CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE
Trois jours avaient passé. Yatume et Avishnar se morfondaient dans une cellule au sous-sol du bâtiment. C’était à se demander pourquoi ils étaient venus au bout du monde, pour terminer dans un gniouf comme Sasuke en construisait dans chaque palais où il arrivait !
- Moi avoir dit toi, Yatsume…
Avishnar parlait à peine quelques mots de Rokugani, appris pendant la traversée. Raja arrogant, il se montrait plutôt gentil garçon depuis sa déchéance.
- Moi avoir dit toi, Yatsume… Pas bon menacer grand chef chef d’ici avec lance…
Ainsi le voulaient en effet les lois du port d'El-Aqab.
Assise la tête derrière les genoux, l’ancienne Scorpionne se morfondait… Autant elle avait bien joué pour délivrer le Raja, autant elle avait manqué de finesse pour se présenter chez ces barbares…
La porte s’ouvrit ; de la mauvaise lumière entra et frappa sur les murs et la paille.
C’était le rondouillard moustachu du clan de la Ki-Rin, avec le shugenja et le capitaine du navire Mante. Ils venaient pour expliquer à Yatsume la situation…
En fait, elle devenait trop gênante, trop encombrante… Il aurait été facile de la faire empaler pour l’exemple, ou piétiner par des chameaux, ou dévorer par des fourmis rouges, ou lapidée en place publique, mais le Grand Janissaire appréciait ses amis de Rokugan. Il ne voulait pas les froisser, alors quand ils étaient venus demander la grâce de Yatsume, il avait accepté, un peu las. Avishnar pensa qu’à sa place, il n’aurait pas transigé, pour se faire un peu de distraction. On ne laisse pas passer une occasion de supplice aux Royaumes d'Ivoire ! Sinon, le peuple n'est pas content !
- Nous ne vous avons pas conduite ici pour que vous finissiez si bêtement, résuma le capitaine.
- La question est maintenant de savoir où vous voulez aller, dit le shugenja. Qu’escomptiez-vous en venant ici ?
- C’est mon affaire...
- Vous avez au moins une piste ?
- Je dois aller vers l’est…
- C’est un peu maigre, dit le capitaine, qui contenait mal son impatience.

Le samourai de la Ki-Rin soupira :
- Vers l’est, il y a une caravane qui part bientôt…
Yatsume releva la tête :
- Je pars avec eux !
- Oh, ça oui ! dit le capitaine.
- Et vous ne revenez jamais par ici ! ajouta le shugenja.
- Bien sûr que non !
- Vous voulez voir les Iuchi, c’est ça ? dit le moustachu.
- Oui…
- Ils sont là-bas. Ils ont une ville stable. Des constructions en bois… Plusieurs temples.
- C’est eux que je dois voir !
Le capitaine fit aux autres un signe d’approbation.
- Vous accompagnerez une de leurs caravanes, dit-il à Yatsume. Vous gagnerez votre croûte en défendant le convoi. Vous saurez faire ça ?
- Rendez-moi juste mon naginata !
Ils avaient l’air soulagés.
Ils ressortirent dire aux soldats que la prisonnière acceptait de déguerpir sur l’heure.
- Le temps de lui apprendre à monter sur un dromadaire, dit le shugenja en riant, soulagé.
Le soir tombait sur le port d’El-Aqab. Des milliers d’étoiles apparaissaient dans le ciel. Yatsume et Avishnar s’accrochaient désespérement au cou de ces chevaux difformes et bossus pendant que les Ki-Rin finissaient d’attacher les sangles des convois. Yatsume y était presque, le vilain animal répondait à ses ordres. Il fit quelques pas, mais il se permit une petite ruade, sa bosse trembla et Yatsume se raccrocha, griffant la bête, qui rua de plus belle, et elle valdingua, pour finir les quatre fers en l’air. Le moustachu s’approcha d’elle pendant qu’elle recrachait du sable :
- Vous voyagerez de nuit essentiellement. Ainsi font les caravanes. Le jour, c’est repos. Il faudra apprendre dès maintenant les rudiments de la vie du désert. Et apprendre vite !
- Entendu !
Yatsume empoignait férocement les rênes et repartaient à l’assaut de son dromadaire. Avishnar passait au petit trot sur le sien, tout heureux de réussir, presque, à le diriger.
- Hop, hop, hop! Hahaha !...
D’autres chevaux du désert poussaient leurs cris grotesques. Les cavaliers sifflaient, les marchands regardaient partir leurs marchandises. Le chef du convoi saluait l'envoyé du Grand Janissaire ; des mouettes hurlaient et repartaient vers la mer ; le convoi se mettait en branle.
- Vingt bêtes, cria la moustachu à Yatsume qui s’éloignait. C’est un gros convoi, vingt bêtes ! Et cela repose en partie sur vos épaules ! J’ai vanté votre courage ! Ne nous décevez pas !...
