26-05-2008, 02:17 PM
(This post was last modified: 28-05-2008, 03:34 PM by Darth Nico.)
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
<span style="color:darkorange">Les 5 Rônins : 3ème Episode</span><!--/sizec-->
Sanglier 401
Dans les sentiers périlleux<!--/sizec-->

<span style="color:#008000">1er chapitre : Le grand ménage d'hiver<!--sizec--></span><!--/sizec-->
<span style="color:darkorange">Les 5 Rônins : 3ème Episode</span><!--/sizec-->
Sanglier 401
Dans les sentiers périlleux<!--/sizec-->

<span style="color:#008000">1er chapitre : Le grand ménage d'hiver<!--sizec--></span><!--/sizec-->
- Le grand ménage d'hiver, les enfants, c'est indispensable pour éviter le capharnaüm au printemps...
Rintaro s'allumait une pipe, pendant que Maya, Manji et Katon attendaient les instructions.
- Alors, vous allez aider Fujio à me remplir ces gros sacs de toutes les vieilleries qui traînent dans la maison, et on va les évacuer... Il est temps que je vous mette au travail, avec ce que vous me coûtez... Si un jour je mets la clef sous le panneau, je saurai à qui en revient la faute !
- Allons, patron, dit Manji, vous exagérez toujours...
- Taratata !... Je me serre la ceinture chaque jour un peu plus. Et cela pour quoi, je vous le demande ?... Pour que vous passiez votre journée à bâfrer... Les gens ne savent pas quel saint homme je suis...
Vaguement ennuyés par cette corvée, nos héros se mirent au travail. Le gros Fujio fourrait sans ménagement les pots cassés et le bordel de la maison dans les sacs. Manji et Katon firent semblant d'aider. Ils n'aimaient pas se salir les mains dans des tâches bonnes pour les domestiques.
Maya ramassait des petits objets et les posait délicatement. Exaspéré, Fujio arrivait les bras chargés et versaient ce qu'il trouvait.
- Bon, Fujio et Maya, allez me porter ça chez les etas... Manji, tu vas à la maison de jeux voir comment ça se passe là-bas. Katon, tu prends la garde ici, à la porte de derrière.
- Bien patron !
Fujio, les bras chargés, partit dans la partie la plus impure de la Cité, suivi de Maya qui ne portait que quelques petits objets fragiles. Fatigué de cette besogne, le gros Fujio entra chez les etas en ouvrant la porte d'un coup de ventre. Il posa à terre son chargement. Une famille était là, qui finissait de déjeuner. Le père se précipita pour vérifier le contenu du sac. Il examina l'ensemble et dit :
- Un bu...
- ...par sac ?
- Pour les deux sacs.
Fujio grogna et se tourna vers Maya.
- Qu'en penses-tu ?
- Ça me semble correct.
- Un bu alors, entendu.
L'eta sortit ses pièces et paya.
- Allez, on y va.
Maya et Fujio ressortirent et se trompèrent de chemin. Ils firent demi-tour, et repassèrent devant la même maison. Ils virent deux yakuzas y entrer. Par curiosité, Maya s'arrêta et fit semblant de s'intéresser à la boutique d'un autre eta, tout en écoutant ce qui se passait. Les deux yakuzas ressortirent, contents.
- Deux bus, c'est une affaire !
Ils ne tenaient à la main qu'un petit sac.
- Alors, tu viens ? dit Fujio.
- Oui, oui...
- Deux bus !
Rintaro écarquilla les yeux en écoutant cette histoire.
- Tu me dis, Maya, qu'ils ont racheté deux bus un objet du sac, alors que vous avez vendu les deux sacs pour un seul bu ?
- Oui, c'est ça

- Hé bien, par Daikkoku, tu vas retourner là-bas et demander des explications ! Depuis quand est-ce que les etas se permettent de telles marges ! Et depuis quand mes vieilleries pourraient-elles valoir aussi cher !
- Bien, patron.
Fujio se versait à boire, content de ne pas repartir dans ce quartier crasseux.

L'automne touchait doucement à sa fin.
L'hiver serait précoce et long. Les vieux le prévoyaient dans les campagnes.
Mamoru et Yojiro étaient toujours au service de Horiu. Ce dernier écoutait Mamoru raconter son arrivée en ville. Et l'histoire du pot d'un million de kokus.
- Un million ?... dit Horiu en se grattant la barbiche, songeur. Je me demande ce que ça peut signifier. Je pense que vous devriez retourner demander des explications dans cette auberge. Il ne coûte rien de se renseigner.
