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Les Contes de la Canine #6 : Histoire de P.Y. de Saint-Huant
#1
Février 1998 : Le détective Mathias Naundorff, devenu le Gangrel Athamis Fraundon, ancien homme de main de Hiéronymus Lucien, a rompu les ponts avec ce dernier. Sans doute même a t-il trahi la confiance de son maître. Dans la banlieue sud de Paris, il retrouve le Tzymisce Gwydion, lui aussi ancienne goule de Lucien.
Fraundon comprend qu'il n'a aucun soutien à attendre du Tzymisce. L'entrevue tourne au vinaigre, puis au combat ouvert. Fraundon affronte les Gangrel sauvages de Gwydion, avant de s'enfuir, sanglant, blessé, abandonné de tous.


Traqué, Fraundon bénéficie de l'aide d'une personne providentielle. Mais dans le monde des Caïnites, aucune aide n'est gratuite, aucune action ne se fait sans arrière-pensée. Et d'un bien provisoire, il n'est pas rare qu'un mal plus grand ne surgisse !...

Terreur



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et
La Métro Garfield2 Garfield Mayer

présentent...




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Ce soir...



Diable [b][size=17]HISTOIRE DE PIERRE-YVON DE SAINT-HUANT
Diable

Terreur
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#2
Mars 1998

Objectif et mise en scène

Ce soir-là à Paris, devant le grand hôtel Lutecia, deux importants Caïnites discutaient. La première était la comtesse Constance Bathory. Le second était le cinéaste Pierre-Yvon de Saint-Huant, Toréador, connu pour se tenir éloigné des fastes de l’Elysium, qui préférait la fréquentation des Artistes en opposition à la politique du Prince de Paris.
Le fait est qu’il jouait sur les deux tableaux, grâce à son charme naturel et à sa prudence dans le choix de ses alliés. Il gagnait sur les deux registres, les mondanités et les activités interlopes, et beaucoup le jalousaient d’arriver ainsi à se maintenir sur la corde raide.
Quant à la comtesse Bathory, à l’époque où nous parlons, elle jouissait de glorieuses faveurs du Prince. Son seul ennemi véritable, le seul à sa taille, était déjà Hiéronymus Lucien. L’opéra de Paris constituait leur terrain d’affrontement privilégié. On prévoyait qu’ils finiraient par s’étriper en ce lieu. Tropovitch, le musicien attitré de Villon, jouait le médiateur entre les deux. Il passait évidemment pour un nigaud sans force de caractère. On admirait et on aimait craindre en revanche les deux protagonistes, dont la rivalité haineuse suscitaient toutes les passions au Louvre. On trouvait là un merveilleux terrain pour les querelles, les secrets, les rumeurs et les affrontements partisans.

