08-10-2009, 11:43 AM
Suite

12e Episode : "Plus jamais ça..."
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08-10-2009, 11:43 AM
Suite
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08-10-2009, 03:58 PM
(This post was last modified: 10-10-2009, 12:02 PM by Darth Nico.)
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE
Pendant que ces dramatiques événements se déroulaients dans les secrets de la Cité de la Pieuvre, Matsu Mitsurugi était en retraite au temple d'Osano-Wo, afin de méditer sur son attaque contre Kakita Yagyu. Notre fringant ambassadeur avait redouté un morne séjour, d'ennuis et de prières, parmi des moines qui lui feraient la morale ; quel ne fut pas sa surprise de découvrir que le temple, consacré à la Fortune du tonnerre, protectrice des bushis, était l'un des plus grands dojos de l'Empire ! Des samuraï de tous les clans s'y entraînaient durement et s'y affrontaient avec non moins de vigueur ! Mitsurugi comprit vite qu'à toute heure du jour, des passes d'armes avaient lieu, des combats de jiujutsu et divers défis à la lance, au katana, à l'arc, à la course ! C'était une joute permanente ! Un avant-goût du paradis des guerriers ! - Nul ne peut espérer atteindre la sagesse en cette vie s'il n'est pas prêt à se battre à tout moment, et à mourir dans l'honneur. Voilà ce que lui avait déclaré le père supérieur du temple à son arrivée ! Cette voie de sagesse-là, Mitsurugi pouvait la suivre en courant ! On entendait les cris, les gémissements des lutteurs et les chants martiaux des samuraï qui s'entraînaient en groupe. Et en tant qu'ambassadeurs, les fiers guerriers Matsu ou Akodo s'inclinaient bien bas devant lui ! Les larmes aux yeux, notre héros alla faire une prière à Osano-Wo, pour qu'il foudroie de ses éclairs tous les ennemis de son généreux supérieur, le noble général Matsu Kokatsu ! Puis notre héros prit un bokken et alla défier le premier petit Doji venu, pour se mettre en jambes ! Il passa quatre jours splendides : rien que de l'entraînement, de l'exercice et des repas dans les prés, à l'extérieur du temple, où on mangeait l'excellente nourriture préparée par les moines, pendant lesquels on parlait très fort, avant d'aller rouler des muscles en passant devant le pavillon des Kakita. ![]() Un solide capitaine Akodo, vétéran fier de ses nombreuses cicatrices, animait les repas par ses anecdotes de corps de garde : - Et alors, j'y dis : baisse ton froc, Bayushi-san, ce sera moins deshonorant pour toi ! Tout le monde éclatait de rire. Mitsurugi raconta plusieurs fois sa bataille (SA bataille ! ![]() Il en oubliait ses vices : plus envie d'alcool, plus de désir brûlant de femmes. En fin de journée, il avait une pensée émue pour Ikue, et il se sentait tout fragile et faible, alors qu'il avait passé la journée à fanfaronner à qui mieux mieux ! Le soir, il dormait comme une souche ; il rêvait de grandes batailles où il menait ses troupes à l'assaut du château des Kakita. Les malheureux Grues s'enfuyaient ou imploraient sa pitié et Mitsurugi ricanait en plantant son drapeau chez eux. Bref, il fut bien triste de repartir. Et il n'avait pas réfléchi encore à ce qu'il allait dire devant Hanteï Norio, pour sa défense. Déjà, il se voyait raconter qu'il avait beaucoup médité pendant sa retraite spirituelle, qu'il avait trouvé la voie de la paix intérieure... On fit un repas en son honneur le dernier soir, dans une grande auberge à la campagne, et il dut retenir ses larmes quand toute la tablée chanta : - Ce n'est qu'un au revoir, Mitsu ! Ce n'est qu'un au revoir !... Tant de fraternité, de bonheur partagé... Au petit matin, on vint l'éveiller, et notre héros finit son paquetage, apaisé et heureux. La