Thread Rating:
  • 0 Vote(s) - 0 Average
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
14e Episode : Kharmic Blues
#41
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
La 5e Réincarnation : 14e Episode


Chapitre VII : Le Lièvre et le Condor

Le groupe de Shinjo Kohei quitta Tani Hitokage par le sud, et s'engagea ainsi sur la frontière nord des terres du clan du Crabe. Ils étaient dans les territoires de la famille Yasuki, les marchands du clan. Le pays n'était guère riche. On y trouvait aucun raffinement de civilisation. Les bâtiments étaient faits en grosses pierres. Des guntai passaient à cheval, sans prendre beaucoup de temps pour saluer les magistrats d'Emeraude.
L'ambiance tout au long du voyage avait été maussade. Ayame-san tirait une tête comme si elle venait de perdre sa famille. Elle ne cessait de ruminer ses idées noires, sur les démons, sur l'ombre. Kohei n'aimait pas voyager avec les gens comme ça. Il avait beau presser Ayame de penser à autre chose, elle ne voulait pas démordre de ses fixations. Il croyait parfois, à écouter Ayame, entendre sa femme, les jours où elle avait décidé de geindre et de se plaindre de tout. Dans ces cas-là, Kohei-san avait appris que le mieux était de faire le gros dos en attendant que la grêle passe.
Aux étapes, il tâchait d'engager des discussions plus plaisantes avec Riobe, et de ne pas trop faire attention aux villages misérables qu'ils traversaient. Il lui tardait de retrouver les soirées de veillées de son pays, quand les marchands revenus de loin, les chariots pleins de trésor, contaient leurs histoires merveilleuses.

Après cinq jour de voyage morose, notre groupe de magistrats arriva en vue du Village du Voyageur Amical, le domaine de Yasuki Taka, le plus célèbre marchand de l'Empire.
L'air marin était vivifiant. Il faisait très beau. Les marins embarquaient et débarquaient leurs navires. Il y avait là des samuraï du clan de la Mante. Kohei ne le disait pas, mais il admirait le peuple de la mer, si différent pourtant du sien, le peuple des plaines, mais proche pourtant, car tous deux étaient des aventuriers, et des demi-étrangers dans l'Empire.
Mais même au soleil, contrairement aux plantes, Ayame-san ne s'épanouissait pas. Kohei acheta à un marchand des lunettes de soleil et un double cône vanille-café bave des animaux en coquillage peints par des artisans heimin, pour sa femme. Bientôt, il pourrait se vanter d'avoir dans sa maison des objets venus des quatre coins de l'Empire. Il ne doutait d'ailleurs pas qu'en le revoyant, Taka allait à nouveau l'alpaguer, et lui vendre des choses jusqu'à ce que sa bourse soit vide ; toutefois, avec le traitement somptuaire versé à Hiruya-sama (et même s'il n'en distribuait pas tant que ça à ses assistants Ouimaisnon ), il avait de quoi emmener une grosse partie du magasin du commerçant.

Au restaurant, Kohei commanda pour tout le monde le menu gastronomique. Peu après, les serveurs se mirent à défiler continuellement, amenant toutes sortes d'animaux de mers frits, rôtis ou bouillis, avec de plantureuses rations de riz et de légumes. Kohei et Riobe croquaient à belles dents dans les crustacés, écrasant sans pitié leur carapace, et engloutissaient les accompagnements, le tout arrosé de copieuses rasades de sake. Ils mangeaient comme des affamés, tandis que les deux Phénix, ascètes comme à leur habitude, mangeaient avec un appétit d'oiseau. Kohei eut toutes les peines du monde à leur imposer un toast. Ayame trempa les lèvres dans l'alcool, timidement, pour la politesse.
Après un tel repas, il était l'heure d'aller digérer par une petite promenade en ville. Kohei et Riobe avaient presque doublé de volume. Bientôt, ils seraient prêts à prendre leur revanche au concours de nourriture, contre Mirumoto Sarutobi, alias Panda-san ! Le sol tremblait sous leurs pas, et quatre personnes devaient s'écarter d'eux pour les laisser passer. Les deux Phénix suivaient à quelques pas de distance.
- Quels monstres de finesse ! murmura Ikky à Ayame.