diablotin

- Alors c’est entendu, Saint-Huant, disait la Comtesse Bathory, je vous cède mon loft et en échange, vous acceptez d’aider la personne que je vous ai indiquée ?
- J’accepte votre proposition. Je serais fou de refuser une telle offre, surtout venant de vous ! Il faut d’ailleurs que ce Gangrel vous tienne à cœur, pour que vous échangiez sa sécurité contre un loft.
- Oh, vous savez, Saint-Huant, je vous cède surtout une grande bâtisse, que vous aurez largement à refaire. Il y aura des travaux, comme on dit. C’est près de ces friches industrielles, en banlieue, qui prennent de plus en plus de valeurs, à mesure qu’on les transforme en nouveaux quartiers résidentiels. Vous vous régalerez de la valeur que cela prendra dans les prochaines années.
- Certainement, certainement. J’avais justement besoin d’un endroit pour tourner, à l’écart des curieux de la capitale.
- Hé bien vous l’avez trouvé ! Vous pourrez vous consacrer à votre art tant que vous voudrez !
- Je l’espère. Je ne manquerai pas de vous inviter, une fois les travaux terminés. Si toutefois les fréquentations louches ne vous rebutent pas.
- Voyons, Saint-Huant ! Ce n’est pas vous qui me dévergonderez ! Vous ne croyez tout de même pas que je suis comme ces jeunes Ventrues qui ne jurent que par la loi et l’ordre. Allons, ce n’est pas sérieux. Même le Prince n’est pas loin de reconnaître des qualités à ces anti-tribus… tant qu’ils ne menacent pas de prendre le dessus, naturellement ! Vous voyez quels efforts Villon a fait ces derniers temps ! Efforts encore impensables il n’y a pas cinq ans.
- Sans doute sous l’effet de votre influence bénéfique…
- J’aime à le croire, oui.
- Et ce Gangrel que je dois protéger ? Qui est-ce ? Où est-il actuellement ?
- Qui il est, vous le découvrirez bien assez tôt. Il est au courant qu’il a changé de protecteur. Et quant au lieu où il se trouve…
- Oui ?
- Sous vos pieds.
- Comment cela ?
Saint-Huant leva une jambe, puis l’autre, comme s’il venait de marcher dans une de ces crottes qui semblent semées dans la capitale. Le cinéaste avait outré son attitude, et la comtesse, habituée du monde du théâtre, partit d’un grand rire de diva. Elle imitait volontiers Montserrat Caballé.
- Sous mes pieds ? Expliquez-moi ? Il s’est enfoncé dans le sol, comme savent faire les Gangrels ?
- Mon Dieu non, fit dans un grand élan rieur la Comtesse –Saint-Huant se demandait si elle n’en rajoutait pas pour la galerie (preuve qu’il était homme de cinéma, et non de théâtre !) – ce Gangrel est simplement dans les couloirs du métro qui doit passent sous nos pieds !
- Il dort dans le métro ?
- Hé bien quoi ? C’est un Gangrel : je n’allais pas lui payer une chambre au… au Georges V ! (elle avait des piquées de colère que Saint-Huant n’avait connu que chez la Castafiore !)
- Non non bien sûr, s’excusa t-il.
- Bien, je vous demande d’aller le retrouver. Je lui ai parlé de vous, il vous attend. Il vous expliquera lui-même ses problèmes, vous vous arrangerez pour l’y aider, dans la mesure de vos moyens.
- C’est tout ?
- Parfaitement.
- Il faut qu’il vous soit précieux pour qu’il s’échange contre votre loft.
- Vous vous répétez, Saint-Huant. Puisque vous êtes méfiant et dur en affaires (en quoi vous êtes quand même plus proche du cinéma que du théâtre !), sachez que ce Gangrel est un pion essentiel dans ma rivalité avec le Sire Lucien.
Elle avait prononcé cette phrase en appuyant sur les mots, de manière à ce que Saint-Huant regrette à la fois de lui occasionné cet effort et de l’avoir obligée à dévoiler son jeu.

diablotin

- Entendu, comtesse. Je n’en demanderai pas plus.
- Bien trêve de mondanité. Je n’ai guère l’intention de vous accompagner dans le métropolitain. Je vais devoir vous quitter, ajouta t-elle d’un air important, car j’ai encore une soirée aux Invalides.
- Très bien. Je prends en charge votre protégé. Je vais d’ailleurs aller lui rendre visite.
- Comment ? maintenant !
Saint-Huant sourit :
- Hé oui, pourquoi attendre ? J’ai mes entrées dans le « métropolitain » (le point d’ironie serait ici nécessaire), c’est bien le moins pour quelqu’un comme moi…
- A votre guise, monsieur le cinéaste. Bonsoir.
- Bonne soirée à vous. Je vous tiens au courant…
Une limousine blanche, sortie d’une scène hollywoodienne d’arrivée d’une vedette à une réception de gala, s’arrêta aux pieds de la Comtesse. Celle-ci s’engouffra dans ce paquebot sur roues, à l’intérieur duquel l’attendaient tout une troupe de beaux et frais Toréadors qui égayaient ses soirées. Elle se rendait sans doute à l’une de ces soirées rocailles, dans un manoir orné de statues de Vénus aux joues roses et aux formes généreuses, une soirée remplie de petits Toréadors pomponnés. Elle savait décorer son monde la Pompadour !
- Une dernière chose, dit la Comtesse, par la vitre à moitié relevée de la portière, ceci reste entre nous, évidemment.
- Evidemment. Sauf cette entrevue, qui pouvait être vue de la moitié des Caïnites de la ville…
- J’avance en pleine lumière, mais j’avance masquée : larvata prodeo. Souvenez-vous en, Saint-Huant. Le théâtre. Toujours.
- Pour ma part, j’avance derrière mon objectif, mais à visage découvert. Camera prodeo !… Bonne soirée comtesse.
Celle-ci ne fit aucune remarque, et releva la vitre. Des rires fusaient à l’intérieur du véhicule, deux bouchons sautèrent.
Alors que la limousine démarrait, Saint-Huant repensa à sa dernière réplique, se sentit fier de sa répartie. Il traversa la rue en sifflotant, et descendit dans le métro Sèvres-Babylone. Il était une heure du matin, les transports souterrains étaient sur le point de fermer.

