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La dédicace de mon livre
#1
Un vieux numéro du « Canard enchaîné » de 2002 raconte que Monsieur Bayrou aurait dit à Monsieur Chirac :
« Tu ne pourras pas diriger la France, tu n’as autour de toi que des gens qui ont trahi, ça sera 1995 en pire. » D’ailleurs, l’article en question commentait le choc du 21 avril 2002.
Je ne sais pas si Monsieur Bayrou a réellement dit cette phrase ou alors quelque chose qui y ressemble, mais je trouve que cette (hypothétique) citation est celle qui résume le mieux le second mandat de Jacques Chirac.

La démocratie est le pouvoir au peuple. Chaque citoyen élit ses représentants, qui utiliseront leurs mandats pour être garant de l’intérêt général. Une fois élus, le député, le maire, le ministre ou tous autres représentants du peuple ne représente pas seulement ses électeurs mais tous les citoyens, y compris ceux qui n’ont pas voté pour lui.

Ce qui fait avancer la démocratie, c’est le débat. Nous avons une gauche et une droite. Ces deux conceptions de la politique sont à mon sens dépassé. La société proposée par la droite a montré ses points forts mais également ses faiblesses. Il en est de même pour la société proposée par la gauche. Dans notre démocratie moderne, nous avons des politiques de droites et des politiques de gauches qui ont des points de vue qu’ils confrontent. Après un débat, on regarde chez chacun ce qui est intelligent et/ou faisable. Ainsi, après avoir analysé un problème, une réflexion concertée permet d’entrevoir des solutions, qui elles-mêmes ont leurs forces et leurs faiblesses.
Cette démarche ne peut se faire que si l’élu est lui-même capable de remettre en cause ses convictions et d’écouter les autres. Nous sommes dans le doute au sens de Descartes.
Ce qui est important, ce n’est pas ses opinions en elle-même mais la façon de les défendre, de les remettre en questions, ainsi que d’en cibler les forces et faiblesses.
Du coup, les élections n’ont pas pour enjeux le choix d’un candidat mais un débat qui permet de poser les problèmes actuels de la collectivité et d’entrevoir un début de réponse.

Au lieu de ça, la politique est devenue l’art de se faire élire, tel qu’en soit le prix. On se met en groupe afin d’élire le monarque absolu qui choisira ses serviteurs, sans regarder la compétence. La politique suit la maxime suivante :
« Dit du mal de tes ennemis quand ils ont raison et dit du bien de tes amis même s’ils ont tort. »
Comment ne pas fustiger, au passage, le discours de ma député communiste, présentée plus pour les gros sous du parti que sur sa réelle compétence (le maire de ma commune aurait été à mon sens un meilleur choix car elle est intelligente et plus sensée) ? J’ai eu le droit à quelque chose comme ça:
« Moi la gentille Madame X, candidate de la gauche unie (sous-entendue seule vraie candidate de la gauche), doit bouter hors de la circonscription le méchant candidat de la droite, et ainsi vous me permettrez de bouter hors de France la droite. »
C’était un devoir de voter pour madame X afin de se faire la peau de la droite. D’ailleurs, le meeting avait une allure de messe avec sainte madame X qui allait sauver la France contre l’envahisseur de droite. Et le programmes ? Les idées ? L’analyse du premier tour des présidentielles ? Pratiquement aucun mot.
Idem pour Hollande et son argument choc des européennes :
« Vous êtes de gauche donc votez à gauche. »
Et si la gauche n’a pas de programme ?
Sans oublier le fait que seulement un seul candidat avait dans ma circonscription cette phrase toute prête :
« Les déficits d’aujourd’hui sont les impôts de demain. »
Et je suis prêt à parier qu’on pourrait trouver des candidats comme madame X à droite.
Sans oublier la droite parisienne qui fait tout pour empêcher la construction du tramway parisien non pas dans l’intérêt des habitants de la capitale mais pour prouver que monsieur Delanoé est incapable de tenir une promesse.