Les deux rônins s'exécutèrent.
- Il est temps de leur faire payer ce qu'ils t'ont fait, dit Yojiro.
La BEC (Brigade d'Enquête Crabe, surnom que s'étaient trouvés les deux fins limiers), arriva dans la vilaine auberge où Mamoru avait entendu parler du pot en question.
- On a quelques questions à te poser, dit d'emblée Yojiro.
Le patron, surpris, proposa à ces deux sympathiques clients de s'asseoir. Il alla chercher à boire à la cuisine. Patients, Mamoru et Yojiro s'assirent.
- Il en met du temps, cet aubergiste...
La BEC décida d'accélérer les choses. A ce moment, il y eut un grand remue-ménage dans la rue. Des hommes armés cernaient l'auberge.
- Il a rameuté toute la bande, grogna Yojiro en tirant son sabre. Tant pis pour eux.
- Sortez de là-dedans !
- Je croyais qu'on en avait fini avec le gang du requin, dit Mamoru.
- Mais pas avec les gens qui veulent la main sur ce pot d'un million de kokus !
Les yakuzas firent irruption dans la salle. Ils trouvèrent les deux solides rônins les armes à la main.
- Retournez dans les jupes de votre mère, lança Yojiro. Il n'y a pas de place ici pour vous !
- Vous posez trop de questions...
- On en a justement pour vous...
- Tiens, mais c'est pas celui à qui on a mis une raclée l'autre fois ?
Mamoru devint rouge de honte et de colère.
- C'était le mot de trop, ça !
Les deux rônins avancèrent posément et les yakuzas se jetèrent sur eux en poussant des cris d'orfraies !
L'escarmouche qui s'ensuivit mit sens dessus dessous la taverne !
Il y eut du sang sur les murs, des bouts de bras et de jambes qui s'envolèrent et des cris d'agonie. La BEC ne fit pas de quartier. Cinq bandits y passèrent ou furent gravement mutilés. Les autres décampèrent, morts de peur.
Il en restait un, qui avait juste eu la main tranchée.
- Alors, où est passé ton maquillage, geisha-san ?
Mamoru et Yojiro le pointaient de leurs sabres.
- Tu vas nous dire ce que tu sais sur le pot d'un million de kokus... Et ensuite, tu iras dire à tes amis qu'ils ne viennent plus embêter les hommes de Horiu, compris ?
- Pitié, pitié...
Nos rônins obtinrent quelques renseignements et laissèrent leur informateur décamper. Ils se rendirent dans le quartier voisin, celui des potiers, qu'ils avaient déjà visité la dernière fois.
- Il va falloir faire les boutiques. C'est quelle rue déjà, Mamoru ?
- Euh...
Mamoru se gratta le crâne.
- Merde, j'ai oublié quel nom il a dit...
Les deux rônins se regardèrent, embêtés, plantés au milieu de la rue.
- C'est gênant, dit Yojiro. Il va falloir retourner à l'auberge et redemander.
- Oui...
C'est le gang de là-bas qui n'allait pas apprécier !
- Ah si, je m'en souviens, c'est bon !
- Tant mieux.
- C'est rue du Rêve, à deux pas d'ici.
- Bon...
La BEC commença ses recherches par une grande boutique. Le patron était un cousin de Rintaro.
- Que puis-je pour vous ?
- On cherche un vase comme qui dirait précieux...
- Regardez, regardez, j'ai tous les prix...
La pièce était assez fouillis. Les deux anciens Crabes y étaient autant à leur place qu'un Matsu dans un concours d'origami.
- Vous n'avez pas entendu parler d'un pot vraiment précieux ? dit Yojiro.
Le patron se troubla.
- Non, non...
Mamoru ne l'entendait pas de cette oreille. Il passa à côté d'un beau vase et le fit tomber. Il se brisa.
- Vous êtes sûr ?.. Sûr sûr ?...
Le patron dit qu'il était sûr mais Mamoru cassa un autre vase. Yojiro s'approchait, menaçant.
- D'accord, d'accord... Je vais vous dire... J'ai vendu un pot assez original à un vieil homme comme vous...
- Vieux comme moi ?!
- Non, pas vieux !... Un, un...
- Un rônin ?
- Un rônin, c'est ça.
- Comment est-il ?
- Vieux... borgne, et manchot...
- Facile à reconnaître, donc.
- Oui !
- Pourquoi tu lui as vendu ?
- Je ne savais pas que c'était un vase si précieux. Erreur de ma part... Ce n'est qu'ensuite que des gens sont venus me voir, et j'ai commencé à comprendre mon erreur...
