28-12-2009, 02:10 PM
(This post was last modified: 28-12-2009, 08:34 PM by Darth Nico.)
COPS - Saison 2, Épisode 1
Belle journée que ce 11 juin à Los Angeles. Journée qui s'annonce plutôt calme. Nos héros reviennent de deux mois de stage et de vacances. Ils ont eu droit au repos des guerriers après avoir bouclé plusieurs gros dossiers qui les ont occupés depuis la fin de l'année passée.
Ces jours-ci, le lieutenant Hawkins profite qu'il n'y ait pas trop d'affaires en cours pour renforcer les patrouilles en uniforme : avec les élections qui approchent, il est bon de rassurer le citoyen de base, ainsi que les nombreux touristes qui, à l'approche de l'été, affluent déjà dans la mégalopole.
Enlèvement d'un journaliste
Il est 8h quand la voiture des agents Kogoro "Akechi" Colombo et Alicia "Jade" Jen Yu sort du parking juste devant celle des agents Jet "Black Dog" Allen et Charlie "Reito" Swagger. Les deux hommes ont un trajet assigné dans Hollywood, tandis que les deux femmes auront droit au nord de South Central.
Jade et Akechi font une tournée sans histoire depuis une petite heure, et la Japonaise grogne déjà contre les patrouilles en uniforme, que c'est inutile etc. Sa collègue Chinoise ne manque pas de lui rappeler l'importance de montrer que le COPS est présent en ville.
Les deux femmes entament leur premier passage par Martin Luther King Jr. Boulevard quand elles reçoivent un appel des "Anges" pour leur signaler un enlèvement à trois blocs de là. Au volant, Akechi est déjà pressée de changer d'itinéraire. Mollement, Jade appelle son supérieur, le lieutenant Hawkins, pour savoir si elles peuvent s'en occuper :
- Ce n'est pas trop loin, concède Hawkins. Allez-y voir et tenez-moi au courant...
Le lieutenant est dans un bon jour. Il accepte que les deux agents échappent à leur patrouille. Mais après tout, le COPS est là pour aider les gens, pas pour patrouiller, non ? Elles remontent donc vers le sud de Downtown, et arrivent au Jameson's Dinner. Les gens se pressent pour leur petit-déjeuner. Un agent de quartier est en faction devant, avec plusieurs témoins, dont une grosse Portoricaine qui répète à qui veut l'entendre qu'elle a tout vu. Akechi met un petit coup de sirène et se gare. Badge au cou, les deux femmes se présentent à l'agent. La grosse Portoricaine trépigne, impatiente de raconter. Jade prend son témoignage, pendant qu'Akechi va à l'intérieur, "relever des indices" (c'est sa marotte).
Les deux femmes reconstituent rapidement ce qui s'est passé : Robert Brisbane, 48 ans, journaliste d'investigation au quotidien The Observer (centre-gauche), a été enlevé il y a une demi-heure, alors qu'il venait rencontrer un cadre du centre-ville, en vue d'un reportage sur un scandale financier. Cela, Jade l'apprend en téléphonant au rédacteur en chef du journal. Bien sûr, il refuse de divulguer les dossiers personnels de son journaliste ; Jade, pas surprise, signale juste qu'elle enverra un mandat.
En ressortant du dinner, une grosse Chrysler vert foncé est arrivée à fond la caisse, s'est arrêtée à sa hauteur ; deux hommes en passe-montagne ont surgi et l'ont embarqué de force après l'avoir matraqué. La berline a démarré et a disparu au coin de la rue, à une heure où la circulation était encore fluide.
Jade lance le signalement du véhicule et prend un moulage des traces de pneus. Pendant ce temps, Akechi récupère l'ADN de Brisbane et de son contact sur sa tasse à café. Les demandes sont envoyées à la Scientifique : Jade, qui sort d'un stage de niveau 3 chez eux, n'a pas trop de mal à faire mettre son dossier sur le haut de la pile. Un laborantin ne tarde pas à lui apprendre que ce sont des pneus blindés, délivrés seulement par des garagistes agréés.
Autre piste : les caméras. Akechi a déjà récupéré les enregistrements dans le café tandis que Jade se fait envoyer celles des caméras dans la rue. On voit ainsi Brisbane entrer, à 8h00, commander, boire un jus d'orange. Son contact arrive, pressé, vers 8h20, un homme la trentaine en costume. Ils discutent jusqu'à 8h50, et l'homme s'en va. Brisbane sort à 9h00 et se fait enlever.
Puis on suit la voiture sur quatre blocs, avant qu'elle n'échappe à la surveillance.
Les deux femmes ne peuvent rien faire de plus pour le moment. Elles n'ont plus d'excuse pour échapper à la patrouille. Ah si, il resterait des demandes en attente, des informations à prendre sur Brisbane. Jade rappelle Hawkins.
- Oui, occupez-vous de cet enlèvement, dit le lieutenant. Mais vous pouvez très bien le faire depuis le véhicule...
En soupirant, Akechi se remet au volant. Jade se cale dans son siège, met son oreillette et s'apprête à passer la matinée accrochée à son téléphone.
Enlèvement d'un expert en hôtellerie
Black Dog et Reito patrouillent tranquillement dans West Hollywood. Il est 9h00 quand ils décident qu'il est grand temps de manger un morceau. Ils s'arrêtent dans leur donut's shop préféré, savourent leur gourmandise, et remontent en patrouilleuse.
Ils écoutent un mélange de vacations radio des "Anges", de bulletins météo et de gros hip-hop qui tâche, entre les grésillements du poste et les basses sans concession de Jeff MC Tomahawk, l'héritier spirituel de 2PAC Shakur. Le tout produit un bruit de fond lourd et gras, qui doit bercer nos agents toute la journée, en les maintenant immerger dans l'agitation bordélique de la Cité des Anges et de ses services de police.