bave

Le repas avait eu un peu le temps de descendre, quand Riobe sentit un picotement dans sa nuque. Il se sentait observé. Ou même suivi peut-être. Il y avait beaucoup de monde dans la rue. Riobe se retourna, et chercha une tête connue parmi le peuple. Soudain, il aperçut un rônin, jeune, mal rasé, avec un bandeau en travers du visage : Ozaki ! :shock:
Il se mit à courir en sens contraire de la foule, écartant les heimin devant lui. Kohei lui emboîta le pas aussitôt. C'est là qu'il leur manquait Panda-san pour écarter le paysan à coups de bide. Panda idee
- Ozaki ! Ozaki !
Le rônin vit soudain Riobe arriver vers lui, grandement surpris, mais sans intention de fuir. Kohei était juste derrière, et les deux samuraï-ko un peu plus loin.
C'est alors que, surgi du restaurant d'en face, un énorme gaillard, de près de deux mètres de haut, bondit comme un démon sur Ozaki. Les deux hommes allèrent s'écraser contre le panneau en bois d'une maison, qui vola en éclats dans un abominable fracas. Tous les passants s'écartèrent aussitôt. Certains criaient; des marchands avaient renversé les caisses de fruits qu'ils portaient ; des pommes se répandaient partout au sol, des pots, des bottes de paille. C'était la pagaille !
Etouffé sous la masse de son attaquant, Ozaki ne pouvait atteindre son katana. L'énorme malabar le tenait plaqué au sol de son énorme poigne. De l'autre main, il venait de sortir une machette, assez grosse pour découper un boeuf. Apeuré, Ozaki s'en remit à ses Ancêtres pour le sortir de là !

Deux katanas furent dégainés en un éclair, en même temps, et dans le même mouvement, frappèrent en plein dans la graisse de l'attaquant. Chacun d'un côté, Kohei et Riobe tranchèrent à vif dans la brute. Celle-ci poussa un hurlement terrible, puis s'affaissa de tout son poids mort. Kohei et Riobe se hâtèrent de dégager le corps, libérant Ozaki. Celui-ci avait perdu connaissance. Il respirait encore, mais la fièvre l'agitait.
Ayame arriva sur les lieux, et invoqua rapidement quelques soins magiques sur le Lièvre. Un magistrat Yasuki, frêle et jeune, arriva sur place :
- Par Daikoku ! mon nom est Yasuki Garou. Je suis le neveu de Yasuki Taka-sama. Voulez-vous me dire ce qui se passe ?
Kohei, qui dominait Garou d'une demi-tête et d'une largeur d'épaule, lui pointa le doigt sur le nez :
- Mon nom est Shinjo Kohei, assistant du magistrat d'Emeraude Kakita Hiruya. Tu vas te dépêcher de me trouver un médecin pour ce rônin. Nous souhaitons l'interroger, et vite !
Garou-san sentit ses jambes trembler devant ce peu avenant Licorne.
Il organisa le transport, sur une civière improvisée, d'Ozaki vers le temple du moine Mokuro, un bon guérisseur. Kohei ordonna à Ayame de rester avec le malade. Il n'était pas question d'attendre de pouvoir interroger son fantôme !

:baton:

