Journal d'Aladax Lucinius
Toréador Montmartrois,
Sous le règne de François Villon, Prince de Paris.
Nuits du 5 au 30 mai
MURDER PARTY
JOURNEES DE REPOS
Depuis longtemps, je n'avais pas goûté et à la douceur de la vie parisienne. Tout est plus beau vu des hauteurs, au pied du Sacré-Coeur. Pour un oisif comme moi, le monde est un spectacle, et je ne veux pas que cesse la représentation.
J'ai survécu à un étourdissant tour du monde qui m'a conduit des sables d'Irak à l'Europe de l'Est en passant par le Canada.
La nuit dernière, j'ai sombré dans un rêve réel à faire peur. Je partais délivrer Lisbeth des griffes de Krueger, aidé par Loren, Corso et Benedict. Nous voyagions vers l'Australie, nous affrontions des pièges tendus par nos ennemis de la Toute-Vie. Au bout du compte, j'ai oublié si je délivrais Lisbeth...
Son image s'est estompée ces derniers temps. Elle n'est plus cette icône obsédante, plutôt un objet de désir auquel je peine de plus en plus à croire... Serais-je délivré d'un sortilège ? Ou bien serais-je en train de me constituer prisonnier d'un autre, bien plus captivant ?
Si je n'étais pas si content de retrouver la capitale, je crois que j'aurais jeté dans la Seine plusieurs des goules du manoir Tropovitch. Ils ont eu le culot de me dire que j'ai été enlevé ici, alors qu'il n'y avait qu'un seul garde. On a ainsi réussi à me transférer de Paris à une clairière du Saskatchewane !
La responsable a été tuée par mes ravisseurs...
Je présente aux goules ma nouvelle protégée (et protectrice) : la charmante Kara, qui n'est pas si Gangrel que ça. Sans doute une lignée mineure. J'ai eu l'occasion de fouiller dans ces secrets vampiresques, il faudra que je reprenne mes recherches.
Désormais, je me sens plus en sécurité. Kara m'a choisi, certainement attirée par mon magnétisme animal.
Quand j'ai suggéré cette idée à Corso, il n'a pas pu s'empêcher de se moquer de moi.
LA FEE ET LE BIKER
Pendant trois semaines, le Gangrel et moi sommes au point mort. Nous savons qu'il est urgent d'attendre, que nous faire oublier est encore la meilleure attitude à adopter. Je lui propose de lui trouver un repaire. Après avoir refusé, il accepte finalement. Je crois que la police du Prince est venue lui remonter les bretelles...
J'ai obtenu le numéro de portable de Morgane, cette si sympathique Tremere qui s'est enfuie avec la gamine à la Sorbonne. Tsss... elle n'est pas partie là-bas pour ses études. Morgane est versée dans l'occultisme, et à ma connaissance, il n'y a pas d'enseignement de cette matière dans la vénérable faculté.
J'ai dû payer cher pour obtenir ce numéro. D'abord appeler un Nosfératu. Il voulait 3 litres de sang de jeune vierge en échange. Je savais bien que Loren ne me laisserait pas tomber sur ce coup-là : il avait beau jouer les démunis, il devait bien pouvoir me trouver ça du soir pour le lendemain.
Il a rechigné, a accepté, puis a négocié comme un marchand de tapis pour le service que je lui dois.
Sacré politicard ! Il veux encore me faire croire que je perturbe son agenda de ministre !... Il a dû contacter Benedict pour trouver le sang. Conclusion : par transitivité de la dette, je me retrouve débiteur du Brujah.
J'appelle enfin Morgane : elle accepte un rendez-vous au quartier latin. Dans un café bruyant, au milieu des étudiants et des amateurs de jeux de rôles et de mondes étranges, nous parlons un peu de la gamine, cette Salubrienne qui nous a mis en difficulté. Nous espérons ne pas la revoir.
Elle est bien sympathique cette Tremere : nous faisons la paix, nous tirons un trait sur la fin de soirée à la fondation de Versailles.
Tropovitch est de retour à Paris : il m'invite à un séjour d'une semaine dans les châteaux de la Loire. Loren s'est désisté, Corso viendra (l'air de Paris lui pèse, il s'égayera dans les bois...). J'invite Morgane, qui accepte, impatiente de discuter d'art.
Elle me surprend par ses connaissances sur la peinture italienne. Elle en sait plus que les Toréadors que nous rencontrerons ! C'est si inattendu cette passion pour l'art. Moi qui prenais toutes les Tremere pour d'inflexibles gardiennes de pensionnat de jeunes filles prudes !