Les deux flics parcourent le quartier décadent de Hollywood, qui n'a plus rien de son luxe d'antan, et qui ressemble à ces villes de films post-nuke. Il est 9h30 quand ils reçoivent un appel des Anges, pour un enlèvement à l'hôtel Wyatt Intercontinental, à côté de Hancock Park. Contents d'échapper à la patrouille, les deux hommes quittent West Pico Boulevard et rejoignent Wilshire Boulevard. Ils s'arrêtent devant l'hôtel de luxe, qui a l'air d'un oasis au milieu du quartier en déliquescence. De larges marches entre des palmiers mènent à une plateforme en marbre, où deux employés en livrées viennent prendre les valises. L'arrosage automatique est en marche, et trois jardiniers s'affairent dans les massifs de fleurs. Les deux policiers font craquer leurs doigts, se font connaître et montent dans la chambre de la victime. Deux agents de quartier sont déjà là, qui les mette au courant : l'homme s'appelle Rupert Swaim. Expert en audit interne pour la chaîne d'hôtellerie Wyatt Intercontinental, il séjournait dans cette chambre (une suite luxueuse) depuis trois jours. Il effectuait un contrôle qualité complet, service par service, de l'établissement. Il a commandé un taxi à 8h20 et il l'a eu dix minutes plus tard. Il a quitté l'hôtel à la demi, et, dix minutes après, la compagnie de taxi a signalé la disparition de son véhicule.
Black Dog remercie son collègue et lui annonce qu'ils vont prendre la suite.
Reito est déjà en train de fouiller la chambre. Le peignoir et la brosse à dents sont là. Les costumes sont alignés dans le placard, une valise est à moitié pleine. Les deux COPS passent ensuite au PC sécurité, où ils visionnent les bandes de Swaim. Elles permettent de voir qu'il est parti précipitamment, une chemise pleine de papiers sous le bras. Le taxi a été identifié. Il faisait sa première course de la journée. Swaim a demandé une adresse à côté de Pomona Boulevard, à Temple City. Le taxi n'a pas démarré particulièrement vite ; il a disparu après le premier tiers du trajet, du côté de Glendale.
Les deux policiers ne voient plus trop de renseignements à glaner sur place. Ils savent que la visite de Swaim pour cet audit complet a occasionné des tensions chez le personnel, plusieurs employés s'étant fait remonter les bretelles sévèrement. Mais on imagine que ça doit être la routine chaque fois qu'un contrôle qualité inopiné a lieu. Les deux COPS ne pourront rien apprendre de plus. Ils reçoivent un appel de Hawkins, qui leur fait savoir que par le cousin de sa belle-soeur, l'honorable M. Swaim est en contact avec le procureur, et qu'il convient donc de le retrouver rapidement. En croisant les doigts pour que ce soit juste une escapade imprévue avec une maitresse impatiente. Voilà donc nos deux agents soulagés de leur patrouille, et en route pied au plancher vers Temple City.
Pluie et poussière
La matinée va tranquillement vers sa fin. Jade et Colombo continuent leur patrouille, en passant quelques appels pour l'enlèvement du journaliste Robert Brisbane ; Jade a eu le lieutenant Hawkins au téléphone : il signale que les agents Reito et Black Dog s'occupent d'un autre enlèvement, une affaire très sérieuse qu'ils prennent en charge entièrement.
- Je vais vous laisser en autonomie, Jade... Désolé mais là, c'est quelqu'un de très important, je n'ai plus une minute à moi. Je vous laisse, j'ai le proc' au bout du fil !
Les deux femmes sont ravies d'apprendre que leur enlèvement n'est pas important, et que leurs deux collègues ont eu le droit, eux, d'arrêter leur patrouille !...
Il est presque midi quand un appel du commissariat du district ouest de South Central réveille les deux femmes de leur torpeur maussade :
- Nous avons retrouvé un véhicule correspondant parfaitement à votre description : berline Chrysler vert foncé. Elle est garée à l'entrée d'un terrain vague. Deux de nos agents la gardent.
Jade consulte le trajet de patrouille : allez, ce n'est pas si loin ! Hawkins est trèèès occupé par l'autre enlèvement, donc un petit crochet...
Il fait un ciel bleu impeccable au-dessus de ce quartier sauvage et immense de South Central. L'air est en plomb, le bitume et le béton sont brûlants. Akechi se gare à l'entrée d'un grand rectangle de terre qui cuit au soleil, entouré d'une mauvaise palissade qui s'écroulerait s'il y avait le moindre souffle d'air. La voiture a d'ailleurs défoncé sans mal les planches de bois. Elle s'est arrêtée sur de la terre craquelée et maintenant, elle est en plein cagnard. La carrosserie est bouillante. La plaque d'immatriculation est à moitié recouverte de boue, ce qu'avaient montré déjà les caméras urbaines au café.
- Pas de doute, c'est elle, dit Jade.
La Chinoise inspecte l'extérieur, Akechi l'intérieur. Jade reconnaît les pneus blindés, la plaque, et des traces de pas autour. Elle effectue un moulage qu'elle envoie aux labos. A l'intérieur, les sièges et le volant sont brûlants. Akechi découvre des traces ADN et un téléphone dans la boîte à gants.
Les deux agents font le point, en observant un building gris vidé et muré, planté au bout de ce terrain, et dont un panneau signale qu'il sera bientôt abattu. C'est alors que le téléphone trouvé par Akechi se met à sonner.
- Vous avez enfin trouvé la voiture...