cour du temple était encore vide. Il la traversa, contemplant une dernière fois les solides bâtiments. Les premiers samuraï les plus matinaux sortaient pour leur bain glacé du matin. Deux moines attendaient Mitsurugi à la sortie, avec son poney. Notre héros monta en selle après avoir demandé aux moines de transmettre ses plus vifs remerciements au père supérieur. Il songeait à faire un don somptueux pour les bonnes oeuvres d'Osano-Wo. Il avait connu la piste du Loup, la faim, le dénuement, alors il connaissait la valeur de l'argent. Il ne voulait pas avoir de regrets : il regardait devant lui, pensait qu'il allait revoir Ikue et manger tout cru les Grues qui seraient là pour l'accuser. Il s'était éloigné de quelques centaines de pas du temple quand il vit un rônin assis sur un rocher au bord de la route. Sazen ! Tange Sazen ! Le vieux senseï était là. Il machouillait un brin d'herbe en profitant du soleil du matin. Mitsurugi s'arrêta à sa hauteur. En sa qualité d'ambassadeur, il ne pouvait descendre de monture devant un simple rônin, celui-ci eût-il été son senseï, mais le coeur y était. - Alors, monsieur l'ambassadeur, vous voilà plus radieux que jamais... - En bonne partie grâce à vous, senseï, vous le savez... - Tu m'as donné une bonne leçon, ambassadeur. J'ai manqué de jugement. Je ne te croyais pas capable de réussir face à ce Yagyu. - Vous faisiez exprès d'être sévère pour me faire enrager et me pousser à me dépasser. Sazen ne répondit pas et cracha son brin d'herbe. - Et vous, senseï, réglerez-vous bientôt votre dette d'honneur contre Otomo Jukeï ? La vérité, c'est que Mitsurugi ne souhaitait pas se trouver là le jour venu, car Matsu Kokatsu étant impliqué, il serait obligé de le défendre. - Bientôt oui, dit Sazen. Je n'attendrai pas un hiver de plus... Mais il faut savoir frapper au bon moment. Sazen cueillit un autre grand brin d'herbe : - "Seul le fou dégaine son sabre sans réfléchir..." - "... car il ignore que le monde repose sur le fil de lame." Mirumoto. Les deux hommes sourirent. - Bonne journée, senseï. - Bonne journée, ambassadeur. Mitsurugi poussa sa monture ; il vit le soleil monter alors qu'il chevauchait dans la grande plaine au pied des montagnes du Crabe ; et il fut de retour à la Cité de la Pieuvre le lendemain soir. ![]() Yatsume avait réussi à fuir la Cité des Mensonges. Elle mit très vite de la distance entre elle et la capitale. Elle savait que les Scorpions ne la croiraient pas déjà sortie des murs de la ville, mais quand ils se lanceraient sur ses traces, elle ne leur échapperait pas longtemps. Elle partit au temple où sa fille, il y a six ans, avait été emmenée ; elle traversa un petit bois angoissant, étroit, inquiétant, où l'on se sentait épié par des esprits qui ricanaient dans les sous-bois. Notre héroïne le traversa et arriva au temple de la Fortune de la Charité. Elle dut glisser la pièce au portier pour rentrer, et obtenir des informations. - Une fille, il y a six ans ? Mais nous en recevons tant, rônin... Comment veux-tu que je me souvienne précisément d'une de ces fois ?... - Qui étaient ceux qui vous l'ont amenée ? - Des rabatteurs... Enfin, des paysans... Bien braves... Ils faisaient les tours des villes, ils nous amenaient les orphelins. - Où sont-ils ? Yatsume ne tenait plus. - Je crois que nous n'avons plus aujourd'hui les mêmes qu'à l'époque, voilà... Le moine s'agaçait. - Que sont devenis les autres ? - Ils sont morts pendant un hiver... C'était d'ailleurs peut-être bien l'hiver d'il y a six ans... - D'où revenaient-ils ? - Je ne sais plus, rônin... Tu m'ennuies. Yatsume lui glissa la pièce. - Je crois bien qu'ils revenaient de la Cité des Mensonges. Ils ont dû mourir