu, où il certifiait avoir été attaqué et où il racontait rapidement comment cela s'était passé. Il avançait à cheval, au trot sur une petite route escarpée, entre deux monticules, et soudain, son agresseur avait surgi, habillé d'une combinaison marron, poignard en main. Osamu-san avait été renversé de cheval, s'était débattu, avait réussi à se dégager du tueur, à l'envoyer rouler sur le chemin, avait dégaîné son sabre. Mais dans la lutte, il avait reçu un profond coup de lame. Le lâche, ne se sentant pas de taille face à un samuraï, avait alors pris la fuite. Blessé, Osamu-san n'avait pu engager la poursuite.
- Il s'y est pris... conclut Osamu, comme lorsqu'il a tué ton mari... Il a surgi de derrière une butte...
- Alors c'est bien lui, rugit notre Magistrate.

Samurai

Hiruya reçut le même jour les deux messages, celui de Ryu et celui d'Ayame. Il appela Iuchi Shizuka, shugenja affiliée à l'élément de l'eau, et lui ordonna de se rendre auprès de l'oncle de Ryu pour le soigner, et assister la magistrate dans son enquête, si nécessaire.
- Quant à moi, dit notre Grue, je vais me rendre à la Cité du Chêne Pâle. Il semble qu'Ayame ait du reprendre ses recherches, et je préfère me méfier. D'autant qu'elle semble avoir découvert des informations importantes.

A la cité de la source de jouvence, Ryu avait fait organiser des battues, et envoyer des messagers aux villages voisins, pour retrouver la piste de l'insaisissable Kishidayu !
On lui amena un poseur de collets, qui aurait aperçu un homme seul, cherchant à se dissimuler.
- Tu vas me mener à l'endroit où tu l'as aperçu, ordonna Ryu.
Notre Magistrate laissa son oncle, encore souffrant, et suivit l'homme, qui, dans son patois à couper au katana, lui indiqua l'orée d'un bois, perdu au beau milieu d'étendues sauvages.
- C'est là que tu l'as vu ?
- Oui, seigneur...
- C'est la route qui mène à Heibetsu, tu le sais.
- Pour sûr !
- Il partait par là ?
- J'crois ben !
- Tu peux aller.
Ryu se remit en selle et s'engagea sur le chemin. Kishidayu se dirigeait vers Heibetsu !

Notre Magistrate y arriva à la tombée du jour. Elle n'avait pas épargné son cheval, qui en aurait pour longtemps à se remettre de cette course dans les sentiers étroits !
- Ma fille...
Mirumoto Katsumi, comme chaque fois, remerciait les dieux de lui avoir ramené sa fille, pour laquelle elle se mourait d'inquiétude.
- Konnichiwa, mère. Je suis revenue en tant que Magistrate. Je viens accomplir une mission très importante.
- Par les Fortunes, que se passe t-il ? Un danger pèse sur nous ?
- Plus maintenant, je suis là.
Ryu salua sa fille, intimidée, qui reconnaissait à peine sa mère.
- Allons, embrasse ta maman, et remercie les Dragons élémentaires de l'avoir ramenée à nous.
- Ma fille, dit gravement Ryu, bientôt, je te jure que je serai là tout le temps. Mais avant, ajouta t-elle à l'intention de sa mère, il faut se confronter au passé.
Sa mère blêmit. Elle ne comprenait que trop. Ryu, en deux mots, lui expliqua ce qui était arrivé à son oncle. La pauvre Katsumi était au bord des larmes.
- N'aie crainte. Maintenant, rien ne peut arriver. Je vais dormir ici ce soir.
- Comme je suis heureuse que tu sois parmi nous. Je sais que ton bras nous protégera de tout danger.

Ryu entra dans sa chambre, là où elle avait dormi durant son enfance, avant de partir au dojo.
- A propos, dit-elle soudain, puisque je serai bientôt là pour vous protéger, il ne sera plus nécessaire de garder ce yojimbo. Il pourra considérer sa mission terminée.
- Oui, ma fille.
- Où est-il, d'ailleurs ?
- Ma foi, je crois qu'il est parti...
- Parti où ?...
Ryu, soudain, était morte d'inquiétude. Ce yojimbo osait laisser sa famille ne serait-ce qu'un instant sans surveillance ! Et c'est Katsumi-sama qui s'inquiéta aussi, en voyant sa fille pâle de fureur.
- Où est-il, mère ?
- Je crois qu'il est parti prier... Il en a bien le droit... Le pays est calme et...
- Parti prier ?... Mon oncle a failli être assassiné par l'assassin de mon mari, mère !
Mirumoto Katsumi s'effondra en sanglots.
Ryu repartit dans sa chambre, prendre son sabre. C'est alors qu'elle avisa, sur sa couche, un message qui avait été glissé au bord de la couverture. Notre Magistrate, méconnaissable d'énergie et de colère, se jeta dessus, agresssive comme un Crabe, impatiente comme Ayame. Elle lut, blême, les quelques mots qui s'y trouvaient :
"Ryu-san,
Nous avons tant à nous dire. Je t'attendrai aux temples de la Fortune des Deux Oiseaux.
K. "

Ryu se rua dehors et ordonna à un éclaireur, qui rentrait de mission, de lui céder son cheval. Il fallait le voir pour le croire, et la Magistrature d'Emeraude ne l'aurait pas cru, que Ryu puisse être si vive et si explosive comme de la poudre gaijin !
Le Temple des deux Oiseaux : celui où Nahoko et la Grue Noire s'étaient réfugiés. Il avait été reconstruit grâce aux braves villageois et aux bras du ronin Sotan... Et maintenant, c'est là que Ryu allait retrouver le samuraï qu'elle cherchait depuis plus de quatre ans, celui à cause duquel elle avait renoncé à une vie paisible de mère de famille pour devenir une guerrière !
Notre Magistrate chevaucha à brides abattues, sur le chemin de poussière. Le cheval, à bout de forces, crachait et ruait. Ryu descendit promptement de selle, flanqua une bonne fessée sur le derrière de la bête, qui s'en alla boire au ruisseau le plus proche.
La nuit était presque tombée. Les ombres étaient très longues, sur la terre rougeâtre. La fraîcheur du soir montait, et la pénombre envahissait la voûte céleste ; les grands vents soufflaient sur les hautes prairies d'herbe.
Ryu, elle aussi à bout de souffle, se tenait prêt à dégaîner.
- Où es-tu ? cria t-elle, et son cri se perdit dans le lointain.
Elle ne se maîtrisait plus. Elle était hors de ses gonds.

Elle se retourna et vit qu'un samuraï s'était approché, la main sur son sabre. Il venait de derrière une butte.
- Kishidayu, murmura Ryu, d'une voix chargée de quatre années d'amertume, de desespoir, de douleur et d'attente.
C'était bien le yojimbo de sa mère et de sa fille.


A suivre...Samurai
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#13
Domo arigatoChinese


Quote:Hiruya ! Encore lui !
Quote:Ryu ! encore elle !