Morgane semble ravie de l'invitation.
Le surlendemain, Corso arrive au manoir sur sa nouvelle moto : l'antivol a à peine eu le temps de sauter à Vincennes qu'il est déjà à Montmartre. Sacré Hell's Angel tiens !
Morgane est invitée à visiter la garde-robe. Même Kara a appris à se tenir (presque) bien. Le temps que la demoiselle magicienne se prépare et nous montons à bord de l'hélicoptère de Sire Tropovitch.
LE CHATEAU DE LAVASSIERE
En deux heures de vol, nous sommes rendus au château de Lavassière, non loin de Chambord. Le Sire du lieu se nomme Théophrast : il est le propre Sire d'Eros Tropovitch, mon "grand'sire".
Il parle avec une grande voix pleine d'entrain, typique des gens qui se laissent griser par leur capacité de stentor. Je le salue bien poliment. Je présente Corso et Morgane. Le Gangrel n'a pas voulu revêtir des vêtements décents : il se promène en tenue de ville, comme s'il allait au supermarché, et grogne quand on évoque l'idée de l'habiller mieux. Pour sa condition de Gangrel, il lui sera beaucoup pardonné.
Nous sommes amenés dans la salle de réception du château. Magnifique propriété, avec un grand parc autour, des fontaines, un bois, des allées de promenade et un labyrinthe de haies.
Je fais la connaissance d'un jeune Toréador sympathique, Michal, infant de Théophraste (déjà croisé une ou deux fois au Louvre). On me désigne de loin un important personnage, Saint-Gabriel, ami et conseiller et lieutenant du Prince Villon. Une grosse légume de première !
Je présente Morgane à Théophraste comme une néophyte en art qui cherche à s'instruire grâce aux sublimes connaissances Toréadors en la matière.
J'ai plus d'hésitation sur Corso : je dis que c'est un ami à moi qui m'accompagne et qui est, voyons...
"Grand connaisseur en art, hein Lucinius !" intervient-il.
Nous discutons avec un Nosférateur désagréable, Esculape. Il dit être sculpteur sur os. Il récupère des cadavres de clochard pour trouver son matériau de base. Sombre personnage, mauvais, importun. Il déplaît aussitôt à Corso : il a reperé de vilaines stries noires dans son aura. Nous nous séparons rapidement de ce personnage, aigre comme une semaine de pluie.
Sont encore présents dans la salle un antiquaire du nom de Fédo (un Ventrue ?), une Ventrue, Elodie, avec qui Morgane va discuter. Pour terminer la galerie, deux Tremere de la fondation de la Loire.
Il se fait déjà tard. Corso et moi sommes sortis parler sur la terrasse. Il m'annonce qu'il ira dormir dans le bois pour la nuit. Il se sentira mieux enterré sous les arbres que dans les cercueils moletonnés du château.
On nous conduit à nos couchettes : les cercueils sont alignés. Morgane et moi en prenons deux côte à côte.
Nous passons une journée de sommeil.
Le lendemain soir, je discute avec Michal, qui m'apprend qu'une vente aux enchères aura lieu d'ici peu. Sire Théophraste va vendre plusieurs objets de sa collection, des livres anciens et des armes du Moyen-Âge.
Le maître des lieux annonce la première réjouissance de la soirée : un jeu de piste dans les bois.
Dix fanions rouges ont été disposées dans les bois. Il faut les retrouver, reporter leur position sur une carte, puis, en reliant les positions, déterminer l'endroit où se trouve le trésor : une cassette avec une gourmette à l'intérieur. Corso, revenu au chateau après sa nuit dans le parc, se moque complétement de ce divertissement futile. Il se sent aussi à l'aise dans une réunion Toréador que moi le serais enfermé dans une cage de fauves.
Morgane et moi ne sommes guère plus passionnés à vrai dire. Tous les Toréadors ont des facultés d'exacerbation de leurs sens, qui leur permettront de trouver en un clin d'oeil les dix fanions. En traînant les pieds, la Tremere et moi trouvons quand même sept fanions.
Qui sait, nous avons peut-être une chance ?
Un cri vient troubler la tranquillité nocturne romantique des bois. Dans une petite clairière, un cadavre, ensanglanté, déchiré, mutilé. Nous sommes les seconds sur les lieux. Fedo l'antiquaire vient de le découvrir. Apeuré, il nous regarde, répétant qu'il n'est pas le coupable, qu'il n'a rien à se reprocher. Cet individu souffre de graves troubles : mystique, psychotique, il n'a pas tué, mais il n'est pas net. Morgane est formelle : on ne trompe pas l'inspection de l'Auspex.