sur la route. Peut-être attaqués par des bandits... On ne les a plus revus. - Ils avaient une fille avec eux ? - Comment pourrais-je bien le savoir ! - Où sont-ils morts ? Réponds au moins à cette question ! - Tu devrais aller voir au village voisin. Ils sauront te dire car je crois que nos deux paysans venaient de là-bas. Ils ont dû y être brûlés. Yatsume tourna les talons et alla au village immédiatement. Elle était au supplice ! Sa fille avait dû passer par là... Elle ne pouvait pas croire qu'elle serait morte avec les deux paysans lors d'une attaque de brigands... Non, ce n'était pas possible ! Si son mari, dans le mort des morts, l'avait prévenue, c'est que sa fille était encore en vie ! Elle entra dans le village et demanda à parler à l'aîné. Comme partout ailleurs, c'était le chef. Il devait approcher la cinquantaine. Yatsume n'hésita pas à s'incliner devant lui pour obtenir son aide. - Oui, rônin. Je vois de qui tu veux parler. Les deux hommes étaient des cousins à moi. Ils travaillaient pour le temple des orphelins, hein... - Oui. J'ai des raisons de croire qu'ils avaient ma fille avec eux... - Ils sont morts, probablement attaqués sur la route. - Je veux savoir si c'était le soir où ils emmenaient ma fille au temple. - Les dieux seuls le savent. - Où sont-ils morts ? - Par là-bas... Le vieux était gêné d'en parler. - Là-bas où ? - Dans le petit bois... Personne n'y va. Il y a plein d'esprits... C'était bois par où Yatsume était passée. - N'y va pas, rônin ! Notre héroïne aurait bien aimé voir qu'on l'en empêche ! C'était d'ailleurs ridicule d'aller là-bas, puisque les deux paysans avaient été assaillis il y a six ans. Que pourrait-elle découvrir ? Elle comprenait que sa fille avait sûrement été tuée par les brigands. Ou bien emmenée ?... Des brigands auraient-ils eux le cœur de tuer une fille d'à peine quelques jours ? Yatsume entra dans le bois, mal à l'aise. Elle en aurait vite fait le tour. D'ailleurs, elle ne pourrait rien y trouver. Six ans... Avant de partir, Yatsume avait demandé : - Pourquoi les esprits du bois sont-ils hostiles ? - Nous ne savons pas. Nous ne les avons pas fâchés. - Ce ne serait pas à cause de la mort des deux paysans. - Peut-être bien, oui. Notre rônin suivit deux ou trois fois le chemin qui traversait le bois. Elle savait que personne ne devait plus venir ici depuis cet ancien hiver. Elle tournait en rond, se rendant compte de l'inutilité de ses recherches. Elle entendit du bruit derrière et se retourna : elle vit, alors que ça n'y était évidemment pas la seconde d'avant, une charrette sans cheval, et deux hommes morts près de la roue. Elle se précipita, et les regarda effrayée. Elle entendit un cheval hennir au loin et s'enfuir au galop. Elle avait juste vu une crinière, fugitivement, et des yeux brûlants ! Notre héroïne prit son naginata, prête à se défendre contre ces maléfices. Elle surveilla les buissons, les branches basses. Au loin, elle aperçut des silhouettes dans des robes grises. Elle reconnut les mêmes personnages que ceux qui avaient tué le pennagolan ! Sûrement des assassins envoyés par les Scorpions ! Elle leur courut après mais les silhouettes eurent vite disparu. Bravement, elle fendit dans les branches pour se tailler un chemin... Rien à faire, elle se retrouvait seule dans les bois. Elle entendit deux hommes parler derrière elle : - On y est, disait l'un. Ici on sera bien. - Oui, comme les autres fois. On les entendait descendre de charrette, et l'un d'eux crachait dans ses mains. Yatsume s'approcha. On entendait creuser. Un bébé se mettait à pleurer. - De toute façon, il y a longtemps qu'ils n'ont plus la place d'accueillir quiconque, dans ce temple... Yatsume