:na_tac:

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#14
tu es laide!!!!!!

redaface2
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#15
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

Les portes de la Cité du Chêne Pâle s’ouvrirent pour laisser passer le Magistrat d’Émeraude et sa petite escorte.
- C’est un honneur pour nous, Kakita Hiruya-sama, de vous accueillir chez nous.
Le Magistrat descendit de cheval et se fit conduire au palais, où il put saluer Isawa Masanaga qui traitait des affaires courantes avec ses magstrats. Les deux hommes appréciaient ces retrouvailles.
- Ce qui m’amène de nouveau dans votre ville est une requête de mon assistante.
- Oui, Isawa Ayame est arrivée dans la Cité quand j’en étais absent. On me dit qu’elle a passé son temps dans les bibliothèques.
- Les temps ne changent pas tant que nous pensions, soupira Hiruya.
Comme on parlait d’elle, Ayame fut annoncée et entra. Elle était fébrile. Le visage fermée, elle était inquiétante à voir. On la sentait possédée par sa passion de connaître. Ni Masanaga ni Hiruya ne supportaient de la voir ainsi, mais ils ne pouvaient non plus exprimer clairement un reproche. Ce n’était pas une dépendance évidente, comme celle qu’elle avait eu à l’opium.
- Bien, dit le seigneur Phénix, puisque vous êtes sur une enquête importante, je ne vous retiendrai pas pour des formalités. Puissent les divinités de notre Cité vous protéger.
- Elles nous assisterons dans nos recherches, j’en suis certain, dit Hiruya.

Les deux Magistrats ressortirent. Une fois dans le couloir, Hiruya s’enquit des résultats obtenus par Ayame. Celle-ci la mit au courant de ce qu’elle avait découvert.
- Ce qui, je pense, justifie que nous nous rendions chez ce Gempachi.
- Entendu, dit Hiruya. Je vous y accompagne.
La shugenja se mordit la lèvre : la guigne ! Ikky n’était pas mécontente de la venue de Hiruya : avec lui, Ayame serait obligée de se contenir.

Le voyage dura deux petites journées. Le vent du printemps soufflait sur les côtes, depuis le grand océan houleux. Nos héros retrouvèrent le chemin qui menait à la cabane du pêcheur. Sa bicoque s’était agrandie et il y avait plusieurs beaux poissons qui séchaient dans le jardin.
Les trois Magistrats mirent pied à terre et passèrent la barrière. Gempachi, du riz plein la bouche, se précipita au-dehors et tomba à genoux devant ces hauts personnages qui foulaient le pied de son domicile.
- Finis ta bouchée, ordonna Ikky, car tu vas devoir répondre à quelques questions.
- Que désirent vos seigneuries magnifiques ?
- Laisse-là tes compliments, coupa Hiruya. Dis-nous plutôt ce que tu penses de ce plan.
Notre Magistrat lui mit sous le nez le papier trouvé par Ayame. Gempachi blêmit :
- Ce... cela semble bien indiquer ma modeste demeure.
- A propos, dit Ikky en passant derrière le pêcheur, elle est sûre, cette « modeste demeure » ? Plus de démon ?...
- Non, rien, rien... Elle a même été bénie par un moine de la cité voisine...
- Plus de créatures maudites ? Hein Gempachi ?...
- Peut-être, de temps à autre, des gens qui veulent partir en mer, dit Ayame.
- Comment ça ?
- Des gens qui louent ton embarcation pour aller pêcher du gros poisson, reprit la yojimbo.
- Je ne comprends pas, balbutia Gempachi, qui mentait mal.
- Ça suffit, dit Hiruya, tu vas nous dire ce que tu sais.
Gempachi voulut se débattre mais Ikky l’attrapa par les épaules et le fit asseoir sur son tatami.
Hiruya s’assit devant lui, pendant qu’Ikky restait debout derrière lui et qu’Ayame fouillait sans ménagement la demeure.
- Nous savons que tu fais passer des gens, Gempachi. Nous avons perdu du temps, la dernière fois, avec cette saleté de malédiction. Et nous avons été plutôt occupés, depuis cet hiver-là. Cependant, aujourd’hui, nous avons notre temps.
- Alors tu as intérêt à te délier la langue, dit Ikky en lui serrant les épaules dans sa poigne.
- Pitié, pitié...
- Il n’y aura pitié que si tu parles...
- C’est vrai que je fais passer des gens...
- Ils te payent cher ?
A ce moment, Ayame renversa un pot en terre, qui se brisa et laissa s’échapper quelques belle pièces. La shugenja les compta rapidement :
- Il y en a pour près de quatre kokus.
- Quatre ? Autant pour un pauvre pêcheur... Alors, dis-nous où tu emmènes ceux que tu fais passer ?
- Je ne fais qu’utiliser ma barque. Je les emmène en mer, au large. Là-bas, un grand bateau attend. Je laisse mes passagers au moment où ils grimpent à l’échelle. On me descend au bout d’une corde un sac avec mon argent. C’est tout. Je ne suis jamais monté à bord de ce navire.
- Il n’a pas de marque de clan, bien sûr.
- Non, seigneur Magistrat.
- Essaie de nous le décrire.
Gempachi bredouilla, en s’accompagnant de gestes, une vague description du navire. Mais pour nos héros qui ne s’y connaissaient presque pas, ce fut inutile.
- Donc, tu as fait passer du monde. Parmi lesquels ces deux personnes...
Hiruya montra un portrait de Nahoko.
- Oui, c’est vrai...
- Et d’un samuraï masqué, n’est-ce pas ?
- Oui, c’est vrai.
- De quand date la dernière fois où ils ont fait appel à tes services ?
- C’était pendant l’hiver...
- Sois plus précis.
- Ils avaient besoin de revenir sur le continent.
- Tu es donc allé les chercher en mer ?
- Oui.
- Ils étaient à bord de leur navire ?
- Oui, toujours le même. Ils sont descendus et je les ai amenés à terre avec ma barque.
- Quand était-ce ?
Gempachi se creusa la mémoire, aidé par une claque d’Ikky.
- Oui, je me souviens, maintenant ! C’était au mois du Chien !
- C’était peu avant que nous ne nous « occupions » de la famille Soshi, dit Ayame.
- Oui, je dirais même, fit Hiruya, un peu avant une rencontre nocturne que tu as faite, Ayame-san, avec cette shugenja que nous cherchons.
La shugenja toussota.
- Bon, je suppose que nous avons ce que nous voulions, dit Hiruya.
- Peut-être qu’il en sait plus, grogna Ikky.
- Oui, dit Hiruya en se relevant, peut-être que Gempachi fait passer d’autres personnes ou qu’il a organisé d’autres petits trafics, mais cela ne nous concerne plus. N’est-ce pas, Gempachi ?... Tes autres « clients » ne sont pas aussi louches que la shugenja et le samuraï masqué ?
- Oh non, oh non, magistrat !
- Et combien y en a-t-il ? Fit Ikky.
- Allons, peu importe, sourit Hiruya. Laissons ce malheureux tranquille et rentrons chez le seigneur Isawa Masanaga.
- Désolé pour la casse, dit Ayame.
Nos Magistrats laissèrent là le pauvre Gempachi, devant sa petite maison perdue au milieu de la lande, au bord des falaises du grand océan.

Samurai

Mirumoto Ryu descendait le pierrier pas à pas. Elle tenait fermement son cheval qui se prenait les sabots dans les grosses pierres, qui parfois se mettaient à rouler le lent de la grande pente, et tombaient de la falaise pour aller rouler dans le torrent.
Elle vit accourir à elle de solides montagnards du village, qui s’occupèrent de son cheval pendant qu’elle terminait sa descente.
- Merci de votre aide. Quoi de nouveau ? Un shugenja est-il arrivé ?
- Non, puissant Magistrat. En revanche, votre oncle est reparti.
- Quoi ?
Ryu courut au village, à la maison où son oncle était soigné.
- Nous vous l’avons dit, seigneur, il est parti.
- Il y a combien de temps ?
- Hier.
- Mais il n’était pas en état de marcher.
- C’est-ce que notre médecin lui a dit, seigneur ! Mais il n’a pas voulu nous écouter. Il avait encore de la peine à marcher.
- Pourquoi l’avez-vous laissé partir ?
Mais Ryu n’écouta pas la réponse. Des gens du peuple ne pouvaient bien sûr pas s’opposer à la volonté d’un samuraï.
Son oncle était parti. Kishidayu ne s’était pas trompé.