Diablo

[i]A suivre... Chicagoblues
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#3
:exorbité: c'est plus un forum de jeu de rôle c'est une annexe de Lire.fr
Je donnerai mes sentiments sur cette entrée en matière des nouveaux contes de la canines demain Chinese
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#4
Pareil! Faut que je bosse un peu, j'ai un Man In Black qui est arrivé à 7h dans le bureau... biggrin
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#5
La balade des stations désaffectées

Saint-Huant descendit les marches, sauta par-dessus le tourniquet. Il ignorait comment trouver le protégé de la Comtesse.
Un gardien le héla soudain :
- Hé vous là ! Où vous croyez aller à cette heure-ci, et sans ticket ?
Saint-Huant se retourna vers l’employé, entre deux âges, fatigué, râleur, très parisien et serge-gainsbourgeois, et le fixa d’un regard terrible. Ce dernier, victime d’un sort de domination Toréador, se trouva plongé en quelques secondes dans une torpeur abrutie. Les yeux de Saint-Huant brûlaient de menaçantes flammes pourpres.
- Ecoute-moi, humain. Tu vas me laisser passer. Tu vas fermer la station comme prévu, puis, quand je ressortirai, tu ne t’occupera pas de moi, tu m’ouvriras et tu m’oublieras pour de bon. Compris ?
Soumis à la volonté du Toréador, le gardien hocha la tête de haut en bas lentement, et partit mécaniquement se servir un café.
- Ah, j’oubliais : apporte-moi une lampe torche.
Le gardien s’exécuta à nouveau, perinde ac cadaver.
Saint-Huant descendit sur le quai désert. Les grandes affiches publicitaires ajoutaient à la solitude des lieux, tant elles semblaient étranges, sorties d’une lointaine civilisation primitive, sans la foule des voyageurs pressés pour en capter le message.
Un sifflement croissant, un grondement répété par l’écho dans le tunnel, annoncèrent l’arrivée d’une rame : celle-ci ne transportait aucun voyageur. Toutes lumières éteintes, elle ne fit que passer rapidement dans la station. Saint-Huant entendit le sifflotement de l’employé qui inspectait les couloirs.