courut à la charrette, mais elle avait disparu, ainsi que les deux corps ! Elle sentait qu'elle devenait folle ! Elle n'avait pas rêvé, tout ça était bien réel, elle le savait parfaitement ! Elle entendit des rires de fillette derrière elle. Elle se retourna et vit une gamine qui s'enfuyait. Elle avait la tête qui lui tournait ; elle trébucha, se releva, lui courut après. Une fillette, elle n'allait pas lui échapper ! Alors qu'elle était sur le point de la rattraper, Yatsume vit d'autres petites filles converger vers elle. Elle se retrouva dans une clairière, entourée d'une dizaine de ces créatures. Yatsume s'arrêta. La fille qu'elle poursuivait lui tournait le dos. Elle était encapuchonnée. Lentement, Yatsume s'approcha, prudemment. Elle ne voulait pas lui faire de mal, elle voulait juste lui parler... La fille ne s'enfuyait plus. Les autres, encapuchonnées elles aussi, regardaient Yatsume de leurs yeux qui étaient les seuls à apparaître, brillants d'une lueur d'argent sur leurs visages assombris. Yatsume n'avait que quelques pas à faire. Elle mit sa main sur le capuchon et l'enleva. La fille se retourna brusquement et un sifflement partit d'elle -partit de nulle part, car elle n'avait pas de visage, pas de visage mais juste une surface blanche à peine creusée pour indiquer la naissance des yeux ! Yatume recula, alors que la forêt se renversait, que le ciel passait sous elle, et que les autres filles sans visage partaient en hurlant ! Elle ne vit plus rien un instant, puis un éclair soudain, et elle rouvrit les yeux, pour voir qu'elle était hors du bois, à mi-chemin du village. Elle ne retourna pas là-bas. Elle partit sans demander son reste, sur la route qui la ramenait à la Cité de la Pieuvre. ![]() FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE
08-10-2009, 10:20 PM
Ah ah voilà des temples comme je les aime
![]() Je sais déjà où je me retirerai ![]()
09-10-2009, 10:26 PM
Tous les matins, distribution des pains.
![]()
10-10-2009, 12:03 PM
Suite : Yatsume dans le bois à la recherche de sa fille.:o
11-10-2009, 05:14 PM
(This post was last modified: 12-10-2009, 04:55 PM by Darth Nico.)
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE
2e partie : Au coeur de la jungle<!--sizec--><!--/sizec-->
Yatsume revint à la Cité de la Pieuvre six jours après son départ. Elle ne dit de ce qu'elle avait vu à la Cité des Mensonges et dans le bois. Elle se contenta de reprendre du service au palais d'Ivoire. Mitsurugi rentra le surlendemain du temple d'Osano-Wo. Il eut une réunion avec l'Inquisiteur Tadao et Sasuke, et dit qu'il acceptait, bien sûr, la dangereuse expédition pour aller trouver le Shuten-Doji du Regret. Maya continuait à espionner la maison de thé : elle surprit une autre conversation des conspirateurs, où ceux-ci révélaient cette information capitale, selon laquelle l'ancien chef du Lotus avait disparu. Et il serait bientôt remplacé. Or, c'était là le plus important, cet ancien Lotus avait quitté l'Empire, et était parti en direction... du sud-ouest ! Comme par hasard là où nos héros allaient ! Il y avait donc fort à parier que l'ancien maître des Lotus avait été corrompu par le démon du Regret. Jusqu'ici, on ne pouvait en effet soupçonner les conspirateurs de s'adonner à la maho. Ce Lotus était parti chercher encore plus de pouvoirs ailleurs... - Nous aurons affaire à forte partie en face de nous, dit Tadao. - Nous serons prêts, affirma Mitsurugi. Il devait comparaître devant Hanteï Norio et les Grues à son retour, normalement, mais il fit savoir à la famille de Kakita Yagyu qu'il partait chasser un démon ; il ne pouvait dès lors accéder à leur requête immédiatement. La BEC était aussi de la partie, ainsi