Deux jours plus tôt, au coucher du soleil, Ryu accourait donc aux temples des deux oiseaux. Elle voyait le yojimbo de sa mère sortir de derrière les rochers.
- C’était toi, toi, Kishidayu...
- C'est bien moi...
- Pourquoi ?... pourquoi ?...
Ryu ne savait par où commencer. Elle voulait tant savoir, et était si pressée d'en finir.
- Commençons par le début, si tu veux, Ryu-san...
- Vide ton sac.
- Voici. Quand tu as demandé un yojimbo pour ta famille, Ryu-san, ma famille s’est arrangée pour le capturer, sur la route entre Yamasura et Heibetsu. Il y a tant de régions désertes, où l’on peut agir sans témoin. J’ai alors pris sa place. Et depuis ce temps, c’est bien moi qui protège ta famille.
- Comment avez-vous su ?...
- Mon clan surveille tous les autres clans, Ryu, tu le sais. Et la tâche était presque plus facile quand nous étions des rônins. Tu as d’ailleurs combattu quelques-uns de mes compagnons, dans ces montagnes.
- Ils avaient enlevé des enfants...
- C’est de l’histoire ancienne maintenant.
- Et que vas-tu faire aujourd’hui ?
- Nous avons à parler, Ryu-san. Accepte de m’écouter, puisque tu me cherches depuis si longtemps.
Ce Kishidayu avait une petite trentaine d’années. Il était robuste sans être rustre ; il était bien fait de sa personne, son corps entretenu par des exercices physiques réguliers et une alimentation saine. Dans sa tenue de samuraï Mirumoto, ce traître n’avait pas une tête de traître, justement. Il avait une allure de gendre idéal.
- Ecoute, Ryu, si je te voulais tant de mal, je n’aurais pas eu de mal à te faire chanter... Pourtant, chacun pourra témoigner que je n’ai pas failli à ma mission de protéger ta mère et ta fille.
- Ce n’était pas ta mission !
Rétrospectivement, Ryu était effrayée en pensant à ce misérable Scorpion, qui aurait pu, n’importe quand, faire du mal aux deux femmes que Ryu chérissait.
- Pourquoi avoir usurpé ce rôle de yojimbo ?
- C’est simple, Ryu-san. Je voulais savoir qui diffamait mon nom, en prétendant que j’avais assassiné des gens de ta famille.
- Quoi ?
Pâle de fureur, notre Magistrate se serait jetée aveuglément, les sabres au clair, sur son ennemi juré. Celui-ci recula d’un pas et mit sa main sur la garde.
- Écoute-moi, Ryu-san, car les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être...
- C’est vous qui êtes tous des traîtres !
- Cette fois-ci, c’est différent. Je te dis que je n’ai pas tué ton mari ! Je me suis infiltré dans ton clan, sur ordre de ma famille, pour savoir qui m’accusait !
- Tu mens ! Tout le monde accuse les Scorpions ! Vous faites tout pour !
- Cette fois, c’était différent ! Écoute-moi... C’est vrai que nous ne nous renseignons pas chaque fois qu’on nous accuse... Nous n’en finirions pas. Seulement, l’affaire était un peu plus grave. On m’accusait, moi, Bayushi Kishidayu, d’avoir tué un samuraï Matsu qui venait d’épouser une samuraï Mirumoto. De par les coutumes particulières de la famille Matsu, c’était à ce samuraï de prendre le nom de sa femme. Donc mon nom était mis en cause autant par le clan du Dragon que par celui du Lion. Ce qui commençait à être trop pour un seul homme.
- Tu vas me dire que tu défendais ton honneur, peut-être ? Mais les Scorpions n’en ont pas !
- Attends... Si mon clan n’avait pas été déchu, je me serais battu en duel contre mes accusateurs, je pense. C’est-à-dire contre ta belle-famille, des Matsu. Mais avec la déchéance de mon clan, je n’étais plus qu’un rônin. Alors l’occasion était trop bonne d’essayer de comprendre.
- Tu mens ! Mon oncle t’a reconnu !
- Ton oncle ? sourit le Scorpion. Il prétend m’avoir reconnu lors de cette attaque. Mais le fait est qu’il ne m’a pas reconnu depuis que je suis le yojimbo de ta famille.
- Tu étais déguisé et masqué pendant l’attaque !
- Allons, Ryu-san, il m’est arrivé de porter un masque, en tant que Dragon. Ton oncle aurait fini par me reconnaître. Il est venu très souvent chez ta mère, ces dernières années. J’ai parlé avec lui.
- Tu as bien joué ton rôle !
- Non, Ryu. La réalité est plus simple : ton oncle ne m’a pas reconnu, pour la bonne et simple raison que ce n’est pas moi qui ai tué ton père et ton mari, et que c’est ton oncle qui a pris un nom de Scorpion au hasard, parce que nous sommes les coupables tout désignés ! Voilà la vérité !
- Non !
- Tu devras finir par l’admettre, Ryu-san. Depuis quatre ans, tu poursuis un samuraï innocent. Ton oncle t’a trompé... Et pire encore : je pense que c’est lui qui a tué ton mari !
- Non !
Ryu recula, terrifiée par ces paroles. Elle ne pouvait croire qu’elle s’était trompée... Tout ce temps, ces années... Ces années passer à haïr, jour après jour, le meurtrier de son mari.
- Écoute, si j’étais coupable, j’aurais aussi bien pu te tuer dans ton sommeil, chez toi. J’aurais pu tuer ton oncle. J’aurais même pu ne pas venir à Heibetsu, et tu n’aurais jamais pu me retrouver !
Ryu ne savait plus que dire.
- Seulement, les Scorpions sont curieux. Et nous voulons savoir ce qui se trame. Et nous sommes patients. Mais je crois que nous allons bientôt connaître la vérité.
« Je te propose ceci. Et je crois que ce sera conforme à l’honneur. Nous allons voir ton oncle. Nous nous expliquerons, devant toi, et tu arbitreras notre rencontre. Si nécessaire, nous nous battrons, et les armes décideront pour nous. Et d’ailleurs, tu peux même me livrer dès maintenant à la justice de ton clan. Et ma famille sera prête à vous aider dans votre enquête. Je suis certain que ton seigneur, le puissant Mirumoto Akuma, sera impatient de faire la lumière sur cette affaire...

Ryu ne se souvenait plus bien comment la discussion s’était finie. Avait-elle été victime du charme vénéneux du Scorpion ? Kishidayu avait dit qu’il resterait au temple jusqu’au retour de la Magistrate, à prier. Ryu était revenue à Heibetsu, et avait glissé aux soldats du village la consigne de bien surveiller sa maison. Elle n’avait encore rien dit ni à Akuma-sama, ni à son capitaine, Taro-san.