Hiruya arriva au temple de Benten, où, tout petit, il avait appris qu'il était béni par cette Fortune, qui lui apporterait sa protection toute sa vie, lui assurant beauté et clairvoyance. :odieux_puissance_4: . Le vieux Doji Sanesue était maintenant moine depuis de longues années. Vaillant soldat dans sa jeunesse, il s'était de plus en plus tourné vers l'étude du Tao, à mesure que son âge avançait. Il avait toujours bien conseillé Takaaki-sama, le père de Hiruya, tué peu après la naissance de son fils. Et il avait toujours soutenu Kakita Hideko, la veuve de Takaaki. Hiruya savait qu'en cette situation, il serait de bon conseil.
Il était agréable à Hiruya de revoir cet endroit familier, paisible, après tous ces éprouvants voyages.
Le vieux Sanesue était bien là, occupé à mettre en ordre son temple, avant les cérémonies à venir. Il portait une lourde jarre remplie d'eau.
- Mais c'est Hiruya que voilà !
La joie se lisait sur le visage du vieux guerrier.
- Ca alors ! te voici donc de retour au pays ! Hiruya-sama, son excellence le Magistrat d'Emeraude ! Reconnu par la Grue Grise elle-même !
- Je te remercie, Sanesue-san. Je suis content de te revoir, moi aussi. Si tu savais les responsabilités qui me pèsent sur les épaules...
- Tu es venu te reposer quelques temps ici ? Sois le bienvenu tant que tu voudras, Hiruya ! Je suis certain que ta mère sera ravie de te revoir au pays sitôt. Voilà bien le premier bonheur qui nous arrive. Avec cette guerre interminable, et la peste qui se répand partout...
- Hélas, Sanasue-san, je ne suis pas venu pour me reposer. Je suis ici en tant que magistrat d'Emeraude. J'enquête sur de dangereux criminels...
- Par Benten ! j'espère qu'ils ne sont pas dans la région ! Où bien requiers-tu mon assistance ?
- A vrai dire, j'aimerais juste ton aide. Connais-tu quelqu'un du nom de Daidoji Dajan ?
Sanasue-san lâcha la lourde jarre qu'il portait. Elle se brisa, et tout son contenu coula par terre. Quelques litres d'eaux, qui formèrent vite une mare immense. Toute cette eau qui coulait, coulait...
Sanasue était livide. Il tremblait. Il s'approcha d'Hiruya, et lui prit paternellement les deux mains :
- Hiruya... Tu as bien parlé de Dajan, n'est-ce pas ?... Ecoute-moi, le mieux serait que tu ailles en parler à ta mère... Confiance, Hiruya, confiance... Je voudrais t'en t'aider...
Jamais Hiruya, de toute sa vie, n'avait vu Sanasue autant en détresse. Et pourtant, il en avait vu des guerres contre les Matsu, Doji Sanasue !
- Très bien, dit Hiruya, lui-même fort décontenancé, comme presque jamais dans sa vie. Très bien, Sanasue-san, je suivrai ton conseil.
Sans tarder, le jeune magistrat sortit du temple, et, suivi de Bokkai, Ryu et Shigeru, prit le chemin de son village natal.
Le Condor, le Kolat, Dajan... En quoi cela avait-il un lien avec lui ?...

Roll_fast

Le lendemain de l'attaque sur Ozaki, Kohei décida qu'il était grandement temps de rencontrer le dernier témoin Yasuki Taka. Ozaki, toujours en proie à la fièvre (et selon le moine, il aurait à passer par plusieurs jours de délire ainsi), mais entre de bonnes mains, il ne fallait plus attendre. Le moine pensait que la maladie d'Ozaki était liée à un esprit de l'Outremonde. Il avait déjà vu cela, sur la muraille. Il ne décelait pas de trace de la Souillure chez le rônin, mais il était possible qu'un esprit l'attaque psychiquement, et cherche à épuiser ses forces physiques, pour mieux le ronger de l'intérieur.

Inquiets pour la vie du -somme toute- principal témoin de ce procès, nos samuraï partirent tout de même pour le sud du Village du Voyageur Amical, en direction de la Plaine du Soleil Levant. Il se trouvait d'ailleurs dans le domaine appelé Yasuki Yachiki, aussi appelé le Domaine de la Grue Noire. Grue Noire étant le sobriquet donné aux Yasuki, puisqu'ils firent secession d'avec le clan de la Grue six siècles auparavant. Teach