Ceci étant, je ne fustige pas les politiques d’en bas ou locaux. Ce que je fustige, c’est les politiques d’en haut ou un système qui nous mène droit dans le mur. Je connais le maire communiste de ma commune. C’est une personne compétente. C’est, à mon sens, elle qui aurait du porter la couleur du PC dans ma circonscription. Ma ville est bien gérée. Certes, ce n’est peut-être pas une gestion dynamique, mais les finances sont saines. La dette par habitant était, fut une époque, d’environ 300 Francs par habitant, ce qui n’est rien. J’ai largement de quoi payer ma part. Le devoir du maire est de veiller au développement de sa ville et de garder les finances saines. Mon maire fait donc au moins ce que l'on attend d’elle. On peut lui faire des reproches sur ses choix politiques, les critiquer, les remettre en cause, mais sur la gestion de ma municipalité, il y a une base de discussion sérieuse.
Je connais aussi très bien le maire de la commune voisine, qui est UDF. Ce fut d’ailleurs (à mon sens) le seul candidat sérieux au poste de député de ma circonscription. C’est lui d’ailleurs qui a dit la phrase choc :
« Les déficits d’aujourd’hui sont les impôts de demain. »
Je l’apprécie beaucoup. Certes, il est centre droit alors que je suis plutôt centre gauche. Nous avons donc des points qui nous différencie mais aussi des points qui nous rapproche. Comme il apportait vraiment un plus au débat démocratique, qu’il avait des idées (où je n’étais pas forcément d’accord sur tous), qu’il savait (ça se voyait dans sa façon de parler) remettre en cause ses opinions et ses convictions, et qu’il connaissait le milieu de l’entreprise, ce qui est un plus, j’ai voté pour lui aux deux tours. Et je ne regrette pas. D’ailleurs, même s’il n’a pas été élu, il ne m’a pas déçu. Il est resté à l’UDF ce qui, durant l’année 2002, est une forme de courage. En tous cas, il était sans doute le seul candidat à avoir les qualités (rares) que j’attends d’un député. La gestion de sa commune, philosophiquement très différente de la mienne, est plus que correcte. Il a choisit une gestion plus dynamique. Mais les finances de la ville restent bonnes. On peut sans doute, tout comme dans le cas de mon maire, lui reprocher des choses et lui contester ses choix politiques, mais là encore, la base de discussion est sérieuse. D’ailleurs, les deux personnes dont je vous parle auraient des projets d’intercommunalité avec une troisième commune (bien que ce projet soit limité). Ces deux personnes ont d’ailleurs été reconduites dans leurs différents mandats.

Le problème, c’est que quand je pense aux politiques d’en haut, je cherche toujours la base de discussion sérieuse. Ils ne font rien. Disons le, ils ne font rien de positif (au moins statistiquement parlant). L’un des exemples le plus flagrant est celui des retraites. Certes, je ne suis pas un grand démographe, ni même un grand géographe, mais durant ma quatrième, le professeur d’histoire géographie m’expliquait que la France allait avoir un papy boom. Ca fait 13 ans que j’ai quitté la quatrième. Ce que je trouve hallucinant, c’est que personne n’est fait une réforme démographique en 13 ans !
D’ailleurs, comment ne pas citer au passage Claude Allègre (je parle du géologue, pas du politique) qui a écrit un livre pour expliquer qu’il y aurait des inondations. Visiblement, il n’a pas été écouté et la suite des événements lui a donné raison. Personne n’a anticipé et chaque année, à la même période, nous avons des inondations. Pourtant, Claude Allègre est membre de l’Académie des sciences. D’ailleurs, toujours en parlant de lui (du politique cette fois-ci), je ne peux que recommander son livre « Les audaces de la vérité » (édition Pocket) où, indirectement, certes, il a prévu la défaite de Lionel Jospin (en donnant des arguments forts).

D’ailleurs, on se doit de fustiger aussi leur attitude.
Nous avons François Hollande qui se présente comme député européen et qui après l’élection s’empresse de ne pas aller à son mandat, les ministres qui malgré la règle du non-cumul, thème fort du PS, se présentent dans diverses municipalités aux municipales, sans oublier Monsieur Chirac qui fait une campagne totalement démagogique et ose parler, alors qu’il est cité dans plusieurs affaires, d’impunité zéro, et du gouvernement de l’époque qui l’année 2002, année de l’élection présidentielle, fait passer (selon le journal « le monde ») le déficit d’environ 1% du PIB à 3%.