Et en arrivant au village de la source de jouvence, l’oncle avait disparu. Accablée, Ryu y passa la nuit. Le lendemain matin, arrivait Iuchi Shizuka. Ryu, bouleversée, n’avait presque pas dormi de la nuit. C’est à peine si la shugenja Licore la reconnut. Stoïque, notre Magistrate Dragon dissimulait de son mieux sa douleur. Toujours douce et prévenante, mais également pragmatique, Shizuka préféra ne rien demander pour le moment.
Ryu n’avait pas oublié les dernières paroles de Kishidayu, ce qui avait achevé de jeter le trouble dans son esprit.
- J’ai bel et bien rencontré ton oncle sur la route, à la sortie de Heibetsu. Je savais qu’il partait te rejoindre chez les Phénix. Je sentais donc le moment venu. Alors j’ai proposé de l’escorter un bout de chemin, en tant que yojimbo Mirumoto. Je l’ai laissé sur la route. Je me suis éloigné. Puis je me suis changé en samuraï Bayushi. J’ai contourné le chemin qu’il prenait.
« Au bord d’un ruisseau, j’ai vu qu’il faisait étape pour déjeuner Alors je suis descendu très vite, par les bois et dans l’après-midi, je me suis arrangé pour le croiser, comme si je montais depuis les vallées du Phénix. Et j’étais sous mon apparence de Scorpion.
« Il a semblé étonné qu’un membre de mon clan se trouve sur cette route. Mais je peux jurer qu’il ne m’a pas reconnu, alors que j’avais mon masque. Il n’a pas reconu non plus le yojimbo de sa belle-sÅ“ur. Nous nous sommes salués, et quand je lui ai dit mon nom, il n’a pas tiqué sur le moment. Néanmoins, je crois qu’il n’a pas tardé à comprendre. Il s’est éloigné sans rien dire, vers la frontière. Moi je revenais vers Heibetsu. Et c’est en fin de journée que j’ai vu monter à moi des guerriers armés. Sans marque de clan. Certains avec des têtes de sales étrangers ! Et ton oncle était à leur tête ! J’en ai expédie plusieurs dans le torrent. Et j’ai réussi à blesser ton oncle, pas loin du village de la source de jouvence. »

Ryu avait la tête qui tournait. Qu’est-ce que cela prouvait ? L’oncle, selon le Scorpion, avait attendu pour attaquer Kishidayu. Mais quoi de plus normal ? On ne s’attaque pas seul à un assassin.
Ryu ne savait plus qui croire. Il lui tardait trop de retrouver son oncle. Et il fallait bien qu’elle s’explique un peu à Shizuka.
- Nous devons retourner à Heibetsu, annonça-t-elle. Je dois voir le seigneur Akuma, j’ai un grand nombre de choses à lui raconter.

Samurai

Mirumoto Akuma, dont le cri pouvait égaler le grondement du tonnerre, et provoquer des avalanches dans les vallées lointaines, faillit s’étrangler de fureur. A genoux devant lu, Ryu achevait son récit. Et la shugenja Licorne était pâle, puisqu’elle venait aussi d’apprendre ce qui s’était passé avec Kishidayu.
Aux côté de son seigneur, le capitaine Taro avait aussi du mal à en croire ses oreilles.
- Il est évident que ce Scorpion a essayé de vous abuser par ses paroles, dit le capitaine.
- Parfaitement, rugit Akuma-sama.
- Peut-être, mais cette affaire n’est pas claire, dit Ryu. Car il se trouve que Mirumoto Osamu n’est plus là. Et je dois lui parler.
- Cet homme, Ryu-san, est ton oncle ! Et tu oses mettre sa parole en balance avec celle d’un misérable Scorpion !
- Je dois servir l’Empereur avant tout. Chaque samuraï doit être entendu.
Ryu s’était relevée, fièrement. Elle n’était plus la petite bushi qui doit courber la nuque et obéir sans discuter. Elle était devenue Magistrate d’Émeraude et pouvait soutenir le regard de son seigneur. Elle avait son mot à dire.
Accablé, Akuma-sama ne pouvait rien répliquer. L’action de la Magistrature prenait le pas sur la justice locale.
- Je vais écrire à Hiruya-sama, dit Ryu.
Elle salua et tourna les talons. Iuchi Shizuka se releva et suivit la Dragon

Notre Magistrate rédigea sa lettre à son Magistrat, puis laissa par écrit ses instructions concernant Kishidayu.
- Voici, dit-elle au capitaine Taro. A l’heure qu’il est, Bayushi Kishidayu est au temple des Oiseaux. Je demande qu’il y reste, sous surveillance. Qu’on ne s’en prenne pas à lui, mais qu’on ne lui permette pas de quitter le temple.
Et Taro-san n’avait qu’à obéir à la Magistrate !
Pour elle et Shizuka, l’heure était venue de rentrer à la Cité du Repos Confiant. Akuma-sama avait lancé des patrouilles à la recherche de son oncle. Un homme blessé ne pourrait pas échapper longtemps aux recherches.


A suivre...Samurai
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#16
Eh eh owned la Ryu comme on dit chez nousSwann
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#17
La suite dans 15 jours.
Et le Vent des Dieux soufflera plus fort que jamais, emmenant nos héros au bout de leur destinée...ayame
Samurai
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#18
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

Résumé : Ryu a retrouvé Kishidayu à Heibetsu. Celui-ci n'était autre que le garde du corps de sa mère et sa fille. Le Scorpion affirme que le traître est l'oncle de Ryu. Celle-ci hésite à le croire. Elle ordonne que Kishidayu soit placé sous surveillance. L'oncle reste introuvable.
Pendant ce temps, Hiruya, Ayame et Ikky se rendent chez le pêcheur Gempachi. Ils lui font avouer qu'il sert de passeur clandestin, et qu'il a transporté au moins deux fois Nahoko et la Grue Noire...



De retour de chez Gempachi, les Magistrats trouvèrent, à la Cité du Chêne Pâle, un message envoyé par Ryu, les informant de la situation : les révélations de Kishidayu, la fuite de son oncle. Nos Magistrats en restèrent quelque peu dubitatifs, mettant ces histoires sur le compte de la légendaire étrangeté Dragon. Hiruya fit toutefois son rapport à Miya Katsu, en signalant cette disparition de Mirumoto Osamu, l'oncle, et l'implication de Gempachi. Mais au service de qui était la Grue Noire, pour s'allier avec Nahoko, et avoir vbulu la destruction de la secte du Condor ?...
- Ces histoires sont bien complexes, fit Katsu qui, bien qu'habitué à ce genre d'affaires, n'avait jamais soulevé un pareil sac de noeuds. Toutefois, je vais devoir vous distraire de ces recherches, fit-il solennel.
Surpris, Hiruya écouta.
- Des mouvements de troupe nous ont été signalés, au nord de cette Cité, en votre absence. Je dis au nord, et même à la pointe nord, aux frontières de notre Empire. Vous savez que les pays yobanjin ne sont guère qu'à deux ou trois jours de montagne d'ici.
- Oui, Katsu-sama.
Hiruya se souvenait encore d'avoir vaillamment repoussé une attaque de ces brutes hirsutes de yobanjin, l'année passée.
- En tant que Magistrat d'Emeraude, il est de votre devoir d'aller à la rencontre de cette armée. Savoir qui ils sont.
- Les yobanjin menaceraient-ils nos frontières ?
- Les observateurs de la famille Shiba ne connaissent pas cette troupe. Ce ne sont donc pas ces barbares là. Peut-être bien d'autres, venus de plus loin encore, des profondeurs des Sables Brûlants, qui sait ? Quoi qu'il en soit, il faut prendre contact avec eux.
- Des troupes de l'Outremonde ?
- Non. Les shugenja n'ont pas senti approcher une telle présence maléfique. Sachez que le message nous est envoyé avec le paraphe du taisa Shinjo Morito.
- Les Licornes ?
- Oui, le clan de la Ki-Rin est venu en aide aux Phénix, depuis plusieurs mois. Ils ont repoussé ensemble des armées de l'Outremonde. Depuis, bien que les combats se fassent moins violents, les Licornes surveillent les frontières du Phénix. C'est ce Shinjo Morito qui est à la tête de la troupe qui a pris ses quartiers sur les frontières.
- Il faut bien être Licorne pour s'installer dans une telle région.
- Certes. Le fait est que même les Licornes ne savent pas bien qui sont ces étrangers.
- Alors ils doivent venir de loin. Nous allons vraiment au-devant de l'inconnu.
- Les samuraï de l'Empereur n'ont que des amis ou des ennemis. Il suffit de savoir de quel côté se situent ces inconnus.
- Nous partons en fin de journée, Katsu-sama.