Yatsume empoignait fermement sa monture, rejoignait Avishnar et le doublait à la course. Elle partait au galop, prête à conquérir à elle seule l’immense désert qui s’enfonçait lentement dans la nuit !
Le chef de la caravane siffla, et les deux montures de nos héros ruèrent. Yatsume et son ami finirent encore le nez dans le sable !
- On vous a prêté ces montures pour que vous puissiez les chevaucher -au cas où ! Mais elles ne sont certainement pas pour des loqueteux comme vous !... Vous, vous marcherez mes gaillards !
Toute la caravane partit d’un rire général. Le chef dépassa les deux étrangers et alla à la carriole de tête.
- En avant ! Nous devons arriver au puits d’Ant-Kashbar avant l’aube !
Le port et la mer ne tardirent pas à disparaître ; Yatsume vit un gamin qui courait, qui s’arrêta avant une dune, essoufflé, et continua à saluer pendant longtemps, sautant comme un fou ; c'était le gamin du bateau ! Yatsume le salua puis courut rejoindre Avishnar ; bientôt, et il n’y eut plus qu’un silence immense, des dunes innombrables, un pays mort où ne vivaient que les insectes.
*
- L’Empereur est en difficulté, Mitsurugi…
Hanteï Tokan était venu assister aux répétitions de la pièce. Les deux auteurs, Ikoma Noyuki et Togashi Ojoshi, avaient rougi d’un tel honneur, de même que l’origamiste en chef, Doji Ikue !
En réalité, Tokan savait ce qu’il faisait. Ce n’était pas à ce théâtre-là qu’il s’intéressait.
Il avait poliment demandé à Mitsurugi s’il pouvait s’asseoir à côté de lui, au fond de la salle. Il avait engagé la conversation sur quelques mondanités, mais notre héros voyait qu’il voulait en venir à autre chose.
- La vérité est qu’en ces temps difficiles, nous avons besoin de savoir qui soutient vraiment Celui qui est assis sur le trône d’Emeraude, et qui conspire au contraire pour prendre le pouvoir en coulisses.
- Vous savez bien, Tokan-sama…
- Je sais, je sais, murmura-t-il. Je n’ai aucun doute sur votre fidélité, c’est bien pour cela que je vous en parle. Hanteï Norio sait qu’il peut compter sur vous…
- Mais je ne vois pas…
- Ce que vous pouvez faire ? Agir le moment venu, Mitsurugi…
- Un signe de vous et…
- Je n’en doute pas.
Tokan se leva et alla féliciter les comédiens. Il trouvait la pièce très à son goût et dit que de nombreux dignitaires y assisteraient au premier rang.
- Nous ne sommes pas dignes de cet honneur, Tokan-sama.
Le jeune homme était reparti, laissant Mitsurugi dubitatif. L'ambassadeur ne demandait pas mieux que de faire sortir au grand jour les conspirateurs. Il ne demandait qu’à voir venir à lui la Grue Noire et ses maîtres, pour exposer leurs plans d’attaque contre la lignée impériale.
Mitsurugi put se changer les idées, car voilà qu’un personnage haut en couleurs, le plus haut en couleurs de la cour, faisait son entrée : le Bouffon ! Il s’invitait carrément, avec quelques amis qu’il s’était fait parmi des acteurs de la famille Doji. Ils arrivaient, maquillés de façon outrancière en personnages du bas peuple.
- J’apprends qu’on va monter la plus magnifique pièce de cette cour et je n’ai pas le premier rôle !
- La plus magnifique, vous nous flattez, seigneur, répondit Ikoma Noyuki.
- Si si !... Mais sans moi, le public appréciera moins, c'est tout.... Voilà ce que je venais vous dire !... Bravo, très beaux décors ! Quels délicates origamis ! Mais j’en ai aussi de belles !
Le Bouffon lança une poignée de papiers pliés dans la salle ; Mitsurugi en ramassa une et sourit : elles représentaient grossièrement un cerf (ou un chien ?) avec un gros sexe en érection. Ikue rougit mais le public rit de la farce.
Togashi Ojoshi, stoïque, remercia Yoriku pour ces cadeaux mais dit qu’il n’en était pas digne. Il rendit l’origami au Bouffon, qui fit semblant d’être vexé et fit signe à sa flamboyante troupe qu’il était l’heure de partir.
- Bon, on reprend, lança Noyuki. La scène de la bataille ! Où sont mes lanciers ?... En place les paysans armés ! Allez me chercher vos fourches !
Sasuke avait réussi à se faire porter pâle pour cette fois. Mitsurugi n’avait pas insisté car c’était l’Inquisiteur Tadao qui avait fait demander le shugenja. il demandait une petite réunion avec lui, et Mamoru.
