24-05-2005, 11:52 PM
Souhaite lui bon courage et bonne chance de notre part

14e Episode : Kharmic Blues
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24-05-2005, 11:52 PM
Souhaite lui bon courage et bonne chance de notre part
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25-05-2005, 12:52 PM
Fin ch II.
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25-05-2005, 01:21 PM
Sombre personnage pour gouverner un sombre endroit
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25-05-2005, 02:44 PM
(This post was last modified: 26-05-2005, 07:50 PM by Darth Nico.)
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
La 5e Réincarnation : 14e Episode Chapitre III : Tani Hitokage Asako Nakiro Wrote:He who builds a life upon betrayal is already dead. Si Otosan Uchi était au centre de l'univers, la Vallée des Esprits était l'endroit qui en était le plus éloigné. ![]() A l'est de la profonde, impénétrable et mystérieuse forêt Shinomen, au pied des montagnes du sommet desquels tombait un vent froid venu des plaines gaijin, entre les terres de la Licorne au nord, et les terres du Crabe au sud, Tani Hitokage était un monde à l'écart. Il semblait que le reste de l'Empire aurait pu être bouleversé, et avant peu il le serait, sans que cela affecte du tout la vie du clan du Faucon. Quand Shinjo Kohei, Isawa Ayame, Shiba Ikky et Riobe arrivèrent au sommet d'une colline boisée, ils dominèrent, dans la lumière orangée du soir sur les massifs verts, toute cette vallée qu'on disait autant peuplée de vivants que de fantômes. Des lampions étaient accrochées partout aux arbres, et des bougies brûlaient le long des routes. Cette féérie illuminait les villages plongés dans le crépuscule. Une rivière, non loin de la, murmurait des légendes. Riobe était content d'être venu en ce lieu. Depuis toujours, les histoires de son ancien clan parlaient du culte des ancêtres, de la présence des esprits des morts autour de nous, de la surveillance qu'ils exercent sur nous. Et il se trouvait dans la vallée où les esprits abondaient comme le peuple dans les faubourgs d'Otosan Uchi, et c'était justement la nuit de la fête des morts, quand ceux-ci revenaient parler à leurs descendants. Décidément, cette atmosphère nocturne mystérieuse lui convenait parfaitement. Pourrait-il trouver des réponses concernant ce vieil homme qui lui était apparu chez les Licornes ? Isawa Ayame regardait avec curiosité ce pays où elle n'avait jamais mis les pieds. Comme elles étaient loin, les bibliothèques de la famille Isawa. Même le pays des Licornes avait fini par lui sembler (un peu) familier, mais là, elle aurait beaucoup de mal à comprendre cet endroit où le monde des morts semble se déverser dans celui des vivants, pareil à l'affluent dans le fleuve. Nos héros arrivèrent dans un charmant village. Toute la population était dehors. On chantait, on dansait. Des acteurs masquaient racontaient les légendes ancestrales ; d'autres contaient des histoires de fantômes rokugani, accompagnés par des musiciens qui jouaient une envoûtante mélopée. Des marchands vendaient toutes sortes de porte-bonheur, de moulins à prière, de fétiches, pour s'attirer les faveurs des morts. Le chef du village, Toritaka Genzo accourut au-devant des visiteurs, et tomba à genoux devant eux, dans la rue principale du bourg. Nos héros reçurent ses politesses d'usage, et présentèrent les leurs en retour. - Ce sont les Ancêtres qui vous envoient, honorables magistrats. Shinjo Kohei s'inclina, se déclaré honoré d'arriver en ce jour particulier sur les terres de la famille Toritaka. Nos héros furent logés dans une grande bâtisse, un peu à l'écart du village. Il y avait là deux bassins, de grandes pièces, un parc très délicatement décoré. Deux soldats gardaient en permanence les lieux. Fourbu, Kohei voyait avec délice les servantes préparer le bain et le lit. Il se plongea dans l'eau bouillante avec ravissement. Il ne tarda pas à s'assoupir comme un bienheureux. Des licornes d'or couraient dans des plaines merveilleuses, graciles et célestes. De jolis geishas versaient des vases pleins de fleurs et mille cerisiers fleurissaient. Soudain, un fleuve sortait de son lit, et noyait tout. ![]() Kohei se débattut soudain, et remonta à la surface. Assoupi, il avait plongé dans l'eau jusqu'au nez. Il toussa, renifla, toussa encore, puis baîlla de toutes ses forces. Son corps demandait un gros et profond sommeil. Vêtu de son kimono du soir, il passa souhaiter bonsoir aux deux Phénix. Il vit alors Riobe dans le jardin, assis en tailleurs près du bassin. - Riobe ? tu viens dormir ? - J'arrive, Kohei-san. Je finissais... d'admirer le jardin. Kohei baîlla à s'en décrocher la mâchoire, s'étira puis, sans insister, alla se plonger dans sa couche. Le vent du soir amenait le parfum entêtant des massifs de fleur du jardin, ainsi que, de la chambre d'Ayame, un parfum capiteux identique à celui qui s'était déversé sur Mimura au moment où Panda-san voyait sa malédiction levait. Kohei-san réalisa alors qu'il connaissait maintenant Isawa Ayame et Shiba Ikky depuis un an, depuis le tournoi des rônins de Yamasura. Un an que, régulièrement, lui et les autres surprenaient Ayame à consommer ces plantes narcotiques. Une fine pluie se mit à tomber, et berça bientôt le sommeil des occupants des lieux. ![]() La pluie tombait du ciel et alourdissait les feuilles des arbres. Quand il se créait un trop-plein, la branche cédait soudain, et déversait ses eaux sur la terre, puis balançait jusqu'à reprendre sa position initiale. Riobe, assis au bord du bassin rendu lumineux