Une voix d'homme, étouffée.
- Qui êtes-vous ? demande fermement Akechi.
- Nous verrons plus tard. Pour le moment, la question est de savoir si vous pouvez sauver Robert Brisbane. Ce journaliste trop curieux a droit à une chance. Il se trouve dans l'immeuble que vous voyez. Dépêchez-vous d'aller le secourir... Je vous rappellerai.
Fin de communication. Les deux femmes courent déjà. Elles entrent dans le hall aux tapis et papiers peints arrachés, avec ses appartements vides, les portes arrachées, les cages d'ascenseur béantes.
Les deux agents réalisent alors qu'il y a une vingtaine d'étages... Elles se répartissent déjà le travail, quand le portable sonne :
- Je ne vais pas vous épuiser dès maintenant... Brisbane est au onzième. Mais faites vite.
Jade redouble de vitesse. Les pas précipités résonnent dans toute la structure en béton. Dès le onzième, on entend des coups sourds portés sur une surface métallique. La porte de l'appartement tient à peine dans ses gonds (l'endroit a été vandalisé du premier au dernier étage). Un homme d'une bonne quarantaine d'année, de l'embonpoint, est attaché à un radiateur, ligoté et bâillonne. Jade lui arrache ses liens :
- Robert Brisbane ?
- Oui...
Il a reçu plusieurs coups au visage, mais il est en état de marcher. Akechi aperçoit une bombe dans un coin de la pièce. Pas de minuteur. Le type au téléphone doit pouvoir la faire sauter quand il veut. Les deux policiers et le journaliste dégringolent les marches et ressortent sur le terrain vague, dans l'atmosphère étouffante.
Tout le monde entame le cent mètres. Une onde de choc jaillit soudain, projetant les trois coureurs à terre, dans un soulèvement asphyxiant de poussière ; ils en avalent par tous les trous, n'y voient plus rien, crachent, dans une brume épaisse, poisseuse, qui se colle à eux d'un coup. Et il fait humide un instant ; il y a de gros grains humides en suspension, comme dans le bayou, alors qu'il faisait sec comme dans le Kalahari une minute plus tôt.
On se relève doucement, et voilà qu'une ondée tombe. De la grosse pluie, à se croire sous les tropiques un moment, dans un nuage gris cotonneux. Puis l'air revient dans cette masse nuageuse, le ciel bleu réapparait, et la chaleur impitoyable disperse bien vite cette humidité. Jade a le réflexe de récupérer un échantillon de terre humide dans un sachet.
- Brisbane, vous allez bien ?
Le journaliste tousse de tous ses poumons. Les deux policières se sont protégées de leurs masques.
- Oui, oui, ça va...
On rejoint la Chrysler. Les agents de quartier accourent pour aider le journaliste. C'est alors que les deux femmes réalisent que le bâtiment derrière elle est intacte ! Seul le onzième étage a l'air secoué, mais sans plus. Pas d'incendie, pas de flamme. Par contre, les trois échappés du bâtiment suent comme dans un sauna. Ce n'est même pas la chaleur qui a pu provoquer une telle transpiration. Elles meurent de soif. Et voilà qu'Akechi repart à fond de train dans le building. C'est le soleil qui a cogné trop fort ou quoi ? Les escaliers sont plein de poussière, c'est à peine respirable. Tout est maintenant boueux, trempé, dégouttant du sol au plafond, à l'abri du soleil. C'est de la boue formé par le nuage de terre soulevé par l'explosion de la bombe. Au onzième, on ne voit même pas le bout de ses pieds. La structure est intacte. Mais des canalisations d'eau ont explosé de l'autre côté de la rue, des bornes de pompier.
Akechi, n'y tenant plus, ressort, épuisée.
Jade a appelé le déminage et une ambulance pour Brisbane. Il va être temps de rentrer au Central pour faire un rapport. Quel dommage, la patrouille attendra...
Le thé et les petits gâteaux pakistanais
Black Dog et Reito arrivent à destination à onze heures, dans la rue où le taxi devait se rendre. Un attroupement s'est formé devant un immeuble et la police a bien du mal à dire aux gens de circuler. D'autres plantons sont en train de fermer la rue à la circulation. Au 6e étage, on voit par la vitre un homme agenouillé, répondant à la description de Rupert Swaim, l'expert en audit de la chaîne Wyatt. Il est braqué par un individu d'une trentaine d'années. Black Dog se présente et dit qu'il va prendre les choses en main.
- Bouclez le quartier pendant ce temps.
Reito entre dans le hall de l'immeuble, où une vieille dame finit de descendre l'escalier. Le policier lui crie soudain de s'arrêter :
- Stop madame ! Plus un pas !
Il vient de repérer un dispositif suspect au mur, avec une diode rouge qui clignote et un afficheur digital.
- Veuillez reculer madame ! De trois marches !
Un petit retraité asiatique descend alors derrière la dame, un téléphone en main :
- Policier ! L'homme là-haut ! Il veut vous parler ! Il est au bout du fil !
- Jetez-moi le téléphone, dit Reito. Je ne monte pas.
On entend alors l'homme crier dans le téléphone.
- Il dit non, il dit non, fait l'Asiatique. Il dit que... attendez...
Il branche le haut-parleur.
- Écoutez-moi, policier, dit le preneur d'otage, le capteur au mur est un détecteur de mouvement ! Si vous approchez, il explose ! Vous comprenez ?
- Oui, lance Reito.
- Il y a celui-là, et il y en a d'autres... devant les ascenseurs.
Il y a deux ascenseurs dans le hall. Au grand effroi de Reito, une cabine arrive à ce moment au rez-de-chaussée. Le policier se précipite : la porte s'ouvre et Reito crie à l'occupant, un jeune homme type Latinos, de rester à l'intérieur.
