Les colonies perdues
Au bout de ce second tunnel, nos héros touchaient enfin au but de leur voyage. Ce petit système où ils arrivaient était situé au-delà des meilleures cartes spatiales, au-delà de la région d’expansion, au-delà des vastes ceintures de minerais, de la grande nébuleuse et de l’amas interminable d’astéroïde. Ils pouvaient vraiment considérer qu’ils venaient d’arriver au bout du monde.
D’ici se faisait sentir bien plus nettement la source du côté lumineux, comme s’ils s’étaient rapprochés d’un soleil et recevait sa chaleur bien plus intensément.
Le premier corps stellaire qui se présentait à eux était une petite planète, presque entièrement recouverte d’une eau turquoise et argentée, entourée de fines ceintures d’astéroïdes, presque de la poussière. Il régnait en orbite une importante activité : de petits vaisseaux de transport d’un type inconnu à nos héros patrouillaient.
De formes ovoïdes, lisses, sans angle, ces patrouilleurs se dirigèrent vers le Kazellis et le contactèrent. La communication établie, les humanoïdes signalèrent qu’ils attendaient l’arrivée de nos héros, et se présentaient comme amicaux.
On les conduisit vers la planète, puis on leur indiqua le chemin vers la cité principale, située plusieurs dizaines de kilomètre sous l’eau. Le Kazellis amené à cale sèche, nos héros purent descendre. Ils furent accueillis par une délégation d’hommes poissons, de la même espèce que l’athlète Ghost-Rain Shipp et que feu l’Inquisiteur Kanjè…
Ces êtres portaient le même nom que leur planète : Ichtyos.
Reçus par le commandant de la planète, au cœur d’une vaste base sous-marine contenue dans une grande sphère transparente, nos héros apprirent que les Ichtyos soutenaient la lutte contre l’Empire. Isolés dans cette zone de la galaxie inconnue des Impériaux, ils menaient des recherches sur les ceintures de minerais.
Ce système était sous le commandement de l’ancienne République, mais à l’avènement de l’Empire, les lieux furent désertés. Aucun Moff ne se soucia plus de cartographier à nouveau cet endroit sans intérêt.
En réalité, il constituait une base arrière idéale, à l’échelle d’un système, pour la Rébellion, puisqu’il était encore un pas au-delà de l’Amas de Minos, l’endroit le plus reculé de la galaxie connue.
Nos héros retrouvèrent à cette occasion celui qui pour qui ils s’étaient mis en route : Drun Cairnwick, le chef des rebelles de Minos. Agé d’une cinquantaine d’année, sérieux et très conscient de ses responsabilités, mais n’hésitant pas à plaisanter à l’occasion, surtout des Impériaux, Cairnwick était l’un de ceux qui avaient, en dehors de D-Tronic, comprit l’importance des anneaux. Grâce à son collaborateur Johnson, dont nos héros savaient maintenant qu’il était un traître, Cairnwick avait pu pirater des bases de données de chez D-Tronic, puis commencer à réfléchir au moyen de mettre cette technologie au service de son groupe anti-impérial. Il était le seul à pouvoir unir durablement les différentes factions de Minos, car il avait la confiance aussi bien des nobles d’Adarlon, que des vieux aristocrates d’Eliad ou des révolutionnaires de Yelsain.
Il était le premier à redécouvrir le système d’Ichtyos, ainsi qu’à comprendre l’importance fondamentale du clan Korbo dans les plans futurs de la Rébellion. Pour le moment, il ne lui manquait que la confiance parfaite du groupe dirigé par Mon Mothma et le général Dodonna.
Depuis quelques temps, Demenor de Korbo, celui des Princes qui dirigeait l’exploitation du minerais, avait compris la menace que représentait l’Empire d’ici peu pour son clan. Il était le deuxième à adopter des positions franchement anti-impériales, après le Baron Fel, l’aîné des Princes et l’autorité morale du clan, et avant Anthracite, ex-Prince de Bakura et dirigeant de Mojimbo.
Restait trois Princes, prêts à changer leurs positions, non par conviction intellectuelle, mais dans l’intérêt du groupe.
Mais le pivot du renversement était Sandra de Korbo. La plus riche et la plus puissante de tous, le princesse de Charnys constituait l’axe central de la puissance militaire du clan. C’était elle qu’il fallait convaincre. Mais nos héros savaient dans les pinces de quelle sale créature elle se trouvait…
Drun Cairnwick proposa alors à nos héros de se reposer quelques temps, avant de partir vers la source lumineuse. Le chef des Rebelles assura que là-bas ils trouveraient de quoi soigner Mushu, toujours agité de fièvres.