par la lune, écoutait la pluie mumurait à ses oreilles. L'eau se ridait parfois, et elle murmurait ce nom qu'il voulait oublier : Watanabe... Watanabe... Riobe avait tant d'ancêtres à prier, tant de morts dont se souvenir, depuis la bataille d'Otosan Uchi, et ce moment où, seul vivant parmi les morts, il s'était relevé, et avait pris le chemin du clan du loup... Toute la nuit, il la passa auprès des ancêtres, tâchant d'écouter leur message, et de rester fidèle à la voie d'honneur qu'ils avaient tracée. Toute la nuit, Riobe pria, et ce n'est qu'au petit matin qu'il s'endormit malgré lui. Après leur bonne nuit de sommeil, Kohei, Ayame et Ikky le trouvèrent levé le premier. - Bien dormi, Riobe ? demanda Kohei. - Euh, oui, Kohei-sama, dit le rônin avec des cernes jusque sur les joues. Tout le monde se prépara, et en fin de matinée, l'enquête pouvait commencer. Nos héros commencèrent par aller rencontrer Toritaka Genzo. Il fallait commencer par en apprendre plus sur le témoin mort ici, Toritaka Bonugi. ![]() Alignés face à Toritaka Genzo, qui finissait de faire infuser le thé, nos héros profitait de la douceur des lieux. Le soleil perçait au travers du couvert végétal, en grandes raies de lumière qui brisaient l'obscurité des sous-bois. - Bunugi-san, pour tout vous dire, honorables magistrats, était un érudit qui vivait quelque peu à l'écart. Il était passionné par ces recherches sur les esprits, les revenants, ceux que nous appelons des yorei. Ils font partie intégrante de la vie de notre clan. Bonugi-san a trouvé la mort après la fin du procès Usagi. Les Lièvres étaient nos ennemis depuis longtemps. Ces mauvais samuraï nous ont plusieurs fois attaqués sans raison. Ils sont vindicatifs, hargneux... Nous n'avons pas hésité à envoyer un témoin quand ce procès leur est arrivé. Ils n'avaient que ce qu'ils méritaient. - Qu'est-ce qui a décidé Bonugi-san à aller témoigner ? - C'est un ami à lui, avec qui il a étudié pendant très longtemps -plus de vingt ans- qui l'a décidé à se présenter aux Scorpions. C'était un Inquisiteur de la famille Asako, lui aussi très intéressé par les recherches sur les yorei. Un certain Asako Nakiro. Il est mort lui aussi ici, peu avant Bonugi-san. - Vous avez bien dit Asako Nakiro ? dit Ayame. - Oui, lui-même. Il est mort très âgé. Il pouvait avoir plus de soixante-dix ans. Nos samuraï eurent un mauvais pressentiment quant aux recherches véritables du témoin Faucon. - Et comment est-mort Bonugi-san ? - Violemment, à tout le moins. On pense qu'il a été attaqué par une bête féroce, affamée sans doute, qui se serait décidée à s'en prendre à un homme. On a retrouvé son corps mutilé. Genzo-san baissa d'un ton : - Entre nous, d'aucuns pensent aussi qu'il s'agit d'un esprit. A force de les côtoyer, Bonugi-san a pu finir par les fâcher. Qui sait ?... ils ont pu finir par emporter avec eux celui qui les a tant fréquentés... - Vous dites qu'Asako Nakiro est mort peu avant Bonugi ? demanda Kohei-san. - Oui, une semaine peut-être. - C'était il y a combien de temps ? - Oh, cela doit faire maintenant quatre ans. C'était après la destruction du clan du Lièvre, mais avant l'attaque du clan du Scorpion. Or, nos héros avaient vu Nakiro, quatre mois auparavant, au village thermal, et plutôt vivant. Mort-vivant disons. - Où habitait Bonugi-san ? - Pas très loin d'ici, dans une grande maison appartenant à ses ancêtres. On a peu touché à cet endroit. Vous savez, si c'est un esprit qui a frappé, alors le lieu est sacré. Intouchable. Dans le doute, nous préférons ne pas attiser la colère des esprits. - Bon, décida Kohei, nous irons visiter sans tarder cet endroit. Nous verrons bien ce que nous trouverons là-bas. - Bonugi-san était un membre prestigieux de notre clan, ajouta Genzo-san. Il avait été formé à l'admirable école des sodan-senzo de la famille Kitsu, ceux qui parlent aux Ancêtres. C'est là une faveur immense que nous a faite le clan du Lion. C'est pour cela que personne n'osait vraiment interférer dans les recherches de Bonugi-san. Dans l'après-midi, nos quatre samuraï se mirent en marche. Ils arrivèrent en fin de journée. Il était encore temps de faire le tour des lieux, et de faire une première recherche dans les lieux. Tout était propre et net. La maison était au pied d'une cascade qui plongeait dans un petit bassin, à la sortie d'un village dans cette forêt qui respirait la magie. Kohei et Riobe inspectèrent les alentours. - C'est là que la présence de Ryu-san aurait été utile, se dit le Licorne. Pendant ce temps, Ikky et Ayame allaient découvrir l'intérieur de la maison ; en particulier, la shugenja se doutait bien que Bonugi-san devait avoir une considérable bibliothèque. Elle frétillait déjà d'envie d'aller y fouiner. ![]() ![]() Elle n'avait pas le temps, pour le moment, de se plonger dans la masse de papier accumulée par le shugenja pendant vingt ans. Elle avisa un détail intéressant dans la chambre : de la peinture sur le mur, séchée, recouverte de poussière. Ayame se serait attendue à du sang, mais non. C'était bien de la peinture. C'était une prière, puis le dessin de douze portails porteurs de cloches. Intriguée, mais pressée, Ayame recopia soigneusement la chose. La shugenja déchiffra la prière : elle était écrite dans un langage codé, accessible aux shugenja débutants. Cela parlait de la manière de s'attirer les bonnes faveurs d'un gaki, de capter sa puissance, de se l'asservir. Ayame frissonna. Elle avait entendu parler des gaki dans son clan. Ces démons sont comme des cousins des onis. A ceci près qu'au départ, ils sont souvent faibles. Mais