diablotin

Toujours pas de signe du Gangrel.
Les lumières de la station s’éteignirent les unes après les autres. Il ne restait que les éclairages disséminés dans le tunnel. L’employé fermait maintenant la grille de l’accès à la rue.
Saint-Huant alluma sa lampe-torche, puis se mit à balayer de son faisceau les deux tunnels, en faisant les cent pas sur le quai.
Une voix résonna des profondeurs de l’obscurité. Elle appelait Saint-Huant.
- Qui êtes-vous ? criait cette voix.
- Je suis engagé par la Comtesse Bathory pour vous aider ! lança le Toréador.
- D’accord ! Venez vers moi ! Suivez le tunnel.
- Non ! vous venez !… cria Saint-Huant à l’attention de l’obscurité.
- Hors de question ! je ne sors pas d’ici ! venez me retrouver !
« Il est têtu cet animal. »
- Ça va, j’arrive !
Le cinéaste descendit sur les rails et s’engagea en direction de la voix. Il braquait le faisceau de sa lampe devant lui. « Je suis malade de m’engager là-dedans. Et s’il décide de me sauter dessus ? De la part d’un Gangrel traqué, on peut s’attendre au pire. »
Au bout de près de deux cent mètres, le Toréador arriva dans une station désaffectée, presque invisible. On devinait les murs et le quai, réduits à l’état de pierre grise, couverte de graffitis et de dessins sauvages.
- Où êtes-vous ? dit Saint-Huant, sur ses gardes.
Dans l’obscurité, deux rubis brillaient ardemment : les yeux d’un Gangrel, les yeux de la Bête.
- Je suis là… dit le Gangrel. Approchez, je n’ai pas l’intention de vous faire de mal.
- J’espère bien ! je viens vous aider, après tout !
« Il a mis ses feux de position, l’animal ; brrr… il a une allure macabre. Il ressemble à ce bandit : la Marque Jaune… Il me fixe comme me fixerait un animal affamé. »
Saint-Huant s’approcha du Gangrel, qu’il braquait de sa torche.
- Eteignez votre lampe, ordonna le Gangrel. Vous êtes un Toréador, je le sens, et je sais que les membres de votre espèce sont capables de discerner la chaleur dans l’obscurité.
- A votre guise.
Saint-Huant rangea sa lampe-torche. Il monta sur le quai. Il distinguait son interlocuteur comme une masse humanoïde rougeâtre. Ambiance de jungle vietnamienne, la nuit.

diablotin

- Et vous, vous me discernez comment ? demanda Saint-Huant, mal à l’aise.
- Comme si la nuit tombait.
La voix du Gangrel était chaude, mais pas chaleureuse, loin de là. Chaude comme celle d’un fauve dont la bouche est encore pâteuse d’un copieux repas.
- Je m’appelle Pierre-Yvon de Saint-Huant. La Bathory m’a engagé pour vous aider.
Le Toréador toussota pour se donner une contenance.
- Je ne suis au courant de rien vous concernant. Ce que je peux faire pour vous, comme pour tous ceux qui recourent à mes services, c’est vous procurer divers planques dans Paris et sa banlieue.
- Très bien, dit la voix fauve du Gangrel. Je suis planqué dans cette station depuis deux semaines ; j’ai besoin d’aller ailleurs.
- Comment est-ce que je peux vous appeler ?
- Fraundon.
- Très bien, Fraundon. Puis-je savoir qui en a après vous ?
- La Comtesse vous a autorisé à me demander ça ?
- Elle m’a demandé de vous protéger. Or, j’ai besoin d’en connaître un minimum sur votre compte pour vous dissimuler efficacement.
- D’accord. J’ai entendu parler de vous, Saint-Huant. Vous êtes dans le cinéma, c’est ça ?
- Oui, en particulier. J’ai de bonnes relations parmi les Caïnites en marge de la Camarilla.
- Je vois. Vous n’êtes pas un de ces planqués du Louvre ?
- Non.
- Vous allez parfois à l’opéra ?
- Non, quelle question !
- Cette question n’était pas si absurde.
- Entendu. Je comprends. Ce n’est pas pour mes goûts en la matière que vous demandiez. C’est pour mes fréquentations.
- Exactement.
- Je ne vais jamais à l’opéra de Paris, je ne fréquente qu’indirectement les gens qui y vont.
- Vous allez parfois en banlieue sud ?
- J’ai des contacts là-bas, chez les Brujahs. Chez vos semblables aussi.
- Et hors de la Camarilla ?
- Chez quelques Tzymisce en marge du Sabbat. Je suis très « marginal ».
- J’ai besoin d’échapper aussi bien à l’opéra de Paris qu’à la banlieue sud.
- Ça laisse une marge confortable pour vous trouver une planque.
- Vous avez déjà un endroit pour ce soir ?
- Si vous me laissez y penser cinq minutes, je vous promets de vous mettre face à l’embarras du choix. Je suis le guide touristique des planques Caïnites !
- Proposez donc, allez-y.
- Les catacombes ? –un classique.
- Trop peuplées. Trop infestées d’espions.
- Les égouts ?
- Non, non…
- Une allergie aux Nosfératus ?
- Oui, disons-le comme ça.
- Alors voyons… dans Paris intramuros, ou au-delà du périphérique ?
- Dans Paris pour ce soir. Demain en banlieue.
- D’accord… nous allons vous mitonner un voyage organisé dans notre belle cuvette parisienne. Je connais un coin tranquille, près des arènes de Lutèce.
- Non, c’est plein de Tremere là-bas.