C'était un village au bord de mer, très accueillant. On y sentait pas cette morosité ambiante, comme dans l'arrière-pays. C'était vraiment le village où tout avait commencé pour l'infatigable Yasuki Taka. En trente ans, il avait bâti un empire commercial du saké, réputé de la Muraille jusqu'au nord des terres du Phénix.
Sur les routes, on voyait toujours Taka-sama comme un marchand habillé comme le peuple, singeant ses manières, familier avec tous. Ici, il était chez lui, et il n'avait pas peur de montrer ses immenses richesses. Un grand temple à Daikoku, la Fortune de la Richesse, de grands entrepôts de marchandise, une distillerie de saké grande comme un palais...
Le seigneur Taka accueillit à bras ouverts nos magistrats. Bien évidemment, il les reconnut au premier de ses coups d'oeil malicieux. Comment pouvait-il oublier qu'il avait vendu des flèches qui ne ratent jamais leur cible à Riobe, et surtout qu'il avait allégé la bourse de Kohei-san de près de 7 kokus ?! Crotale

- Kohei-san ? comment vas-tu ? comment vas ta femme ? bien ? Elle a aimé ton cadeau ? Riobe, toujours vaillant ! Ayame-san, Ikky-san, quel plaisir de vous revoir ! toujours aussi ravissantes !...
Hélas, nos samuraï durent rester sur la défensive face à l'enthousiasme tsunamique de Taka-sama. neutral
- Honorable daimyo, dit Kohei-san, nous sommes venus te voir en notre qualité de magistrats d'Emeraude.
- Oui, dit Ryu, nous aimerions vous poser quelques petites questions concernant une affaire à laquelle vous avez participé. :colombo:
- Tout ce que vous voudrez, honorables magistrats, dit Taka, qui prit soudain la posture importante du daimyo. Il comprenait bien que nos héros ne venaient pas là par plaisir, et qu'on était plus à la cour d'hiver. :?

Taka-sama proposa une grande maison d'invités pour ses hôtes, qui se trouvèrent logés somptueusement. Le daimyo lui-même était vêtu comme un vrai prince, avec un très élégant kimono, sans extravagance, comme on aurait pu s'y attendre de la part d'un nouveau riche comme lui.
Il était vêtu dignement, et richement. Rien à voir avec son habit ordinaire, de tissu épais, son bâton de marche et son chapeau conique de marchand de poisson.

Il reçut bien volontiers nos hôtes pour répondre à leurs questions. Li_Finnec
- Nous sommes venus vous parler d'un procès qui remonte à quatre ans, environ, déclara Ayame-san. Le procès de la famille Usagi.
- Ah, oui. Je m'en souviens !... Triste affaire.
- Vous avez témoigné contre ce clan, pour certifier qu'il usait de maho-tsukaï.
- Oui, tout à fait. C'était de notoriété presque publique que cette famille trempait dans des utilisations de magie suspectes. Quand j'ai entendu parler du procès, j'ai accepté de venir témoigner, afin que ma voix efface tout doute quant à cette famille.
- Peut-on vous demander qui vous a parlé de ce procès ? qui a demandé que vous soyez témoin ?
- Eh bien, c'est un autre témoin, le général Bayushi... Bayushi ?... voyons, ma mémoire me joue des tours...
- Tomaru ?
- Oui, c'est bien ça. Bayushi Tomaru. C'est lui qui les a détruits d'ailleurs. Oui, il est venu me trouver, et il a pensé qu'en tant que Crabe, ma voix compterait pour dénoncer des maho-tsukaï. Je suis content d'avoir oeuvré pour le bien de l'Empire en provoquant leur perte.
- Je vois, dit Ayame. Je vous remercie, Taka-sama.

Les magistrats tinrent un court conciliabule au dehors.
- Manifestement, dit Ayame, Yasuki Taka n'a pas été "forcé" de témoigner par Bashô ou un de ces complices. C'est justement un autre témoin qui est venu le chercher. Il n'a pas l'air d'en savoir beaucoup sur cette affaire. Je crains que nous soyons venu pour presque rien. :?
- Bah, dit Kohei, c'était le lieu de rendez-vous convenu avec Hiruya et son groupe. Et puis, nous avons mis la main sur Ozaki. Belle prise ! Une fois cette affaire finie, nous nous reposerons de tout ça chez Taka-sama !