- Et bloquez la porte ! Vite !
- Tain c'est quoi ce bordel ?
- Il y a une bombe à la sortie de votre ascenseur ! Si vous bougez, tout saute !
Le jeune se replie au fond de la cage, plaqué dos au mur ! Il devient tout blanc.
- Bien, vous avez des réflexes, dit le preneur d'otage. Il y a d'autres détecteurs dans l'immeuble, surtout à l'entrée de mon étage. Inutile de vouloir approcher, compris ?
- D'accord, d'accord, mais calmez-vous...
Dehors, Black Dog appelle déjà le déminage et un négociateur. Appel de Hawkins, qui demande des nouvelles.
- Écoutez, Black Dog, je vous ai dit que c'était un personnage important, d'accord ? Alors, vous allez me gérer ça en douceur, compris ? Et avec efficacité, n'est-ce pas... Bon, des tireurs d'élite sont en route. Alors vous allez les soutenir, d'accord ? Je sais que vous n'êtes pas mauvais quand il s'agit de mettre l'œil dans un viseur...
- On peut dire ça, lieutenant.
Un hélicoptère atterrit : en descendent deux démineurs, deux tireurs et le négociateur. Black Dog leur serre la main, pendant que Reito surveille l'intérieur de l'immeuble. La température monte. Les gens, paniqués, ne peuvent pas descendre. Les ascenseurs sont également bloqués. Reito a maintenant une ligne directe avec le preneur d'otage, mais il ne dit rien de ses revendications.
Black Dog a repéré un immeuble en face, et y monte avec les deux snipers.
- Depuis le huitième, on devrait avoir un bon spot.
Ils traversent la rue en courant, monte en escalier, et frappent à la porte de l'appartement ad hoc : un Pakistanais leur ouvre.
Les policiers se présentent brièvement, et entrent déjà. Black Dog signale la prise d'otage pendant que les deux tireurs déballent leur matériel. La mère et les deux filles sont effrayées, tandis que le garçon, l'aîné, a les yeux qui brillent. Il vient de trouver sa vocation !
- Shanji, emmène les enfants à l'école, dit le mari. Je vais m'occuper de ces messieurs.
La mère, affolée, pousse sa progéniture dehors.
- Merci monsieur, de votre coopération... Une petite prise d'otage, dans l'immeuble en face. Vous nous aidez bien. Ce sera vite réglé.
Les deux tireurs s'agenouillent sur le balcon et font leurs réglages. La vue sur la fenêtre d'en face est excellente.
Dans l'immeuble, Reito reçoit un appel :
- Vous vous fichez de moi ? Qui sont ces guignols ?...
- Ce sont... euh des experts du terrain...
- Écoutez-moi bien ! Je parie que ce sont des experts en déminage ! S'ils approchent des détecteurs, je les fais sauter manuellement, compris ! Compris ?
- Oui, oui, compris... Reculez, messieurs !
Reito fait mine d'engueuler les démineurs, pour donner confiance au preneur d'otage. Les experts n'ont pas le choix.
- Attendez, vous êtes encore là ? dit Reito. Il y a quelqu'un qui veut vous parler.
C'est le négociateur.
- Allô monsieur ?
- Ta gueule ! Ta gueule !... Repasse-moi l'autre flic ! Vite !...
Le négociateur obéit.
- Allô ? C'est vous le policier du début ? Oui... Bon, quel est votre nom ?
- Agent Charlie Swagger, dit notre héros, en se redressant comme à la parade.
- Bien, Swagger... Alors, voilà ce qui va se passer : je ne parlerai qu'à vous ! Rien qu'à vous. Je ne veux pas de ce négociateur ni personne d'autre. Rien que vous, Swagger, d'homme à homme. Vous m'avez l'air d'un type bien, c'est ce qu'il me faut, pour que vous compreniez pourquoi j'ai pris en otage cette fripouille... Que personne d'autre ne s'avise de me parler...
- D'accord, entendu...
- Attendez... Et c'est qui encore, ces types en face ? Des tireurs je parie... J'ai horreur de ça, désolé... Alors je vais prendre un peu d'intimité.
Et voilà que le preneur d'otage ferme les volets.
- Merde, on est grillés...
- Désolé, les gars, dit Black Dog, c'est pas votre jour...
Reito et lui sont en communication et il y a confirmation que les deux tireurs se sont fait repérer... Ce qui n'est pas le cas de Black Dog.
- On décroche d'ici, dit le sniper n°1. On va trouver un autre spot. Agent Allen, vous restez ici ?
- Oui, je vais m'installer, si monsieur le permet.
- Pas de problème, dit le Pakistanais.
- Alors je vais vous laisser du matériel.
Black Dog récupère un fusil et les lunettes thermiques.
- Magnifique !
- Vous connaissez la bête, je pense... Souvenez-vous, personne ne passe devant le canon.
- Bien sûr.
- Bon, on reste en contact, bon courage...
Les deux hommes partent en courant.
Notre héros a déjà repéré le canapé, d'où il pourra voir sans être vu. Il l'installe correctement, et s'assoit, bien à son aise.
Le Pakistanais a débarrassé le salon :
- Est-ce que je vous amène du thé et des petits gâteaux ? C'est fait maison !
- Ma foi, volontiers !
Black Dog s'étire et déguste son petit-déjeuner.
A la même heure, Jade et Akechi arrivent au Central, couvertes de boue.
- Salut les filles, leur dit Mètre-Cube, vous êtes superbes, dites-moi !
- Ouais, rétorque Jade, on s'est battues dans la boue !