Hiruya mit en branle sa troupe. Bagages, vivres, montures... Quand le Magistrat s'y mettait, il fallait remuer ciel et terre pour satisfaire ses quatre volontés. Les deux Phénix, fatiguées d'avance, soupirèrent à l'idée de repartir déjà. Voilà qu'on allait traîner les pieds dans les sables barbares ! Ayame se disait que le sort s'acharnait sur elle pour la distraire de ses vraies recherches essentielles !... Elle ne parvenait pas à reconstituer ses documents perdus. Et plus le temps passait, et plus ses souvenirs s'effaçaient, comme des signes dans le sable...

Samurai

Ayame toussait. Une nouvelle rafale de vent venait de soulever de larges tourbillons de sable.
- Zakennayp, toussa Shigeru, que les kamis de l'Air nous viennent en aide, ou nous allons étouffer !
Depuis deux jours, tout le monde avait eu le temps de manger de la poussière.

Sur de hauts plateaux rocheux, une importante armée Licorne manoeuvrait. C'était les couleurs du capitaine Shinjo Morito. Ils avaient établi un camp sur ces régions désertes, comme si, partout où soufflait le vent, les Licornes pouvaient se considérer chez eux, eux les habitants du voyage.
La Magistrature d'Emeraude s'approcha. Le Crabe passa le premier.
- Au nom de Kakita Hiruya-sama, représentant de l'Empereur !...
Le taisa Licorne arriva à cheval, entouré de deux officiers :
- Mon nom est Shinjo Morito, serviteur du Maître des Quatre-Vents, Shinjo Yokatsu, champion des Licornes. Je suis honoré de votre arrivée, samuraï.
- Quelle est cette menace dont tu parles dans ton message, Morito-san ?...
- Voyez plutôt là-haut, samuraï !
Morito désignait le haut de la crête rocheuse, sous le soleil de midi. Des centaines de silhouettes de cavaliers s'y tenaient, noirs dans la lumière.
- L'Outremonde, ici ?...
- Non, je ne pense pas...
Shinjo Kohei et Bayushi Bokkai s'étaient portés à l'avant de la troupe. Le Licorne sortit sa lunette de visée :
- Teyandee, voilà bien d'étranges particuliers.
La troupe de cavaliers, forte d'une centaine de membres, resta sur la crète, elle aussi regardant les samuraï, puis disparut dans les terres gaijin.
- Etrange, fit Kohei, qui avait une petite idée sur la question...

Le Licorne rangea sa lunette et salua Shinjo Morito. Il connaissait ce capitaine de réputation. Il avait déjà eu une vie mouvementée. Né Otaku Morito, il enviait les femmes de son clan, les célèbres Vierges de Bataille, qui seules avaient droit de chevaucher sur les prestigieuses montures du clan. Un soir, Morito, malgré l'interdit formel faite aux hommes, s'approcha des écuries et tenta de monter sur un des chevaux. L'animal, rétif, s'agita, rua, s'énerva et s'affola pour de bon. Morito fut jeté à bas, et la pauvre bête, dans sa colère, se fit mal à la patte. Ses cris alertèrent le seigneur Otaku Kojiro, maître des étables de la famille. Morito était pris sur le fait : il avait bravé les lois de sa famille.
La jambe du cheval était cassée. Elle put éviter l'amputation, mais elle finirait sa vie à brouter dans un champ reculé, n'étant plus capable de supporter un cavalier.
Quant à Otaku Morito, il fut banni de son clan. Il vécut la vie des rônins, en compagnie de son frère Tokei, qui l'avait rejoint dans sa déchéance : au courant des projets de Morito, il n'avait su le faire renoncer. Les deux frères partirent sur les routes. Durant la guerre, il fut accepté à nouveau dans son clan, accueilli par la famille Shinjo. Le cas était relativement exceptionnel, mais n'aurait pu se produire que chez les Licornes, ceux-ci ayant une attitude moins stricte envers les rônins.
Quant à Tokei, il ne revint pas dans le clan. A la place, il devint disciple du célèbre Naka Kuro, le plus grand magicien que l'Empire ait jamais connu.

- Ton avis, Kohei ? demanda Hiruya.
- Sans nul doute des gaijins. Des gaijins un peu particuliers, ceci dit...
- Explique-toi.
- Je pense que Shinjo Morito partagera mon avis. Je dirai qu'il s'agit de lointains cousins à nous, qui ne vivent pas dans l'Empire, mais dans les Sables.
- Ce sont bien des gaijin alors.
- A moitié, Hiruya-san. A moitié seulement. Je les ai rencontrés, il y a longtemps de cela...
- Ah, je vois, dit le Magistrat. Lors de ce long voyage...
- Oui, c'est cela...
Kohei sentit une grande nostalgie l'envahir. Comme il y avait longtemps, déjà, qu'il était parti, avec son père et ses deux frères, vers la lointaine cité de Medinat Al'Salaam, la perle du désert...

Mais il n'eut pas le temps de se plonger dans ses souvenirs. Les vents du nord se mirent à tourbillonner de plus en plus fort sous le grand soleil jaune. Ils se précipitèrent en hurlant sur Isawa Ayame, et l'entourèrent comme un manteau. Le cheval de la shugenja se cabra, tandis que mille esprits venaient faire entendre leur voix, pour Ayame seule !
- Quel prodige, dit Shigeru.
Bokkai haussa les épaules : encore de la magie épatante des Phénix ! Trop visible ! De la poudre aux yeux !

- Ton devoir est accompli, disaient les voix innombrables qui circulaient autour d'Ayame. Tu as détruit la Chose qui rampe dans la nuit... Mais cela signifie... que ton destin ne t'appartient plus... Que serait un mortel sans devoir ?... Tu les dois les aider, eux... ces étrangers à ton monde... si semblables pourtant... Ils connaissent notre puissance, à nous les fils des grands vents... Vous saurez parler le même langage... Car eux aussi ont leur place dans la roue de l'Ordre Céleste... parmi les dix milles créatures... Il y a un homme qui a tout perdu... un homme de ta caste... qui partira à Otosan Uchi... il aura besoin de toi...
Sur le moment, Ayame ne comprit pas tout, mais elle savait qu'il en allait ainsi avec les esprits du vent ! Elle espérait que, contrairement à ce qui s'était passé à Heibetsu, des démons ne s'étaient pas glissés dans ces voix, pour la détourner du droit chemin. Mais avec la destruction de Nahoko, les kamikaze devaient avoir trouvé la pureté, car la Chose était morte dans Morikage Toshi...
- Par Shiba, impressionnant, s'exclama Ikky.
Les esprits se dispersèrent, et tout le monde regardait -pour une fois- Ayame avec une admiration certaine.