- Qui es venu te voir ?...
- Des commerçants au service de Mondô !
Ikoma Mondô, le Gouverneur de la Cité !
Yojiro dit à Mamoru qu'ils allaient se dépêcher de retrouver l'acheteur.
- On va déjà aller boire un verre. J'ai vu qu'il y a une taverne en face.
La BEC avait besoin de faire le point après avoir obtenu autant de renseignements d'un coup.

Maya était retournée chez l'eta et l'avait pris entre quatre yeux. Elle avait appris que c'était des membres d'un gang de yakuzas qui avait racheté un vase qui venait de chez Rintaro. Ils l'avaient bien racheté deux bus, soit deux fois plus que le prix de vente des deux sacs de Rintaro. En fait, ces yakuzas avaient suivi Maya depuis La fleur du secret.
Pendant ce temps, à la Divine chance, Manji apprenait par l'indic de Patron-san que des pots destinés aux nobles de la Cité avaient été livrés par erreur dans la basse-ville. Ils valaient extrêmement cher et, parmi eux, se trouvait sans doute, caché dans le lot, le fameux pot d'un million de kokus (en réalité "seulement" un millier), qui constituait le prêt des Scorpions à la famille Ikoma pour bâtir leur temple.
- Ces pots vont se vendre au marché noire pour une petite fortune... Patron-san pourrait être content de mettre la main sur quelques-uns d'entre eux, voire sur LE pot, car les nobles vont les racheter à prix d'or.
- Tu as raison. Je lui en parlerai. Toi, va donc boire aux frais de la maison.
C'est ainsi que, après une réunion chez Patron-san, Maya, Manji et Katon partirent en ville en quête du pot d'un million de kokus.
- On ne va pas perdre notre temps avec des vases précieux... Je laisse ça aux losers, dit Rintaro (qui parlait l'argot des affaires), moi ce que je veux, c'est le gros lot, le jack-pot !
- Haï, patron !
Katon connaissait un autre indic, qui fréquentait une taverne miteuse près de chez les etas. Il laissa Maya et Manji faire le tour des rues pour trouver des informations.
- Salut à toi, Chi-san !
L'indic avait déjà vu, en ce milieu d'après-midi, le fond d'une bouteille. Il tenait à peine debout.
- Viens, j'ai à te parler... Je t'offre un verre ?
- Pas de refus, Katon...
Au bout de quelques tournées, notre shugenja obtint les indications voulues.
- C'est le gang du requin qui est sur la piste...
- Le gang du requin ?... Je croyais que les hommes de Horiu l'avait détruit ?
- En fait, ils avaient capturé le chef et l'avait amené à Horiu. Celui-ci a accepté la paix contre une très grosse somme, en dédommagement pour l'attaque de son entrepôt.
- Je te remercie.

Katon retrouva Maya et Manji, et leur proposa de se diriger vers la maison du Requin.
Ce jour-là, le gang des yakuzas eut droit à sa seconde confrontation sanglante. Les hommes de Rintaro y firent irruption, en demandant des explications pour ce vase racheté à prix d'or. Devant le refus des "requins" de s'expliquer, nos héros se firent plus insistants. L'ambiance monta d'un cran, celui de trop, et les katanas sortirent. Deux hommes de mains y perdirent la vie, et deux autres furent projetés à grands coups de pied par Maya.
Katon, katana de feu en main, entra dans la chambre du patron, mais celui-ci s'était déjà enfui. C'était un certain Ton.
- Ton-san, tu ne perds rien pour attendre, dit Katon.
Cette petite descente ne s'était pas faite pour rien : Manji obtint l'adresse d'un marchand qui avait possédé un des précieux pots. Sa boutique était rue du Rêve.
- Parfait, allons y faire un tour, dit Katon.
Lorsque la BEC entra dans l'auberge en face de chez le marchand, ils trouvèrent Maya, Manji et Katon assis à une table.
- Tiens, qui voilà... Venez donc vous asseoir avec nous, dit Manji.
- Ho-kay, dit Yojiro (qui parlait l'argot des rues).
Manji commanda une bouteille.
- Vous passiez dans le quartier ? demanda Katon.
- Bah oui, comme vous...
- On venait faire ses emplettes ?
- Voilà...
Manji souriait sous cape. Les deux Crabes étaient de piètres menteurs. Même par simple omission.
- Bon, je propose, dit Manji, de lever notre verre à nos amis de chez Horiu... et par la même occasion, au vieux rônin borgne !
Mamoru et Yojiro toussotèrent : ils ne voyaient pas de quoi Manji voulait parler.