Chaque phrase de Fraundon exprimait de la peur, de la méfiance, ainsi qu’une sourde colère, péniblement contenue. Saint-Huant ne voulait pas jouer avec les nerfs du Gangrel, il espérait trouver vite la bonne solution.
- Je connais une autre planque près de la porte de Vanves. En marchant le long de cette ligne, nous pouvons arriver près de Montparnasse, et finir à pied. Ce ne sera pas long.
- Entendu, dit sèchement Fraundon. Allons porte de Vanves. Mais nous évitons autant que possible Montparnasse.
- Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous emmener dîner à la Coupole !
Saint-Huant voulait détendre l’atmosphère : peine perdue, le Gangrel ne broncha pas.
- Hum, hé bien, allons-y de ce pas, proposa le Toréador.
- Oui, allons-y vite.

diablotin

Les deux Caïnites descendirent sur la voie et suivirent le trajet du métro. Ils sortirent sur la place Duroc.
- J’ai habité dans cet hôtel à une époque, dit Saint-Huant. C’est là qu’est mort Léon-Paul Fargue. Vous ne connaissez pas le Piéton de Paris ?
- Dépêchons-nous, Saint-Huant.
Le cinéaste renonça pour la fin de soirée à engager une conversation polie avec le Fraundon. D’ailleurs, il se jura de ne plus jamais essayer avec aucun Gangrel que ce soit !
Les deux Caïnites passèrent devant les cinémas et les hôtels de voyageurs, derrière la tour Montparnasse, puis par les galeries Lafayette. Le Gangrel scrutait sans cesse les passants, il hâtait le pas. Ils croisèrent quelques jeunes Brujahs, qui traînaient sur le parvis devant la gare.
Une fois Montparnasse passé, Fraundon fut ostensiblement moins inquiet. Ils ne ralentirent pourtant pas leur marche quand ils passèrent près des luxueux hôtels de Gaîté, puis le long de la voie de chemin de fer qui quittait Paris.
- Je peux vous poser une question, Fraundon ?
- Allez-y toujours…
- Pourquoi avez-vous besoin que je vous donne une planque ? Je croyais que les Gangrels pouvaient se fondre dans la terre.
- Ce n’est pas si simple. J’ai vraiment besoin d’un endroit où passer le reste de cette nuit et la nuit prochaine. J’ai aussi besoin de pouvoir trouver du sang sans avoir à m’aventurer dans les rues.
- Oh pour ça, pas de danger, sourit Fraundon. L’endroit est plutôt calme ici, le long des maréchaux. Vous n’aurez qu’à user du premier passant venu. A ma connaissance, peu de Caïnites résident dans le coin. Mais à Malakoff, c’est plein de Brujah ! Et les Ventrue ont la main sur le reste des Hauts-de-Seine.
- Je n’ai pas l’intention de passer le périphérique avant deux nuits en fait. Quoique… si c’est nécessaire.
- Nous sommes arrivés. C’est ici. Dans cette gare désaffectée. Le périphérique est à cinq minutes à pied. Ce n’est pas le luxe comme planque, et ça ne vous changera pas du confort des tunnels de Sèvres-Babylone.
- Aucune importance, ce sera très bien. Retrouvons-nous demain soir, vers dix heures. Je crois que je ne vais pas traîner dans la capitale, pour les jours à venir.
- Entendu. Je vous laisse faire le tour du propriétaire. Je crois que des dealers se promènent dans le coin, et jusqu’au parc Montsouris, le long des voies désaffectées. Ca vous fera de la compagnie.
- Aucun problème de ce côté là.

Saint-Huant ne s’attarda pas. Il alla à la première cabine téléphonique et appela un taxi. Une demi-heure plus tard, il retrouvait son repaire de la rue Mouffetard.