A force d’oublier ce qu’est à la base la politique, et de faire plaisir à leur base électoral (c’est à dire surtout ne pas les fâcher, faire passer leur intérêt corporatiste avant l’intérêt général), le 21 Avril 2002 vit ce qui apparaissait comme avant totalement impossible arriver.
Jean Marie Le Pen, candidat éternel du FN, parti raciste, xénophobe, antisémite et poujadiste, arrivait au second tour des présidentielles. C’était tout bonnement avant impensable. Notons également que la somme des voix des extrêmes font à peu près 1/3 de l’électorat qui s’est exprimé. La qualification de Jean Marie Le Pen dans une démocratie normale, malgré les pires difficultés et même si les politiques sont les derniers des andouilles est à mon sens impossible, surtout au regard de la période historique que représente la seconde guerre mondiale. Mais Le Pen est quand même arrivé au second tour. Ce qui, à mon sens, aurait du être une remise à plat totale du système est malheureusement tombé dans l’oubli. Ce que ces andouilles suprêmes de politique d’en haut n’ont pas compris, c’est qu’il n’y a pas une seule raison qui explique le succès de Le Pen, il y en a des milliards. Le résumé simple est, à mon sens, que les politiques démocratiques d’en haut ne connaissent pas les problèmes de leurs concitoyens, ne comprennent pas (ou ne cherchent pas) à comprendre les évolutions du monde moderne, et n’ont du coup aucunes solutions sérieuse et plausible à proposer et c’est ceci qui a été sanctionné au prix fort. Car disons le à nouveau, l’UMP ne l’ayant toujours pas compris, ce qui est à retenir des élections de 2002, ce n’est pas l’UMP qui a raflé la mise, ce n’est pas Chirac qui a fait 82% des voix, c’est le fait d’avoir la présence de Jean Marie Le Pen au second tour. D’ailleurs, notons qu’au fond, le score de Chirac, environ 82%, est un score minable et ridicule quand on a en face de soi Jean Marie Le Pen. Si l’arrivée de Le Pen au second tour était vraiment un accident, ce n’est pas 82% que Chirac aurait fait, c’est au moins, strict minimum, 90%. C’est à dire que le vote FN n’est plus un vote protestataire, c’est malheureusement un vote d’adhésion !

Lorsque je commence à écrire ce livre, nous somme janvier 2004, et malheureusement, rien n’a changé. Les politiques continu comme si rien ne s’était passé. Chirac a tenu ses promesses. Vous allez me dire que dans une démocratie c’est normal. C’est vrai. Mais le problème, c’est qu’il a promis n’importe quoi. Il avait deux choix :
- Soit il disait qu’il a promis n’importe quoi, et, comme en 1995, il explique qu’il est obligé de faire une autre politique pour permettre à la France d’affronter un contexte international difficile et d’avoir des bases saines pour que tous le monde s’y retrouve.
- Soit il tient ses promesses électorales histoire de dire qu’il est un politique correct, même si il sait qu’il coulera la France.

Le drame, c’est qu’il a choisi la deuxième solution. J’apprécie que Monsieur Raffarin fustige le PS pour avoir fait explosé le déficit, j’aimerai bien qu’il évite également d’en faire autant.
Dois-je le rappeler : « Les déficits d’aujourd’hui sont les impôts de demain »
Car si c’est le PS qui a commencé à exploser le déficit, le gouvernement actuel, pour des raisons purement électorales, a continué à le creuser. Je suis (ou plutôt j’ai été) professeur contractuel de sciences physiques. Je peux comprendre que l’état ait un besoin de faire des économies. Mais dans ce cas là, j’aurais voulu de la part de l’état une volonté de faire des économies réelles. Au lieu de ça, certaines catégories, généralement les plus faibles, paye. D’autre sont récompensés. Pire on préfère des fois aider des copains plutôt que de limiter la casse dans un service publique qui est condamnée de toute façon à marcher en sous régime. Les économies dans la santé, la recherche ou l’éducation nationale passe avant celle d’Exécutive Live. Dois-je rappeler que 1000000 d’Euro correspond à environ une cinquantaine de contractuel niveau DEA ? Et un milliard d’Euro à environ 500 contractuels (toujours niveau DEA) ? Pour un misérable contractuel, on économise. Mais pour sauver monsieur Pinaud, surtout pas. J’espère que Monsieur Pinaud remerciera Chirac de préférer sauver un ami plutôt que de payer un epsilon de contractuel ou réduire le déficit public pour pouvoir à long terme avoir les moyens de faire de développement, un fois le déficit réduit. Notons que dans ma commune, des collégiens ont eu 3 vacataires en mathématiques, matière pourtant sélective. C’est vrai que je suis un peu mauvaise foi. Mais j’ai le sentiment que si on est catalogué de droite, vous ne payerez pas pour remettre la France en état. Si vous êtes catalogué de gauche, vous allez racler. Il me semble que tous les citoyens devraient payer, dans leurs possibilités, pour permettre à la France de devenir un pays où il fait bon y vivre.