Crotale

Le groupe de Kohei retourna au village du voyageur amical. Ils y retrouvèrent Ozaki au temple. Deux jours avaient passé, et il finissait par triompher de la fièvre. Il mangeait avec meilleur appétit. Aux bons soins de Mokuro et ses moines, il reprenait des forces. Pour la première fois depuis la destruction de son clan, il ne fuyait plus. Le Lièvre était arrivé au bout de sa fuite éperdue. Ses chasseurs avaient gagné. Etrangement, il s'en trouvait presque bien. Il n'avait plus à se cacher, à courir sans cesse. Il allait s'en remettre à la justice de l'Empereur. Accepter son châtiment.
S'il devait mourir, au moins aurait-il vécu quelques jours où on aurait pris soin de lui.

Il était allongé, toujours fatigué, mais propre, et en voie de guérison. Nos samuraï vinrent s'asseoir autour de son lit.
- Nous avons des questions à te poser, Ozaki.
- Tout ce que vous voudrez, Kohei-san, dit-il d'une voix faible. Je suis prêt à vous dire ce que je crois être la vérité.
- Nous t'écoutons.
- Si les Scorpions sont venus pour nous détruire, c'est parce que ma soeur Tomoe avait trouvé des parchemins compromettants pour eux. Elle en avait percé le code. Le général Tomaru avait reçu ordre de reprendre ses papiers. J'ai réussi à m'enfuir, avec pour seule piste ce morceau de parchemin.
Le papier en question était posé près de lui. Il l'avait suivi sur sa route, pendant toutes ces années. Il y était écrit : "Le magistrat de Morikage Toshi a eu vent de nos opérations. Tuez-le et maquillez cela en suicide."
- Je me suis donc rendu aussi vite que possible là-bas, pour tenter d'en savoir plus, et de prévenir le magistrat. Quand je suis arrivé, il gisait chez lui, seul. Il avait les lèvres enduites de poison... C'est lui qui se l'était inoculé. Il était paralysé par la peur. Il disait qu'ils étaient partout, qu'ils le regardaient en permanence, qu'ils entendaient tout ce qu'il disait. Jamais je n'ai vu quelqu'un avoir peur ainsi. Il disait qu'on ne pouvait les vaincre. Je l'ai supplié de me dire de qui il parlait. Il a prononcé un seul mot : "Kolat". Et puis, il est mort.
"Aussitôt, des bombes fumigènes ont volé à travers la vitre. Le bâtiment a pris feu. Je me suis enfui, et on m'a fait porter le chapeau. Pourtant, je jure que je suis innocent de ce crime. Tout comme mon clan n'a jamais touché à la maho ! C'est une machination des Scorpions !
- Nous le pensons aussi, Ozaki, dit Kohei. Continue.
- J'ai échappé plusieurs fois à la traque du magistrat d'émeraude. A Ryoko Owari, j'ai appris plus de choses. J'ai rencontré un dénommé Matsu Bashô. Il a tenté de me faire assassiner. Là encore, on a voulu m'imputer ses crimes. J'ai appris que Bashô appartenait à une secte dite du Condor. Le Kolat et le Condor ne font qu'un. J'ai fui de nouveau. Plus tard, c'était l'hiver dernier, j'ai retrouvé la piste de l'ignoble Bashô. C'était à la Cité du Chêne Pale.
- Je vois, dit Riobe. C'est toi qui l'as attaqué et blessé, n'est-ce pas ?
- Oui... Bashô allait se rendre au palais, à la cour d'hiver. C'était ma dernière chance. Je l'ai surpris au coin d'une rue. Je l'ai sommé de s'expliquer, la main sur mon arme. Il n'a rien voulu me dire. J'étais furieux. Il a menacé d'appeler la garde. J'ai frappé ce traître... Il n'a pas osé dégaîné !... Il était blessé, je me suis enfui, encore et encore... J'ai eu un moment de répit quand j'ai servi comme garde dans la caravane menée par Kohei-sama... Puis j'ai couru, de nouveau... Jusqu'à ce que vous me trouviez ici...
- Pourquoi étais-tu ici, demanda le Licorne.
- Pour parler à Yasuki Taka... Car à Ryoko Owari, alors que j'allais tomber entre les mains des hommes de Miya Katsu, j'ai vu surgir un homme habillé en marchands. Il m'a dit de me cacher dans sa boutique. Puis il a dirigé les samuraï vers un autre endroit, à l'autre bout de la ville. Il s'est ensuite retourné vers moi, m'a fait un clin d'oeil, et m'a dit : "Cours !" J'ai obéi. Plus tard, j'ai appris que cet homme était Yasuki Taka. Je suis venu lui demander des explications. Il avait témoigné contre nous, et maintenant, il me sauvait.