Diablo

[i]A suivre... Emperor
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#6
Faudra quand même puplier tes nouvelles 8)
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#7
je viens de lire les 2 textes, c'est superbe. Vivement la suite! Boidleau
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#8
Quote:je viens de lire les 2 textes, c'est superbe. Vivement la suite! Boidleau

(NB : L'écriture de ce 6e conte est déjà finie. Je le poste au fur et à mesure, pour que ce ne soit pas indigeste.)

Excursion en banlieue est

Le lendemain soir, Saint-Huant retourna à la porte de Vanves, au volant d’une banale Peugeot. Il n’avait pas l’habitude de conduire des bagnoles de père de famille ; il préférait les italiennes sportives –question de standing Toréador !
Il se gara près de la vieille station. Fraundon était sur le trottoir. Il monta à la place du mort, posa un sac à dos à l’arrière, puis Saint-Huant démarra.
- Avant tout, dit ce dernier, comme il fait froid ce soir, et pour donner le change, j’ai prévu des gros manteaux d’hiver, Mascarade oblige. Ils sont sur la banquette arrière.
- Comme vous voulez…
- C’est juste une question de prudence. Nous risquerions d’être repérés par nos semblables, et dénoncés à l’Elysium. Je n’ai pas très envie que les flics du Prince me tombent dessus en ce moment. J’ai eu Bahtory au téléphone : elle a bien insisté sur la discrétion autour de votre affaire.
- Il ne faudrait pas que Lucien apprenne que la Comtesse me protège… Enfin, je veux dire…
Fraundon se troubla. Il aurait voulu se reprendre : il savait pertinemment qu’il était trop tard. Saint-Huant, qui se concentrait sur le trafic à l’entrée du boulevard périphérique, n’avait pas bronché.

diablotin

- Très bien… admit le Gangrel, vous allez me dire que j’en ai trop dit, ou pas assez.
- A votre guise. Je ne suis pas censé enquêter sur votre compte…
- Ne me dites pas que vous ne vous êtes pas renseigné sur moi.
- Je n’en ai simplement pas eu le temps, voyez-vous…
- Vous n’alliez pas tarder à le faire.
Saint-Huant s’engagea sur le périphérique, en direction de l’est parisien. Le trafic était fluide : le cinéaste appuya sur l’accélérateur.
- Pour être honnête avec vous, Fraundon, j’ai tout de même laissé traîner mes oreilles, ces derniers jours, depuis le soir où Bathory m’a parlé de protéger un Gangrel et hier soir, où je l’ai rencontrée.
- Et alors ?
- Alors…
Saint-Huant doubla une file de camions, puis se rabattit sur la droite.
- Alors j’ai entendu parler de la créature du bois de Vincennes. Ça traîne ici et là, depuis quelques jours, dans les faits divers des dernières pages des quotidiens. J’imagine que l’Elysium s’est arrangé pour que ça ne remonte pas jusqu’en une, ni n’arrive aux télévisions…
- Parce que vous croyez que ça a un rapport avec moi ?
- Le monde des Caïnites est très petit. De plus, je pense que cette créature est un Gangrel sauvage qui se terre dans le zoo. Ça augmente les chances que vous soyez lié à cela.
- Elle est dans le zoo ou le bois cette bête ? décidez-vous, s’impatienta Fraundon.
- Peu importe, répliqua le Toréador. Elle rôde par là-bas... Vous voulez noyer le poisson. A votre guise, vous n’êtes pas obligés de me répondre. Moi je crois que la police du Prince est drôlement embêté que cette Bête soit en liberté. Et ils hésitent à faire une descente, car ils savent que la proie est féroce, et que ça ferait du remue-ménage… Qu’en pensez-vous ?
- Que voulez-vous que j’en ai à foutre ! C’est l’affaire des chiens de garde de Villon !