ils peuvent se lier à plusieurs personnes, dévorant leur esprit avec une voracité qui augmente sans cesse. Véritables vampires psychiques, ces horreurs de l'Outremonde peuvent voir leur puissance augmenter à l'infini. Après la nuit d'horreur du village thermal, Ayame avait entendu Isawa Kanera-senseï et Isawa Masanaga-sama converser. Pour eux, les miséreux et les malades dont on avait lié l'esprit à un démon pouvaient bien être asservis à un gaki précisément. Et pour Ayame, les choses devenaient claires. Asako Nakiro et Toritaka Bonugi avaient étudié ici pendant des années, loin de tout, les pouvoirs du gaki, avant que l'Inquisiteur n'aille mettre en application son savoir, au village thermal. Il vaudrait la peine de revenir le lendemain. Les deux samuraï-ko ressortirent. Dehors, Kohei humait l'air du soir, et Riobe piquait du nez : sa nuit blanche lui pesait sur les épaules. [Bonus DVD, coupé au montage final : Ayame revenait donc plutôt bredouille de ses recherches dans la bibliothèque. Ikky s'impatientait : - Bon, écoute ma vieille. J'apprends des techniques de combat spécialement faites pour me prendre des coups à ta place, je te suis dans toutes tes enquêtes sur les pires menaces de Rokugan, et toi, tu te la coule douce. Kohei était bien d'accord. Tous les quatre avaient parcouru des centaines de kilomètre dans cet arrière-pays oublié de tous, alors on allait pas repartir d'ici avant qu'Ayame n'ait constitué un dossier béton sur Bonugi-san, et prouvé que c'était bel et bien un maho-tsukaï. ![]() "Comme ces gens sont mayyyychants ! se dit Ayame. Kohei-san, stait mieux aaaaaaaaaavant !" ![]() ![]() Le soir, après s'être couché tôt, Riobe se releva au milieu de la nuit. Il éprouvait le besoin de parler aux ancêtres. Il alla de nouveau près d'un bassin, à côté de la maison de Bonugi. L'eau brillait d'une étrange lueur, qui ne devait pas toute sa clarté à la lune. Elle venait d'ailleurs. Et Riobe entendait son nom murmuré dans les frondaisons, et les buissons. Les esprits de la forêt et de la nuit prêtaient attention à lui. - Watanabe... Watanabe... C'était la voix du vieil homme, pas de doute. Riobe se mit à genoux. Il fallait être humble face aux Ancêtres pour ne pas les repousser. - ... Watanabe... Je suis du pays des morts... Je suis mort sans honneur, mais toi, tu es un samuraï honorable. Et nous sentons que tu peux nous entendre... Le rônin resta immobile, près du lac. Il osa souffler : - Qui êtes-vous ? Le vieil homme était tout prêt de lui, dans son dos. - Samuraï, je veux que tu sauves mon fils, car tu as connu le même sort que lui... - Comment se nomme votre fils, honorable Ancêtre ? - Il se nomme... Ozaki. Riobe soupira, soulagé. Il sourit presque. Le vieil homme était donc Usagi Oda, le daimyo du Lièvre. - Je crois à son innocence, honorable Ancêtre. Je trouverai ceux qui s'acharnent sur lui. J'aiderai de toutes mes forces à rétablir son honneur. Le spectre s'approcha un peu plus de Riobe : - Tu ne sais pas la joie que tu me fais, noble guerrier... Mon fils... te devra... tant... Il disparaissait déjà. Mais Riobe sentait que le vieux seigneur Oda n'était pas seul. Il y avait également là quelqu'un que Riobe, avant de s'appeler Riobe, avait bien connu. Natsu-san, l'ami de la famille. Celui que Watanabe avait assisté dans son suicide. Riobe,03/12/2003 à 19:14 Wrote:Quand aux samouraïs qui étaient restés défendre le domaine, la plupart s’étaient donnés la mort sans attendre, les autres étaient partis en tant que rônin. Il ne restait plus que le fidèle Natsu qui attendait en espérant toujours le retour de son maître. Watanabe alla le retrouver sur le pont de bois au fond du jardin. Natsu était assis au dessus de la rivière et contemplait ses tourbillons. Il leva les yeux mêlés de tristesse et de joie quand son maître s’approcha de lui en armure de lion. Ils restèrent en silence pendant un long moment à regarder l’eau couler. Les discours étaient inutiles, les âmes parlaient en silence. Watanabe fini par se tourner vers Natsu et ses seuls mots furent : « tu as mon autorisation, et mon assistance ». Mais d’assistance il n’y eut pas besoin, car Natsu était brave et ne faiblît pas. - Que de chemin parcouru, Watanabe-san, depuis que tu as quitté ton domaine. Aurais-tu cru marcher autant, et rencontrer tant de gens ? - Je n'aurais jamais cru survivre si longtemps à la vie de rônin, Natsu-san. - C'est la voix que tu as choisie. La voie de l'inconnu, et des temps intéressants. Du pays des Ancêtres, nous sommes plusieurs à te regarder, et à te faire confiance. La route sera longue et épineuse pour toi, cependant. - C'est la voie que j'ai choisie. - Que de gens étonnants tu as rencontrés. Que de monstres tu as combattus. Et ce n'est pas fait pour s'arrêter. Ton kharma est tortueux. Pour le purifier, tu devras endurer la douleur. Nous savons qu'Akodo Watanabe se battra pour son honneur, pour la voie du samuraï. - Avec vous à mes côtés, je défendrai toujours mon honneur, Natsu-sama. - Tu as sacrifié beaucoup de choses, pour mener cette vie-là. Tu auras sans doute encore à en sacrifier d'autres pour garder ton honneur. - Je le sais, Natsu-sama. "Les Akodo vivent ensemble et tombent ensemble". Déjà, l'apparition spectrale disparaissait à son tour. Longtemps encore, Riobe resta à méditer. Décidément, ce pays si particulier était peut-être peuplé de plus de morts que de vivants, et déjà, notre rônin sentait qu'il ne pourrait jamais tout à fait l'oublier... A suivre... ![]()
25-05-2005, 03:16 PM
(This post was last modified: 25-05-2005, 03:35 PM by Darth Nico.)