Ozaki retomba dans une relative inanition.
- Taka-sama en sait peut-être plus que nous ne pensions, conclut Riobe.

Crotale

Le lendemain, le groupe mené par Hiruya arriva à son tour au village. Tout le groupe était maintenant réuni, et l'heure était venue de mettre en commun tout ce qu'ils savaient.
Ils possédaient maintenant six poupées, ayant appartenu (de la plus grande à la plus petite) à Daidoji Unoko, Kitsune Hamato, Toritaka Bonugi, Bayushi Tomaru, Matsu Bashô et Asako Nakiro. Chacune d'elle rentrait dans la précédente. Et la dernière s'ouvrait encore : il restait de la place pour une (ou plusieurs ?) poupée(s).

Ayame raconta en détail ce qu'ils avaient appris, sur Nakiro, le Gaki, ces 12 portails et l'aventure d'Ozaki. A son tour, Hiruya récapitula ce qu'ils savaient -en passant sous silence ce qu'il avait appris sur Dajan auprès de sa mère.
Nos samuraï étaient maintenant persuadés que cette conspiration, le Kolat, avait réussi à détruire le clan du Lièvre, par l'intermédiaire de Bayushi Tomaru. Puis avait réussi à réunir des témoins, à falsifier l'ordre de mission de Miya Katsu signé par Seppun Fumihi. Et maintenant, le Condor/Kolat s'apprêtait à invoquer un terrible vampire de l'Outremonde, le Gaki.

Hiruya parla avec Ozaki, pour entendre son histoire. Il demanda au Lièvre de rester couché encore quelques temps, même s'il mourrait d'envie d'aller tuer ceux qui avaient détruit son clan.

Samurai

Le soir, Hiruya médita seul, devant son sabre. Il pleuvait, une douce pluie d'été. Il pleuvait, une semaine plus tôt, quand il était arrivé dans sa maison natale. Il avait poliment prié Bokkai, Shigeru et Ryu de l'attendre un moment. Pour que le magistrat déroge ainsi aux règles de l'hospitalité, il fallait que le sujet soit vraiment grave.
Kakita Yobe accueillit son élève sans cacher sa joie.
- Sois le bienvenu de retour au pays, honorable magistrat. Ta mère sera heureuse de revoir son fils en bonne santé.
C'était l'honorable Yobe qui, en ces temps troublés, veillaient sur la vieille Hideko, quand il n'avait pas à combattre les envahisseurs Matsu.
Hiruya entra et respira l'odeur si familière des lieux. L'odeur de l'herbe et des fleurs mouillées par la pluie, et ce jardin, inchangé depuis des temps immémoriaux.
Le magistrat savait qu'il allait évoquer un sujet douloureux, encore qu'il ne savait pas à quel point cela était douloureux.
Sa mère, contente que son fils unique soit près d'elle, sentit aussitôt qu'il très inquiet ; comment cela pourrait-il lui échapper ? Elle servit à manger et à boire et se tint prête à entendre ce que, visiblement, son fils avait sur le coeur.
- Qui y a t-il donc, mon fils, pour que tu aies l'air si chagrin ?
Là, quoi qu'il lui en coutât, Hiruya dut parler moins comme un fils à sa mère qu'un magistrat à un témoin.
- Mère, je souhaiterais que tu me parles de Daidoji Dajan.
La vieille Hideko reposa la coupe qu'elle portait. Elle l'aurait lâchée sans cela. Sa lèvre se mit à trembler, signe d'intense trouble chez cette femme qui avait enduré un long deuil. Elle aurait voulu faire comme si elle n'avait pas entendu, ou pas compris, ou comme si elle ne connaissait pas Dajan.
Déjà, elle sentait sa poitrine se gonfler de tristesse. C'était trop dur pour elle. Elle avait la gorge nouée, et elle allait éclater en sanglots.
Yobe était dans la pièce aussi.
- Vieille mère, dit-il, je vais en parler moi-même avec mon élève, si vous le désirez...
- Je crois que je vais aller faire le thé. Je reviens bientôt.
Elle se dépêcha de sortir, le visage dans son mouchoir.