Mamoru qui avait passé deux jours dans les quartiers réservés de l’Inquisiteur, pour se remettre de son éprouvante expédition nocturne. Tadao avait réussi à chasser les visions effroyables qui avaient assailli le ronin, puis qui avait continué à le torturer après son retour.
Sasuke arriva pour le thé. L’Inquisiteur lui expliqua en deux mots la menace qui régnait au château de la pointe qui caresse la lune : des réunions démoniaques. Il s’abstint bien de dire comment il l’avait découverte. Il ne parla pas non plus des secrets de Mamoru. Il pria simplement Sasuke de l’accompagner, avec autant de formules d’usage qu’en maîtrisait un Crabe aguerri (moins qu’un Doji débutant) et dit que le ronin viendrait avec eux.
- S’il le faut, nous purifierons l’endroit par le feu et par le jade !
Il n’en fallait pas tellement plus pour décider Sasuke, qui rouillait depuis trop longtemps.
A la nuit tombée, ils prirent une barque pour traverser la baie des poissons morts. Ils montèrent la falaise, s’arrêtèrent à une centaine de pas du château.
Sasuke avança et attendit devant l’entrée pendant que Mamoru et l’Inquisiteur faisaient le tour. Comme ils ne trouvèrent rien de suspect, ils entrèrent. Mamoru passa le dernier ; il frissonnait mais sut n’en rien montrer. Il y avait des draps blancs qui recouvraient les murs, le sol, la rampe d’escalier ; des tentures déchirées qui pendaient lamentablement entre les deux étages.
Ils montèrent les marches pas à pas ; ils étaient à la moitié au moment où ils entendirent des voix. Ils s’assirent en haut de l’escalier ; Sasuke, qui passait le premier, vit trois personnages sortir d’une pièce : il reconnut sans peine Petite Vérité, puis un Scorpion, et un grand samouraï de la Grue avec un kimono frappé de l’emblème des Daidoji et un masque d’acteur de no.
Il murmura leurs noms : l’Inquisiteur approuva, jeta un œil. Les trois personnages, sous la clarté lunaire qui venait du bout du couloir, discutaient.
- Le troisième est le conseiller Kokamoru, souffla l’Inquisiteur.
- Lui ?
- J’en suis sûr. Je n’ai pas le temps de vous expliquer, mais c’est bien lui !
Sasuke avança encore et saisit quelques bribes de conversation :
- Ce soir, disait le grand Asahina d’un air d’autorité, nous partons retrouver notre maître…
Le shugenja aimait ces personnages forts et sûrs d’eux, même quand c’était des ennemis !
- Par où passons-nous ? fit Petite Vérité de sa voix grinçante.
- Par le théâtre. Nous allons chercher le chat, et sa maîtresse…
Sasuke étouffa un juron. Le bakeneko ! Doji Ikue !
Les trois complices partirent au bout du couloir, où se trouvait un autre escalier. Sasuke, Tadao et Mamoru les suivirent à pas pressés. Mamoru eut la gorge serré en traversant le couloir. Il n’arriva rien. Ils revinrent au rez-de-chaussée par le même escalier. Plus de trace de Petite Vérité ni des deux autres. Ils n’avaient pu partir que par une seule porte, celle qui devait mener au cellier. Elle était verrouillée de l’intérieur. Mamoru s’acharna sur la poignée, avant de décider de l’enfoncer ! D’un coup de ses fortes épaules, il cassa les planches, arracha le loquet en acier et nos héros passèrent. Un long escalier, étroit, partait en colimaçon. Il menait manifestement bas sous terre, au cœur de la falaise.
Tadao passa le premier avec une torche que Sasuke lui alluma d’un claquement de doigts.
Mitsurugi était resté pour les répétitions du soir. L’endroit était confortable et bien chauffé, des gens venaient, discutaient, repartaient, si bien que l’ambassadeur ne vit pas passer le temps. Ikue s’étonnait même de le voir rester si longtemps. Elle était flattée de ce qu’elle prenait pour un gout naissant du théâtre chez Mitsurugi. Comme venait l’heure d’arrêter, elle se retira dans sa loge, à côté de l’atelier où elle avait fait installer ses assistantes, qui pliaient du matin au soir des centaines de petites fleurs.
Mitsurugi se leva, des fourmis dans les jambes, réprima un baillement et se dit qu’il avait bien gagné une petite soirée dans détente avec ce fêtard d’Ikoma Noyuki (qui devenait d’ailleurs trop sérieux à son goût depuis qu’il s’occupait de la pièce !

.
Un cri… Un cri de femme ! Tout le théâtre l'entendit ! Mitsurugi courut aux loges ; il avait reconnu la voix d’Ikue, qui avait hurlé de terreur.