que Yatsume. Matsu Kokatsu se contenta de souhaiter bonne chance à son samuraï. Il ne fit pas de récriminations comme quoi Mitsurugi était ambassadeur. Il connaissait sa valeur, et il savait aussi qu'il valait mieux risquer sa vie que de rester à vivoter dans la Cité de la Pieuvre. Une cinquantaine de samuraï partit vaillamment, en chantant en coeur l'hymne des départs vers l'Outremonde : "C'est la fin, mon bel ami, la fin... La fin, mon seul ami, la fin. / De nos plans élaborés, la fin. De tout ce qui tient debout, la fin. Aucune sûreté, aucune surpris, la fin. Je ne te regarderai plus dans les yeux, c'est la fin..." Ils laissèrent la Muraille dans leur dos et entrèrent dans les collines des Nezumis. Les Lions ne voulaient rien savoir de l'existence de ces créatures ignobles. Mitsurugi et Sasuke détournaient ostensiblement le dos pendant que Tadao parlementait avec eux. Les rongeurs donnèrent des indications contre des bibelots sans valeur mais qui comptaient beaucoup pour eux. Il y en eut deux, qui avaient l'oreille à moitié arrachée, qui accompagnèrent les samuraï. Les Lions se tenaient loin d'eux, tandis que la BEC au contraire suivait les indications des Nezumi pour trouver une piste. La géographie de l'Outremonde est en effet incertaine. C'est un pays qui se modifie en permanence, plus ou moins lentement selon les régions, mais d'autant plus vite qu'on est loin de la Muraille. Il faut imaginer des terres et des fleuves en perpétuelle modification, presque insensiblement parfois, mais assez pour qu'un voyageur qui passe la nuit dans ces contrées ne reconnaisse plus le terrain au réveil. Les collines Nezumi étant dépassées, on entrait de plein pied dans le royaume maudit. Les villages des Rongeurs étaient encore situés dans une zone assez sûre, ni l'Empire ni l'Outremonde. Mais après être passés chez les hommes-rats, il fallait abandonner tout espoir de rencontrer une créature civilisée ou un endroit pour se reposer tranquillement. Les samuraï, environ cinq cents pas après les collines, virent des gobelins surgir d'un bois aux arbres difformes. - Mettez-vous en rang, ordonna Tadao. Ce n'est que du menu fretin, mais méfiance ! Les samuraï, habitués, sortirent leurs armes, les lanciers devant, les archers derrière, les porteurs de sabre au milieu. Ils avancèrent en formation ; une volée de flèches partit, et les gobelins reculèrent. Plusieurs furent empalés contre un tronc. Les autres grognaient, sautillaient, et bavaient abondamment. Tadao abaissa encore le bras et une seconde volée de flèches partit. Aussitôt après, les lanciers coururent sur les créatures vertes et leur firent un sort. Il en restait encore quelques unes. Les lanciers "éclatèrent" leur formation, laissant la place à leurs camarades, qui finirent de moissonner à coups de sabres ces adversaires. Ils en avaient abattu plusieurs dizaines, et en entendaient d'autres qui détalaient sans demander leur reste. Tadao ordonna la reformation du groupe. A ses côtés, nos héros purent ainsi admirer la discipline des Crabes. On n'eut pas le temps de se féliciter : attirés par le bruit de l'escarmouche, des zombies en armure apparurent dans un marécages. Leurs crânes sortaient de l'eau les premiers, et en peu de temps, une vingtaine de samuraï fantomatiques étaient en état de se battre. Ils se ruèrent en cliquetant sur les humains, incapables d'émettre le moindre cri. Tadao déroula un parchemin devant lui, et lança une vague de jade qui brûla cinq des zombies. Sasuke et Mitsurugi restaient en retrait : il n'était pas digne d'eux de se battre devant pareilles dépouilles ranimées. En revanche, Mamoru n'eut pas ces scrupules et abattit ces monstres à coups de