Sans oublier tous ces candidats qui pensent déjà à l’élection de 2007.
Résumons, nos politiques n’ont pas de projets, pas de programmes, ne comprennent pas le monde dans lequel on vit, ne cherchent pas à le comprendre mais ils sont candidats en 2007.
Comment ne pas parler, d’ailleurs de Nicolas Sarkozy qui explique que le sumo est un sport débile afin de blesser Jacques Chirac. Franchement, c’est d’un intérêt majeur pour la France.

Voilà, quand j’ai commencé à écrire ce roman policier, ma haine du politique est surréaliste. J’étais professeur de sciences physique non titulaire. Il manquait des professeurs de physiques dans environs cinq établissements autour de chez moi à la rentrée. Et je suis au chômage ! Je tiens à signaler que j’essaie de passer le CAPES, et que j’essai de progresser dans ma matière, notamment en chimie où j’ai des lacunes. Mais ils ne m’ont pas trouvé de place. D’ailleurs, dans le « canard enchaîné », j’en ai lu de bonne. Par exemple, un rectorat a viré des contractuels (ou les a remis vacataires) qui avaient 3 ans d’ancienneté. Pourquoi ? Pour faire des économies et les empêcher de passer le concours interne. N’est-ce pas se priver de personne qui ont une expérience ? Notons que j’ai lu que un intermittent du tableau noir (toujours dans ce même « canard enchaîné ») avait fait remarquer qu’on lui avait retiré une partie de sa paye alors qu’il n’avait pas été gréviste. On a répondu à cette personne :
« Soyez heureux d’avoir une paye ! »
Mais j’ai du mal à comprendre le rectorat.
1) On ne veut pas payer de professeur titulaire (trop cher), donc on diminue le nombre de poste au CAPES.
2) De tant en tant, il faut bien mettre des professeurs devant les élèves, donc on met des vacataires (le contractuel est trop cher).
3) Mais on change notre personnel vacataire.
Tans qu’à exploiter la misère, pourquoi ne pas garder les même vacataires ?

Je suis titulaire du DEA de physique des plasmas. D’accord, je n’ai pas eu la mention. J’ai eu 11,83. Je suis quand même plus proche de la mention que du « j’ai eu le DEA avec juste 10,0000000000000000000000 »
Mais je ne sers à rien. Je suis quand même plus utile à la société en étant professeur non titulaire, même sous payé, qu’en étant chômeur à ne rien faire de mes journées. D’autant que je n’enseigne pas la physique pour la paye et que je fais passer l’intérêt de mes élèves avant mon propre intérêt. Je suis d’accord avec mon ancien professeur de physique : on peut vraiment parler de gâchis.

Je suis devenu un feignant, un imbécile, un bon à rien, un aigri, une personne haineuse…… comme tous les chômeurs. Et pourtant, mon cas est idéal par rapport à d’autre. Ecrire ce livre m’a permis de me vider de ma haine et de dire du mal de mes politiques d’en haut. Ce n’est pas constructif, c’est vrai, mais ça soulage. Car au fond, le pire dans notre société, c’est que nos politiques, pour pouvoir satisfaire leur faible base électorale, fabriquent des feignants, des paresseux, des idiots, des bons à riens, des aigris, des gens haineux qui ne croient plus à l’avenir et n’ont plus d’espoir. Notre société nivelle ces citoyens par le bas, intellectuellement ou/et matériellement. Je ne sais pas si c’est délibéré, comme dans mon roman, ou accidentellement. Ceci étant, je ne vois pas l’intérêt de niveler les citoyens vers le bas, c’est suicidaire et irresponsable.

