10-12-2011, 12:21 AM
(This post was last modified: 17-01-2013, 01:24 AM by Darth Nico.)
Ace in the Hole (1951, de Billy Wilder, avec Kirk Douglas). Au Nouveau Mexique, un journaliste qui a raté sa carrière sur la côte est attend de prendre sa revanche. Le jour où un homme se retrouve coincé dans une grotte, il décide de monter l'affaire en épingle et de couvrir l'évènement en exclusivité. Le plan délirant du héros réussit au-delà de ses espérances et vire au grand-guignol.
Kirk Douglas est magnifique en journaliste ambitieux, aigri et cynique. Satire des médias et des engouements collectifs, un très bon drame de Billy Wilder.
Les vacances de M. Hulot (1953, de et avec Jacques Tati). Monsieur Hulot, sympathique mais étourdi personnage, passe quelques jours de vacances dans un hôtel de bord de mer. Sa maladresse va provoquer divers petits incidents...
Le film suit ces vacanciers pendant une semaine, proposant une suite de saynètes amusantes, avec une fraîcheur et une légèreté intacts. M. Hulot est le plus vivant parmi ces gens qui ont du mal à se décrisper pendant leurs congés. Lunaire hurluberlu, sorte de père spirituel de Tintin et Gaston Lagaffe, il est plus une silhouette qu'un personnage, un souffle de fantaisie qui fait dérailler les mécaniques trop bien huilées de la vie sociale. Remarqué de quelques vacanciers, M.Hulot est bien vite oublié lorsque vient le temps de faire les valises. Derrière le rire affleure la mélancolie face au conformisme de la vie sociale. Un film d'une poésie unique en son genre.
Play Time (1967, de et avec Jacques Tati). M. Hulot arrive dans un Paris futuriste, immense, fonctionnel et impersonnel.
Impossible en fait de raconter l'histoire, il n'y en a pas. Presque pas de dialogue non plus. Les conversations, souvent dans un franglais presque incompréhensibles, sont vite recouvertes par des bruits de fond environnants. L'architecture de ce Paris déshumanisé est ultra-moderne : verre, béton et plastique. La foule des passants se compose de cohortes de touristes interchangeables et de salariés aux démarches stéréotypées, qui se pressent dans les halls blancs tout propres et les rues grises. Parmi ces gens, plusieurs ont de faux airs de Hulot. Dès le premier plan, le grand hall tout propre pourrait être aussi bien un aéroport qu'un hôpital ou un musée. Au sein de cette ville gigantesque, M. Hulot n'est plus qu'un discret fil conducteur entre les dizaines de personnages dont on découvrira quelques moments de vie.
L'absence de dialogues, d'histoire et de héros enlève de l'image tout point central, ce qui fait que la totalité de ce qui passe à l'écran est à voir, décuplant la richesse de chaque plan. D'où l'illusion parfaite d'un monde foisonnant, vivant sa propre vie et que nous parcourons nous aussi, comme ces touristes pressés. Mime et magicien, Tati nous entraîne ainsi dans le dédale d'un univers à la fois déshumanisé et fascinant. Le parcours de monsieur Hulot l’amènera jusqu'à une utopie, un monde où les gens ordinaires ne seraient pas oubliés dans un monde trop moderne. Une oeuvre visionnaire, vertigineuse, expression d'un cinéma total, qui en remontrerait par moments à Kubrick.
Trafic (1971, de et avec Jacques Tati). M. Hulot est dessinateur pour la société automobile Altra. Il est chargé de convoyer un camping-car expérimental pour le salon d'Amsterdam. Il va subir tous les accidents que l'on peut avoir sur la route...
Après l'échec commercial de Playtime, Tati est contraint à un budget plus restreint. Du coup, l'histoire revient à échelle humaine. Tati se fait l'observateur satirique des années Pompidou et de la civilisation de la bagnole. La réalisation est plus limitée, mais les gags n'ont jamais été aussi réussis (en particulier une scène de carambolage qui est un sommet du burlesque) et il y aurait (presque) des dialogues et une intrigue.
La fin annonçait peut-être un prochain film consacré au métro, qui n'a jamais vu le jour. A noter le jeune policier qui pourrait être le frère jumeau de Tintin.