Dans un buisson à côté, un Caïnite velu dort paisiblement, la bouche ensanglantée. J'appelle Corso, qui arrive sous peu.
Un autre jeu de piste commence...
SOIREE-ENQUETE
Tropovitch arrive bientôt sur les lieux.
Fédo nie être pour quelque chose dans cette affaire. Nous lui assurons que nous le croyons. Nous réveillon le sac à puces qui ronfle dans le buisson.
Un Gangrel, nommé Linus. Il prétend être innocent de ce meurtre. Pourtant, tout l'accuse. Corso confirme que ce sont des griffes de bête qui ont déchiré la victime. Celle-ci s'est battue et débattue avant d'être achevée sauvagement.
Pour tout le monde, il est clair que Linus le Gangrel a agi sous le coup de la frénésie. Il ne se souvient pas de ce meurtre, mais il l'a commis. La victime est un Brujah du nom de Vandred. Morgane me glisse que son aura est celle d'un innocent, candide avec des stries noires. De la neige souillée.
Linus avoue avoir cannibalisé un de ses congénères peu de temps avant. Retrouverons-nous le corps ? Non, dit Linus, il a été jeté dans la rivière.
Dommage pour lui : retrouver son hypothétique victime précédente aurait pu l'innocenter de la mort de Vandred le Brujah.
La plaidoirie de la défense s'arrêtera là : Sire Théophraste ordonne qu'on coule les pieds et les mains de Linus dans le béton, en attendant de lui infliger son châtiment.
Nous rentrons au château.
Il est évident pour nous que Linus est une victime trop facile. Même s'il n'est pas coupable, Fédo l'antiquaire est louche. Je n'avais pas remarqué la présence de Vandred le Brujah hier soir. Je crois que Morgane aurait voulu lui parler, pour une raison que j'ignore.
Morgane m'apprend qu'en parlant avec Elodie la Ventrue, elle a appris que cette dernière vouait une haine féroce à la victime. Elle disait, avant le meurtre, vouloir le faire payer, le torturer longuement.
La Tremere pense qu'Elodie était sincère : elle n'aurait pas tué Vandred rapidement. Elle aurait pris son temps...
En rôdant dans les bois, Corso a découvert qu'on a traîné un corps du château jusqu'à la clairière où Vandred a été trouvé. Le meurtre aurait été commis au château donc... Linus est déjà enfermé au fond de la crypte, mais le vrai coupable court encore. Nos suspicions ne font que se renforcer sur ce point.
Je discute avec le Toréador Michal : il m'apprend qu'une vieille rivalité de 70 ans existe entre Fédo et mon maître Tropovitch. J'ignorais cette histoire. Les deux Caïnites s'étaient disputés pour une statuette importante, une relique. L'affaire s'était evenimée : elle était allée devant la justice du Prince. Fédo avait finalement était banni. Grave châtiment dont il tient toujours rancoeur à mon Sire...
Autre point important que me révèle Michal : Esculape, le Nosfératu sculpteur sur os, est un mystique fasciné par le Moyen-Âge. Il aurait diabolisé il y a plusieurs siècles un Cappadocien (cette lignée, éteinte, se composait de sages méditatifs). Sombre personnage décidément...
Il y a également ces deux Tremere que je connais pas : Michal m'apprend qu'ils se nomment Consuela et Rodrigo.
Eux aussi lorgnent sur les précieux objets que Sire Théophraste va mettre en vente.
Je remercie Michal de ces informations. Un peu plus tard dans la soirée, je parle avec Fédo l'antiquaire : il me suggère assez franchement qu'il est mauvais d'être trop bavard et de trop s'intéresser à la vie des autres... La vipère a la langue chargée de venin. Que me veut-il ce psychotique ? Il serait Makavien que ça ne m'étonnerait pas ? S'en méfier.
Je sors dans le parc avec Morgane et Corso pour mettre mes informations en commun avec eux. Nous sommes à une quinzaine de mètres du château. Sur le toit, nous voyons une silhouette noire s'avancer, prendre à bout de bras un corps et le jeter dans le parc. Le corps d'abord, puis la tête, qui roule à nos pieds : Michal le Toréador !
Michal le Toréador trop bavard, n'est-ce pas, monsieur Fédo !
Corso se transforme en corbeau, s'envole à tire d'aile par dessus le toit. Dans un buisson non loin, le feu a déjà pris. Et le pauvre Michal a été brûlé au ventre.
Il va nous falloir nous dépêcher de réunir tout le monde au salon en désignant le coupable, car deux petits nègres sont déjà éliminés...
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A suivre...