Samurai

Isawa Ayame ne se fit pas prier. Avec les esprits du vent, qui restaient sa seule raison de vivre, on ne plaisantait pas ! Elle retransmit aussi fidélement que possible le message apporté par les cieux.
- Les esprits du Vent, dit Hiruya, nous encouragent donc à parler à ces cavaliers. Tant mieux, il s'agit de la mission confiée par Miya Katsu !
Si tout le monde dans l'Ordre Céleste, magistrats et divinités, étaient d'accord, on n'allait pas se plaindre.
Ayame parla ensuite du samuraï en route pour Otosan Uchi :
- Un homme de notre caste, mais déchu. Autrement dit, un rônin. Et nous ne connaissons pas deux rônins. Qu'est devenu Riobe ?
- Ma foi, dit Bokkai, alors que vous étiez parti sur la côte, il a décidé de poursuivre son chemin seul. Nous ayant aidé contre Nahoko, il a estimé ses devoirs envers nous remplis. Je ne pouvais pas le retenir.
- Non, surtout toi, dit Hiruya. Où est-il parti ?
- Vers la Cité de la Forêt des Ombres. Vous vous souvenez qu'il a tiqué au nom de Shosuro Emmon. Je sais qu'il veut le retrouver. Sans trop m'avancer, je dirais qu'il hait à mort cette personne.
- L'imprudent, dit Ikky. Il ne sait pas qui est cet Emmon. Il est dangereux.
- Personne ici ne dira le contraire, dit Bokkai. C'est un maître des intrigues, de la tromperie, du double-jeu... Bref, un vrai modèle pour tous les gens de mon clan !
- Nous avons une mission officielle, dit Hiruya. Il est regrettable que nous ne puissions avertir Riobe. Cependant, Bokkai, tu as dit qu'il était en route pour la Cité de la Forêt des Ombres...
- Oui, puisque c'est là-bas que réside, ou que résidait, Emmon-san...
- Mais il ne se rend pas à Otosan Uchi ?
- Apparemment, non.
- Donc peut-être que ce n'est pas à lui que les kamikaze faisaient référence...
- Mais qui alors ?
- Je l'ignore, dit Ayame. Mais chaque chose en son temps. Commençons par ces "barbares".
- Le soir tombe, dit Hiruya. Nous profiterons de l'hospitalité de Morito-san pour ce soir. Demain, Ayame, Ikky et Kohei viendront avec moi, à la recherche de cette troupe.
Tout le monde approuva.

A suivre...Samurai
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#19
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

Le soleil ne paraissait pas encore à l'horizon, quand les quatre samuraï enfourchèrent leurs montures. Le camp de Shinjo Morito dormait encore. La nuit avait été glaciale, mais la journée serait une fournaise.
Le désert était encore bleu foncé, et c'était un monde immense et silencieux, paisible comme un jardin. Les traces des cavaliers de la veille avaient disparu pendant la nuit, mais le vent se mit à souffler, un vent au son rauque, qui entoura nos samuraï. Ayame s'arrêta pour écouter les voix qui chantaient dans cette multitude et elle dit :
- Je sais la direction que nous devons suivre. Par là-bas, en direction de ces pierres.
La shugenja désignait un monument taillé par on ne sait quelles créatures des Sables : deux gros blocs de pierre en forme de cornes recourbées. hautes chacune comme trois hommes. Elles formaient un passage ouvrant sur l'immensité de la mer de dune.
Nos héros n'étaient plus qu'à quelques pas de cheval de cette porte que le vent se mit à souffler contre eux en rafales. Les chevaux se cabrèrent et Kohei conseilla à tout le monde de reculer. Le souffle devint encore plus violent, soulevant le sable en des vagues et spirales qui cernèrent les deux cornes.
Alors, on vit une grande lumière apparaître parmi le vent, et des cavaliers surgirent des tourbillons magiques, venus de nulle part, et se reçurent souplement devant les samuraï d'Emeraude.
Ils étaient une dizaine, qui se groupèrent aussitôt, tandis que le vent retombait. De visage, ils étaient Rokugani mais leurs accoutrements étaient vraiment barbares : des vêtements aux couleurs chatoyantes et bizarres, de grands sabres, des casques à cornes, des poils hirsutes...
Le gaijin au centre de la troupe s'adressa directement à Kohei.
- Ils disent reconnaître en moi un lointain cousin, traduisit ce dernier. Ils sont au courant de notre venue... Les esprits de l'Air les ont avertis... On peut les suivre en confiance... Nous allons rencontrer leur maître...
- Dis-leur que nous sommes venus pour cela, déclara Hiruya. Et que nous venons sur ordre de l'Empereur en personne !
Kohei répondit, dans la langue de ces gaijins.
- Décidément, songea Ayame, ces Licornes sont vraiment des barbares. Ils parlent le même langage que leurs chevaux... Mais ils doivent connaître des secrets intéressants...Swann

Le vent se remit à souffler et la grande lumière réapparut entre les Cornes. Les gaijins sautèrent et disparurent dans le tourbillon. Nos samuraï hésitèrent un instant ; Kohei sauta le premier et les autres suvirent.

Ils fermèrent les yeux quelques instants, le vent cinglant autour d'eux. Ils étaient aveuglés par mille soleils. Puis soudain, le calme plat. Ils purent rouvrir les yeux. Les bêtes étaient nerveuses, mais elles marchaient sur un sol en dur. On était au beau milieu du désert, dans un paysage très différent de celui des frontières : le sable tirait sur le marron. On ne voyait plus les Cornes, et on se trouvait dans un petit cirque entouré de hautes pierres tranchantes.
- Un sort de téléportation, dit Ayame. Ces Barbares nous sortent le grand jeu. Reste à savoir quelle distance nous avons parcourue !
Les gaijins attendaient nos héros en buvant à leurs gourdes en peau de bête. Ils ricanaient de voir la surprise de ces Rokugani, la coiffure défaite et les vêtements froissés. Mais ils riaient comme de gros barbares, sans véritable méchanceté.
On descendit vers un grand village formé de larges tentes circulaires. Un samuraï n'ayant jamais voyagé sur les terres Shinjo aurait pu croire qu'il s'y trouvait. Mais Hiruya, Ikky et Ayame trouvait cet endroit encore plus barbare que les campements Licornes !
- Comme ces chevaux sont laids, pensa Ayame.
Les bêtes qu'elle découvrait avait en effet deux grosses bosses sur le dos, des jambes maigres, un long cou, et une mine franchement dédaigneuse, avec leurs lèvres qui se tordaient quand elles mastiquaient.
Nos héros mirent pied à terre. Ils étaient l'objet d'attention de tout le village. Les tentes logeaient des familles, sur le seuil de leur habitat, qui regardaient ces étrangers arrivaient. Il y avait aussi des créatures à la peau complétement noires, enchaînées au cou et aux chevilles, qui devaient servir d'esclaves.
Au centre du village, une tente plus grande que les autres, à l'entrée ornée d'une énorme tête de buffle. Deux forts soldats la gardaient. Le village s'était figé au passage de nos héros, mais l'activité reprenait peu à peu, maintenant qu'on ouvrait deux lourds tissus pour les laisser entrer.
Ayame jeta un dernier regard aux chevaux bizarres.
"Ils sont à nos poneys ce que les Licornes sont aux vrais samuraï", voilà ce qu'en aurait dit Isawa Kogin !

Samurai

Avant qu'ils n'arrivent au village, Kohei avait eu le temps de glisser quelques mots d'explication à nos héros.
- Ce n'est pas seulement une tribu de barbares. Il s'agit de l'armée du Khan...
- Le Khan ?
- C'est comme si nous disions : le daimyo. C'est un seigneur de guerre des Sables Brûlants. Kagataï Khan. Il est affilé à la famille Moto.
- Il se nommerait Moto Kagataï alors ?
- Oui, d'une certaine façon. Mais son attachement à l'Empire demeure incertain. J'ai entendu parler de lui, il y a plusieurs années...
Volontairement, Kohei restait évasif.
- A moins qu'il n'ait subi de forts revers, le Khan est à la tête d'une ggantesque armée. Ils ont de nombreux points communs avec nous autres Licornes, mais ils connaissent des techniques de combats apprises dans le désert.
- Quel est l'état de leurs forces ?
- Je dirais qu'ils sont de la taille d'un clan mineur.
- Tout de même...
- L'armée est férocement dévouée au Khan. Ils ont des armes qui nous sont inconnues. Par exemple, ils n'ont pas nos sabres. Ils emploient de grandes lames courbes, qu'ils appellent "cimeterres".
- Ces rustres se battent comme des rustres, dit Ikky.
- Mais ces rustres savent se battre, dit Kohei.