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25-05-2005, 11:46 PM
![]() ![]() ![]() Sinon la description du lieu est toujours aussi enchanteresse et les morts ont des choses intéressantes à dire pour qui sait les écouter :riobe: ![]()
26-05-2005, 03:49 PM
![]() ![]() Sinon ce texte est toujours aussi bon. Je ne crois pas avoir plus discuter avec Natsu... Ah si, je crois qu'il a insisté sur le fait que j'avais renoncé à beaucoup de choses, et pris un grand risque ne ne faisant pas Seppuku, ce à quoi j'i répondu par une des devise de la famille "Les akodo vivent ensemble et tombent ensemble", pour expliquer pourquoi j'avais choisi de subire le même sort que Toturi. Cet endroit était effectivement fait pour moin ![]()
26-05-2005, 08:38 PM
(This post was last modified: 27-05-2005, 02:18 AM by Darth Nico.)
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
La 5e Réincarnation : 14e Episode Chapitre IV : Kitsune Mori Kakita Hiruya, Hida Shigeru, Bayushi Bokkai et Mirumoto Ryu embarquèrent sur un grand bateau qui descendait le fleuve. Rapidement, Shutai la misérable disparut derrière eux, tandis que les fortunes de l'eau, en leur grondement joyeux, portaient nos héros vers le sud de Rokugan, bien plus vite que n'importe quelle monture Licorne. Deux jours plus tard, ils avaient parcouru presque toute la profondeur du territoire de l'Alliance Tripartite. Le climat était bien plus chaud et humide à cet endroit. Ils approchaient de Kitsune Mori, la forêt aux renards, ces créatures mystérieuses qui sont les totems du plus vieux clan mineur de Rokugan. Le clan du Renard descend en effet du clan de la Ki-Rin parti dans le désert. Mais au retour des descendants de Shinjo, le clan du Renard n'a pas souhaité intégrer son grand frère de la Licorne, au grand regret de tous les daimyo qui se sont succédé depuis lors. L'insistance bienveillante de Shinjo Yokatsu n'avait rien changé à la situation. Nos héros se trouvaient maintenant à la frontière de la profonde Shinomen Mori, exactement de l'autre côté de la vallée des esprits. La distance, à vol d'oiseau, qui les séparait, n'était pas bien grande, mais en réalité, l'impénétrable forêt était un obstacle bien plus grand que la plus haute montagne. Sans attendre, Kakita Hiruya mena son groupe vers le château du Renard, dans ce charmant pays où tout semblait luxe, calme, volupté, loin de la guerre qui commençait à gronder en tous points de l'Empire. Qui aurait pu imaginer ici des armées se batailler, au milieu de cette douceur de vivre imperturbable ? Par ce beau jour d'été, les magistrats furent reçus par Ryosei, la jeune et fière daimyo du clan. Elle avait une tenue énergique, qu'elle rabrouait difficilement pour paraître humble devant les magistrats d'Emeraude. Kitsune Hamato était le témoin du procès qui avait disparu, depuis le milieu du printemps environ. La discussion apprit peu à peu à nos héros que Hamato était considéré comme un lâche par son clan. Il était peureux, se consacrait peu à la voie du samuraï, n'avait jamais combattu... Il en coûtait à la vaillante shugenja Ryosei de dire cela, mais la seule chose que Hamato-san avait fait de bien dans sa vie, c'était d'aller témoigner à ce procès. Depuis longtemps, le clan du Renard avait une dent contre les Lièvres, et Ryosei en particulier. Depuis, Hamato avait disparu. Peut-être était-il reparti à Ryoko Owari, où il passait beaucoup de temps à dépenser l'argent de ses terres. Kakita Hiruya demanda à visiter la maison du disparu. Ryosei fut contente d'offrir une escorte à la magistrature d'Emeraude. Ils traversèrent le territoire du Renard en une petite journée de voyage, et purent profiter du calme de ce pays idyllique, comme à l'écart du reste de l'Empire. Le lendemain, après une nuit tranquille, Kakita Hiruya et Hida Shigeru visitèrent les alentours de la maison de Hamato-san, pendant que Bayushi Bokkai accompagnait Mirumoto Ryu pour la fouille de la maison. Bokkai payait là une perfide remarque lancée pour embêter Ryu : - Dépêchons-nous de rattraper ce mauvais samurai, cet homme trouillard, hypocrite et veule, qui ne suit en rien le code du bushido. Il s'était attiré un regard noir de Ryu, pendant que, sous son masque, il avait envie de s'en tordre de rire. Hiruya l'avait regardé, mis amusé, mi-agacé, et l'avait envoyé avec Ryu. Beau perdant, Bokkai avait accepté la punition. Il était prêt à endurer beaucoup pour se permettre ses piques. :baton: A l'intérieur de la maison, Ryu ne tarda pas à mettre en application l'art ancestral du Nazodo : elle retourna toutes les affaires de la maison, vida les coffres, ouvrit les placards, souleva tous les matelas, bref, elle passa comme une tempête. Plus posé, Bokkai