C’est pour ça que je dédicace ce livre à tous les citoyens d’en bas méprisés par les politiques d’en haut
Reply
#2
Quote:Comment ne pas parler, d’ailleurs de Nicolas Sarkozy qui explique que le sumo est un sport débile afin de blesser Jacques Chirac. Franchement, c’est d’un intérêt majeur pour la France.
lol C'est vrai que c'est énorme ça ! Wink

Tu as réussi pourtant, au terme d'une inactivité de plusieurs mois, à te mettre à écrire ce livre.
L'aurais-tu fait sans cela ?
Aurais-tu autant réflechi à la politique française ?
Même si ça t'as coûté cher en temps perdu, en ennui et en soucis financiers, tu auras réussi à te lancer sérieusement dans ce livre.
Au début, j'ai eu peur que tu en écrives un ou deux chapitres, puis que tu t'arrêtes, que l'inspiration retombe d'un coup.
Mais non : tu en as fait p-ê déjà les 2/3, et en peu de temps ! biggrin


Euh, je dévies un tout petit peu (mais pas tant que ça) le sujet de ce topic.
Pour vendredi, je dois préparer une leçon sur le thème :
"La compétence peut-elle fonder l'autorité politique ?"

J'écris ci-dessous un développement. Vous pourriez le lire et me dire si c'est compréhensible ? Gne Si vous voyez des objections à faire, des arguments à apporter dans un sens ou l'autre.
Je précise que c'est un sujet très pragmatique, sans aucune perspective métaphysique ou abstraite. Wink

Question philoupienne s'il en est lol : tout le monde refuse d'accorder de l'autorité à quelqu'un dès lors qu'il est reconnu être un incapable. Donc tout le monde est certain que quelqu'un a de l'autorité dès lors qu'il est compétent en sa matière.

"Peut-on fonder" nous demande à la fois :
Si on a le droit, si c'est légitime de le faire.
Si c'est réellement possible.
Peut-on traverser au rouge ?
De fait c'est possible, mais c'est interdit.

1ERE PARTIE

Quelle est cette compétence qui différencierait un bon homme politique d'un mauvais ?
Pour être ingénieur agronome, il faut avoir un diplôme et des connaissances théoriques et pratiques en agronomie. On est alors compétent dans cette matière.
Mais il n'existe pas de diplôme de compétence politique.
Quand un scientifique est prix du CNRS, on dit qu'il est fait autorité en sa matière : il y a acquis des compétences exceptionnelles, donc on écoute et respecte ses avis sur la question. Donc sa compétence fonde son autorité.

Mais la politique n'est pas un domaine de recherche particulier, sur lequel on puisse déterminer un savoir scientifique.
La politique n'est pas une science, mais un art. L'art de se confronter à des situations et d'y apporter des solutions.

Donc je vais essayer de montrer (mais jusqu'où ?) que, contrairement à l'idée reçue, la compétence n'est pas un critère suffisant pour fonder l'autorité politique.
Si bien que, en toute rigueur, il serait absurde, pour disqualifier un politique, de dire qu'il est incompétent (dans l'hypothèse où l'autorité ne repose pas sur la compétence).
De fait, on connait des politiques compétents dans un domaine qui se révèlent être de piètre politique, impopulaires. Juppé est agregé de lettres classiques je crois. Whistle
Tandis que Chirac, qui sera resté 12 ans au pouvoir, lit plutôt des SAS... :roll:

Mais c'est peut-être tout de même un critère nécessaire. Après tout, on ne va pas non plus exclure l'idée d'être compétent, et demander des incompétents.
Mais j'aimerais bien savoir quelle compétence il faudrait posséder pour être un bon homme politique, et donc faire autorité en la matière, comme un prix Nobel de physique fait autorité en physique.

Mais la seule compétence en politique ne constiterait-elle pas à avoir de l'autorité ? C'est à dire en fait à faire croire qu'on a de l'autorité, à faire croire qu'on détient du pouvoir ?
Dans cette perspective, la politique est un jeu de mensonges et de faux-semblant (ce dont tout le monde se plaint en réalité).
Alors qu'un ingénieur a réellement des compétences, en politique, avoir une compétence reviendrait à faire croire qu'on en a. Et tant que le peuple le croit, on passera pour un bon dirigeant.
C'est une version cynique et machiavélique de la politique, mais elle n'est pas je pense dénuée de vérité.