tetsubo, épaulé par Yojiro et Yatsume, qui firent un massacre. Maya se jeta dans le combat, et brisa plusieurs côtes et tibias de ses poings meurtriers. Il y eut plusieurs blessés dans les rangs des samuraï, mais on vint à bout des revenants : ils repartirent d'où ils revenaient ! Mamoru finit d'écraser les crânes pour être sûr de ne pas les voir avant deux ou trois réincarnations. - Ils reviennent ! Tadao se retourna : oui, il y en avait encore plus ! Les maudits gobelins avaient provoqué des combats dont le bruit attirait maintenant les créatures enfouies à des centaines de pas à la ronde ! Il en venait encore plus, plusieurs guntaï* de samuraï impatients de dévorer de la cervelle rokugani ! [*guntaï = 20 hommes, commandés par un gunso = un sergent] Et cette fois, nos héros étaient encerclés par plusieurs groupes. Tadao avisa le terrain et ordonna qu'on se replie pour obliger les troupes ennemies à se regrouper en face d'eux ! - Nous allons être acculés à la rivière, lança un officier. - Tout vaut mieux qu'être pris entre quatre attaques ! Les lanciers tinrent bon pour empaler les plus audacieux, qui chargeaient déjà. Les archers étaient inefficaces ou presque contre ces squelettes en armure, qui sentaient à peine la pointe des flèches. Les samuraï ne purent reculer longtemps et il fallut se battre. Cette fois, Sasuke invoqua son katana enflammé et se jeta dans la mêlée ! Mitsurugi était aux côtés de l'Inquisiteur, sur le flanc droit, et Yatsume avec la BEC à l'avant, avec les plus enragés quêteurs de morts venus de la famille Hida ! Hélas, il en venait encore et l'armée humaine était désorganisée. - Je peux nous faire gagner du temps, lança Sasuke. Il joignit ses mains, fit une courte invocation, et un demi-cercle de feu jaillit devant les Rokugani. Plusieurs zombies brûlèrent dedans. La plupart des autres put reculer. - Ce feu durera une heure, dit le shugenja. Protégés, les humains s'assirent, et en profitèrent pour s'alimenter. Il pansèrent en vitesse leurs plaies et reprirent une formation. De l'autre côté de la barrière de feu, les zombies entrechoquaient leurs armes, rageaient, tournaient en rond... Les samuraï en bonne santé les tenait en joue de leurs arcs en permanence, pendant que leurs camarades prenaient du repos. Hélas, les troupes de l'Outremonde ne faisaient pas qu'attendre : elles grossissaient ! De nouveaux zombies sortaient de terre, invoqués par des shamans squelettiques, et ils se pressaient contre le mur de flamme. - Misère ! dit Tadao. Toutes les troupes du Dieu Maudit se sont passées le mot ou quoi ! Et encore, il savait que ces zombies ne représentaient qu'une partie infime des abominations sorties du Puits Suppurant ! - Nous n'avons plus le choix, dit Tadao. Soit il faut reprendre la bataille tout de suite, soit nous mettre à l'abri. Mais plus nous attendons, et plus nos ennemis seront nombreux ! Nos héros n'avaient quitté Rokugan que depuis quelques heures, et le voyage devait durer au moins deux jours jusqu'aux Royaumes d'Ivoire ! - Mon mur de feu peut encore tenir, dit Sasuke. Nous avons le temps de traverser la rivière derrière nous. - Oui, c'est le seul moyen. Mais c'était tout sauf sûr ! Trois samuraï attachèrent des cordes à leurs flèches et tirèrent sur l'autre rive, dans le dos de l'armée. - Aurons-nous le temps de tous passer avant que les flammes ne retombent ? dit Tadao. - Il va falloir nous presser ! - Il y en a d'autres, lança Yatsume. Sur la petite île de l'autre côté de la rivière, de gros gobelins à la peau couleur terre venaient de sortir du sol. - C'est toujours moins pire que ces zombies, dit Tadao. Des volontaires pour y aller devant et préparer notre passage ! La BEC se porta