remarqua un défaut dans le plancher. - Regardez donc ça, Ryu-san, dit-il, accroupi près de l'endroit. Ryu ne tarda pas à casser les planches à coup de pied, et trouva en-dessous une cache entre plancher et le sol de terre. A l'intérieur, une boîte, toute semblable à celle remise par Bayushi Tomaru. Bokkai et Ryu se dépêchèrent de l'examiner : à l'intérieur, un morceau de tissu, avec le condor stylisé, et une poupée, semblable à l'autre. Elle portait le signe : "Lâcheté". Ce ne pouvait plus être une coïncidence : Bayushi Tomaru éprouvait du regret quant à ses actions passées, et Hamato passait pour un lâche. Ils ressortirent de la maison, satisfaits de leur trouvaille. Kakita Hiruya avait interrogé la samuraï habitant dans la maison voisine. Elle avait pu confirmer que Hamato n'était pas venu depuis le milieu du printemps. C'était la première qu'il s'absentait si longtemps. D'habitude, il avait le temps d'aller se ruiner à Ryoko Owari, puis il revenait sur ses terres, le temps que ses revenus fonciers le renflouent. Plus intéressant que ces ragots : Hamato avait invité plusieurs fois un courtisan Lion, rencontré à Ryoko Owari, qui correspondait à la description de Matsu Bashô. Apparemment, c'est sous l'influence de ce dernier qu'il s'était présenté comme témoin au procès. Oui, c'était bien la meilleure chose qu'il ait fait de sa vie. Bashô avait donc convaincu Hamato de participer, et avait proposé un marché à Tomaru, qui s'avérait être un chantage en bonne et due forme. Et ces deux témoins avaient pactisé directement avec cette secte du Condor. Kakita Hiruya décida d'aller voir sans tarder le prochain témoin sur la liste : Daidoji Unoko. Elle résidait non loin du village natal de Hiruya. Ce serait l'occasion de revenir au pays. ![]() Nos magistrats adressèrent leurs remerciements à Ryosei, puis quittèrent ce charmant pays, souhaitant qu'il continue d'être épargné par les turpitudes de l'époque. Le lendemain, sur une route de campagne dans les bois, ils firent une rencontre qui les sortit brusquement du délassement bienfaisant apporté par le pays des Renards. Bokkai et Hiruya marchaient à l'avant, Ryu et Shigeru fermaient la marche. Soudain, le Crabe sentit une flèche siffler à son oreille. Une seconde manqua lui entailler le bras. Sur le chemin, devant Hiruya et Bokkai, surgirent deux hommes armés, tandis que deux archers rencochaient leurs flèches et visaient à nouveau Ryu et Shigeru. Le combat fut bref, mais mortellement intense. Des trois hommes armés, deux dégainèrent un katana, et se précipitèrent ensemble sur nos héros. Le troisième, celui du milieu, portait une tête de sanglier sur le crâne et les épaules, et maniait un puissant trident qui fendait l'air devant lui. Ryu descendit de cheval rapidement, dégaina ses deux sabres et frappa son ennemi. La lame ne coupa que l'herbe. Puis l'ennemi contre-attaqua, la blessa, avant qu'elle ne parvienne à achever son adversaire. Shigeru reçut deux mauvais coups avant d'abattre enfin son sabre sur le crâne de son adversaire. Bokkai dégaina vite, mais son opposant s'esquiva et répliqua à la vitesse de l'éclair de deux coups précis. Le sang du Scorpion gicla. Il fit mine de mettre un genou à terre, puis frappa son adversaire dans les jambes, comme il l'avait soigneusement appris au dojo. Il évita un autre coup, frappa à la cuisse, puis acheva son adversaire. Face à l'autre manieur de katana et au gros Sanglier, Hiruya fut mis en difficulté : son katana manqua ses adversaires. Le trident le manqua de peu, mais le fit reculer, avant de l'attraper à la gorge. Hiruya eut du mal à se dégager et fut blessé par l'autre ennemi. Notre Grue se dégagea prestement de l'arme du Sanglier, frappa de toutes ses forces sur ce dernier, qui recula, grièvement touché. Ryu et Shigeru arrivèrent à la rescousse. A eux tous, nos héros neutralisèrent leurs adversaires. Les échanges de lames n'avaient pas dû durer plus que le temps de quelques battements d'ailes d'un oiseau. Le chef du groupe, le Sanglier, révéla juste qu'ils avaient été engagés pour une forte somme d'argent, pour tuer un magistrat impérial. Il n'en savait pas plus. Hiruya-sama ravala sa colère et ordonna à Bokkai, Ryu et Shigeru d'achever les mourants. Nos héros durent rebrousser chemin pour panser leurs blessures. Au village, on leur assura qu'on avait jamais vu ses tueurs à gages dans la région. Au bout de quelques jours, les magistrats étaient de nouveau sur pied, grâce aux bons soins des shugenja. Il tardait de plus en plus à Hiruya de découvrir qui se cachait derrière le masque de "Maître Condor". A suivre... ![]()
26-05-2005, 09:11 PM
(This post was last modified: 27-05-2005, 04:12 PM by Darth Nico.)