Il se heurta dans le couloir aux habilleuses, maquilleuses et autres costumières qui s’enfuyaient. Il les repoussait, il se frayait un chemin, mort de peur pour sa fiancée, il bouscula trois comédiens qui essayaient des échasses et qui partirent dans un décor en papier peint.
Il arracha á moitié le panneau de la loge en l’ouvrant, et entra en dégainant son sabre. Il faillit se heurter à Ikue et celui qui la tenait contre elle ; son ravisseur recula ; un grand samouraï en kimomo de la famille Asahina avec un grand masque d’acteur. Il avait un poignard sur la gorge de la fragile Ikue. Il aurait en fait pu lui briser la nuque comme un fétu de paille.
D’une voix remplie d’une haine noire Mitsurugi lui cria de la lâcher. Il était prêt à se précipiter sur lui. L’Asahina recula lentement, resserra sa prise sur Ikue, qui allait défaillir.
- C’est après le chat que j’en ai… dit l’acteur.
Proposition qui aurait pu être comique… avec un chat ordinaire !
- La fille contre le chat…
Mitsurugi vit que le bakeneko était en haut de l’armoire. Il se planquait en jouant les matous ordinaires. Notre héros le regarda dans ses yeux à pupilles verticales.
- Que lui voulez-vous à ce chat ?
- Je veux un passage dans les limbes ! Immédiatement, ou bien elle part rejoindre ses Ancêtres !
Le chat cracha, puis descendit, la tête basse. L’acteur recula au fond de la pièce et vit d’une voix caverneuse :
- Presse-toi…
Le chat décrit plusieurs cercles entrelacés à terre ; il recula et on vit le parquet se déformer et se mettre à tourner en creusant une sorte d’entonnoir.
- Rends-la-moi sur le champ !
Mitsurugi avait déjà calculé un assaut meurtrier sur l’Asahina, au risque de prendre un coup de poignard fatal de sa part.
L’acteur desserra sa prise et lança Ikue sur le côté et sauta dans le trou. Il y disparut d’un coup, aspiré. Mitsurugi contourna le portail et prit Ikue dans ses bras. Elle avait perdu connaissance. Un placard s’ouvrit derrière lui : deux silhouettes en sortirent dans un cri strident ; une vieille femme et un homme jeune… Le passage commençait à rétrécir. Un autre placard s’ouvrit : Sasuke, Tadao et Mamoru en sortirent.
Mitsurugi, surpris, s’était remis en garde. Il crut à une ruse.
- C’est bien nous, Mitsurugi… dit l’Inquisiteur. Nous avons ouvert un passage magique car nous étions à la poursuite de ces créatures !
Tadao tordait la vérité pour rassurer Mitsurugi, car le passage entre le château sur la falaise et ce théâtre en ville n’avait pas été ouvert par une magie bienfaisante.
- Ils ont dit que ce passage mène aux limbes !
Les samouraï jaugèrent de la situation.
- Nous devons les suivre, dit Sasuke.
- J’en suis, dit Mamoru.
Tadao soupira :
- Je ne peux pas… Je ne peux pas disparaître comme ça… Il est impensable d’ébruiter cette affaire. Et ce sera le cas si on ne me trouve plus.
Le chat tournait en rond nerveusement. Il dit par télépathie que le passage ne tiendrait pas longtemps.
« Et si j’en fais un autre, il ouvrira ailleurs, vous perdrez leur trace. »
- Sasuke, tu peux partir, dit Mitsurugi. Je t’inventerai une excuse…
- Dis que je lis le Tao !
- J’essaierai plutôt une excuse crédible.
Sasuke sauta dans le passage. Tadao fit signe à Mamoru qu’il avait sa permission. Le ronin sauta. Le passage se referma juste derrière lui.
L’Inquisiteur s’approcha d’Ikue et mit sa main sur son front. Il récita un petit sort d’apaisement. Il dit que ça irait.
Mitsurugi alla rouvrir le panneau. Il vit les comédiens au bout du couloir, cachés derrière les décors.
- Ca va, le danger est passé !
C’est dans ces moments-là que l’ambassadeur dut user de son prestige et de sa capacité à baratiner pour redresser la situation.
- C’était un pervers… Il avait réussi à s’introduire dans le théâtre.
Noyuki et Ojoshi arrivaient. Ils virent que l’Inquisiteur était là ; ils ne firent pas de commentaire, ils préféraient faire profil bas.
Ikue, sous le choc, fut ramenée à sa famille par Mitsurugi. Doji Onegano et son fils Suzume furent terrifiés de ce qui était arrivé. Ils jurèrent de venir au théâtre la protéger.
Mitsurugi ne voulait pas les en empêcher. Il dit simplement qu’il enverrait plusieurs hommes au théâtre. Il rentra se coucher ; il demanderait le lendemain une entrevue avec l’Inquisiteur pour avoir, une fois de plus, quelques explications !
A suivre...