Hiruya s'en voulait terriblement d'agir ainsi, de blesser sa mère en évoquant ce qui était des souvenirs manifestement douloureux. Il craignait le pire, et se préparait à l'entendre de la bouche de Yobe-senseï. Il se souvint alors des dernières paroles sarcastiques de Nakiro, quand il se consumait lentement, au village thermal :
11e épisode Wrote:- Quelle chance ! j'aurais eu la chance de te croiser enfin, fils de Takaaki !...
Il connaissait le nom du père de Hiruya par Dajan, alias Condor.

- Il était inévitable qu'un jour ou l'autre, sans doute, tu finisses par entendre parler de Daidoji Dajan, dit Yobe. Même si son nom a été rayé de nos mémoires. Même s'il a été banni de la famille Daidoji...
"Ce que je vais te raconter, je l'ai appris par mon maître, Daisetsu-sama. Il y a vingt-cinq environ, ton père, le seigneur Takaaki, était ami avec ce Daidoji Dajan. Ils avaient combattu ensemble contre le clan du Lion. A cette époque, sévissait également un criminel très dangereux, qui se faisait appeler la Grue Noire. Nous en avions déjà parlé à Heibetsu. Après que tu l'aies combattu, après l'incendie des temples des oiseaux.

3e épisode Wrote:Yobe-san avait entendu parler de ce criminel, appelé la Grue Noire. Il sévissait ses dernières années sur le territoire des Daidoji. C'était un assassin redoutable. Il avait servi les Scorpions et le clan de la Mante. Bretteur acharné, il tuait de sang-froid quiconque louait ses services, à prix d'or.
Et Hiruya avait reconnu sans aucun doute possible la technique de combat Daidoji chez son adversaire. Il avait senti pire que cela : un lien archaïque, mystérieux, fatal, qui l'unissait à la Grue noire. Comme deux ennemis mortels de toute éternité, par le seul jeu des Fortunes, sans qu'ils se soient jamais rencontrés... Swann.gif
Selon toute vraisemblance, ce guerrier était mort dans les décombres enflammées du temple, avec son âme damnée, Nahoko. Mais l'âme de Hiruya n'était pas en paix. Or, Yobe-san ne voulait pas sentir fléchir l'âme de son élève : elle devait rester droite et fière comme son katana.
Hiruya jura qu'il resterait fidèle à la rigueur apprise.