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
La 5e Réincarnation : 14e Episode Chapitre V : Le pays des morts Or donc, le lendemain de leur première visite chez Toritaka Bonugi, Shinjo Kohei, Isawa Ayame, Shiba Ikky et Riobe retournèrent poursuivre leurs fouilles. Ce jour-là, Ayame avait décidé d'épater Kohei : celui-ci voulait des éléments concrets à apporter à cette enquête, elle allait lui en donner, et vite. A peine entrée dans la maison, elle se hâta de sortir le parchemin contenant le sort dit de la Lumière de Seigneur Lune. Aussitôt, un rayon miraculeux vint pointer sur un coffre, le rendant transparent, ce qui révéla un double fond. A l'intérieur, Ayame-san trouva une boîte capitonnée. Intriguée, elle l'ouvrit, et trouva à l'intérieur un morceau de tissu avec un condor stylisé, ainsi qu'une poupée en bois. Elle n'avait jamais rien vu de tel. La poupée portait l'inscription suivante : "Peur". Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? Trottinant joyeusement, elle amena l'objet à Kohei-san, qui ne s'attendait pas à des résultats si rapides. Il ne fit néanmoins aucun commentaire, trop intrigué par l'objet. - Teyandeee, fit-il. J'ai déjà vu une poupée semblable à celle-ci. Elle appartenait à Matsu Bashô. C'est lui qui me l'a donnée, avant de faire seppuku... 10e épisode (II) Wrote:"Méfiez-vous, samuraï... Nakiro est puissant. Mais ce n'est pas lui le grand maître derrière tout ça. Ce n'est pas Hiro. C'est un homme très puissant, qui se fait appeler Hagetaka-sama (Maître Condor). Je l'ai connu à Ryoko Owari Toshi. Il est impitoyable dans ses plans... Je n'en sais pas plus sur lui. Nakiro seul le connaît vraiment. - J'ai montré cette poupée aux sages de mon clan. Ils m'ont dit qu'elle était de fabrication gaijin, mais qu'elle ne renfermait aucune magie interdite. Ils m'ont dit de la garder avec moi, qu'elle pourrait un jour me servir. - Qui y a t-il d'inscrit sur cette poupée qui appartenait à Bashô, demanda Ayame. - Celle-ci porte l'inscription "Peur". Celle de Bashô avait "Haine". Je me demande si les autres témoins en ont une aussi... Bon, pour le moment, vous trois, vous irez au village. Je me souviens que Genzo nous a parlé de la magie des sodan-senzo. Que lors de la Fête des Ancêtres, il est possible de parler aux morts. Qui sait si Bonugi-san ne serait pas dans les parages, lui qui est mort si violemment ?... Ayame-san, pouvez-vous user de cette magie ? - Hélas, non, Kohei-san. Mes prières vont aux Fortunes. Mais peut-être qu'avec l'aide du clan du Faucon, je pourrai obtenir des réponses des Ancêtres. - Tâchez de savoir cela, Ayame-san. Riobe, tu iras avec les deux samuraï-ko. Pendant ce temps, je vais me rendre au village voisin, visiter la famille de Toritaka Bonugi-san. Rendez-vous ici en fin de journée. Les trois samuraï acquiescèrent. Kohei-san se mit en selle, pendant que nos autres samuraï partaient vers la pagode dite du Naga de Jade. ![]() Il y avait dans cette pagode un bon shugenja qui avait fini de polir les statues des milles divinités, et qui méditait maintenant, en cette fin de matinée déjà très chaude. Dans les papiers de Bonugi, Ayame avait trouvé pendant sa seconde fouille un parchemin où étaient dessinés les mêmes portails qu'au mur, et où l'on apprenait comment invoquer la puissance d'un gaki. Il ne faisait plus trop de doute que Bonugi était bien complice de Nakiro. Comme l'avait fait remarquer Kohei : "Ici, personne ne nous a jamais parlé d'un rônin borgne appelé Ozaki. Notre fuyard n'est même sans doute jamais venu ici. Bonugi est mort autrement..." Ayame, Ikky et Riobe s'étaient agenouillés derrière le moine, et attendaient qu'il ait fini sa prière. - Que puis-je faire pour vous, honorables samuraï ? dit-il en se retournant. Que les Ancêtres bénissent votre route... Ayame regarda avec le plus grand sérieux le shugenja : - Nous sommes envoyés ici par l'honorable magistrat Hiruya-sama. Nous enquêtons sur Toritaka Bonugi. Honorable shugenja, nous avons besoin de votre aide pour parler avec les morts... Un instant décontenancé, le shugenja reprit ses esprits, opina de la tête gravement, puis fit signe à nos héros de le suivre. ![]() C'était une grotte dont l'entrée était cachée par d'épais rideaux de végétation, au plus profond de la forêt, à l'écart des chemins empruntés d'habitude par les paysans. Nos héros s'étaient agenouillés devant la grotte, pour se mettre en communion avec les esprits de la forêt. Le shugenja respira à fond trois fois, rouvrit les yeux, et fit signe à nos héros de se relever. - Voici ce dont vous aurez besoin, pour vous aventurer au pays des morts, samuraï. Des torches, pour vous éclairer, et pour repousser les spectres. Et ces bâtons d'encens béni. Quand ils brûlent, leur odeur allèche les morts, comme la viande attire le chien affamé. Si l'encens s'éteint, les spectres s'éloigneront. Si vos torches s'éteignent, ils vous sauteront dessus, et vous