Qu'est-ce qui fait les grands leaders politiques, ceux qui brillent et impressionnent les foules ?
Du charisme, de la séduction dans le discours et dans l'homme (Mitterrand, séducteur sans scrupule), la capacité à susciter de vives émotions ("Vive le Quebec libre !!"), à retourner ses adversaires en sa faveur, ou les obliger du moins à ne se positionner qu'en fonction de soi (tout le monde parle de Sarkozy et de la sécurité, d'où sa popularité).
Voilà comment on pourrait définir la compétence : séduire, mener, diriger, commander, plaire.

Mais autant dire que toute la compétence en politique se ramène finalement à avoir de l'autorité.
Dans ce cas, la question : "La compétence peut-elle fonder l'autorité politique ?" se ramène à une tautologie (A=A), car la compétence en question n'est rien d'autre que de l'autorité.
Il n'y aurait alors pas besoin de fonder l'autorité politique sur quoi que ce soit, sinon sur elle-même. Inutile donc de chercher une quelconque compétence, l'autorité ne se fonde que sur elle-même.
De ce fait, cela nous obligerait à dire qu'être incompétent en politique, c'est avoir perdu son autorité, par ses bourdes, ses incohérences, ses erreurs passées.
C'est d'ailleurs pourquoi tant qu'on respecte qq1, on le dit compétent. Mais dès qu'il ne nous plait plus, on le déclare incompétent, comme s'il lui manquait soudain qqch. Sur quoi repose l'autorité d'un politique, sinon sur son titre, le costume qu'il endosse (Monsieur le maire, monsieur le député) et sa capacité à plaire aux gens, à susciter leur confiance ?
Le philosophe Pascal a appelé "grandeurs d'établissements" les costumes et cérémonies d'apparat qui servent à donner artificiellement de la grandeur et de l'autorité à des gens qui n'en ont pas.
Médecins et juges sont respectés non pas pour leurs compétences mais pour leur déguisement social.

Conclusion de cette première partie :
arrow Non, la compétence ne peut fonder l'autorité politique, car cette autorité ne repose pas sur la possession de connaissances particulière, mais sur la capacité à tromper son monde en permanence, à faire croire qu'on détient une compétence qui fonde son autorité. Et tant que dure l'illusion durera la possession du pouvoir.


Faut que je réflechisse à la suite. Sweatdrop
Allez, les gens, aidez le Gros Nico ! biggrin

PAWA ! 2200 msg pour moi ! :LeLudwig:
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#3
La politique ça me gonfle en ce moment... :shock: Je ne vois aucun intérêt dans le débat actuel, et de toutes façons débattre sur le sujet n'apportera rien sinon un discours stérile car nous ne sommes pas politisés, n'avons aucun pouvoir si ce n'est une bien grande gueule. :?
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#4
Etre un homme politique c'est aussi de temps en temps arriver au pouvoir(sisi). C'est à dire endosser des responsabilités. Le maire peut être tenu responsable de ses décisions (par exemple en aménagement lors de pb d'inondations ou d'éboulements). Un grand nombre de sous fifres de l'administration n'auront rien de plus pressé que de vous demander confirmation, de vous faire signer un papier etc...

S'il n'y a pas de compétences, il y a au moins des conséquences aux actes d'un élu. Si l'accident arrive le maire peut passer devant les tribunaux, de même que si l'argent de la collectivitée est dilapidé. Dans ce genre de cas cependant, l'élu a à sa disposition un certain nombre de conseillé. C'est à lui de choisir qui écouter et qu'elle solution choisir parmis celles proposées. Il ne s'agit plus là de paraître mais de gérer (le risque, le budget, les moyens existants), et de bien s'entourer.