diablotin

Saint-Huant ne voulait pas pousser Fraundon à bout. Les deux Caïnites gardèrent le silence pour le reste du trajet. Saint-Huant quitta le périphérique au niveau de la porte de la Villette.
- Pourquoi sortir si tôt ? demande Fraundon, sur un ton qui trahit nettement son expérience de conducteur parisien.
- Je ne veux pas arriver sur le périphérique de l’est parisien. Ne vous inquiétez pas, j’ai mes raisons. C’est pour ça que je suis passé par le nord. Sans quoi, j’aurais fait la boucle par le sud, et par Vincennes.
- Qu’est-ce que vous manigancez, Saint-Huant ? grogna le Gangrel.
- Rien du tout. Je reste prudent. Nous allons dans mon nouveau loft, offert par la Bathory, comme prévu.
- Vous voulez que je me cache là ?
- Pourquoi pas ? Pas dès ce soir, puisque vous m’avez dit vouloir rester quelques temps porte de Vanves. Vous viendrez quand vous voudrez. Ce soir, nous allons faire le tour des lieux.
- Très bien, « à votre guise ».

diablotin

Fraundon se renfrogna sur son siège. Saint-Huant finit le trajet en passant par plusieurs communes de l’est parisien, avant d’arriver dans le prolongement de l’axe Défense – Vincennes. Le loft se trouvait dans une petite ville, dans un quartier résidentiel, non loin des friches industrielles. L’hiver engourdissait l’activité humaine. Des paquets de neige s’étalaient de loin en loin sur la route et les bâtiments. Pas un chat dans les rues, pas de lumière dans les foyers. Une grand solitude nimbait les lieux.
Saint-Huant se gara non loin de sa nouvelle propriété. Les deux hommes sortirent, enfilèrent leur manteau.
- La comtesse ne s’est pas foutu de vous, maugréa Fraundon, l’endroit est sinistre au possible. Le décor parfait d’une série Z d’horreur.
- Sauf qu’en l’occurrence, les vampires redoutables, c’est nous, je vous le rappelle.
Fraundon ne l’écoutait pas. Il reniflait les environs.
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Ça sent le Gangrel, Saint-Huant. J’ai le nez creux, croyez-moi. Et la banlieue, j’y ai fait quelques séjours ces derniers temps.
- Vos poursuivants seraient déjà sur vos traces ?
- Je n’en sais rien. Prenez ça, c’est plus prudent.
Fraundon tendait à Saint-Huant un revolver.
- Vous savez vous en servir au moins ?
- Si je vous dis non…
- Non, mais à quoi vous servez dans cette histoire, Saint-Huant ?
L’énervement gagnait le Gangrel depuis quelques temps. Maintenant, il débordait.
- Qu’est-ce que vous voulez dire ?
Le Toréador choisit de rester sur la défensive.
- Vous ne savez pas tenir un flingue, fit Fraundon, d’un air scandalisé, vous m’emmenez dans ce coin paumé, idéal pour un meurtre ni vu ni connu, vous n’êtes jamais allé dans ce loft, vous vous méfiez autant que si nous allions au Rotary Club pour un bridge !… vous vous payez ma tête ou quoi ?… Comment Bathory a pu me coller un Toréador sur le dos !… et merde !
- Une minute, fit poliment Saint-Huant. Soyons bien clair : je ne suis pas un mercenaire, ni un porte-flingue de western. J’ai juste quelques amis bien placés, quelques réseaux pour cacher les gens… Je n’ai pas les capacités pour affronter des tueurs, de quelque bord qu’ils soient.
Fraundon frappa de dépit et de rage sur le capot du véhicule.
- Mais bordel !…
Il étouffa les injures qu’il voulait lancer au Toréador, il fit quelques pas pour se calmer. Saint-Huant n’osait rien faire.