En entrant dans la tente, nos héros firent face au maître du village. Kagataï Khan en personne. Assis sur un trône en bois sculpté de façon grotesque, il tenait une chope de cervoise à la main, et avait de la mousse dans la barbe. Autour de lui, sa cour, silencieuse, observait les nouveaux venus. Nos héros n'eurent pas le temps de distinguer tous les dignitaires présents, mais chacun était surprenant. Il y avait des gaijins comme le Khan, mais d'autres hommes, aux peaux noires, marron, blanches... L'un d'eux portait une longue barbiche et des habits aux couleurs flamboyants, avec un soleil tatoué sur le front. Un autre avait les cheveux couleur de feu et dépassait de deux têtes le reste de l'assemblée. Il y avait d'énormes chats au pelage tâcheté, gardés par ces hommes à la peau noire. Ils étaient nombreux à porter des colliers et des bracelets de cuivre très lourds. Certains se scarifiaient le visage ou les bras.
Nos héros avaient l'impression d'entrer dans le palais de démons des sables.
Tacitement, il était convenu que c'est Kohei qui servirait d'interprête.
- Approchez... Soyez bienvenus...
C'est le Khan qui avait prononcé ces paroles en mauvais Rokugani. Même pour un Licorne, il devait être difficile à comprendre.
- Ce sont esprits d'Air qui apportent vous ici, fit le seigneur de guerre.
Il était trapu, portait une énorme moustache tombante, une barbe taillée au carré. Il n'avait pas cet air un peu distrait et malhabile socialement du daimyo des Licornes, Shinjo Yokatsu.
- Nous venons au nom de l'Empereur, dit Kohei.
- Mes astrologues ont lu dans les étoiles des présages sinistres, dit le Khan. Ils ont vu des astres tomber et s'abîmer dans le grand océan. lls ont vu des constellations s'approcher de l'horizon et toucher le sable. Récemment encore, nous avons aperçu une charogne près d'un puits. Très mauvais signes que tout cela.
- Signes de quoi, grand Khan ?
- Toi, qui connais un peu notre monde de sable, pour l'avoir visité, dit le Khan, tu pourras comprendre ce que je dis.
Il ne parlait pas si mal Rokugani ! Kohei n'avait pas à traduire. Il avait joué les brutes au premier contact, mais il savait ce qu'il disait.
- En tant que Khan, je suis le daimyo des Sables Brûlants. Mais je n'oublie pas mes cousins. J'ai du respect pour le Maître des Quatre Vents, le seigneur Yokatsu. Lui et moi sommes pour ainsi dire égaux, chacun de notre côté de la frontière. Mes hommes sont de grossiers personnages, à vos yeux. Ils n'ont pas votre sens de l'honneur. Ils ignorent le code du bushido. Pourtant, nous aussi, nous avons notre rôle à tenir dans le grand jeu de l'Ordre Céleste. Nous ne sommes pas si ignorants, comme pourrait le penser "ceux qui se vêtent des habits du Phénix"...
Le Khan jeta un regard goguenard à Ikky et Ayame.
- ... ou se parent des plumes de la Grue...
Pour cette rosserie, Ayame aurait bien embrassé le Khan !
- Nous autres avons appris à connaître les formules pour nous concilier les esprits de l'Air.
- Que veux-tu dire, grand Khan ?
- Je veux dire que le temps est venu pour nous autres, tribu du désert, de revenir dans Rokugan.
- Y seras-tu accepté, répliqua Hiruya.
- C'est vous qui m'y appellerez.
Le Magistrat en resta interdit.
- Nous savons que les démons ont envahi vos terres. Que le mal est logé jusqu'au coeur de votre capitale. Que vos clans se déchirent. Dans ces conditions, seule une armée extérieure peut contribuer à rétablir l'harmonie chez vous. En tranchant le mal à la racine.
- Tu es bien orgueilleux, de croire que tu peux nous aider...
- Attendons de voir la suite, samuraï.
- Que proposes-tu, demanda Kohei.
- Mon magicien... vous, vous diriez mon "shugenja", va vous remettre un objet précieux, sculpté par de lointains sorciers...
Le magicien en question était un gaijin à très longue barbe, avec des tatouages rouges sur la peau. C'est la seule chose qui le distinguait des autres guerriers, car il portait comme eux des fourrures et des bijoux cornus.
Il présenta à Hiruya une grande trompe en ivoire, ciselée de motifs délicats.
- Ce cor d'alarme, dit le Khan, appelle le pouvoir des esprits de l'Air. C'est sa puissance qui nous a permis d'aller vous retrouver à la Porte des Cornes de Pierre. Quand vous soufflerez une première fois dedans, vous serez transporté d'un lieu à l'autre de votre Empire. La seconde fois, une tempête se déchaînera. La troisième fois, c'est mon armée qui apparaîtra là où vous vous trouverez.
"Que cette trompe soit donc le symbole de notre alliance.
- Entendu, fit Hiruya, qui préféra se montrer conciliant.
Du reste, rien n'obligeait à souffler la troisième fois dans le cor !

Ainsi fut scellée l'accord entre l'Empire et le Khan. Mais de son vivant, Kakita Hiruya n'en verrait pas les effets.

Les samuraï quittèrent le village sous le grand soleil. La même troupe d'éclaireurs les remmena sur les hauteurs du cirque. Là, le magicien récita une formule en tenant des amulettes (ces mêmes amulettes qui avaient contribué au scandale du procès Kumanosuke !wink : le tourbillon de vent s'ouvrit à eux et ils plongèrent, pour se retrouver à la Porte des Cornes. Ils apercevaient le campement de Shinjo Morito.
- Rentrons vite, dit Hiruya. Nous avons des choses à raconter !

- Comment étaient donc ces barbares ? demanda (trop) aimablement Bokkaï.
- Très intéressants, dit Kohei.
- Exotiques, ajouta Ikky.

Samurai

Shinjo Morito invita nos samuraï à partager son repas sous sa tente. Tente qui paraissait bien banale par rapport à celle, énorme, du Khan. C'est Kohei qui fit un bref récit de la rencontre avec le "daimyo des Sables Brûlants". Les deux Shinjo se comprenaient à demi-mot.
- Ce barbare est orgueilleux, dit le capitaine Licorne.
- Mais il est résolu, dit Ikky.
- Qu'allez-vous faire à présent ?
- Aller rendre compte à Miya Katsu-sama, dit Hiruya. Il faut que l'Empereur soit averti de cette menace à nos frontières.
- C'est le plus sage, oui. Je peux lui envoyer un message moi-même, si vous le désirez.
- Je rédigerai le message, dit Hiruya (sous-entendant par là que c'est Ayame qui s'en chargerait), et je te demanderai un de tes rapides cavaliers pour l'amener à la Cité du Chêne Pâle.
- Ce sera fait, dit le capitaine Morito.

Dans l'après-midi, Hiruya discuta avec les deux Phénix.
- Qu'as-tu pensé de ce grand Khan ? demanda le Magistrat.
- Il impose le respect à Kohei-san, dit Ikky.
- Il est dangereux, mais il peut aider l'Empire, dit Hiruya.
- Je crois la situation urgente. Maintenant que nous avons trouvé le Khan, souvenons-nous que les esprits de l'Air attendent que nous aidions "un samuraï déchu en route pour la capitale".
- Riobe compterait-il sur nous ?
- C'est bien possible.
- Comment nous porter rapidement à son secours ? demanda Hiruya.
- Ce sont les esprits de l'Air qui nous ont avertis. Ce sont eux aussi qui animent la trompe offerte par le magicien. Servons-nous de la trompe.
- D'accord. Espérons qu'elle nous transportera au bon endroit, dit Hiruya.