A venir :
- The Circus (1928)
- Jour de fête (1949)
- Death on arrival (1950)
- Mon oncle (1958)
- Bananas (1971)
- Get Shorty (1995)
- Leaving Las Vegas (1995)
Kirk Douglas est magnifique en journaliste ambitieux, aigri et cynique. Satire des médias et des engouements collectifs, un très bon drame de Billy Wilder.
Les vacances de M. Hulot (1953, de et avec Jacques Tati). Monsieur Hulot, sympathique mais étourdi personnage, passe quelques jours de vacances dans un hôtel de bord de mer. Sa maladresse va provoquer divers petits incidents...
Le film suit ces vacanciers pendant une semaine, proposant une suite de saynètes amusantes, avec une fraîcheur et une légèreté intacts. M. Hulot est le plus vivant parmi ces gens qui ont du mal à se décrisper pendant leurs congés. Lunaire hurluberlu, sorte de père spirituel de Tintin et Gaston Lagaffe, il est plus une silhouette qu'un personnage, un souffle de fantaisie qui fait dérailler les mécaniques trop bien huilées de la vie sociale. Remarqué de quelques vacanciers, M.Hulot est bien vite oublié lorsque vient le temps de faire les valises. Derrière le rire affleure la mélancolie face au conformisme de la vie sociale. Un film d'une poésie unique en son genre.
Play Time (1967, de et avec Jacques Tati). M. Hulot arrive dans un Paris futuriste, immense, fonctionnel et impersonnel.
Impossible en fait de raconter l'histoire, il n'y en a pas. Presque pas de dialogue non plus. Les conversations, souvent dans un franglais presque incompréhensibles, sont vite recouvertes par des bruits de fond environnants. L'architecture de ce Paris déshumanisé est ultra-moderne : verre, béton et plastique. La foule des passants se compose de cohortes de touristes interchangeables et de salariés aux démarches stéréotypées, qui se pressent dans les halls blancs tout propres et les rues grises. Parmi ces gens, plusieurs ont de faux airs de Hulot. Dès le premier plan, le grand hall tout propre pourrait être aussi bien un aéroport qu'un hôpital ou un musée. Au sein de cette ville gigantesque, M. Hulot n'est plus qu'un discret fil conducteur entre les dizaines de personnages dont on découvrira quelques moments de vie.
L'absence de dialogues, d'histoire et de héros enlève de l'image tout point central, ce qui fait que la totalité de ce qui passe à l'écran est à voir, décuplant la richesse de chaque plan. D'où l'illusion parfaite d'un monde foisonnant, vivant sa propre vie et que nous parcourons nous aussi, comme ces touristes pressés. Mime et magicien, Tati nous entraîne ainsi dans le dédale d'un univers à la fois déshumanisé et fascinant. Le parcours de monsieur Hulot l’amènera jusqu'à une utopie, un monde où les gens ordinaires ne seraient pas oubliés dans un monde trop moderne. Une oeuvre visionnaire, vertigineuse, expression d'un cinéma total, qui en remontrerait par moments à Kubrick.
Trafic (1971, de et avec Jacques Tati). M. Hulot est dessinateur pour la société automobile Altra. Il est chargé de convoyer un camping-car expérimental pour le salon d'Amsterdam. Il va subir tous les accidents que l'on peut avoir sur la route...
Après l'échec commercial de Playtime, Tati est contraint à un budget plus restreint. Du coup, l'histoire revient à échelle humaine. Tati se fait l'observateur satirique des années Pompidou et de la civilisation de la bagnole. La réalisation est plus limitée, mais les gags n'ont jamais été aussi réussis (en particulier une scène de carambolage qui est un sommet du burlesque) et il y aurait (presque) des dialogues et une intrigue.
La fin annonçait peut-être un prochain film consacré au métro, qui n'a jamais vu le jour. A noter le jeune policier qui pourrait être le frère jumeau de Tintin.
A venir :
- The Circus (1928)
- Jour de fête (1949)
- Death on arrival (1950)
- Mon oncle (1958)
- Bananas (1971)
- Get Shorty (1995)
- Leaving Las Vegas (1995)