Mètre-Cube siffle d'admiration :
- Tu m'enverras la vidéo.
A suivre...
Belle journée que ce 11 juin à Los Angeles. Journée qui s'annonce plutôt calme. Nos héros reviennent de deux mois de stage et de vacances. Ils ont eu droit au repos des guerriers après avoir bouclé plusieurs gros dossiers qui les ont occupés depuis la fin de l'année passée.
Ces jours-ci, le lieutenant Hawkins profite qu'il n'y ait pas trop d'affaires en cours pour renforcer les patrouilles en uniforme : avec les élections qui approchent, il est bon de rassurer le citoyen de base, ainsi que les nombreux touristes qui, à l'approche de l'été, affluent déjà dans la mégalopole.
Enlèvement d'un journaliste
Il est 8h quand la voiture des agents Kogoro "Akechi" Colombo et Alicia "Jade" Jen Yu sort du parking juste devant celle des agents Jet "Black Dog" Allen et Charlie "Reito" Swagger. Les deux hommes ont un trajet assigné dans Hollywood, tandis que les deux femmes auront droit au nord de South Central.
Jade et Akechi font une tournée sans histoire depuis une petite heure, et la Japonaise grogne déjà contre les patrouilles en uniforme, que c'est inutile etc. Sa collègue Chinoise ne manque pas de lui rappeler l'importance de montrer que le COPS est présent en ville.
Les deux femmes entament leur premier passage par Martin Luther King Jr. Boulevard quand elles reçoivent un appel des "Anges" pour leur signaler un enlèvement à trois blocs de là. Au volant, Akechi est déjà pressée de changer d'itinéraire. Mollement, Jade appelle son supérieur, le lieutenant Hawkins, pour savoir si elles peuvent s'en occuper :
- Ce n'est pas trop loin, concède Hawkins. Allez-y voir et tenez-moi au courant...
Le lieutenant est dans un bon jour. Il accepte que les deux agents échappent à leur patrouille. Mais après tout, le COPS est là pour aider les gens, pas pour patrouiller, non ? Elles remontent donc vers le sud de Downtown, et arrivent au Jameson's Dinner. Les gens se pressent pour leur petit-déjeuner. Un agent de quartier est en faction devant, avec plusieurs témoins, dont une grosse Portoricaine qui répète à qui veut l'entendre qu'elle a tout vu. Akechi met un petit coup de sirène et se gare. Badge au cou, les deux femmes se présentent à l'agent. La grosse Portoricaine trépigne, impatiente de raconter. Jade prend son témoignage, pendant qu'Akechi va à l'intérieur, "relever des indices" (c'est sa marotte).
Les deux femmes reconstituent rapidement ce qui s'est passé : Robert Brisbane, 48 ans, journaliste d'investigation au quotidien The Observer (centre-gauche), a été enlevé il y a une demi-heure, alors qu'il venait rencontrer un cadre du centre-ville, en vue d'un reportage sur un scandale financier. Cela, Jade l'apprend en téléphonant au rédacteur en chef du journal. Bien sûr, il refuse de divulguer les dossiers personnels de son journaliste ; Jade, pas surprise, signale juste qu'elle enverra un mandat.
En ressortant du dinner, une grosse Chrysler vert foncé est arrivée à fond la caisse, s'est arrêtée à sa hauteur ; deux hommes en passe-montagne ont surgi et l'ont embarqué de force après l'avoir matraqué. La berline a démarré et a disparu au coin de la rue, à une heure où la circulation était encore fluide.
Jade lance le signalement du véhicule et prend un moulage des traces de pneus. Pendant ce temps, Akechi récupère l'ADN de Brisbane et de son contact sur sa tasse à café. Les demandes sont envoyées à la Scientifique : Jade, qui sort d'un stage de niveau 3 chez eux, n'a pas trop de mal à faire mettre son dossier sur le haut de la pile. Un laborantin ne tarde pas à lui apprendre que ce sont des pneus blindés, délivrés seulement par des garagistes agréés.
Autre piste : les caméras. Akechi a déjà récupéré les enregistrements dans le café tandis que Jade se fait envoyer celles des caméras dans la rue. On voit ainsi Brisbane entrer, à 8h00, commander, boire un jus d'orange. Son contact arrive, pressé, vers 8h20, un homme la trentaine en costume. Ils discutent jusqu'à 8h50, et l'homme s'en va. Brisbane sort à 9h00 et se fait enlever.
Puis on suit la voiture sur quatre blocs, avant qu'elle n'échappe à la surveillance.
Les deux femmes ne peuvent rien faire de plus pour le moment. Elles n'ont plus d'excuse pour échapper à la patrouille. Ah si, il resterait des demandes en attente, des informations à prendre sur Brisbane. Jade rappelle Hawkins.
- Oui, occupez-vous de cet enlèvement, dit le lieutenant. Mais vous pouvez très bien le faire depuis le véhicule...
En soupirant, Akechi se remet au volant. Jade se cale dans son siège, met son oreillette et s'apprête à passer la matinée accrochée à son téléphone.
Enlèvement d'un expert en hôtellerie
Black Dog et Reito patrouillent tranquillement dans West Hollywood. Il est 9h00 quand ils décident qu'il est grand temps de manger un morceau. Ils s'arrêtent dans leur donut's shop préféré, savourent leur gourmandise, et remontent en patrouilleuse.
Ils écoutent un mélange de vacations radio des "Anges", de bulletins météo et de gros hip-hop qui tâche, entre les grésillements du poste et les basses sans concession de Jeff MC Tomahawk, l'héritier spirituel de 2PAC Shakur. Le tout produit un bruit de fond lourd et gras, qui doit bercer nos agents toute la journée, en les maintenant immerger dans l'agitation bordélique de la Cité des Anges et de ses services de police.