Sans tarder, tout le monde repartit au Kazellis, et à l’issue d’un court saut hyperspatial, arriva en orbite d’une petite planète recouvert d’une forêt extrêmement dense et vierge. Seule construction repérable, un grand temple, tout en hauteur, finissant en une pointe très fine, à l’issue d’une élévation en parabole.
Le Kazellis se posa aux abords du temple. Précédés de Drun Cairnwick, Merwyn, Gaeriel, Mushu et Kyner entrèrent dans le monumental bâtiment. Il devait être très ancien, ou l’œuvre d’une civilisation très primitive, à en juger par l’absence de technologie et le style grandiose qu’il manifestait dans les statues, barbares, les escaliers qui menaient vers la tour, les colonnes et les murs immenses…
Cairnwick activa un discret ascenseur, situé dans un des piliers, et aussitôt, on passa d’un temple primitif à une base souterraine équipé d’instruments de pointes. A l’issue d’une longue descente, nos héros se trouvaient dans de vastes grottes souterraines. La présence de la source lumineuse était de plus en plus forte.
Un vaste couloir blanc, presque éblouissant les conduisit à une salle de réception où les attendait un être qu’il n’avait pas vu depuis longtemps : le professeur Sagnar Sting. L’humanoïde de Kamino, élancé comme son temple, avec un cou de girafe, des bras souples comme des serpents, gracile, presque évanescent, les salua de sa voix irréelle, séraphique. Nos héros retrouvèrent en ces lieux des installations semblables à celles que possédait le professeur dans la base spatiale des frères Rummingen, mais en bien plus grandes.
Tout comme ses prédécesseurs sur Kamino, Sting avait continué ses recherches sur le clonage. Il présenta avec fierté à nos héros sa nouvelle machine. Celle de la station Rummingen était un grand arbre tortueux, enlacé, proliférant, où poussaient de gros bulbes gélatineux –et ces bulbes faisaient office d’utérus aux clones qui s’y développaient à une allure rapide.
Baigné dans une intense lumière, cerné d’un mur d’une pureté merveilleuse, l’arbre de ce temple était bien plus grand. Haut comme un bâtiment de dix étages, sa structure était d’une complexité impossible à appréhender pour une intelligence ordinaire. Si on le regardait dans sa totalité, on apercevait un grouillement de vie semblable à celui d’une fourmilière de la taille d’un building. Plus en détail, on voyait toutes les fonctions vitales de l’arbre en activité : des branches poussant, des bulbes grossissant, des feuilles frémissant, des bourgeons tremblant en attendant d’éclore, plusieurs tronc entrelacés et noués, musculeux, surpuissants. C’était une fantastique usine biologique, dont la réussite dépassait l’imagination. Autour de cette alliage de monstrueux et de merveilleux, des millions de minuscules créatures voletaient fébrilement : des papillons dont la vie en symbiose avec l’arbre était en fait indispensable à ce dernier.
Le professeur Sting ajouta que les racines de son arbre plongeaient directement dans la fontaine blanche, en plein dans la Force elle-même. Mais il resta très évasif sur le reste.
Il montra la salle qu’il avait conçu pour la formation des clones de guerre, les fameux Sting 15 qui avaient participé à la libération de Mojimbo, et dont Anthracite possédait toujours un contingent.
Une nouvelle armée était prête. Ajoutée au groupe d’élite formé par les guerriers Ichtyos, cela ferait un renfort inestimable pour les Rebelles. Drun Cairnwick espérait pour bientôt une jonction de ses forces avec celles de Mon Mothma. Ce jour-là, il serait possible de se mesurer à l’Empire, certes pas à armes égales, mais de propager véritablement les germes d’une vraie contestation.
Son idée principale était d’éviter les confrontations directes avec la flotte impériale, bien supérieure en force. Au contraire, il fallait pratiquer la guérilla, harceler l’Empire ici et là, disparaître, reparaître ailleurs, frapper à nouveau et repartir aussi vite, en installant aux quatre coins de la galaxie de petites bases opérationnelles, reliées comme des points par une toile d’araignée. Ainsi, on défierait l’organisation centralisée à l’extrême de l’Empire.
C’était le meilleur modus operandi pour les Rebelles. Et la tacticienne Gaeriel était bien d’accord avec Cairnwick sur ce point.
Le professeur Sting promit de prendre soin de Mushu. Il le remettrait sur pied avant peu de temps… Il en avait soigné de plus coriaces des organismes extraterrestres !
A suivre...