- Ce criminel s'est fait connaître à l'époque où ta mère te portait dans son ventre. Et il est revenu ces dernières années, à plus de vingt ans d'écart. Peu après ta naissance, un soir, ton père et Dajan se sont violemment disputés. Takaaki-sama accusait Dajan d'être la Grue Noire en personne. Et ton père n'aurait jamais porté une accusation si grave à la légère. Dajan est devenu comme fou. Sa colère prouvait sa culpabilité. Il a commencé à menacer ton père des pires choses. Ils en sont venus aux mains, et ton père a failli abattre Dajan sur place. Finalement, c'est Dajan qui s'est enfui dans la nuit, en maudissant ta famille. Il jurait de revenir se venger bientôt. Ton père, dont la parole pesait lourd, n'a pas eu de mal à faire rayer le nom de Dajan de la famille Daidoji. Désormais, c'était un rônin. Son honneur était détruit, et quiconque le verrait sur les terres de la Grue pourrait le dénoncer ou l'abattre sur place.
"C'est peu après, quand ton père est parti voir son daimyo, pour présenter son fils, que lui et mon maître, Daisetsu, ont été attaqués par un monstre. Mon maître a décapité le monstre, mais ton père est mort en te protégeant. Tout le monde a tout de suite pensé que c'était Dajan qui avait envoyé ce démon. Mais ce n'était pas un shugenja. Comment aurait-il pu lier un oni si facilement ? On a jamais rien pu prouver. Du départ de Dajan, on a plus entendu parler de la Grue Noire, ce qui montrait bien que ton père ne s'était pas trompé.
"Quand tu m'as dit avoir rencontré ce criminel à Heibetsu, j'ai eu peine à le croire. Mais le doute à présent n'est plus permis : Dajan est revenu sur nos terres, pour accomplir sa vengeance. C'est bien possible qu'il soit allé jusque sur les terres du Dragon pour t'affronter.
- Mon enquête m'a appris que Dajan était à la tête d'une très dangereuse conspiration. Je dois l'arrêter.
La vieille Hideko revint alors dans la pièce. Yobe s'inclina, et demanda la permission de partir.
Hideko servit le thé. Elle ne put se retenir longtemps de tomber en larmes. Elle se blottit dans les bras de son fils.
- Hiruya... Hiruya... Dajan, il a tué ton père ! Il a voulu nous deshonorer !... Il le peut encore !... c'est un ennemi non seulement de ton clan, mais de ta propre famille !... Tue-le ! Tue-le !...
Elle criait presque, secouée par les pleurs, et regardant par la fenêtre la pluie, comme pour y apercevoir le fantôme sans repos de Takaaki.
- Pour l'Empire, et pour ton père, retrouve-le ! et passe lui ton sabre à travers le corps ! Que les démons expirent et que les morts partent en paix vers le Yomi...
- Je le tuerai, mère, dit froidement Hiruya. Je le tuerai...

La tiède pluie d'été avait continué à tomber longtemps, et le vent balayait le jardin, comme le passé revenait balayer le présent et le charger d'une amère tristesse.

A suivre... Roll_fast
Reply
#42
pas mal la scène des deux samuai énormes wink j'y vois là une certaine inspiration champlooesque... :baton:

Sinon, Ozaki a quand même eu du bol qu'on passe par là, qu'on le repère dans la foule et qu'on intervienne à temps... Sweatdrop
Reply
#43
Excellente la scène ptdr
Reply
#44
J'imaginais trop bien Riobaÿ et Kohaÿ en train de faire du tourisme balnéaire, avec les lunettes de soleil, les glaces et les ballons, des seaux et des pelles.

...


Pour que la vilaine Ayame fasse des pâtés de sable. Ouimaisnon Et creuse des trous de rageuse pour faire tomber sa camarade Kogin dedans. lol
Reply
#45
Ca fait trop épisode de série animé, où la bande de héros se retrouve en vacances à la plage mdr
Reply
#46
J'allais oublier, lapsus Aloy

Darth Nico,27/05/2005 à 16:28 Wrote:- Le Condor, c'est... c'est... c'est le...
Unoko articula encore quelques mots, mais Hiruya n'entendit pas. Derrière lui, Bokkai observait Nahoko attentivement, tendant l'oreille et plissant les yeux. Il déchiffrait les mots sur les lèvres.
Hiruya réunit ses magistrats dehors.
Reply
#47
Unoko - Nahoko, délire. Clown wink
Reply
#48
MAJ. wink

D'ailleurs, une grosse mise à jour, c'est une ogre-mage. Roxx

Laporte
Reply
#49
Mon Dieu que c'est mauvais :shock:
Reply
#50
Roh, t'aurais pu laisser filer. redaface2
T'as vu l'heure qu'il est ? :baton: lol
Reply


Forum Jump:


Users browsing this thread: 1 Guest(s)