Les deux flics parcourent le quartier décadent de Hollywood, qui n'a plus rien de son luxe d'antan, et qui ressemble à ces villes de films post-nuke. Il est 9h30 quand ils reçoivent un appel des Anges, pour un enlèvement à l'hôtel Wyatt Intercontinental, à côté de Hancock Park. Contents d'échapper à la patrouille, les deux hommes quittent West Pico Boulevard et rejoignent Wilshire Boulevard. Ils s'arrêtent devant l'hôtel de luxe, qui a l'air d'un oasis au milieu du quartier en déliquescence. De larges marches entre des palmiers mènent à une plateforme en marbre, où deux employés en livrées viennent prendre les valises. L'arrosage automatique est en marche, et trois jardiniers s'affairent dans les massifs de fleurs. Les deux policiers font craquer leurs doigts, se font connaître et montent dans la chambre de la victime. Deux agents de quartier sont déjà là, qui les mette au courant : l'homme s'appelle Rupert Swaim. Expert en audit interne pour la chaîne d'hôtellerie Wyatt Intercontinental, il séjournait dans cette chambre (une suite luxueuse) depuis trois jours. Il effectuait un contrôle qualité complet, service par service, de l'établissement. Il a commandé un taxi à 8h20 et il l'a eu dix minutes plus tard. Il a quitté l'hôtel à la demi, et, dix minutes après, la compagnie de taxi a signalé la disparition de son véhicule.
Black Dog remercie son collègue et lui annonce qu'ils vont prendre la suite.
Reito est déjà en train de fouiller la chambre. Le peignoir et la brosse à dents sont là. Les costumes sont alignés dans le placard, une valise est à moitié pleine. Les deux COPS passent ensuite au PC sécurité, où ils visionnent les bandes de Swaim. Elles permettent de voir qu'il est parti précipitamment, une chemise pleine de papiers sous le bras. Le taxi a été identifié. Il faisait sa première course de la journée. Swaim a demandé une adresse à côté de Pomona Boulevard, à Temple City. Le taxi n'a pas démarré particulièrement vite ; il a disparu après le premier tiers du trajet, du côté de Glendale.
Les deux policiers ne voient plus trop de renseignements à glaner sur place. Ils savent que la visite de Swaim pour cet audit complet a occasionné des tensions chez le personnel, plusieurs employés s'étant fait remonter les bretelles sévèrement. Mais on imagine que ça doit être la routine chaque fois qu'un contrôle qualité inopiné a lieu. Les deux COPS ne pourront rien apprendre de plus. Ils reçoivent un appel de Hawkins, qui leur fait savoir que par le cousin de sa belle-soeur, l'honorable M. Swaim est en contact avec le procureur, et qu'il convient donc de le retrouver rapidement. En croisant les doigts pour que ce soit juste une escapade imprévue avec une maitresse impatiente. Voilà donc nos deux agents soulagés de leur patrouille, et en route pied au plancher vers Temple City.
Pluie et poussière
La matinée va tranquillement vers sa fin. Jade et Colombo continuent leur patrouille, en passant quelques appels pour l'enlèvement du journaliste Robert Brisbane ; Jade a eu le lieutenant Hawkins au téléphone : il signale que les agents Reito et Black Dog s'occupent d'un autre enlèvement, une affaire très sérieuse qu'ils prennent en charge entièrement.
- Je vais vous laisser en autonomie, Jade... Désolé mais là, c'est quelqu'un de très important, je n'ai plus une minute à moi. Je vous laisse, j'ai le proc' au bout du fil !
Les deux femmes sont ravies d'apprendre que leur enlèvement n'est pas important, et que leurs deux collègues ont eu le droit, eux, d'arrêter leur patrouille !...
Il est presque midi quand un appel du commissariat du district ouest de South Central réveille les deux femmes de leur torpeur maussade :
- Nous avons retrouvé un véhicule correspondant parfaitement à votre description : berline Chrysler vert foncé. Elle est garée à l'entrée d'un terrain vague. Deux de nos agents la gardent.
Jade consulte le trajet de patrouille : allez, ce n'est pas si loin ! Hawkins est trèèès occupé par l'autre enlèvement, donc un petit crochet...
Il fait un ciel bleu impeccable au-dessus de ce quartier sauvage et immense de South Central. L'air est en plomb, le bitume et le béton sont brûlants. Akechi se gare à l'entrée d'un grand rectangle de terre qui cuit au soleil, entouré d'une mauvaise palissade qui s'écroulerait s'il y avait le moindre souffle d'air. La voiture a d'ailleurs défoncé sans mal les planches de bois. Elle s'est arrêtée sur de la terre craquelée et maintenant, elle est en plein cagnard. La carrosserie est bouillante. La plaque d'immatriculation est à moitié recouverte de boue, ce qu'avaient montré déjà les caméras urbaines au café.
- Pas de doute, c'est elle, dit Jade.
La Chinoise inspecte l'extérieur, Akechi l'intérieur. Jade reconnaît les pneus blindés, la plaque, et des traces de pas autour. Elle effectue un moulage qu'elle envoie aux labos. A l'intérieur, les sièges et le volant sont brûlants. Akechi découvre des traces ADN et un téléphone dans la boîte à gants.
Les deux agents font le point, en observant un building gris vidé et muré, planté au bout de ce terrain, et dont un panneau signale qu'il sera bientôt abattu. C'est alors que le téléphone trouvé par Akechi se met à sonner.
- Vous avez enfin trouvé la voiture...
Une voix d'homme, étouffée.
- Qui êtes-vous ? demande fermement Akechi.