Le soir, lorsqu'ils apprirent que l'autre gang était aussi sur l'affaire, Horiu et Rintaro furent aussi en colère l'un que l'autre :
- Comment ce vieux sapajou a-t-il été mis au courant ?
- Où est-ce que cet âne bâté est allé dégotter cette information ?
Le soir, Manji et Katon allèrent dans une taverne qui passait pour un repaire de rônins. L'endroit s'appelait La gueule assoiffée. En se mêlant aux conversations, ils entendirent parler du vieux rônin mutilé. Il se faisait appeler Sazen. Il était en ville depuis quelques jours. On disait qu'il s'était retiré dans un temple, à quelques lis au sud de la Cité.
- Parfait ! dit Katon.
Nos deux rônins étaient d'autant plus content qu'ils étaient sûr que la BEC était déjà partie dormir. Ils prenaient de l'avance !
Le lendemain, le soleil n'était pas encore haut dans le ciel quand Manji et Katon passèrent la porte sud de la ville et s'engagèrent sur le chemin qui traversait les rizières. C'est à cette même heure que Yojiro et Mamoru arrivaient à La gueule assoiffée. Et ils quittaient cette taverne quand les deux samuraï de Rintaro arrivaient au temple.

Les moines finissaient leur travail de la mâtinée au jardin et allaient s'arrêter pour le repas de milieu de journée. Les deux rônins furent invités à le partager.
- Vous êtes dans le sanctuaire dédié aux fortunes de la Terre. Celui qui entre en paix ici sera toujours le bienvenu. Il arrivera trop tard et repartira trop tôt pour nous.
Les deux rônins profitèrent d'un bol de riz et de la bière des moines, à l'ombre du temple, pendant que le soleil cognait dehors. Et cognait en particulier sur la tête des deux membres fondateurs de la BEC, qui avaient pris le mauvais chemin !...
- Zakennayo, gémit Yojiro, nous sommes perdus. Nous allons être cuits comme des homards avant de voir les murs de ce fichu temple.
Après le repas, les moines prirent le thé en commun. C'était un moment de silence et de recueillement, avant de s'occuper des tâches de l'après-midi. Katon, dans un coin de la pièce, discuta à voix basse de la sagesse indéchiffrable des Dragons, avec un moine qui avait déjà eu à faire avec eux.
- Par Shinseï, celui qui a compris une de leurs paroles, il doit être bien proche de l'Illumination... ou au contraire, bien engagé pour s'en détourner complétement !
De son côté, Manji avait trouvé le vieux rônin. Il devait avoir la quarantaine passée, ce qui à Rokugan était déjà un bel âge. Il avait perdu un bras et un oeil. Il avait mangé son repas en silence et but son thé sans dire un mot. Manji s'approcha de lui et lui expliqua l'affaire du pot. Le vieux rônin confirma avoir acheté cet objet.
- Je m'en suis servi pour y mettre des fleurs...
- Il n'y avait rien dans ce pot ?
- Ah non, c'était juste un de ces pots en terre, assez fin et long.
Manji lui expliqua qu'il y avait eu un malentendu.
- Vous me dites que votre patron serait prêt à me le racheter à bon prix ?
- A un très bon prix, dit notre héros. De quoi vous en racheter plusieurs...
Le rônin réfléchit et dit qu'il rencontrerait Rintaro pour négocier cette affaire. Il repartit avec nos deux héros en leur proposant de passer chez lui prendre le pot.
En partant, Katon ne put s'empêcher de dire aux moines de se méfier de deux gros rônins susceptibles de passer les voir bientôt. Le shugenja était bien content de sa farce. Il imaginait déjà la tête des deux hommes de Horiu, se voyant refuser l'entrée dans le temple !
En ville, ils allèrent dans le quartier du port, où Sazen avait élu domicile. Ils virent que sa porte avait été défoncée !
Le vieux rônin se précipita à l'intérieur : plus de pot !
- Evidemment, soupira Manji. Cet objet attire toutes les convoitises. D'autre que nous ont dû parler au marchand...
Une petite enquête de voisinage apprit à nos héros que les coupables étaient... le gang du requin !
- Encore eux, dit Katon. Cette fois-ci, ça va saigner : nous allons retrouver Ton-san et sa bande, puis leur faire payer...
- Nous allons retrouver votre bien, dit Manji à Sazen, et nous vous le rendrons.
- Pourquoi vous donner ce mal ?
- C'est notre mission.
Les deux rônins se mirent en marche vers la maison des Requins.