diablotin

- Vous n’êtes jamais allé dans ce loft ! lança le Gangrel.
- Hé non, jamais… si je vous le dis.
- Très bien, allons-y ! Il faut croire que quand le destin vous pèse sur les épaules, c’est pas la peine de s’en débarrasser.
- Qu’est-ce que vous racontez ?
- Je crois que tout le monde veut ma peau, grommela Fraundon. Et je crois que je serai le premier à la vendre avant de l’avoir perdue.
- Ce n’est pas le moment de dire ça !
- Vous vous en foutez vous, à jouer à l’artiste marginal. Si vous étiez dans la merde, vous pourriez toujours vous composer un visage de pauvre orphelin pour aller mendier de l’aide chez Villon ! Moi pas !
- Arrêtez vos conneries ! Vous n’êtes pas seul. Moi je suis bien là pour vous soutenir, et a fortiori Bathory, qui loue mes services !
- Bordel ! vous allez le sentir passer, vous, quand les tueurs de Lucien vont nous sauter à la gorge. Moi je me défendrai, mais un tendre Toréador comme vous, ça va vous faire bizarre. Pour eux, vous ne serez qu’un amuse-gueule, une bouchée fine !
- Mais… je ne veux pas être mangé comme moins qu’un plat de traiteur fin ! répliqua Saint-Huant crânement, pour conjurer la peur que suscitaient en lui les menaces de Fraundon.
De dépit, le Gangrel s’était appuyé contre un arbre : il essaya de retrouver ses esprits.

diablotin

Au bout de la rue, deux phares éblouissants apparurent. Un brusque instinct tira Fraundon de son abattement : il dégaina son révolver. Le Toréador n’eut pas le temps de réagir. Deux coups de feu partirent du véhicule, l’atteignirent au ventre et à la tête. De deux arbres situés à quelques dizaines de mètres tombèrent, comme de gros fruits murs, deux Gangrels, nus, à la chevelure abondante teinte en vert, à la peau blanchie et tatouée de motifs complexes.
Saint-Huant était déjà à terre : une troisième l’avait touché au bras, et l’avait privé de toute capacité à réagir. Il n’était pas encore mort, mais gravement atteint.
De l’autre bout de la rue, une autre voiture arriva à pleine vitesse. Pris entre deux feux croisés, Fraundon plongea à terre, sur le trottoir. Les deux Gangrel furent sur lui en quelques instants. Ils le frappèrent plusieurs fois de leurs griffes froides et dures comme de l’acier, lui arrachant des cris de souffrance affreux. Saint-Huant se tordait de douleur. Les deux voitures pilèrent l’une en face de l’autre. Leurs occupants, au nombre de six, en sortirent. Ils étaient habillés comme les commandos anti-terroristes, passe-montagnes, rangers et gilets pare-balles. Ils déchargèrent leurs fusils à pompe sur les deux Gangrel. Ceux-ci ne purent éviter les tirs : frappés en pleine face, ils s’écroulèrent. Les hommes lâchèrent encore quelques coups sur les fauves. Les détonations résonnaient atrocement : on dut les entendre très loin à la ronde
Fraundon et Saint-Huant gémissaient, brisés par la douleur. Le Toréador avait le crâne en sang, tandis que de profondes entailles, brûlantes comme des tisons, rougissaient dans le dos du Gangrel.
- Ce sont bien eux, dit l’un des hommes en cagoule.
- Embarquons-les dans les coffres, alors.
- Non, on avait ordre de les emmener dans la baraque.
- Oui, mais les deux Gangrel n’étaient pas prévus au programme.
- Tant pis, on s’en tient aux ordres.
- C’est de la folie. Tout le quartier a entendu la fusillade !
- Tant pis pour eux ! Ils apprendront ce que c’est que de vivre avec des vampires ! On s’en tient aux ordre j’ai dit ! De toute façon, la plupart des baraques du voisinage sont vides ce soir.
- Allez les gars, ne traînons pas ! Et attention, l’un d’eux est un Gangrel !
- J’ai amené des pieux. Suffirait de leur enfoncer dans la poitrine.
- Non. On a besoin de les interroger avant. Méfiez-vous du Gangrel : assurez-vous qu’il est bien neutralisé.
S’il avait pu disposer d’un peu plus de lucidité en ce moment, Saint-Huant aurait été vexé de n’être pas craint de ces humains.
Les cagoulards ligotèrent les deux Caïnites avec des cordons en métal, et se mirent à deux pour les porter chacun, l’un par les pieds, l’autre par les bras. Les deux derniers les pointaient de leurs armes.

Diablo

A suivre...
Terreur
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#9
la suite, vite!!!!!!!!!! cry
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#10
Demain ! 8)
Je posterai la 4e partie !

Je vois que tu dévores ça comme un bon grec ! lol
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