- Nous verrons plus tard. Pour le moment, la question est de savoir si vous pouvez sauver Robert Brisbane. Ce journaliste trop curieux a droit à une chance. Il se trouve dans l'immeuble que vous voyez. Dépêchez-vous d'aller le secourir... Je vous rappellerai.
Fin de communication. Les deux femmes courent déjà. Elles entrent dans le hall aux tapis et papiers peints arrachés, avec ses appartements vides, les portes arrachées, les cages d'ascenseur béantes.
Les deux agents réalisent alors qu'il y a une vingtaine d'étages... Elles se répartissent déjà le travail, quand le portable sonne :
- Je ne vais pas vous épuiser dès maintenant... Brisbane est au onzième. Mais faites vite.
Jade redouble de vitesse. Les pas précipités résonnent dans toute la structure en béton. Dès le onzième, on entend des coups sourds portés sur une surface métallique. La porte de l'appartement tient à peine dans ses gonds (l'endroit a été vandalisé du premier au dernier étage). Un homme d'une bonne quarantaine d'année, de l'embonpoint, est attaché à un radiateur, ligoté et bâillonne. Jade lui arrache ses liens :
- Robert Brisbane ?
- Oui...
Il a reçu plusieurs coups au visage, mais il est en état de marcher. Akechi aperçoit une bombe dans un coin de la pièce. Pas de minuteur. Le type au téléphone doit pouvoir la faire sauter quand il veut. Les deux policiers et le journaliste dégringolent les marches et ressortent sur le terrain vague, dans l'atmosphère étouffante.
Tout le monde entame le cent mètres. Une onde de choc jaillit soudain, projetant les trois coureurs à terre, dans un soulèvement asphyxiant de poussière ; ils en avalent par tous les trous, n'y voient plus rien, crachent, dans une brume épaisse, poisseuse, qui se colle à eux d'un coup. Et il fait humide un instant ; il y a de gros grains humides en suspension, comme dans le bayou, alors qu'il faisait sec comme dans le Kalahari une minute plus tôt.
On se relève doucement, et voilà qu'une ondée tombe. De la grosse pluie, à se croire sous les tropiques un moment, dans un nuage gris cotonneux. Puis l'air revient dans cette masse nuageuse, le ciel bleu réapparait, et la chaleur impitoyable disperse bien vite cette humidité. Jade a le réflexe de récupérer un échantillon de terre humide dans un sachet.
- Brisbane, vous allez bien ?
Le journaliste tousse de tous ses poumons. Les deux policières se sont protégées de leurs masques.
- Oui, oui, ça va...
On rejoint la Chrysler. Les agents de quartier accourent pour aider le journaliste. C'est alors que les deux femmes réalisent que le bâtiment derrière elle est intacte ! Seul le onzième étage a l'air secoué, mais sans plus. Pas d'incendie, pas de flamme. Par contre, les trois échappés du bâtiment suent comme dans un sauna. Ce n'est même pas la chaleur qui a pu provoquer une telle transpiration. Elles meurent de soif. Et voilà qu'Akechi repart à fond de train dans le building. C'est le soleil qui a cogné trop fort ou quoi ? Les escaliers sont plein de poussière, c'est à peine respirable. Tout est maintenant boueux, trempé, dégouttant du sol au plafond, à l'abri du soleil. C'est de la boue formé par le nuage de terre soulevé par l'explosion de la bombe. Au onzième, on ne voit même pas le bout de ses pieds. La structure est intacte. Mais des canalisations d'eau ont explosé de l'autre côté de la rue, des bornes de pompier.
Akechi, n'y tenant plus, ressort, épuisée.
Jade a appelé le déminage et une ambulance pour Brisbane. Il va être temps de rentrer au Central pour faire un rapport. Quel dommage, la patrouille attendra...
Le thé et les petits gâteaux pakistanais
Black Dog et Reito arrivent à destination à onze heures, dans la rue où le taxi devait se rendre. Un attroupement s'est formé devant un immeuble et la police a bien du mal à dire aux gens de circuler. D'autres plantons sont en train de fermer la rue à la circulation. Au 6e étage, on voit par la vitre un homme agenouillé, répondant à la description de Rupert Swaim, l'expert en audit de la chaîne Wyatt. Il est braqué par un individu d'une trentaine d'années. Black Dog se présente et dit qu'il va prendre les choses en main.
- Bouclez le quartier pendant ce temps.
Reito entre dans le hall de l'immeuble, où une vieille dame finit de descendre l'escalier. Le policier lui crie soudain de s'arrêter :
- Stop madame ! Plus un pas !
Il vient de repérer un dispositif suspect au mur, avec une diode rouge qui clignote et un afficheur digital.
- Veuillez reculer madame ! De trois marches !
Un petit retraité asiatique descend alors derrière la dame, un téléphone en main :
- Policier ! L'homme là-haut ! Il veut vous parler ! Il est au bout du fil !
- Jetez-moi le téléphone, dit Reito. Je ne monte pas.
On entend alors l'homme crier dans le téléphone.
- Il dit non, il dit non, fait l'Asiatique. Il dit que... attendez...
Il branche le haut-parleur.
- Écoutez-moi, policier, dit le preneur d'otage, le capteur au mur est un détecteur de mouvement ! Si vous approchez, il explose ! Vous comprenez ?
- Oui, lance Reito.
- Il y a celui-là, et il y en a d'autres... devant les ascenseurs.
Il y a deux ascenseurs dans le hall. Au grand effroi de Reito, une cabine arrive à ce moment au rez-de-chaussée. Le policier se précipite : la porte s'ouvre et Reito crie à l'occupant, un jeune homme type Latinos, de rester à l'intérieur.