La BEC n'atteignit pas le temple. Elle revint en ville, après avoir choisi de faire marche arrière.
- La peste de ces routes, grognait Yojiro.
- Nous allons nous renseigner plus précisément cette fois, dit Mamoru.
Alors que les deux rônins traversaient les faubourgs mal fréquentés de la basse-ville, ils tombèrent nez à nez avec les hommes du clan du Requin.
- Encore vous, fit Yojiro, les naseaux fumants.
Il ne fallut pas longtemps pour que la tension monte, et les provocations, puis les insultes.
- Vous allez rendre gorge pour vos paroles !
- Bande de pouilleux, nous sommes six et vous n'êtes que deux ! Vous allez bouffer la poussière, et ensuite vos tripes !
Dis comme ça...
Les lames jaillirent des fourreaux. Yojiro et Mamoru réglèrent en un clin d'oeil leur compte à trois des crapules, qui s'étalèrent par terre dans la terre et leur sang. Les autres s'enfuirent à travers la ville.
- On leur court après !
La colère de Yojiro criait vengeance !
Parmi les trois fuyards se trouvait Ton-san, le chef de la bande. Pas de chance pour eux : ils tombèrent nez à nez avec Katon et Manji !
- Tiens, qui voilà ?...
Yojiro déboulait comme un buffle lancé. Ton-san repartit ventre à terre. Mamoru arrivait derrière. Manji et Katon se lancèrent dans la course.
C'est Ton-san qui tenait le pot dérobé à Sazen. Katon allait le rattraper mais Ton lança le précieux objet à un complice, qui s'enfuit au coin d'une rue. Katon allait le rattraper mais le relai avait déjà été fait : le pot partait dans les bras d'un autre complice, qui disparut dans les rues tortueuses.
Tous les samuraï s'arrêtèrent et firent le silence. L'oreille aux aguets, ils cherchaient le moindre indice de la présence du voleur...
Un craquement, un grincement... Une échelle tomba. Mamoru se retourna : le fuyard venait de monter sur le toit ! Le rônin voulut l'y suivre, mais il perdit du temps : l'escarmouche contre les requins lui avait valu une éraflure au bras. Il eut du mal à monter, aussi agilement que Yojiro et Manji.
Sur ces entrefaites, Maya arrivait de chez Patron-san et se lançait dans la course.
Le fuyard sauta sur le toit suivant. Derrière lui, Yojiro et Manji se reçurent lourdement. Le pot changea de main : le nouveau requin passa par une planche branlante sur le bâtiment d'à côté. Maya l'attendait là !
Sans se laisser démonter, la petite frappe enroula le pot dans un gros tissu et le passa dans son dos. Il enfila un coup de poing en fer et se mit en garde devant Maya. Celle-ci allait faire la démonstration d'une de ses prises secrètes, quand elle reçut un beau direct du droit en plein nez. Déséquilibrée, elle tomba du toit et atterrit dans la rue, inconsciente.
C'en était trop pour Katon, qui décida d'employer la manière forte : il fit une invocation qui déclencha un sort spectaculaire. Il fit un bond de presque vingt mètres et lança un éclair de feu qui traversa la tête du yakuza. Celui-ci resta paralysé, emporté soudain dans un univers froid et sombre. Puis il tomba, tremblant et bavant.
Et Katon rattrapa le pot juste avant qu'il ne chute par terre !
Yojiro et Manji, essoufflés, la langue traînant au sol, étaient prêts à protester qu'il y avait eu triche. Mais Manji n'allait pas se plaindre.
Mamoru reprenait haleine, appuyé contre un mur.
- Ca va aller, lui demanda Yojiro.
- C'est bon, c'est bon...
Le soir, il fallut expliquer à Horiu que la bande de Rintaro avait gagné, en utilisant de la magie !
- De la magie ! Cette crapule de Rintaro engage des magiciens ! Mais il ne doute plus de rien !
Quant à Maya, elle était bonne pour rester trois jours au lit, à se remettre de sa chute.
Comme promis, Manji remit le pot à Sazen. Celui-ci alla voir Rintaro, qui racheta l'objet sept kokus (il ignorait le geste de Manji, sans quoi il se serait étranglé d'avoir perdu cette somme à cause de son homme de main !

- Maintenant, file, drôle ! La reconnaissance de la famille Ikoma est la chose la plus précieuse que tu puisses avoir dans ta vie ! Estime-toi heureux qu'on ne te prenne pas pour le voleur !
Rintaro repartit en rampant, remerciant le conseiller du Gouverneur pour sa générosité infinie.
A suivre...