emmeneront, hurlants, au fond de leur royaume de ténèbres. Tachez de maintenir l'équilibre entre les deux. Je vais vous accompagner jusqu'à la moitié du parcours, ensuite, ce sera à vous de tenter de parlementer avec eux. Mais sachez que les morts qui habitent là sont ceux qui sont morts violemment, et qui ont vu leur kharma souillé par cette mort. Ils ne consentent pas au repos dans le royaume du Yomi et sont devenus comme des bêtes enragés. Tel ancien samuraï honorable peut devenir un vieillard prêt à vous manger tout cru... Le shugenja fit apparaître dans sa main une petite flamme, alluma l'encens et les torches, et tout le monde pénétra dans la grotte. ![]() Ils marchèrent, sous les ombres et la noirceur, pendant de longues minutes, happés par la fraîcheur humide de l'endroit. La chaude présence de la forêt était déjà bien loin d'eux. Ca sentait la moisissure de champignons. De grands rideaux en toile d'araignées s'étendaient partout. On entendait des crissements de rongeurs, l'égouttement patient de l'eau au bout des stalactites, ainsi qu'une respiration profonde, continue, semblable chaque fois au dernier souffle d'un mourant. - Je dois vous laisser ici, samuraï. C'est à vous maintenant, de continuer, et de poser vos questions aux morts. Nos samuraï, à la lumière vacillante des torches, n'eurent pas à marcher longtemps pour arriver au pays des morts. C'était une caverne arrondie. Ils étaient là, des vieillards décharnés, vêtus de haillons, semblables aux monstres appelés Rokuro-Kubi, claquant des dents, tremblant. Devant la vive flamme des torches, ils reculèrent, terrifiés de cette clarté destructrice. Mais quand l'odeur de l'encens vint pénétrer leurs narines, ils affluèrent soudain, comme des mouches vers le miel. Ils avançaient, décharnés, d'une allure vacillante, comme des os dont les tendons étaient prêts à rompre. Ikky brandissait une torche bien devant Ayame, pendant que celle-ci tenait un fragile bâton d'encens. Riobe tenait une torche d'une main et un bâton d'encens de l'autre. La voix d'Ayame retentit dans la caverne : - Toritaka Bonugi ! où es-tu ? Un vieillard parmi d'autres, aussi spectral que réel, la peau presque transparente, courbé comme par le poids de plusieurs siècles, s'approcha. Ikky tenait fermement la torche devant la shugenja. - Laissez-moi sentir ce délicieux encens, dit le vieillard d'une voix chevrottante. Ses yeux ressemblaient à ceux d'un poisson mort : blancs et porteurs d'une expression de profonde stupeur. - Qui t'as tué, Bonugi ? - C'est le gaki ! trembla le vieillard. Ou plutôt le gaki qui a dévoré Nakiro ! je l'ai servi pendant toutes ces années, et il m'a sauté dessus comme une bête féroce !... Le vieillard faisait tout pour s'approcher de l'encens, mais les flammes manquaient toujours de lui brûler le visage. - Ce monstre de Nakiro... comme une bête féroce... Et quand on parlait du loup... On entendit non loin de là un ricanement sarcastique, comme celui d'une petite fille qui a joué un mauvais tour à son amie. - Mais qui voilà donc ? hihihi... c'est Ayame-san qui nous rend une petite visite ! ![]() C'était Nakiro. Nos héros le reconnurent toute de suite. Il avait toujours son sourire étendu et figé, ses larmes de sang. Il avançait les mains en avant, et on voyait, sous la flamme, sur ses paumes, les deux tatouages des Asako : les yeux de la connaissance. Mais ceux de Nakiro saignaient. Il n'avait pas tellement changé depuis qu'il avait quitté le monde des vivants. Tel qu'en lui-même, la mort ne le changeait guère... - Comme c'est charmant à vous !... je ne pouvais manquer de venir vous voir, Ayame-san ! Le grotesque bouffon tournait en rond autour de nos héros. Ikky n'avait qu'une envie : lui allonger un coup de katana dans le ventre, pour lui apprendre à être mort. Courbé, sur la défensive, il essayait de s'approcher de l'encens. Il poussa Bonugi : - Psschiit... psschiit... dégage vieux croûton, tu nous gênes... Le spectre du Faucon disparut dans l'obscurité. Il restait le sourire omniprésent, sinistre, du tsukaï. ![]() - Tu as beaucoup de choses à nous raconter, Nakiro, fit Ayame, très sombre. L'autre souriait toujours, ricanait de plus belle, et riait, comme un enfant malade. Ensuite, son rire se changeait sans transition en amers sanglots. - Hé bien, voilà à quoi ça m'a amené, tout ça... ![]() - Tu étais aux ordres de Maître Condor ? - Oooh oui ! Depuis longtemps ! C'est quelqu'un qui m'a fait le plus grand mal !! Ensemble, nous pensions conquérir le monde, c'est amusant n'est-ce pas ? Conquérir le monde... Nous avons commencé à nous interesser à un gaki très puissant, qui a servi dans l'armée de Iuchiban. Maintenant, Maître Condor veut libérer toute sa puissance... - Le gaki, il est là où se trouve ces douze portes, avec les cloches, n'est-ce pas ?... Où se trouve cet endroit ? - Mais je ne sais pas ! protesta Nakiro. Il continuait son va-et-vient, pour tenter d'attraper un bâton d'encens