- Et bloquez la porte ! Vite !
- Tain c'est quoi ce bordel ?
- Il y a une bombe à la sortie de votre ascenseur ! Si vous bougez, tout saute !
Le jeune se replie au fond de la cage, plaqué dos au mur ! Il devient tout blanc.
- Bien, vous avez des réflexes, dit le preneur d'otage. Il y a d'autres détecteurs dans l'immeuble, surtout à l'entrée de mon étage. Inutile de vouloir approcher, compris ?
- D'accord, d'accord, mais calmez-vous...
Dehors, Black Dog appelle déjà le déminage et un négociateur. Appel de Hawkins, qui demande des nouvelles.
- Écoutez, Black Dog, je vous ai dit que c'était un personnage important, d'accord ? Alors, vous allez me gérer ça en douceur, compris ? Et avec efficacité, n'est-ce pas... Bon, des tireurs d'élite sont en route. Alors vous allez les soutenir, d'accord ? Je sais que vous n'êtes pas mauvais quand il s'agit de mettre l'œil dans un viseur...
- On peut dire ça, lieutenant.
Un hélicoptère atterrit : en descendent deux démineurs, deux tireurs et le négociateur. Black Dog leur serre la main, pendant que Reito surveille l'intérieur de l'immeuble. La température monte. Les gens, paniqués, ne peuvent pas descendre. Les ascenseurs sont également bloqués. Reito a maintenant une ligne directe avec le preneur d'otage, mais il ne dit rien de ses revendications.
Black Dog a repéré un immeuble en face, et y monte avec les deux snipers.
- Depuis le huitième, on devrait avoir un bon spot.
Ils traversent la rue en courant, monte en escalier, et frappent à la porte de l'appartement ad hoc : un Pakistanais leur ouvre.
Les policiers se présentent brièvement, et entrent déjà. Black Dog signale la prise d'otage pendant que les deux tireurs déballent leur matériel. La mère et les deux filles sont effrayées, tandis que le garçon, l'aîné, a les yeux qui brillent. Il vient de trouver sa vocation !
- Shanji, emmène les enfants à l'école, dit le mari. Je vais m'occuper de ces messieurs.
La mère, affolée, pousse sa progéniture dehors.
- Merci monsieur, de votre coopération... Une petite prise d'otage, dans l'immeuble en face. Vous nous aidez bien. Ce sera vite réglé.
Les deux tireurs s'agenouillent sur le balcon et font leurs réglages. La vue sur la fenêtre d'en face est excellente.
Dans l'immeuble, Reito reçoit un appel :
- Vous vous fichez de moi ? Qui sont ces guignols ?...
- Ce sont... euh des experts du terrain...
- Écoutez-moi bien ! Je parie que ce sont des experts en déminage ! S'ils approchent des détecteurs, je les fais sauter manuellement, compris ! Compris ?
- Oui, oui, compris... Reculez, messieurs !
Reito fait mine d'engueuler les démineurs, pour donner confiance au preneur d'otage. Les experts n'ont pas le choix.
- Attendez, vous êtes encore là ? dit Reito. Il y a quelqu'un qui veut vous parler.
C'est le négociateur.
- Allô monsieur ?
- Ta gueule ! Ta gueule !... Repasse-moi l'autre flic ! Vite !...
Le négociateur obéit.
- Allô ? C'est vous le policier du début ? Oui... Bon, quel est votre nom ?
- Agent Charlie Swagger, dit notre héros, en se redressant comme à la parade.
- Bien, Swagger... Alors, voilà ce qui va se passer : je ne parlerai qu'à vous ! Rien qu'à vous. Je ne veux pas de ce négociateur ni personne d'autre. Rien que vous, Swagger, d'homme à homme. Vous m'avez l'air d'un type bien, c'est ce qu'il me faut, pour que vous compreniez pourquoi j'ai pris en otage cette fripouille... Que personne d'autre ne s'avise de me parler...
- D'accord, entendu...
- Attendez... Et c'est qui encore, ces types en face ? Des tireurs je parie... J'ai horreur de ça, désolé... Alors je vais prendre un peu d'intimité.
Et voilà que le preneur d'otage ferme les volets.
- Merde, on est grillés...
- Désolé, les gars, dit Black Dog, c'est pas votre jour...
Reito et lui sont en communication et il y a confirmation que les deux tireurs se sont fait repérer... Ce qui n'est pas le cas de Black Dog.
- On décroche d'ici, dit le sniper n°1. On va trouver un autre spot. Agent Allen, vous restez ici ?
- Oui, je vais m'installer, si monsieur le permet.
- Pas de problème, dit le Pakistanais.
- Alors je vais vous laisser du matériel.
Black Dog récupère un fusil et les lunettes thermiques.
- Magnifique !
- Vous connaissez la bête, je pense... Souvenez-vous, personne ne passe devant le canon.
- Bien sûr.
- Bon, on reste en contact, bon courage...
Les deux hommes partent en courant.
Notre héros a déjà repéré le canapé, d'où il pourra voir sans être vu. Il l'installe correctement, et s'assoit, bien à son aise.
Le Pakistanais a débarrassé le salon :
- Est-ce que je vous amène du thé et des petits gâteaux ? C'est fait maison !
- Ma foi, volontiers !
Black Dog s'étire et déguste son petit-déjeuner.
A la même heure, Jade et Akechi arrivent au Central, couvertes de boue.
- Salut les filles, leur dit Mètre-Cube, vous êtes superbes, dites-moi !
- Ouais, rétorque Jade, on s'est battues dans la boue !
Mètre-Cube siffle d'admiration :
- Tu m'enverras la vidéo.
A suivre...