volontaire, ainsi que Yatsume et quatre Hida. - Nous vous couvrons, dit le sergent des archers. Ceux-ci encochèrent et firent reculer les gobelins marrons pendant que l'avant-garde passait la rivière à la force des bras par la corde. Deux volées partirent. Mamoru, Yojiro et Yatsume s'agrippèrent à la rive et mirent pied sur l'îlot les premiers, vite rejoints par les Hida. Le petit groupe chargea les gobelins et en fit un champloo dégoutant ! De l'autre côté, les flammes mouraient : les combats reprirent. Or, les zombies étaient maintenant soutenus par trois onis effrayants, une espèce de mante religieuse haute comme trois hommes, à huit pattes et deux têtes, ainsi que deux monstrueuses araignées grosses comme des chariots, avec des paires de pattes en tous sens et des mandibules à sectionner une porte en bronze ! Sasuke dut employer la manière forte : il invoqua d'énormes flammes, qui partirent en tourbillonnant sur les abominations géantes. Celles-ci reculèrent en crissant, mais revinrent à l'assaut, malgré l'incendie qui leur dévorait l'abdomen. Mitsurugi chargea avec des Hida et ensemble, ils fracassèrent les pattes et la tête de ces monstres. L'Inquisiteur Tadao soutenait ses hommes en envoyant vague après vague du jade sur les zombies. Soudain, on entendit un glissement de terrain, le sol gronda, et les cordes qui reliaient les deux rives lâchèrent. Le terrain se déformait, comme parcouru d'une douleur atroce ; le sol trembla. Finalement, les onis agonisèrent et les derniers revenants disparurent sous terre. Nos héros avaient gagné, mais le groupe de la BEC et Yatsume était isolé. Leur îlot s'éloignait de plus en plus de l'autre rive. - Vite, en chasse, dit Tadao. Nous allons suivre la rivière en aval pour les retrouver ! L'ilot était de plus en plus instable : il s'enfonçait dans l'eau ! Nos héros n'eurent d'autre choix que de courir vers un banc de sable à peine émergé, puis de courir vers un autre petit chapelet d'îles aussi fragiles. Pendant ce temps, la troupe de l'Inquisiteur courait le long du fleuve, espérant rejoindre par un chemin détourné les éclaireurs du groupe. Mais le fleuve partait dans la direction presque opposée, et il n'était pas possible de le traverser. Ils longèrent la rive un moment, mais ils durent s'arrêter. Ils ne pourraient pas rejoindre les bancs de sable. La mort dans l'âme, ils durent rebrousser chemin. En quelques heures, ils avaient perdu beaucoup d'hommes : à cette cadence-là, ils n'attendraient jamais les Royaumes d'Ivoire. Leur armée, trop grosse sans doute, attirait l'Outremonde comme la viande attire le chien. Il n'y avait plus qu'à prier les dieux que ceux-ci aient choisi les éclaireurs pour réussir là où eux avaient échoué. ![]() En fin de journée, ils étaient de retour à la Muraille. - Les hommes qui sont restés là-bas ont tous une expérience de l'Outremonde et de ses dangers, dit Tadao. Ils connaissent en gros le chemin, car j'ai fait distribué plusieurs copies de notre trajets à mes sergents. L'un des membres du groupe peut donc les guider. De plus, je ne vais pas m'arrêter là : je vais remettre sur pied une expédition pour venir à leur secours et aller chercher le Shuten-Doji ! Tadao voulait encorey croire, malgré cet échec. Il demanda un rendez-vous devant le conseil des Inquisiteurs. ![]()
12-10-2009, 05:09 PM
Suite.
![]()
12-10-2009, 10:06 PM
Bravissimo
![]() Quel talent... de dessinateur:P
12-10-2009, 10:10 PM
J'ai trop de trucs en retard:P
Je vais former un apprenti, ou bien sous-traiter pour arriver à mettre ces récits à jour ![]()
12-10-2009, 10:18 PM
6 mois de vacances.
Ca devrait te laisser le temps. ![]() |
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