Le Magistrat réunit ses assistants et leur expliqua la suite de leur périple. Consciemment, Hiruya acceptait l'idée qu'il devait servir les Fortunes de l'Air. Il ne savait au juste pourquoi. Mais il sentait bien que, depuis que la 5e Réincarnation avait abouti à la destruction de Nahoko, son destin était en grande partie joué. Alors, que faire une fois le karma accompli ? Il livrait la suite de sa vie , et celle de ses assistants, aux exigences des fortunes les plus imprévisibles et les plus volatiles qui soient !

Samurai

Or donc, le lendemain de leur retour chez Morito, un messager fut envoyé à Miya Katsu. Et les samuraï d'Emeraude étaient sur le départ. On confia la trompe à Hida Shigeru qui, de l'avis général, était celui qui avait la plus forte poitrine !
C'est donc le Crabe qui porta l'objet enchanté à sa bouche et souffla dedans de toutes ses forces. Aussitôt, les kamikaze accoururent en une meute déchainée. On vit des arc-en-ciel surgirent de partout, des tourbillons de sable jaillirent et une tempête magique se former en quelques instants. Le sable devenait brillant comme la parure de dame Soleil et nos héros furent emportés à travers les airs.
- Puisse le vent divin les amener au bon endroit, dit Shinjo Morito.

Nos héros chevauchèrent quelques instants au-dessus des nuages, dans l'immense ciel bleu sans aucune tâche, face au soleil. Et ils se sentirent brusquement redescendre, dans une plaine brûlée par le crépuscule. Au loin, on apercevait une Cité où flottait l'emblème du clan du Lion.
Et il y avait une cavalière, qui avançait seule.
C'était Mirumoto Ryu.
- Ryu ? dit Hiruya. Alors nous avons échoué au mauvais endroit !
La samuraï Dragon aperçut les samuraï et s'approcha d'eux. Elle avait l'air très préocuppée, mais pas surprise de les voir ici. Rien de plus normal pour un Dragon que de voir son supérieur et ses assistants tomber du ciel alors qu'ils sont censés se trouver à des jours de là !
- Konnichi-wa, dit Ryu, soucieuse. Je me rends chez Matsu Akahito.
On était bien sur censé savoir qui était ce personnage. On finit par comprendre qu'elle allait dans sa belle-famille. Elle était pressée.
- Nous allons t'accompagner, dit Hiruya.
- Entendu.
Elle repartit au petit trot, en fixant l'horizon, trop prise par sa mission (mais laquelle ?) pour s'intéresser aux samuraï !
C'est en début de nuit qu'ils arrivèrent à la Cité du Mur Renforcé, la ville natale de feu le mari de Ryu.

Samurai

La Magistrature fut donc reçue dans la belle-famille de Ryu. On s'était mis en habits de demi-deuil pour recevoir la bushi Dragon. Hiruya et ses assistants écoutèrent Ryu parler, curieux d'en apprendre plus sur son histoire. Puisque c'était la trompe magique qui les avait emmenés ici...
Les hôtes étaient le père, la mère, le frère et des cousins du mari de Ryu, Matsu Isamu.
- J'ai besoin de savoir quelque chose d'important... dit Ryu.
Que pouvait penser sa belle-famille d'elle ? Qu'un Matsu aille se marier avec une Mirumoto, ce devait être un évènement rare. Or, les règles Matsu étaient strictes sur ce point : c'était le mari qui dans ce cas prenait le nom de famille de sa femme, et pas le contraire, comme cela se faisait dans tous les autres clans. Et c'est en partant vers les montagnes Dragon que Matsu Isamu, quittant la terre de ses Ancêtes, avait trouvé la mort. Mais pas glorieusement, pas à la guerre. Dans une embuscade !
- Je veux savoir ce que vous savez de Bayushi Kishidayu.
- Ma foi, soupira le père d'Isamu, nous ne savons de lui que ce que votre oncle en a dit, Ryu-san. Nous avons essayé de découvrir qui il était, mais il est téméraire de s'attaquer au clan du Scorpion. Ils n'ont pas voulu organiser un duel...
Les Matsu, face à un samuraï d'Emeraude appelé Bayushi Bokkai, évitait de dire ce qu'ils pensaient des Scorpions. Mais ils n'en laissaient pas moins deviner leur pensée.
- Et vous, savez, mon fils Isamu étant devenu un Mirumoto...
Ryu avait compris, et les autres Magistrats aussi. C'était à Ryu de venger son mari ! C'était bien à cela qu'elle s'employait depuis tant d'années ! Sans cela, elle se serait restée à Heibetsu, à élever sa fille en bonne mère ! L'Empire n'aurait jamais entendu parler de Mirumoto Ryu, la bushi qui provoque des cataclysmes partout où elle passe !
- Donc vous ne pouvez pas, continua Ryu, affirmer que c'est Bayushi Kishidayu qui a tué mon mari ?
- Nous nous fions aux paroles de votre oncle, Ryu-san. C'est bien lui qui se trouvait avec Isamu, non ?
- Oui, fit Ryu, grave et triste.
Que son oncle lui ait menti tant d'années était bien possible ! Kishidayu avait peut-être raison...
Ryu demanda l'autorisation de se retirer dans sa chambre.
Ce fut un soulagement pour tout le monde. Les Matsu reçurent la Magistrature à dîner. Ils n'étaient pas de ces Lions furibards et bravaches. C'étaient finalement de petits samuraï, humbles, qui retrouvaient un passé endeuillé et cette tâche sur leur honneur, de n'avoir pas vengé un fils.
On était donc content de changer de sujet. Hiruya évita les sujets qui fâchent, ce qui n'était pas aisé, à un moment où les Matsu menaient une guerre outrancière contre les Grues. Mais cette famille n'allait pas à la guerre. Les parents avaient passé l'âge, et le fils faisait partie de la garnison de réserve de la Cité.
Au cours de la discussion, nos héros apprirent que l'armée de Toturi était passée dans la région. Aux dernières nouvelles, elle partait vers l'est, dans la région de la Cité des Apparences (dont les ruines appartenaient aux Lions !wink.
- Si Toturi est dans la région, dit Ayame après le dîner, il faut le rejoindre.
- Que crois-tu que nous puissions pour lui ?
- Lui apporter notre aide.
- Des Magistrats d'Emeraude au service d'un rônin !
- Pas "au service". Mais il serait au moins intéressant de connaître ses intentions. Cela pourrait intéresser Kakita Toshimoko.
La shugenja avait fait vibrer la bonne corde. Qu'est-ce qu'un Kakita ne ferait pas pour contenter Toshimoko-senseï !

Ainsi, le lendemain, alors que Ryu repartait vers le nord, nos héros partirent vers le soleil levant. Au passage, la bushi Dragon signala qu'elle était venue avec Iuchi Shizuka, qui l'avait aidée dans son enquête, et que la shugenja Licorne était partie rejoindre Toturi il y a trois jours.
- Elle ne pouvait pas le dire plus tôt ! grogna Kohei, impatient de revoir sa femme.
- Oui, elle aurait pu nous dire tout de suite que Toturi était dans la région, dit Shigeru.
- Dans ce cas, finit Bokkai, Ryu ne serait plus Ryu !

Les samuraï frappèrent les flancs de leurs chevaux et se mirent en route. En fin de journée, ils virent une grande mer de soldat devant eux : c'était bien l'armée du Lion Noir, marchant sous le grand vent de terre qui poussait ses soldats dans le dos.

A suivre...Samurai

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#20
Raaah c'est trop bon de repenser à tout ça Amour
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