sans se faire brûler. Je ne sais pas ! Condor est bien trop intelligent pour m'avoir tout dit sur ses plans... Il m'a eu jusqu'au trognon, car il n'a aucune pitié. Regardez la gueule que j'ai maintenant, après toutes ces années passés à cohabiter avec le gaki. - C'est toi qui as tué Bonugi... - Oui. Pendant longtemps, j'ai pu supporter en moi la présence du gaki. C'était Nakiro no Gaki [le Gaki de Nakiro], mais finalement, le parasise a gagné. Il m'a vidé mon âme, comme une coupe de saké, et c'est devenu Gaki no Nakiro ! [le Nakiro du Gaki]. Ces vampires sont très puissants... De rage, à ce moment, j'ai tué mon vieil ami Bonugi. De toute façon, comme dirait Hagetaka-sama [Maître Condor], il en savait trop ! hihihi ! il en savait trop ! - Et c'est toi qui avec Bashô a enlevé les enfants et les vieillards et les malades, pour lier leur puissance au Gaki ! et toi qui as fait enlever le senseï Kanera. - Tout juste ! Peu à peu, le Gaki gagnait en puissance. Mais il restait contrôlable. Maintenant, quand Condor va le libérer pour de bon, je n'en dirai pas autant. Entre nous, j'aimerais bien voir Condor mourir. Ce salaud ne l'a que trop mérité. Il m'a fait tant de mal. Ce ne serait que justice, hein ! Les torches commençaient à faiblir. Il ne faudrait pas longtemps avant qu'elles ne s'éteignent. - Allons nous-en, dit Ikky, partons ! - Elle a raison, Ayame-sama, renchérit Riobe. Ayame n'avait d'yeux que pour Nakiro : - Qu'est-ce que tu sais de cette chose qui en voulait aussi au senseï ? hein ! sur l'Ombre ! qu'est-ce que tu sais d'elle ! - L'ombre ??? mais rien en particulier ! c'est juste un puissant démon de la nuit ! je ne sais rien sur lui... Je sais que Bashô était lié à lui. C'est tout. - C'est faux, lança Ayame, submergée par la passion. Tu en sais plus ! dis-moi tout ! - Non, non, jurait Nakiro ! je ne sais rien de plus ! c'est un kansen de la nuit, c'est tout ! La torche d'Ikky s'éteignit brusquement. Il ne restait plus que celle de Riobe. Dans la pénombre, le visage de Nakiro apparut, comme celui d'un fantôme de poussière : - Mais si tu veux en savoir plus, reste donc avec moi, Ayame-san ! toi qui es si curieuse, nous aurons du temps pour en parler, nous aurons toute l'éternité !! ![]() Ikky empoigna Ayame par le bras, et Riobe l'attrapa par son avant-bras, et traînèrent la shugenja dehors. Au début, elle eut le réflexe de se débattre, puis elle partit volontairement, tournant le dos aux démons de la grotte et aux démons qui tourmentaient son âme. - Arrêtez ! revenez ! Nakiro hurlait comme un dément. Revenez Ayame ! ne me laissez pas seul ! pas tout seul dans le noir ! il fait si froid ! j'ai peur !! Ayameee !! D'autres esprits rôdaient. Riobe leur jeta son bâton d'encens, comme un os à des chiens. Cela leur laisserait un peu d'avance. Ils se mirent à courir, ventre à terre, sans se retourner pour regarder les monstres décharnés, autrefois humains, qui leur courait après en hurlant comme des loups enragés. Après une course haletante, les trois samuraï sentirent l'air estival et bienfaisant leur caresser le visage. Ils quittèrent d'un coup l'humidité glacée de la grotte, pour la chaleur de la forêt. Des échos ténus ressortaient encore de cette bouche d'ombre. Nos héros tremblaient comme s'ils revenaient du plus froid des enfers. Le shugenja les invita à boire un thé à la pagode, pour y retrouver harmonie et calme. Ce n'était pas tout le monde qui revenait du pays des morts. A la pagode, Ayame, Ikky et Riobe retrouvèrent Shinjo Kohei. Celui-ci avait l'air frais et dispo, et il vit arriver ses compagnons de voyage avec une allure véritablement tragique. Par politesse, il leur demanda juste s'ils avaient pu parler aux esprits des morts. En réprimant un claquement de mâchoire, Ayame acquiesça, et tout le monde alla boire un bon thé onctueux. - J'ai retrouvé la famille de Toritaka Bonugi. Ils m'ont parlé d'Asako Nakiro. Et ils m'ont donné ça, qui lui a appartenu. Kohei montra une boîte, semblable à celle de Bonugi. A l'intérieur, le tissu du Condor, et une poupée, plus petite que les autres, appelée "Désir". - Je crois que nous avons appris tout ce qu'il fallait savoir sur cet endroit, déclara Kohei. Demain, nous repartons en voyage, pour rendre visite à Yasuki Taka. Et le lendemain, alors que l'aube pointait timidement, et que la chaleur faisait évaporer tous les arbres en grandes fumerolles, nos héros quittaient Tani Hitokage, la Vallée des Esprits, y laissant en repos, ensemble, les vivants et les morts. A suivre... ![]()
27-05-2005, 12:03 AM
Darth Nico,26/05/2005 à 20:38 Wrote:Le lendemain, après une nuit tranquille, Kakita Hiruya visitèrent les alentours de la maison de Hamato-san, pendant que Bayushi Bokkai accompagnait Mirumoto Ryu pour la fouille de la maison.L'Odieux est multiple ![]() La suiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite ![]() ![]() ![]() |
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