Plus encore, un député ou un sénateur, n'a pas seulement pour rôle d'être élu, de parader et de s'assoir de temps en temps dans un émicycle. Il est quand même supposé débattre d'une loi, l'approuver ou la refuser. Or il n'y a rien de plus technique en politique qu'une loi. C'est une affaire de spécialistes en la matière. Chaque mot est important, il faut en peser les conséquences. Dans ce cas on peut vraiment parler de compétence de quelqu'un dans un domaine, car il y a bien là une connaissance et une expérience. Bien sur il est ici question d'élus, plus d'hommes politiques, et c'est cette nuance que je voudrais introduire, car il y a là à mon sens l'explication du disfonctionnement du système politique. Un député peut être très brillant ou au contraire médiocre sans que cela n'affecte sa qualité d'homme politique. En effet qu'importe s'il est un brillant législateur ou pas du moment qu'il appartient à un groupe où il y en a un et qu'il se fie à lui pour cela. Pourquoi croyez vous qu'il y a si peu de monde dans l'assemblée en général? Qu'importe ce que vous faite du point de vue de la législation, car c'est sur le paraître que vous allez être élu.

La compétence de l'homme politique, comme le soulignait Nico, c'est de faire croire. La compétence de l'élu serait d'être un bon gestionnaire ou un bon législateur.

Dans un autre domaine comme les sciences, il existe un façon de vérifier les résultats de quelqu'un (et encore), pas dans la politique. En effet ce sont des gens compétents en physiques qui comprennent (ou essayent) et évaluent le travail d'un autre en physique, et ce en disposant de toutes les informations et du temps nécessaire. En politique, ceux qui évaluent ne comprennent souvent pas grand chose au problème, n'ont que les explications qu'on veut bien leur donner, et n'ont pas que ça à faire de reprendre tout en cherchant eux même les solutions pendant plusieurs jours.
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#5
Ah oui c'est intéressant l'exemple des députés qui étudient mot par mot la loi. Celui du maire responsable de sa commune.
Pour faire une bonne leçon, il faut peser tous les arguments de chaque position, donc s'efforcer aussi de penser contre soi-même.
Pour le moment, j'ai développé l'idée que la compétence ne fonde pas l'autorité politique.
Il faudrait que j'arrive à voir si la position contraire est pertinente, sur quelles arguments elle s'appuie.

Mais c'est vrai que la politique de masse qui prévaut au sein des partis fait que les gens compétents, qui savent lire les lois, seront noyés au sein des disciplines de parti. Donc dans la moyenne d'incompétence de tous.
C'est là qu'il faut remplacer la compétence à comprendre les lois par la compétence à défendre une opinion de parti que l'on rejetterait en privé.

Ca pose aussi le problème des technocrates, qui sont censés etre des experts, des spécialistes, qui doivent gérer et administrer rationnellement, mais qui ne sont ni élus, ni connus, dont les décisions sont difficiles à comprendre. D'où le sentiment de rupture entre l'Européen moyen et l'administration qui s'occupe de lui...
Là encore, ces gens ont beau être compétents, leur autorité est pour le moins contestée, car ils ne paraissent pas en public.

Pour ce qui est de l'élu local, si brillant soit-il en son domaine (pharmacien, médecin, chef d'entreprise etc.) rien ne nous assure par ailleurs qu'il sera bon politicien.
Il y a pourtant à l'évidence une tentation, à mon avis impossible, de "rationaliser" la politique au point d'en faire une affaire de spécialiste : confions les rênes du pouvoir aux "gens qui savent", de manière à ce qu'ils gèrent l'Etat comme une entreprise. Finissons-en avec la politique de prestige et administrons la politique.
Illusion typique de libéral illuminé qui croit qu'un pays se gère comme un budget familial, et qui veut réduire la politique à la tenue d'un budget... :roll: On en revient au technocrate, impersonnel et anhistorique, incapable de "représenter" véritablement un peuple.

On pardonnera beaucoup à un président quant à ses maîtresses, son train de vie, ses abus népotiques (placer ses copains à des postes importants) ; en revanche, l'opinion ne serait pas prête à accepter je pense un gouvernement de fonctionnaires efficaces et transnationaux.
D'où à mon avis l'inanité d'un fédéralisme européen.
Reply
#6
Comme Mathieu

Je voulait écrire une réponse mais Windows a fait des siennes :(

Disons que être élu est une chose, mais devoir représenté les citoyens en est une autre.

Personnelement, je préfère être représenté par quelqu'un qui pense plus à l'intérêt général que sa propre réelection!

Malheureusement, Chirac pense surtout à sa réelection (ou celle de l'UMP) en 2007.
C'est dramatique.

Imaginez que je dise à un élève qui a 2/20 de moyenne générale qu'il va atteindre polytechnique!
Est-ce lui rendre service?

Est-ce que dilapider les finances publiques pour être sympa est rendre services aux citoyens?

"Les déficits d'aujourd'hui sont les impôts de demain" (J'en profite, M Metton n'a pas encore mis de copyright sur cette citation :P )

Mais au fond, qu'est-ce que la compétence en politique?
Est-ce pour être élu?
Ou Est-ce pour diriger un pays?
Ou laquelle est la plus importante des 2?

De toute façon, faudra bien expliquer au citoyen qu'il faudra un jour réduire la dette publique!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

D'ailleurs, cette dérive des dépenses, je la paye cher!
Reply
#7
Tu l'as dit Philou : la compétence politique, c'est être élu et supporter des responsabilités.
Dans les termes de Machiavel : prendre le pouvoir et le conserver ; diviser les forces ennemies ; calmer les mécontents ; paraitre moral même si on ne l'est pas ; saisir les occasions profitables pour accroître son prestige.
Le reste, c'est des beaux discours moralisateurs pour enjoliver et aider la pilule à passer. :P

Quote:En politique, ceux qui évaluent ne comprennent souvent pas grand chose au problème, n'ont que les explications qu'on veut bien leur donner, et n'ont pas que ça à faire de reprendre tout en cherchant eux même les solutions pendant plusieurs jours.

En fait, il faudrait que ceux qui jugent les politiques (les journalistes télé, les éditorialistes) soient eux-mêmes détenteurs d'une compétence propre à juger les politiques.
Or, on sait très bien la fascination des journalistes pour les politiques, les collusions, surtout en France où la politique a encore un prestige monarchique.
Mais prétendre détenir la capacité de juger les politiques, c'est encore vouloir acquérir pour soi-même une autorité politique (au sens large : la capacité à formater l'opinion).
Il y a donc une tromperie qui consiste de manière générale en ceci : prétendre que l'autorité s'appuie sur une compétence... alors qu'il ne s'agit que d'autorité, et que cette prétendue compétence est indéfinissable, fantômatique.

Bon merci, vous m'aidez bien. bravo2
Reply
#8
Franchement, vu la participation à chaque élection, n'a-t-on pas l'intérêt de dire une bonne fois pour toute la vérité aux français, par exemple:
- On est en Papyboom dons problème retraite!
- On a des déficits donc impôt!
....
(d'accord, je suis un simpliste).

Quel intérêt de maintenir les citoyens dans l'ignorance (au passage, merci TF1)?
Imaginez que je dise à un élève qui a 2/20 de moyen qu'il fera polytechnique?

Au fond, c'est les proposition de fond d'un politique qui devrait être jugé et non pas le fait qu'il soit sympa ou qu'il ait une superbe épouse!

Dans cette hypothèse, il est vrai que l'instruction du citoyen (notament tout au long de sa vie) est une question qui se pose.

Mais j'ai souvent le sentiment (Attention, je deviens aigris, merde, trop tard) que les français ont les politiques qu'ils méritent!

Pire, il m'arrive de penser que "La France est un pays de con dirigé par des cons pour des cons".
(Désolé d'avoir été aigri mais ça soulage, pas constructif mais ça soulage).
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#9
D'où le problème du pouvoir confié au peuple. Le peuple est-il capable de se gérer? Cela sans vouloir proner la tyranie, car une oligarchie ou une noblesse n'aura à coeur que de défendre son intéret, pas celui des autres.
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#10
Alexis de Tocqueville (un penseur du 19e siècle) a montré que l'individu en sociétés démocratiques devient faible s'il est isolé et perdu dans la masse. Il est dépourvu de pouvoir d'agir, car l'Etat gouverne pour les masses : il n'est donc capable que de s'occuper de ses petits problèmes quotidiens et de grands sujets grandiloquents qui le dépassent de très loin (et qu'ils ne se poseraient pas s'ils étaient capables de les appréhender).
Tocqueville propose comme solution d'encourager les citoyens à former des associations locales, de manière à leur permettre de participer à leur échelle à la vie politique.

Par ailleurs, je ne sais plus qui disait que le drame de la politique c'est que les plus médiocres comme les meilleurs peuvent également y réussir.
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